Combien de temps s’égrainera avant que je lise la suite de la trilogie ? Autant que pour ma rencontre avec l'Enfant ? Le Bachelier et l'Insurgé viendront-ils à moi avant le croque-mort ? Vous le saurez en lisant les prochains épisodes de la Dose de Wrobly...
A lire aussi, plus actuel : Lyes Louffok.- Dans l'enfer des foyers.- J'ai lu.
On m'a offert ce livre, je ne me souviens plus qui (d'où l'intérêt des dédicaces, en plus du petit exercice créatif), pourtant c'est récent, le dépôt légal est d'octobre 2019... Je ne pense pas que cette personne lise ce blog, mais je la remercie de nouveau ici pour cette gentille attention.
- Charles Baudelaire.- Correspondance II : 1860-1866.
Cela aurait pu être le rêve d'un aménageur qui, comme notre poète, lutterait de manière obsessionnelle contre tout morceau de morale dans l'art : l'abolition du vivant dans un radieux monde vitrifié.
Rêve parisien
À Constantin Guys.
I
De ce terrible paysage,
Tel que jamais mortel n'en vit,
Ce matin encore l'image,
Vague et lointaine, me ravit.
Le sommeil est plein de miracles !
Par un caprice singulier,
J'avais banni de ces spectacles
Le végétal irrégulier,
Et, peintre fier de mon génie,
Je savourais dans mon tableau
L'enivrante monotonie
Du métal, du marbre et de l'eau.
Babel d'escaliers et d'arcades,
C'était un palais infini,
Plein de bassins et de cascades
Tombant dans l'or mat ou bruni ;
Et des cataractes pesantes,
Comme des rideaux de cristal,
Se suspendaient, éblouissantes,
À des murailles de métal.
Non d'arbres, mais de colonnades
Les étangs dormants s'entouraient,
Où de gigantesques naïades,
Comme des femmes, se miraient.
Des nappes d'eau s'épanchaient, bleues,
Entre des quais roses et verts,
Pendant des millions de lieues,
Vers les confins de l'univers ;
C'étaient des pierres inouïes
Et des flots magiques ; c'étaient
D'immenses glaces éblouies
Par tout ce qu'elles reflétaient !
Insouciants et taciturnes,
Des Ganges, dans le firmament,
Versaient le trésor de leurs urnes
Dans des gouffres de diamant.
Architecte de mes féeries,
Je faisais, à ma volonté,
Sous un tunnel de pierreries
Passer un océan dompté ;
Et tout, même la couleur noire,
Semblait fourbi, clair, irisé ;
Le liquide enchâssait sa gloire
Dans le rayon cristallisé.
Nul astre d'ailleurs, nuls vestiges
De soleil, même au bas du ciel,
Pour illuminer ces prodiges,
Qui brillaient d'un feu personnel !
Et sur ces mouvantes merveilles
Planait (terrible nouveauté !
Tout pour l'œil, rien pour les oreilles !)
Un silence d'éternité.
II
En rouvrant mes yeux pleins de flamme
J'ai vu l'horreur de mon taudis,
Et senti, rentrant dans mon âme,
La pointe des soucis maudits ;
La pendule aux accents funèbres
Sonnait brutalement midi,
Et le ciel versait des ténèbres
Sur le triste monde engourdi.