vendredi 30 août 2019

La dose de Wrobly : thermidor 2019 EC

- Donald Westlake.- Au pire qu'est-ce qu'on risque ?


   Je me suis encore bien bidonné avec mon Dortmunder annuel et estival. C'était le 9ème de la série, dans l'ordre. Il m'en reste encore 7 ! J'ai un peu honte tellement je ploie sous la bonne fortune : 7 ! Encore !
   Ici, Dortmunder s'en prend, à notre grande jubilation, à une petite frappe de milliardaire qui lui a piqué sa bague. On serait consolé si pour une fois c'était les gentils (i.e. le prolétariat, la bande de pieds nickelés de John, quoi !) qui gagnaient, mais je ne souhaite rien vous divulgâcher, alors...

- La France et l'Allemagne (1932-1936).


   En contrepoint de l'excellentissime divertissement ci-dessus référencé, de l'Histoire pure, compacte et massive. Editions du CNRS et universitaires (avec, je dois l'avouer, quelques militaires). Pas l'Histoire que j'ai l'habitude de lire, du point de vue des vaincus révolutionnaires qui tentons (même si je suis un branleur, je me comprends parmi vous les amis !) pathétiquement d'orienter ladite geste humaine dans le sens de nos désirs, mais du principe de réalité, du factuel, du documenté, du chiffré. Ça fait pas de mal de temps en temps. Une chiée de piqûre de rappel avec approfondissement poussé de mes cours de classe terminale. Ça chamboule chouia toutes mes belles théories pacifistes, anti-militaristes, de lutte des classes, d'internationalisme... quand on voit durant toutes ces années, de Weimar au troisième Reich, l'Allemagne se réarmer tranquillou, violant dans un fauteuil tous les traités, à côté d'une France laissant faire et permettant finalement à Hitler de reconstituer l'armée qui écrasera la patrie du maréchal Pétain en 40, on a la tentation de se dire que les fachos des Croix de Feu avaient finalement raison de militer pour écraser l'infâme dans l’œuf, et suffisamment tôt faire coucher le chien policier allemand nationalo-militariste puis national-socialiste afin qu'il ne se relève plus. Ici c'est pas pour la France qu'on tremble de rage, c'est pour la liberté, et contre l'assassinat de masse et le racisme décomplexés. Cependant il faudrait vite-vite que je me procure un bouquin de Daniel Guérin pour me remettre dans la ligne. Je me suis d'ailleurs laissé dire qu'il a manqué un Bakounine pour analyser cette période de Wiederwehrhaftmachung (remise en état de défense) allemand puis de guerre, comme il l'avait fait en 1870, avec son point de vue de guerre révolutionnaire, de peuple en arme, sans aucune complaisance envers le despotisme prussien, mais cohérent avec sa conception de la lutte des classes et du "socialisme" (désolé, c'est comme ça que ça s'appelait à l'époque...) libertaire, même si peu réaliste quand on prend connaissance de la situation réelle. Il se serait démarqué du pacifisme global, de la droite à la gauche, qui régnait en France dans les années 30, conséquemment au traumatisme que les hécatombes de 14/18 avaient profondément causé. Finalement je me dis que je n'ai pas de solution, et que je ne suis pas censé en avoir, petit animalcule balloté au sein de toute cette fureur. En tout cas, c'est passionnant, même si, pour l'été, c'est bien costaud !

   On peut lire cet ouvrage ici.

- Lawrence Block.- Tuons et créons, c'est l'heure.
   Deuxième de la série Scudder. Pas du niveau de Westlake, loin de là. Mais j'ai commencé cette série, peut-être l'ai-je déjà évoqué après la lecture du premier opus, parce que le privé est un alcoolique, certes (il n'est pas le seul), mais qui va devenir abstinent en fréquentant une association d'anciens buveurs, avec tous les commentaires plus ou moins ironiques qu'il fera sur ces groupes. C'est d'ailleurs un ami fréquentant ces twelve steps meeting qui m'avait fait connaître cet écrivain, il y a un bail. Bref, comme mon meilleur ami fréquente aussi ces lieux, ça m'a donné envie. Dès le départ toutefois j'ai été déçu : la pochtronnerie de Scudder est somme toute assez légère, ne serait-ce que comparativement à un Nestor Burma bien de chez nous. Il consomme presque comme Marlowe, ni plus ni moins, en homme fort (d'ailleurs, si on essayait de s'enfiler tout ce qu'ils s'enfilent dans une journée de la diégèse bon pied bon oeil, on alignerait un certain nombre de comas éthyliques, je crois que c'est Malet qui avait fait remarqué cela). Lui c'est le café et Bourbon. Il ne se pisse pas dessus, ne se vomit pas dessus, n'a pas d'insondables pertes de conscience et/ou de mémoire, ne rentre pas chez lui gueule en sang sans savoir pourquoi, ne se met pas à chialer d'épuisement n'importe où, n'entretient pas les forges de Vulcain dans son ventre, sa poitrine, ses veines et sous son crâne les lendemains de la veille, ne fait pas fuir de voyageuses de leurs places de métro par sa puanteur, ne semble pas plus que ça hanter les neuf cercles, semble juste un peu déprimé... Il fait des pauses au troquet, voilà tout... Et couche avec la barmaid... Je ne vois pas l'intérêt de poser le verre dans ces conditions, mais le meilleur des romans sera malgré tout certainement quand il l'aura fait, je pense. Pas mal de clichés, mais facile à lire, un divertissement reposant mais loin d'être transcendant. On est toujours à New York.


- Julien Jenger.- La Libre Pensée, l'alcool et le sport : Rapport présenté au congrès national de la Libre Pensée Marseille, 15 et 16 août 1924 .
   C'est complètement un hasard, mais il est encore question d'alcool dans cette petite brochure. Moi, perso, vu que mon meilleur ami est abstinent depuis lurette pour des raisons de santé, voir de vie ou de mort, les problèmes liés à l'alcool et autres produits modifiant le comportement me passent complètement au dessus de la tête. Je m'en considère comme délivré y compris au niveau de la société des débats. Mais j'ai quand même une petit opinion qui, malgré la conscience et l'expérience directe de mon meilleur ami et par le biais de nombreux amis dont un certain nombre n'en sont jamais revenus que je puis avoir des conséquences épouvantables de la maladie de la dépendance active, en tant que libertaire, certes, mais surtout en tant que meilleur ami d'alcoolique, je ne crois pas aux vertus de la prohibition, et même pas trop non plus à celles de la prévention. Ceux qui ne sont pas dépendants consomment et ça ne constitue aucun problème, ni pour eux, ni pour leur entourage. Pour les malades en revanche, aucune prévention n'y fera rien : ils devront aller jusqu'au bout de la nuit, toucher le fond de l'enfer avant d'avoir l'improbable et rare mais pourtant existante étincelle qui leur fera peut-être refaire surface, avec de l'aide.
   Le camarade Jenger, lui, il est beaucoup plus radical que moi. Pour lui, pas de révolution tant que l'homme pressera le raisin : il est pour l'abolition de l'alcool et des drogues et il appelle les camarades à rejoindre son juste combat. Par contre il n'est pas pour l'abolition du sport mais pour son aménagement anti-capitaliste en "culture physique".
   Alors moi je veux bien, mais je pose quand même la question : si on abolit la religion et le pinard, comment qu'elle fera pour soupirer, hein, la créature opprimée ?

lundi 26 août 2019

Nihon yôkoso XII

Un peu de la Suisse
Dans l'océan Pacifique.
Cet accent aigu.
Dimanche 28 avril 2019

   Je m'attendais à un Ryokan, une auberge traditionnelle japonaise où l'on vit à ras du sol, assis en seiza (sur les talons) sur les tatamis, dormant sur le futon rangé dans le placard et déambulant en yukata (kimono léger). J'arrive dans un genre de chalet de montagne. Ma chambre est immense, comparée au placard à balai de la capitale. Heureusement pour mon plaisir et la couleur locale, il y a un sentô (bain collectif), où je me rends dans le yukata subtilisé à l'hôtel de Tokyo, qui en fournissait avec les serviettes de toilettes. Le chooshoku (petit-déjeuner), ainsi que les autres repas, mais c'est le matin que ça fait le plus drôle, sont également typiquement japonais.

   A Nikko, je me promènerai de temples bariolés en sanctuaires multicolores dans la forêt, au sein d'une immense foule de touristes.

   Mon rythme change, s'apaise, je me repose : je dors huit heures et ne fais plus d'aïkido. Cela me dégage plus de temps pour me laisser vivre.

Vous ne trouvez pas qu'il a un air de famille avec un colosse bien de chez nous, en moins blanc (c'est le cas de le dire) ? Moi ça m'a frappé ! Il faut dire que mes yeux et mon cerveau font parfois des rapprochements assez fantaisistes, mais enfin... L'exemplaire que je juge ressemblant n'est pas en Suisse... 



Le site est bien gardé. 





Tous ces jeux de Tetris en 3 D me donnaient envie de bouffer des berlingots, je ne sais pourquoi...




Comme d'habitude, de quoi se purifier (plus prosaïquement se rincer les mains, le visage et éventuellement boire un coup).