mercredi 29 mai 2019

Cauchemars


   - Rêves (夢, Yume), d'Akira Kurosawa, 1990. Magnifique film rassemblant plusieurs courts métrages restituant des rêves. On passe de l'imaginaire enfantin et des légendes, à des visions plus désespérées mettant en scène la destruction humaine de la nature, les catastrophes atomiques (Kurosawa a été visionnaire, on a là déjà une centrale qui pète au Japon), la guerre et ses massacres ; mais aussi plus lumineuses avec la vie simple et proche de la nature d'une communauté villageoise, décroissante pourrait-on dire aujourd'hui, ou la beauté et la compulsion créatrice, puisqu'on y rencontre, non pas Kirk Douglas ni Jacques Dutronc, mais Vincent Van Gogh quand même, à l'oeuvre. Les images d'une beauté ébaubissante et les messages courts comme des haïkus nous laissent tout suspendus. Quelle chance j'ai de pouvoir découvrir ces trésors à l'âge mûrissant qui est le mien !

   - Les Bas-Fonds (どん底, Donzoko) d'Akira Kurosawa, 1957. D'après Maxime Gorki. Magnifique également. Dans le genre beauté du laid, sublimation de l'enfer, détournement par les protagonistes de la misère par l'ivresse, le jeu et la danse dionysiaque. L'interprétation dramatique de chaque actrice et de chaque acteur est ciselée comme du diamant, du grand art. Pas du tout envie de voir la version de Jean Renoir après ça.
   Mais ça m'a rappelé de mauvais souvenirs finalement. Quand j'ai squatté deux ou trois ans au début des 90's. Moi mes héros, c'étaient les Avengers autonomes. Mais mes tendances m'ont vite amené à finir avec les défoncés, branleurs et vrais sans logis. Point de valeureux et généreux vols individuels ou organisés et d'activités intellectuelles et manuelles intenses pour équiper un lieu de résistance et d'activités révolutionnaires et fournir des moyens de subsistance largement suffisants à ses habitants, mais de minables combines, des rapines peu reluisantes, le salaire de petits boulots ou les recettes des aides sociales, du caritatif ou de la manche. Le tout afin de, pas H24 mais pas loin,  boire 8.6, bières de chez ED ou plus costaud quand nous étions en fonds, fumer du shit quand c'était la richesse et la fête, et, après que j'aie fréquenté un psychiatre pour me faire réformer du régiment, s'enfiler les Xanax que je ramenais, par pincées. C'était moins esthétique que dans le film, mais parfois on pouvait retrouver ces orgasmes collectifs et ces acmés de franche rigolade. L'ensemble sur fond noir : crasse, incendie pour cause de feu à même le taudis pour se réchauffer, promiscuité écœurante, rixes, mort de maladie sans soin...


   Bon, allez, pour nous remonter le moral de cette misère (je ne parle pas de la maladie de la dépendance, qu'on retrouve évidemment chez les bourgeois, mais de conditions de survie contraignant a minima à dormir en compagnie de rats et de cafards, et à connaître de manière non anecdotique les sensations de froid, de faim, de peur que ça dure, etc., on pourrait aujourd'hui penser aux roms, ou aux campeurs des périphériques, entre autres), cette misère qui illustre une réalité qu'on ne voit pas à la télé si ce n'est par transparence dans les rictus crispés de tous les macrons du monde, pour nous remonter le moral donc, je découvre en même temps que vous ce groupe qui reprend un répertoire de chansons populaires vieux de plusieurs siècles, le Min'ho, en salsa, reggae et jazz éthiopien : Minyo crusaders.


   Les deux films ci-dessus évoqués sont ma dernière actu ciné.

lundi 27 mai 2019

Nihon yôkoso ! III

Dur le tatami
Froides les douches et chauds les bains,
Partenaires amis.
19 avril 2019

   Les tatamis de l'Aïkikai sont durs, la légende l'enseigne universellement, et lorsqu'on passe de l'autre côté et qu'on est confronté à la réalité, on constate que c'est la vérité, ils sont durs, beaucoup plus durs que les tatamis de chez nous, mais pas seulement, beaucoup plus durs également qu'ailleurs au Japon. Ayant eu le privilège de pratiquer aussi dans quatre autres dojos, ça m'a surpris, les tatamis y étaient aussi moelleux qu'en France. Pour revenir à ceux de l'Aïkikai, pour ceux qui ont vraiment la détermination du samouraï et qui souhaitent se le prouver, il est recommandé d'aller les tester en hiver, il paraît que leur absence d'élasticité y est encore pire. Autre originalité, les douches y sont glacées, depuis toujours, hiver comme été. Autant dire qu'on n'y passe pas trois heures. Et l'hiver j'imagine que rares sont ceux ayant la résistance de s'y confronter. Heureusement, il y a les bains chauds japonais ! Mais ça c'est pour plus tard.
   Ce matin c'est le Doshu ! Je l'aperçois par le guichet de l'accueil vers 6h10, avant le cours, aussi simple que son fils, et en profite pour lui présenter mon cadeau : "O miyage sensei !". Il se lève, l'air un peu surpris, sort de la loge, me remercie et me demande d'où je viens. Apparemment on ne doit pas être nombreux à faire ça, mais je tiens me comporter dans les règles de l'art, et à marquer le coup, donner toute sa valeur à cette rencontre.

6 heures du mat', c'est parti, j'emprunte le chemin du hombu dôjô.



Et là attention...

On peut ressentir une légère déception face au bâtiment, surtout quand on a en tête la majestueuse architecture des temples bouddhistes ou des sanctuaires shinto qui foisonnent dans ce pays.

Mais ici, on reste dans la simplicité. C'est à l'intérieur que ça se passe, en profondeur, par la sueur et la découverte de l'autre. Débutants au premier étage, avancés au deuxième.

   Deuxième cours, de 8 à 9, avec Irie sensei.


   9h30 : p'tit dèj' !

Notez le réseau inextricable des fils électriques. C'est que Tokyo repose sur une zone sismique : plutôt risqué d'enterrer tout cela.

   L'après-midi, après la sieste, dérive dans Shinjuku.

 Un petit temple shinto près de l'hôtel, juste en retrait du grouillement de Shinjuku.



 Une vue de la station de métro de Shinjuku, la plus grande du monde : 3 millions de passagers quotidiens en comptant ses stations satellites, plusieurs étages, des kilomètres de couloirs et correspondances, une cinquantaine de sorties... J'avoue que je me suis paumé dans ce bordel. Je l'ai évité par la suite.



   Le soir, à l'hôtel, hop ! tout le monde à poil ! Bénédiction des bains japonais, les sentô !

Ne pas oublier sa pièce de 100 yens pour mettre son kimono et sa serviette dans le casier.

Bien se laver sous la douche, c'est déjà un plaisir.

Infuser à chaud. Attention, pour éviter les maux de tête, ne pas rester trop longtemps.

vendredi 24 mai 2019

La dose de Wrobly : floréal 2019 EC

ERRATUM
Dans ma controversée Dose de germinal, j'avais oublié l'ouvrage suivant, impardonnable je suis ! Mais j'ai l'excuse du décalage horaire et de la difficile reprise du collier.

Marcel Aymé.- Vogue la galère.
   Tout d'abord je souhaiterais partager ma franche déception depuis que j'aborde la partie dramatique de l’œuvre d'Aymé. Je trouve ses romans et nouvelles infiniment plus enthousiasmants. Je suis d'autant plus déçu que j'ai de vagues souvenirs d'adaptation cinématographique assez savoureuse (je pense à Clérambard, que je n'ai pas encore lu cependant, et j'en pressens d'autres à tort ou à raison, je mêle peut-être ces traces avec des adaptations de nouvelles...)
   Ici pourtant un thème qui promettait pourtant de remonter le moral : une mutinerie sur une galère. Mais la mutinerie tourne au cauchemar. Je me demande souvent face à de tels cas, si l'auteur veut transmettre un message réactionnaire ou si, au contraire, il souhaite mettre en évidence les écueils sur lesquels ne pas s'éperonner, afin que la mutinerie, la révolution, ou l'utopie ne reproduisent pas le même schéma que le monde qu'elles voulaient mettre à la casse. On sait que pour Orwell, authentique révolutionnaire, l'intention était la deuxième, notamment dans Animal farm. Mais j'avais un prof, certainement réac, qui nous donnait comme exemple pour que nous restions raisonnables le livre Sa majesté des mouches, que je n'ai pas lu, dans lequel des mômes sur une île déserte, reproduisent une société violente et hiérarchisée. Ici, dans Vogue la galère, les mutins ne pensent qu'à violer les deux femmes du bord. Il y a peut-être le problème du lieu clôt du théâtre de l'action, autorisant le retour de tous les instincts de domination. Et par ailleurs, pour survivre, il va bien falloir que quelqu'un rame. Mais après la révolution, il faudra bien quand même aussi éviter les famines et produire au moins de quoi bouffer pour tout le monde, même si les voies de réalisation et marges de maneuvre seront beaucoup plus nombreuses que sur une coque de noix perdue au milieu de l'océan... On pourrait objecter également que cette révolte navale a eu un premier chef, puis un deuxième, qu'elle n'a pas été précédée par un apprentissage sur le tas de la liberté et de l'égalité, par l'auto-organisation et l'action directe, et que finalement ce sont les réflexes du vieux monde qui sont réapparus dans leur version moins policée, lors de cette crise. Dans ce cas, il est vrai, l'émancipation des prolétaires (et particulièrement des prolétaires les plus universellement exploitées, les femmes) n'aura pas été l’œuvre des prolétaires eux-mêmes.


Michel Bakounine.- Les Ours de Berne et l'Ours de Saint-Pétersbourg : complainte patriotique d'un Suisse humilié et désespéré.
   Pourtant, papy nous avait tout appris, ou presque, ce ne sont pas les compagnons Espagnols qui nous dirons le contraire. Ici il est question, entre autre, de la Suisse, « cette Helvétie jadis si indépendante et si fière, […] gouvernée aujourd’hui par un Conseil général qui ne semble plus chercher son honneur que dans les services de gendarme et d’espion qu’il rend à tous les despotes », patrie de mon grand-père maternel, qui m'en a légué la nationalité d'ailleurs. Pour le trafic d’Appenzeller c'est très utile.


   Ici, l’ours de Saint Pétersbourg, c’est le tsar de toutes les Russies et les ours de Berne ce sont les membres du Conseil fédéral Suisse, le gouvernement d’outre Léman, quoi. Bakounine s’insurge et dénonce l’abdication de tout droit d’asile et de toute dignité d’une république prête à se mettre en huit pour livrer aux despotes absolus d’Europe les opposants politiques qu’ils lui réclament. Quelle actualité et quelle bégaiement plombant de l’Histoire à l’époque des rapts de Cesare Battisti par l’idole de gauche Evo Morales qui l’offrit au fasciste l’extradant aussitôt vers l’Italie, qui le saisira et l’enterra dans ses oubliettes (« il ne s’agit pas, - déclare-t-on – de la poursuite et de l’extradition de […] coupables de crimes politiques, oh que non ! Il ne s’agit que de simples assassins et faussaires. – Mais qui sont ces assassins, ces faussaires ? Naturellement tous ceux qui, plus que les autres, ont eu le malheur de déplaire au gouvernement […], et qui ont eu, en même temps, le bonheur d’échapper à ses recherches paternelles »); et de Julian Assange dans des conditions semblables (« Le prétexte officiel, et il en faut toujours un, - l’hypocrisie, comme dit une maxime passée en proverbe, étant un hommage que le vice rend à la vertu, - le prétexte officiel dont se sert le ministre […] pour appuyer sa demande, c’est la condamnation prononcée par le tribunal […] pour violation du secret des Lettres. […] N’est-ce pas sublime ? l’empire, ce violateur par excellence de toutes les choses réputées inviolables […] poursuivant […] qui aurait violé le secret des lettres ! Comme si jamais, lui-même, il avait fait autre chose ! ») !


Giacomo Casanova.- Mémoires de Jacques Casanova de Seingalt, écrits par lui-même.
   Heureusement nous avons, dans les deux livres suivants, de quoi nous remonter le moral.
   Encore un grand évadé, même si pas du tout du même style que le précédent. On se souvient qu'on l'avait laissé débouchant sur le toit du Palais des Ducs de Venise, s'évadant de sa cellule de la redoutable prison des Plombs. C'était ici. Saura-t-il ne pas glisser sur les plaques de plombs du toit et ne point se fracasser le crâne sur la dalle du palais ou finir noyé dans le canal. Parviendra-t-il à conquérir la plus belle des belle, avec son boulet de complice de père Balbi, moine paillard faisant un peu figure de Sancho Pancha dans cette rocambolesque évasion, je trouve.

   "Je sortis le premier, le père Balbi me suivit. Soradaci, qui nous avait suivis jusqu'à l'ouverture du toit, eut ordre de remettre la plaque de plomb comme elle devait être et d'aller ensuite prier son saint François. Me tenant à genoux et à quatre pattes, j'empoignai mon esponton d'une main solide, et en allongeant le bras, je le poussai obliquement entre la jointure des plaques de l'une à l'autre, de sorte que, saisissant avec mes quatre doigts le bord de la plaque que j'avais soulevée, je parvins à m'élever jusqu'au sommet du toit. Le moine, pour me suivre, avait mis les quatre doigts de sa main droite dans la ceinture de ma culotte. Je me trouvais soumis au sort pénible de l'animal qui porte et traîne tout à la fois, et cela sur un toit d'une pente rapide rendue glissante par un épais brouillard."

Un esponton.

Jack London.- Grève générale.
   Encore du baume au coeur : une grève générale victorieuse. La bourgeoisie est affamée et se transforme en bande de pillards bestiaux. Un bémol, dos à eux, les autres affamés sont les miséreux des faubourgs, ghettos et taudis. On retrouve là malheureusement l'inspiration marxiste du grand romancier : le lumpenproletariat ne prend pas part à la lutte et à tout à perdre d'un bouleversement des rapports de classes. Mais ne boudons pas notre plaisir à apprécier le spectacle narré de ce quarteron de richards se battant comme des hyènes pour dépecer un vieux cheval et s'en disputer la viande, viande qu'ils se feront racketter peu après par de plus costauds. Les ouvriers honnêtes et en grève, eux, ont pensé à faire des réserves, et se tapent joyeusement la cloche dans leurs quartiers. Point de révolution après la victoire cependant, alors que le capital mord la poussière, mais juste la satisfaction des revendications ouvrières.
   La deuxième nouvelle de ce petit livre, Au sud de la Fente, est encore plus savoureux. C'est une parodie de l'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Stevenson, Jekyll étant ici un universitaire bourgeois et conservateur qui, pour les besoins de ses travaux sociologiques, se grime en ouvrier et passe certains laps de temps à vivre comme l'un d'entre eux, en leur sein. Petit à petit, il en prend l'aspect, le comportement, les goûts, manières de penser et de parler, réflexes, amours et haines : ce sera notre Mr Hyde. Devinez qui gagne à la fin ? Je vous aide, ce sera comme chez Stevenson !

   "Catherine Van Vorst observa encore l’homme qu'elle avait connu sous le nom de Freddie Drummond. Sa tête dominait la foule, et son bras enlaçait toujours la taille de la femme. Assise dans son automobile, attentive, elle vit le couple traverser Market Street, franchir la Fente, et disparaître le long de la 3e Rue dans le ghetto du travail.

   Dans les années suivantes, à l’université de Californie, aucune conférence ne fut prononcée par Frédérick A. Drummond, et aucun livre sur le monde du travail ne parut sous cette signature. En revanche émergea William Totts, un grand leader syndicaliste. Ce fut lui qui épousa Mary Condon, présidente des gantières, et organisa la grande grève victorieuse des cuisiniers et serveurs. Il participa aussi à la constitution de nombreux nouveaux syndicats, dont celui des croque-morts et celui des plumeurs de volaille.
"


lundi 20 mai 2019

Nihon yôkoso ! II

J'ai vu Shinjuku,
Jamais rien vu d'aussi haut !
Fourmis sympathiques.
18 avril 2019

   Levé 5 heures. Cours de 6h30 avec le fils du Doshu, à savoir l'arrière-petit fils d'O Sensei Morihei Ueshiba, vous savez bien, le fondateur de l'aïkido dont je vous avais déjà parlé, notamment ici. La quarantaine, très simple. J'ai vu aussi plus tard, l'arrière-arrière-petit fils, 8-9 ans, avec déjà un bon niveau. Puis, de 8 à 9, cours d'Osawa sensei. Deux partenaires sympas, plus âgés que moi (au cours du Doshu et de son fils, et à l'Aïkikai en général, on garde le même partenaire pendant tout le cours, qui dure une heure), sympas. Le premier, barbichu appliqué qui ne me regardait pas dans les yeux, le deuxième, charmante petite boule de billard râblée et rigolarde. Les deux ont la politesse de me devancer et de m'attaquer les premiers.

   9h30 petit déj' avec deux pratiquants de Montpellier sur place encore quelques jours.

   12h30, départ pour promenade dans Shinjuku, le plus grand arrondissement de Tokyo, là où il y a mon hôtel, l'Aïkikaï, le Kabuki cho (quartier "cho" de la capitale, un genre de Pigalle en 10 fois plus impressionnant), les petites rues aux fils électriques touffus, les avenues au gigantisme multicolore des réclames, les gratte-ciels. Plein de choses qui me déplairaient en France, mais c'est marrant comme l'exotisme (relatif, ça me le fait aussi à Berlin, Francfort, Zürich, Saint-Malo et Château-Chinon, par exemple), et le temps libéré de l'aliénant rythme répétitif et quotidien du travail me font voir ça d'un autre œil, plus indulgent, en tout cas sans ma hargne critique et morale habituelle. Je me laisse prendre par ces nouvelles sensations, assez puissantes, il faut l'avouer, et je me laisse émerveiller en coupant le robinet à ressentiment.

Première remarque, Tokyo est peut-être la plus grande ville du monde, mais il y a beaucoup moins de bagnoles qu'à Paris, c'est flagrant.

Quelques jours après que leur dame flambe à Paris, ayant franchi l'ouverture quantique d'un monde parallèle, je tombe sur une dame jumelle, version post-moderne. Intacte.

J'ai raté de peu le hanami (contemplation de la floraison des cerisiers), précoce cette année, quel dommage ! Mais il y avait de beaux restes.

Je décidai de faire l'ascension de cette dame du futur (en réalité le Tokyo Metropolitan Government Building, la mairie quoi !) : j'aime autant vous dire qu'au bout de la 739ème marche j'ai cessé de compter.


Toute ma vie j'ai rêvé de voir le bas d'en haut.



Au fond, dans la brume, le mont Fuji.

Vous ne me croyez pas ?

Moins de bagnoles, que je vous dis.


Fi du tourisme en pantoufles, ce fut un voyage plein de menaces.

Ici aussi, on papote après l'école. 

En approchant de mon hôtel, la démesure s'apaise un peu.

C'était pas les vacances pour tout le monde (enfin pour le moment, la suite prouvera que finalement, ben si, quasiment).

L'hôtel ou descendent de nombreux étrangers venant pratiquer à l'Aïkikai.
   

vendredi 17 mai 2019

Sacqueboute XLVIII : Le Trombone illustré


   Le Trombone illustré est un supplément de Spirou offert comme un journal clandestin à l'intérieur de l'hebdomadaire.

   Paru du 17 mars au 20 octobre 1977 sous l'impulsion de Franquin et d'Yvan Delporte, le Trombone illustré est un supplément agrafé à trente reprises au milieu du journal de Spirou. Indépendant du format et de l'esprit de celui-ci, cette publication poil à gratter réunissant des dessinateurs de différentes rédactions est annoncée dès le n° 2026 du 10 février par les mêmes empreintes de pas bleues qui avaient précédé l'arrivée de Gaston Lagaffe. Traduction de l'explosion du phénomène de la BD adulte pour adultes (Fluide glacial, l'Écho des savanes, Métal hurlant, Charlie Mensuel...), le Trombone brise les conventions formelles du récit dessiné et les tabous d'un journal plutôt bien-pensant.

   Jouant de l'autofiction comme avec Gaston le héros sans emploi, il décrit les tâtonnements éditoriaux d'une rédaction pirate et égratigne les errements d'une industrie en mutation. C'est dans ce journal que Franquin crée sa série des Idées noires.

   Extrait d'un éditorial de Jules-de-chez-Smith-en-face : « L'un des plus grands bonhommes du métier, à qui on aimerait demander un petit texte un de ces jours, s'appelle René Goscinny. La rumeur publique affirme qu'il a dit, à propos de ces référendums organisés par les journaux de jeunes auprès de leur public : “Moi, le jour où ce seront les lecteurs qui feront le journal, je n'aurai plus qu'à prendre la porte.” Et c'est vrai que le public, le gros public, est dérangé par ce qui est nouveau. »

   À cause de ses partis pris et de la façon dont il se présentait comme un concurrent interne au journal, le Trombone ne pouvait que s'éteindre. Mais ce fut là l'occasion de railler un peu plus l'attitude des MM. Boulier, Prunelle et autres représentants de l'autorité… Ce destin éphémère combiné à la rareté des albums du Trombone (issus des invendus de Spirou, qui était obligé de les dégrafer du journal pour pouvoir les relier en albums trimestriels) en ont fait un journal culte mais méconnu.

   C'est à l'occasion d'un article de Franquin que le journal est annulé. En effet, Franquin, antimilitariste convaincu, y « reproche à Thierry Martens, rédacteur en chef de Spirou, de publier des articles sur des maquettes d'avions de guerre nazis ».

Liste non exhaustive des auteurs et dessinateurs : Alexis, Jo-El Azara, Georges Beuville, Bert Bertrand, Serge Clerc, Bilal, Claire Bretécher, Fredric Brown, Comès, Thierry Culliford, Dany, Degotte, Deliège, Yvan Delporte, Derib, Didgé, Ernst, René Follet, F'murr, Franquin, Gotlib, Hausman, Frédéric Jannin, Jijé, Loup, Raymond Macherot, Mézières, Michel Modo, Moebius, Peyo, Roba, Grzegorz Rosinski, Sirius, Tardi, Marc Wasterlain, Will.


La rédaction remercie tata Wiki pour ses minutieuses relectures de notre article et les précieuses remarques et suggestions qu'elle a bien voulu nous faire.


Priviouslillonne Sacqueboute :
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory

lundi 13 mai 2019

Nihon yôkoso !

Zone de turbulence
L'avion redescend le temps
Je ne dors pas bien.

17 avril 2019

   Pour mes cinquante ans, ma maman, ma compagne et d'autres personnes bienveillantes m'ont offert une partie d'un voyage au Japon. Je suis tombé des nues. C'était pourtant vrai que j'en avais un peu entendu parler de l'archipel : judo de 8 à 18 ans, aïkido de 27 à 50, copine du Kansai guide touristique à Paris de 22 à 25 ans, j'ai même flirté avec le bouddhisme japonais quand j'étais au bout du rouleau, et pas seulement de parchemin. Toutes ces rencontres, c'est la vie qui me les a apportées, sans que je ne demande rien. Mes centres d'intérêts, politiques, littéraires, musicaux, historiques, géographiques même, etc. étaient à des lieues du Japon. Quand mon père entendait parler de ce pays, il avait un regard méprisant. Il préférait la Chine, certes, quand il m'expliquait le Lotus bleu il ne me cachait pas les horreurs que les nippons avaient accomplies chez le grand voisin. Mais son truc à lui, c'était l'Allemagne et le romantisme. On ne peut pourtant pas dire que les allemands aient fait beaucoup mieux que les japonais en ces temps déraisonnables... On était absolument pas intéressé par la région, c'est tout. Et puis, têtu, le Japon s'est présenté, par la bande, sans en avoir l'air, petit à petit, sans que j'ai conscience de finalement créer un lien avec.

Le meilleur mille-feuilles que j'aie jamais mangé, moi qui en raffole, réalisé par une voisine de ma mère, alsacienne convertie à l'islam ayant créé son auto-entreprise de pâtisseries à domicile. Non seulement il y avait la qualité, mais putain, la quantité ! Je m'en suis repu sans vergogne, j'en rêve encore !

   Elles avaient en plus contacté mes profs d'aïkido derrière mon dos, pour avoir des conseils sur la meilleure manière de procéder pour aller pratiquer à l'Aïkikaï, lieu mythique dont je parlai déjà il y a deux posts. La suite racontera peut-être qu'en plus de l'Aïkikai j'eus l'occasion de pratiquer dans quatre autres dojos, et pas des moindres !

   Alors mardi 16 avril, je prenais mon avion, pas rassuré, comme je vous le disais je ne suis pas un voyageur, pas dans mon époque. Tout cela allait un peu à l'encontre de mon souci de décroissance, mais je me suis dit que, pour mon demi-siècle, offert avec amour, j'aurais bien tort de bouder mon plaisir.

  

vendredi 10 mai 2019

La dose de Wrobly : germinal 2019 EC

Georges Simenon.- Un crime en Hollande.


   Bon, c'était le dernier du volume. Plus qu'à se procurer le tome 2, cette manie de se faire des séries ! Assez infantile.

Pearl Buck.- Les Fils de Wang Lung.

   Nous sommes en mesure de vous le confirmer, la vague de sabotages de la belle réussite des premiers de cordée de la start-up France sévissant actuellement, est pilotée depuis la Chine.

"Il arriva durant le mois suivant une chose telle que Wang le Tigre dans sa présomption ne l'aurait pas crue vraie si on la lui avait racontée. La fièvre de la guerre se répandit dans toute la région [...]. Dans cette fièvre, de petits souffles guerriers naissaient de toutes parts, et les hommes qui étaient oisifs et sans travail ou ceux qui ne voulaient pas travailler et les amoureux de l'aventure et les fils qui n'aimaient pas leurs parents et les joueurs qui avaient perdu au jeu et tous les mécontents profitèrent du moment pour se révéler et faire une démonstration quelconque.
   Dans cette région même où Wang le Tigre exerçait maintenant l'autorité au nom du vieux préfet, ces révoltés se réunirent en bandes et ils se donnèrent le nom de Turbans Jaunes, parce qu'ils portaient des lambeaux de jaune autour de leurs têtes, et ils commencèrent à piller le pays. Au début, ils le firent de façon mesquine et timide, montrant des mines [...] farouches et élevant des voix [...] hautes et [...] querelleuses.
   Mais ces Turbans Jaunes s'enhardirent à mesure que leur nombre croissait [...]."




Christine Brunet.- Dégâts collatéraux.
   Ce livre en est un de la passion d'écrire et de publier française. Acheté dans un petit salon provincial du polar local, il est aujourd'hui retourné à ses origines via le réseau international : il a été déposé dans une poubelle de la gare de Nikko, Japon, le 27 avril 2019. Sans regret, et ça allégeait le sac.