mardi 28 décembre 2021

La dose de Wrobly : frimaire 2021 EC


- John le Carré.- L'Espion qui venait du froid.
    Chef-d’œuvre absolu, même si démodé vu qu'il n'y a plus de guerre froide ni d'antagonisme entre les deux grandes formes de capitalisme se partageant le monde dans les 60's, ce roman, son auteur, le film, que je n'ai pas vu, l'époque et le segment de l'Histoire qui la caractérise, Berlin, est et ouest, la bibliothèque de mon père, ce poivrot au regard si fou qui, en ce temps là, ayant sans permis conduit bourré et tenté de passer à l'est dans la capitale prussienne où il étudiait l'allemand, s'était fait mettre au trou par les Vopos puis proposer de bosser pour eux comme barbouze, ce qui à l'époque était un sport municipal de masse dans la ville, cette "Taupe", puisée dans cette dite bibliothèque, que j'avais lue, ado, sans y rien comprendre, tant les galanteries d'espions qui y sont exposées y sont emmêlées, ce qui m'avait bien frustré et décidé à une revanche ultérieure, bref, tout dans et autour de cette œuvre contribue pour moi à la nimber d'une attractive et merveilleuse... aura. Luminescente, blanchâtre et brouillée comme les lampes à arcs une nuit de pluie dans les quartiers de Berlin est, près du mur.



- William Blake.- Chants d'innocence / Le Mariage du Ciel et de l'Enfer / Chants d'Expérience.
   "Le 7 novembre 1938 mourait Colette Peignot, aujourd'hui connue sous le nom de Laure, qui depuis quelque temps partageait la vie de Georges Bataille. Marcel Moré, ami de l'une et l'autre, assista à la mise en bière, et dans un texte publié en 1964 par les Cahiers des Saisons il rapporte ceci : "Je vois encore la chambre : au milieu, le cercueil ; dans un coin, les deux femmes voilées de crêpe ; dans le coin opposé, Bataille et ses amis, dans des vêtements clairs et avec des cravates roses et bleu ciel. Le silence n'était rompu que par le bruit fait par les employés des pompes funèbres. Au moment où ils allaient fermer la bière, Bataille fit quelques pas en avant et déposa sur le corps de la morte Le Mariage du Ciel et de l'Enfer, dont il avait arraché les pages au numéro de la NRF.""
[...]
"Lorsqu'éclate la révolution en France, elle réveille en lui l'enthousiasme qu'avait suscité la révolution américaine, et il tient à manifester publiquement sa haine des rois, des lois et de la servitude en se coiffant du bonnet rouge. Un personnage singulier se dessine, visionnaire, anti-religieux, profondément libertaire, aussi violent dans sa détestation des puissants que doux dans son amour des humbles, des innocents, des simples."

La découverte de William Blake est pour moi comme celle d'une nouvelle pièce dans la grande pyramide : incroyable, du mythe en barre !

mardi 30 novembre 2021

J't'enfume tu laisses couler

     Vous connaissez ce tube intersidéral des chenapans britanniques de Deep Purple, 1972, un sacré jackpot pour les hard rockeurs.


     Et bien plagiat, encore un.

     Car écoutez maintenant cette chanson de la chanteuse Astrud Gilberto arrangée par l'arrangeur dont tous les arrangeurs d'hier et d'aujourd'hui se réclament (Vince Mendoza...), qu'Ennio Morricone a forcément écouté en boucle avant d'écrire pour Leone, l'éminence grise et ami de Miles Davis, qui a arrangé trois parmi ses meilleurs albums, ce génial musicien resté dans l'ombre, qui avait même commencé un disque de reprises de Jimmy Hendrix avec ce dernier, malheureusement mort alors que l'orchestre répétait encore : Gil Evans. 1966. Ecoutez son piano.


     Gil Evans, élégant, ayant d'autres beautés à créer, à laissé les gosses gâtés jouer tranquille.

lundi 22 novembre 2021

Déjà entendu glauque

   L'autre jour à la médiathèque j'ai emprunté une compilation de Nino Ferrer, car j'aime bien, mais je ne connais que les quelques chansons les plus connues. Plus que trois malgré tout, contrairement à ce que disait l'artiste quelques mois avant de se faire sauter la cervelle d'un coup de fusil : "Tu te rends compte, j'ai écrit, composé et produit près de deux cents chansons, et les gens n'en connaissent que trois."


   Et voilà que j'entends cette chanson, Barberine, dont les paroles m'évoquent celles de l'album concept l'Homme à tête de chou de Gainsbourg, à savoir une histoire d'amour obsessionnelle qui frôle le fantastique tant les êtres y sont hybrides et les objets animés. Mais je trouve la mélodie (rien à voir avec Nelson pour le coup) sinistre, ne correspondant absolument pas à ce que les paroles sont censées évoquer de luxe, calme et volupté dans un wagon-lit avec une enfant-soeur capricieuse. Non, cette air m'évoque une rage de dents. Elle est discordante, morbide, répétitive, et surtout elle fait monter en moi un malaise fuyant mais familier, venu de l'enfance... Et je ressens l'application de cette scie douloureuse à un vulgaire fantasme d'homme mûr pour une Lolita, cette insertion d'une prosaïque bluette dans un écrin de bonne terreur archaïque comme une trahison. Dans quelle vie antérieure ai-je entendu cette petite musique lancinante, cette rengaine cauchemardesque ?

   Peut-être que mon aimable lectorat pourra contribuer à m'éclairer dans cette quête analytique...

Sauras-tu aider Wroblewski à découvrir dans quelles circonstances il a dégluti avec une voluptueuse angoisse une madeleine similairement empoisonnée ?
 
Litan, de Jean-Pierre Mocky, avec et musique de Nino Ferrer. Merci à Chroum-Badaban, Jules et Alex pour leur participation !
 

vendredi 19 novembre 2021

La dose de Wrobly : brumaire 2021 EC


   Bon, Wroblewski a pu lire un peu plus ce mois-ci. La cause en est qu'il s'est fait voler son sac à dos à Ménilmuche pendant qu'il soufflait dans son trombone lors d'un petit concert à un mini salon de la presse alternative devant une librairie. Dedans il y avait la masse sur l'art japonais qu'il déchiffre péniblement depuis des mois. Il l'avait presque terminé, il en était aux annexes, plus précisément à la liste des musées des quatre grandes îles et peut-être des plus petites. Mais le renard, qui devait en avoir besoin, être à des sortes d'abois, ayant profité de l'attroupement joyeux autour des souffleurs et des frappeurs, a fait disparaître ce volume qui a pris pas mal de temps et d'efforts de concentration à Wrobly, certes, mais qui lui a aussi procuré curiosité et instruction. Le voleur a un peu accéléré les chose. Heureusement c'était l'automne et ses températures plus basses, toutes les laisses portatives du monde moderne, papiers, cartes et passes, fric, clés, étaient dans les poches du blouson du musico du dimanche, et pas dans son sac, comme en été qu'il se balade en tee shirt. Mais il y perdit un K-Way, le bouquin en question, un agenda, et, un peu plus chiant, ses lunettes. Depuis il fait avec des anciennes, et a pris rendes-vous chez l'ophtalmo pour début déccembre. Ca ne l'a pas empêché de bouffer du papier imprimé relié.

- Nanni Balestrini.- Black out.
"le pouvoir d'un côté et les jeunes de l'autre

ce trouble-fête de 1968 n'en finira jamais

tout le monde a essayé de récupérer les jeunes
[...]
tout ce qui en 1968 était encore latent ou indéterminé s'est maintenant radicalisé

sa cohérence révolutionnaire dont on voudrait se débarasser pour rêver en paix
[...]
Fiat craint leur haine pour l'usine
[...]
ce sont surtout les contremaîtres qui sentent sur leur peau leur mépris
[...]
ces jeunes arrivent d'une autre planète a-t-il commenté

pour travailler ils travaillent mais dès que la sirène sonne ils détalent comme des lièvres s'ils peuvent ils se mettent en maladie
ils garaient des camions de location devant le magasin et chargeaient calmement des divans-lits des armoires des frigos des téléviseurs
[...]
qui veut des téléviseurs a crié quelqu'un en découvrant un stock à la lumière faiblarde des bougies ici en haut il y a des guitares et des saxos annonce un autre
[...]
une femme m'a téléphoné pour me dire ils passent dans Bushwick avenue on dirait des buffles

une jeune femme qui s'était présentée sous le nom d'Afreeka Omfrees a dit vraiment c'est quelque chose de merveilleux tout le monde est rassemblé dans les rues il y a une atmosphère de party

une femme de cinquante ans son panier à provision au bras entre dans le magasin en disant aujourd'hui on fait son marché gratis
[...]
un jeune homme deux saxos sous le bras m'a arrêté et m'a dit il y a cinq ans à Brooklyn j'ai été obligé de mettre en gage mon sax et maintenant je vais me remettre à jouer encore"

- Choderlos de Laclos.- Critique littéraire.
   Ah ! les Lumières ! Dommage que ça se soit fini en eau de boudin, c'était quand même un très bon esprit !
   "Les amis de la liberté et de l'égalité apprendront ici avec plaisir que La Pérouse avait, dès 1786, les idées libérales qui n'ont été proclamées ouvertement en France qu'en 1789. Le passage suivant en fournit une preuve frappante : "Quoique les Français, dit-il, fussent les premiers qui, dans ces derniers temps, eussent abordé sur l'île de Mowée, je ne crus pas devoir en prendre possession au nom du roi. Les usages des Européens sont à cet égard complètement ridicules. Les philosophes doivent gémir sans doute, de voir que des hommes, par cela seul qu'ils ont des canons et des baïonnettes, comptent pour rien 60 000 de leurs semblables ; que, sans respect pour leurs droits les plus sacrés, ils regardent comme un objet de conquête une terre que ses habitants ont arrosée de leur sueur et qui, depuis des siècles, sert de tombeau à leurs ancêtres. Ces peuples ont heureusement été connus à une époque où la religion ne servait plus de prétexte à la violence et à la cupidité.""

   Si ils savaient !...

- Sébastien Navarro.- Péage sud.
   Une des plus insolites révolutions sémantiques du XXIème siècle débutant : le jaune, de mouchard patronal, de traître à sa classe, est passé émeutier déter', insurgé rentre-dedans, plèbe à bout bouillant spontanément !

   "- Je travaille de 6 heures du matin à minuit pour un salaire de 1000 balles. J'ai le dos cassé. J'en peux plus. Le matin, je dois être au poste à 5h55. Dès que ça sonne, je dois m'activer. Pas de temps mort. Des heures à transporter des palettes. S'il manque un ou deux mecs, le patron s'en bat les couilles. C'est à moi de boucher les trous. Pour le même salaire évidemment. Je cours partout. Pour le patron c'est tout bénéf. D'ailleurs il a rejoint les foulards rouges*. Mais moi c'est décidé, je le plaque. J'arrête. Je me fous au chômage.

   Au rond point, il n'y a que trois clampins. Dont JP, le gendarme retraité. Je lui parle du texto reçu. Paraît que ça se corse. JP nous affranchit : il y a une AG sur le parking du Lidl. On peut dire que les gilets ont le chic pour trouver les endroits les plus sexy où se réunir : après les ronds-points gazolés, les parkings de supermarché low-cost."

* Ephémère mouvement pro-Macaron.
- Marcel Aymé.- Confidences et propos littéraires.
   "Au fond de notre coeur, nous nous refusons instinctivement à admettre que l'un de nous puisse être jugé par ses semblables revêtus de toges et de peaux de lapin.
   Nous ne croyons ni à leur infaillibilité, ni au pouvoir dont ils sont investis par la société de faire jaillir une vérité même incertaine et tremblotante, et nous avons besoin de faire appel à notre raison pour reconnaître la nécessité des tribunaux dont les sentences, rendues avec majesté, ne sont à tout prendre que des opérations de police du deuxième degré. Du reste, l'expérience confirme souvent, trop souvent, le bien fondé des avertissements que nous prodigue notre instinct.
   [...] on n'a vu aucun procureur, aucun président de cour d'assises confesser publiquement qu'ils avaient sur des données entièrement fausses expédié des innocents au bagne et à la guillotine. A combien s'est-il élevé le nombre de leurs victimes ? Encore ces serviteurs de la justice étaient-ils de bonne foi.
   Mais que dire des juges de la Libération qui condamnèrent par timidité, par veulerie, pour ne pas entrer en conflit avec le nouveau pouvoir ? Il est rare que l'histoire ratifie les condamnations prononcées contre des prévenus politiques. Qui donc, de nos jours, peut songer sans écœurement à la férocité des conseils de guerre de 1871 ?
   Cela dit et considéré, il faut convenir que la peine de mort est une périlleuse aventure pour la justice dont elle compromet sérieusement la majesté sinon l'exercice. Faut-il ajouter qu'elle est encore plus périlleuse pour ceux qui en sont les victimes ?
   L'innocent expédié au bagne peut encore espérer une réparation, mais celui qui meurt sous le couperet ou sous les balles du peloton d'exécution n'a plus à compter que sur le tribunal du jugement dernier. On comprend d'ailleurs mal pourquoi, en France, le mépris public demeure attaché à la profession de bourreau alors que la carrière d'un magistrat ayant obtenu la mort de ses semblables se poursuit dans les honneurs.
   S'il est vrai que le second serve la société, le premier en peut dire autant. Pour ma part je trouve indécent et révoltant qu'un monsieur puisse, le cul sur un fauteuil et sans courir le moindre risque, réclamer avec des effets de manche la mort d'un homme, coupable ou non."
Arts, 25 mars 1959.

- Serge Truffaut.- Les Résistants du jazz.
   Un très beau livre, superbement illustré, et instructif, puisqu'il nous permet de mieux connaître, ou de découvrir, des "mi-moyens" du jazz américain, qui sont aussi de somptueux musicos, dont la biographie est retracée avec une verve parfois polémique, en lien avec le contexte social, géographique, culturel, historique... de leur apparition, du chemin qu'ils ont tracé, de l'héritage qu'ils on laissé : Red Garland, Charlie Rouse, Lee Morgan, Julius Hemphill, Horace Silver, Gerry Mulligan, Mal Waldron, Jackie McLean, Lester Bowie, Johnny Hodges, Hampton Hawes, Dinah Washington, Paul Desmond, Duke Jordan, Sun Ra, Johnny Griffin, Art Blakey, Eddie "Lockjaw" Davis, Gil Evans, Ray Bryant, Don Cherry, Booker Ervin, Donald Byrd, Mary Lou Williams, Rahsaan Roland Kirk, Stanley Turrentine, Shelly Manne, Ben Webster, Zoot Sims, Randy Weston, Buck Clayton, Horace Parlan, Hank Mobley, Roswell Rudd, Max Roach, Art Pepper, Dr John, Cannonball Adderley, Elvin Jones. Quatre pépinières de jazz sont également décrites dans leurs différents apports à la grande fructification de cette musique libertaire, free jazz ou pas : Detroit, Kansas City,...

Comme y a 37 mecs pour 2 nanas, on discrimine positivement.

   "De leur vivant, Billie Holiday, Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan furent célèbres et le demeurent. Dinah Washington, elle, fut populaire et le reste. Dans les ghettos, dans les lieux où les intonations du blues doivent être claires, nettes, que ce soit dans le jazz, le rhythm and blues et autres genres ou sous-genres.
[...]
   Tout au long des années 50, elle va aligner des hits : I Won't Cry Anymore, Come Rain Or Come Shine, Am I Blue ?, My Heart Cries For You, Cry Me A River, All Of Me, Make The Man Love Me et une floppée d'autres titres. Certains ont été arrangés et orchestrés par Quincy Jones. D'autres ont été réalisés en compagnie des poids lourds du bebop comme Max Roach, Clifford Brown Richie Powell et consorts quand elle n'était pas invitée par Count Basie et Duke Ellington.
   Mais voilà, sa gourmandise vocale devait lui jouer un sale tour de la fin des années 1950 à son décès le 14 décembre 1963. Elle fit de la pop, du sirop, du très sirupeux. Elle a enregistré une quantité de pièces noyées par des dizaines de cordes. Non seulement ça, elle fera même du Hank Williams. Tout ça sans jamais, il faut le souligner, gommer les accents du blues.
   Reste que cette déviation vers des genres jugés trop populaires, donc trop vulgaires, par les critiques "branchés" de l'époque devait lui valoir un chapelet de réactions toues formulées à l'enseigne du mépris. on précisera même : le mépris de classe."

- Lawrence Block.- Drôles de coups de canifs.
   Entre deux réunions des AA, Scudder se fait pote avec un boucher (c'est une métaphore, et un surnom), et démasque le tueur gentrifieur, dans un New York ou la spéculation immobilière interdit désormais et de plus en plus aux pauvres la possibilité de se loger. On se croirait à Paris.

lundi 1 novembre 2021

On y croit !


   Contre la politique, un geste négatif de masse consiste tout simplement à ne pas voter. L'"apathie" (c'est à dire le sain ennui du Spectacle éculé), éloigne la moitié de la nation des urnes ; l'anarchie n'a jamais obtenu autant ! (Pas plus qu'elle n'avait à voir avec l'échec du dernier recensement). Là encore, il y a des parallèles positives : le "réseautage" comme alternative à la politique est pratiqué à bien des niveux de la société, et l'organisation non hiérarchique a atteint une grande popularité, même en dehors du mouvement anarchiste, simplement parce que ça marche. (ACT UP et Earth First ! en sont deux exemples. Les Alcooliques Anonymes en est un autre, aussi bizarre que cela puisse paraître.)

   Le refus du Travail peut prendre la forme de l'absentéisme, de l'ivresse sur le lieu de travail, du sabotage, et de la pure inattention - mais il peut aussi faire naître de nouveaux modes de rébellion : davantage d'auto-emploi, la participation à l'économie "noire" et au lavoro nero, les magouilles des chômeurs et autres options illégales, culture d'herbe etc. - autant d'activités plus ou moins "invisibles" comparées aux tactiques traditionnelles d'affrontement de la gauche, comme la grève générale.

   Refus de l'Eglise ? Eh bien, "l'acte négatif" ici consiste probablement à... regarder la télévision. Mais les alternatives positives incluent toutes sortes de formes non autoritaires de spiritualité, du christianisme "sans église" au néo-paganisme. L'Amérique marginale regorge de ce que j'aime bien appeler des "Religions libres" - autant de petits cultes auto-créés, mi-sérieux/mi-délirants, influencés par des courants tels que le Discordianisme et l'Anarcho-taoïsme - qui proposent une "quatrième voie en pleine croissance", échappant aux églises traditionnelles, aux bigots télé-évangélistes et au consumérisme froid du New Age. On peut également dire que le principal refus de l'orthodoxie, consiste à créer des "moralités privées" au sens nietzschéen : la spirituallité des "esprits libres".

Hakim Bey.- T.A.Z : zone autonome temporaire.

lundi 25 octobre 2021

Romain

   En 1987, à 18 ans, je revenais vivre dans la banlieue parisienne quittée quinze ans plus tôt pour la province, une province sans aura, où mes parents avaient été mutés. Durant mon enfance, tout en étant bercé par le jazz et la musique classique qu'écoutait mon père, ainsi que Brassens, j'ai développé un goût pour les grands de la chanson française et, dès l'école primaire, pour un petit jeune nommé Renaud, qui faisait parler de lui avec son Marche à l'ombre, puis dont ma mère me vanta le génialissime Hexagone, et de qui j'ai été vraiment fan pendant des années.

   Puis au collège je me suis converti au heavy metal, sans déloyauté cependant pour mes amours précédentes. Et tout en restant ouvert : j'aimais aussi beaucoup les Sex Pistols et Exploited.

    En fin de lycée cependant, juste avant de partir, j'ai rencontré un condisciple étrange. Il avait les cheveux en brosse et était plutôt propre sur lui, avec des Doc Martens ou assimilées, aux antipodes de ma tignasse grasse jusqu'aux épaules, de mon cuir noir, de mes jeans sales, de mes clous, mes chaînes, mes bottes et de toute la panoplie qui va bien, plus le côté réellement destroy lié à ma chute dans la pillave à 16 ans. Ce collègue de lycée, que les filles trouvaient chou, avait un certain prestige parce qu'il faisait régulièrement des séjours à Paris, et c'est lui qui m'a fait découvrir, en en parlant à d'autres mais mon oreille préparée s'est aussitôt dressée, les Bérurier noir, et, grâce à des tracts, flyers, slogans anti-flics et anecdotes retour de manif, l'existence de toute une scène liée à des idées anarchistes et antifascistes dans la capitale ! Cela m'a évidemment beaucoup attiré car depuis mon plus jeune âge c'est Anarchie qui m'inspirait, et à laquelle j'aspirais. J'ai donc trahi le métal pour écouter ces groupes, chouilla.

   Mais parallèlement, arrivé à Paris, je me suis aussitôt réglé sur une radio libre, sans pub ni actionnaires, pour moi c'était déjà rédhibitoire, qui passait énormément de chansons françaises, des classiques certes, Brassens, Ferré... mais aussi une masse de saltimbanques que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents. Parmi elles.eux, Romain Didier. 

   J'ai instantanément apprécié sa voix à l'inflexion chaude, lisse, stable, peut-être un peu monotone, sans vibrato ni éraillement, ni expression trop marquée, théatralité (à la Renaud, Higelin, Thiéfaine...) un peu comme les voix de Lavilliers ou de Béranger, mais en moins virile, plus tendre, avec parfois des montées dans les aigus, un genre d'Yves Duteil de gauche. Et des mélodies qui dès la première écoute me poussaient à les fredonner. Une douceur qui venait faire le pendant de mes pulsions vers la violence musicale.

   Je n'en ai jamais su beaucoup plus que les quelques titres entendus à la radio. Mais il y a quelques années j'ai acheté un CD, l'occasion, l'herbe tendre, dans une des dernières librairies parisiennes. On sentait que Romain avait pris un peu de bouteille... Mais je n'ai pas été trop déçu. Le temps passant, moi vieillissant sans m'en rendre compte, tous les anciens de la génération de mes grands-parents, puis de mes parents, tombant comme des mouches au champ de la loi de la vie et de la mort, je n'étais même pas sûr que ce Didier fût encore vivant. Quelle ne fut donc pas ma surprise d'entendre ce fantôme découvert dans une radio associative ultra confidentielle 35 ans auparavant invité dans la matinale d'une radio d'Etat, on va dire de service public, c'est plus gentil surtout quand ça nous fait entendre de belles choses malgré tout. 

   Et j'y ai appris qu'il vient de sortir un album, à 71 ans, mais aussi que c'était un pote et un parolier d'Alain Leprest ! Leprest que, lui aussi, j'avais découvert sur cette radio confidentielle, mais qui a eu un certain succès d'estime par la suite chez un certain public avancé, et que j'avais rencontré fin 80's débuts 90's dans de petits cabarets de la butte aux Cailles, le Merle moqueur, ou la Folie en tête, je ne sais plus, dans le 13ème arrondissement de Paris, où il participait à des enregistrements d'émissions de cette même fréquence, j'en avais déjà parlé quelque part, ici ou en commentaire d'un autre blog. Un mec très sympa pour un stalinien, cet Alain, jeune, costaud, genre fort des halles en débardeur, et déjà grand beuveur, mais pas dépressif, joyeux et expansif. Donc Romain Didier, moins connu apparemment, lui était lié...

   Dans l'avant dernier album, que je possède donc, j'ai choisi cette chanson. Je préfère ses chansons nostalgiques, tendres, qui m'émeuvent vraiment, celle-ci est plutôt satirique et vacharde, même si elle n'est pas sans vérité évidemment, à l'heure du succès populaire d'un certain Z..., mais je la trouve rigolote dans son constat sinistre...


   J'en sais donc un peu plus sur cette voix de ma jeunesse qui ne s'est pas tue, mais guère plus. Si je tombe sur un de ses anciens disques dans une quelconque librairie survivante aux plateformes, j'essaierai de me le procurer, avec une jouissive curiosité je le confesse, et le but de me faire un sniffe de madeleine.

mardi 19 octobre 2021

La dose de Wrobly : vendémiaire 2021 EC


- Dashiell Hammett.- Sang maudit.
   Après Moisson rouge, je lis donc Sang maudit.
   La légende plus le suspense et les coups de théâtre à s'en mordre les dents. Dès le tiers du roman on a déjà quatre meurtres et des solutions à ce qui ne devait être qu'une vulgaire enquête sur un vol de diamants bidon, qui s'enchaînent, la nouvelle invalidant la précédente. On se demande ce qui va bien pouvoir se passer dans les deux tiers restant, mais les surprises ne cessent de se bousculer dans nos mains fébriles. Je pensais Hammet du même acabit que Chandler (et de fait il y a des similitudes), un créateur d'ambiance peu concerné par les intrigues en elles-mêmes, mais ici on a les deux, l'atmosphère glauque et le who done it ? de grand art.
   Hammet, le créateur du roman noir américain, qui en plus fut harcelé par le maccarthysme et condamné à la prison, ce qui ne peut que nous plaire.
   Il m'a semblé avoir déjà lu ce livre, alors que je n'en avais aucun souvenir... Peut-être dans mon ancienne vie, un emprunt à mon père, au centre de documentation dans lequel j'ai bossé... 

- Le Roman de Renart.
XIe siècle La Chanson de Roland
1099 Prise de Jérusalem par les Croisés (Première Croisade)
XIIe siècle Naisssance du style gothique
1163-1182 (et XIIIe - XIVe s.) Notre-Dame de Paris
XIIe siècle (et XIIIe s.) Le Roman de Renart
XIIe siècle Les Fabliaux
1180-1223 Règne de Philippe Auguste
1226-1270 Règne de Louis IX (saint Louis)***

"- Pourquoi me raconter ces blagues ? répondit la mésange. Arrangez-vous avec une autre. N'insistez pas pour me baiser, cela n'est pas pour aujourd'hui !
   Quand Renart voit que sa commère ne veut pas croire son compère :
- Madame, veuillez m'écouter. Puisque vous vous méfiez de moi, yeux fermés je vous baiserai.
- Ma foi, dit-elle, je veux bien : fermez-les donc."

- Parcs et réserves naturelles.
   Par exemple la Camargue :
   "Le Salin-de-Giraud abrite dans ses cités le personnel des Compagnies Péchiney et Solvay.
   La Compagnie Péchiney [...] est un des grands trusts industriels de France. Elle possède une grande partie de la Camargue**. Elle exploite, au Salin-de-Giraud et près d'Aigues-Mortes, les marais-salants les plus mécanisés du monde et les plus importants d'Europe, "qui fournissent les 5/6 du sel méditerranéen et ont une capacité de production de 800 000 tonnes pour moins de 1000 ouvriers". [...]
   Le sel, dont on tire la soude et le chlore, approvisionne l'industrie chimique [...].
[...]
   La Camargue reste surtout une région agricole.
   [...] Aujourd'hui, la Camargue, avec ses hauts rendements (50 quintaux à l'hectare en moyenne) couvre les besoins français en riz.
   C'est une culture de grand rapport, lancée avec l'aide de l'Etat, mécanisée de façon très moderne, employant une main-d'oeuvre saisonnière à bon marché, italienne et espagnole surtout, et qui est en majeure partie entre les mains de grands propriétaires**.
"

   Amusant : ce chapitre sur la Camargue est venu se télescoper avec une chanson de Francesca Solleville que j'avais réécoutée au moins trois fois avant de lire le livre, que je trouvais très belle sans y comprendre que couic, sur les Saintes-Maries-de-la-Mer, les gitans, et des trucs religieux hétérodoxes et pittoresques.


   Et puis Aigues-Mortes, là où les 16 et 17 août 1893 des travailleurs italiens de la Compagnie des Salins du Midi, victimes de lynchages, coups de bâton, noyade et coups de fusils, furent massacrés par des villageois et des ouvriers français, acquittés par la suite et laissant sur le carreau cent morts et de nombreux blessés. On aperçoit cet épisode dans la superbe BD de Baru Bella Ciao.
   "Aigues-Mortes, aujourd'hui endormie dans ses remparts médiévaux, mais d'où st Louis partit pour la Croisade [...].***"

   Ou bien la Pierreuse, en Suisse.

   "Il n'est pas facile de créer une réserve.
   Les propriétaires désirent avant tout exploiter leur terrain. Ils veulent assurer le rendement de leurs forêts et de leurs pâturages**. Les communes cherchent à aménager leur territoire en station touristique.**
   Pour qu'une réserve puisse se créer, il faut que les propriétaires privés et les communes renoncent à certains avantages financiers.**
"

- Hakim Bey.- T.A.Z. : zone autonome temporaire.
   "La deuxième force motrice de la TAZ provient d'un développement historique que j'appelle la "fermeture de la carte". La dernière parcelle de Terre n'appartenant à aucun État-nation fut absorbée en 1899**. Notre siècle est le premier sans terra incognita, sans une frontière. La nationalité est le principe suprême qui gouverne le monde. - pas un récif des mers du Sud qui puisse être laissé ouvert, pas une vallée lointaine, pas même la Lune et les planètes. C'est l'apothéose du "gangstérisme teritorial". Pas un seul centimètre carré sur Terre qui ne soit taxé et policé... en théorie."

jeudi 23 septembre 2021

La dose de Wrobly : fructidor 2021 EC

 - Nicolas Bouvier.- L'Usage du monde.
   Magnifique, instructif et passionnant. Deux potes suisses, l'un peintre, l'autre écrivain, partent dans la petite Fiat qu'ils ont retapée direction l'Inde. Via la Yougloslavie, la Macédoine, la Turquie, l'Iran, le Pakistan, et l'Afghanistan. Le livre se termine quand Nicolas Bouvier, que son compagnon a quitté à Kaboul pour aller rejoindre sa fiancée à Ceylan quelques semaines plus tôt, prend le chemin du sous-continent, désormais seul au volant d'une Fiat qui, on le pressent, fera vite long feu. Un Sur la route sans sexe, sans drogue et sans jazz, même si la musique y est très présente, notamment la tzigane, mais aussi celle que nos deux globe-trotters ne dédaignent pas de taquiner, entre autres à l'accordéon, faisant souvent la joie de leurs hôtes... Conséquemment, le fait que même aux pays de l'opium ils ne soient jamais défoncés par des produits, rend tout cela beaucoup moins lourdingue que les tribulations de Kerouac. Ici, seule la sensibilité mue par les immensités traversées ou l'humanité rencontrée est exprimée, avec une littérature simple mais efficace. Le casanier que je suis a évidemment appris plein de choses. Et pour couronner le tout, l'humour irrigue ces pages, un humour tendre et fraternel, jubilatoire. J'ai été fort surpris, timoré et certainement endoctriné que je suis par une certaine idéologie hobbesienne et européo-centriste dominant notre meilleur des mondes, je me disais qu'un tel périple devait forcément mettre la vie des protagonistes en jeu à chaque étape, qu'ils étaint des trompes la mort, des têtes brûlées (il est vrai qu'à quelques occasions l'incident a été évité de très peu et qu'aucun des régimes des pays traversés ne ressemble à la douce utopie d'Anarchie). Mais finalement j'ai fermé le livre rasséréné, en me disant, peut-être en proie à un excès inverse, qu'au bout du compte les gens sont gentils sur cette bonne vieille terre, et en ressentant quelque chose comme le goût de la fraternité humaine.

 - Dolent Jean / Daquin Thomas.- La Sécurité militaire.
   La suite m'a tout de suite ramené les pieds sur terre...

   "Voilà donc un service enveloppé de mystère dont les compétences sont définies de manière si floue qu'elles n'ont point de limites certaines ; qui est chargé en principe de veiller sur ce qui doit rester secret - mais c'est lui qui décide de ce qui est secret et ses manuels vont jusqu'à annoncer bellement "considérer comme secret tout ce qui n'est pas rendu public" ; un service ne disposant pas des moyens que la législation réserve aux seuls officiers de police judiciaire (interrogatoires, perquisitions, gardes à vues) mais qui les utilise tous en se débarrassant du même coup des garanties accordées au citoyen ; un service qui opère en marge de la loi."
Gilles Perrault, vers 1980.

   Depuis nous avons eu les drones policiers, la reconnaissance faciale, le fichage biométrique de la population avec les papiers d'identité qui vont bien, les cartes de crédits (bientôt sociaux ?), les passes Navigo et sanitaires. Et les barbouzeries diverses toujours au taquet, même si aujour'hui, 84 % de la population étant équipée de "téléphones intelligents" munis d'appareils photo capables de lire des codes-barres tels que les QR, outils que l'administration s'est elle même appropriée, avec la cryptographie, pour sécuriser les documents qu'elle délivre, nous sommes assez cons pour nous fliquer nous mêmes et les uns les autres avec l'infrastructure qu'on s'est payé de nos propres deniers, exonérant par là l'Etat d'une grande part de ce coût de contrôle et de surveillance. Aujourd'hui certains crient à la dictature. Je crois plutôt que tout cela prouve que nous sommes bel et bien en démocratie (un Etat, une classe dominante, un parti unique, le parti du capitalisme, et le piège à con électoral qui va avec), cette maladie chronique dont la phase terminale est le fascisme. Et ça nous laisse déjà bien assez de taf comme ça.

 - Walter Benjamin.- Écrits radiophoniques.
   "Quant au texte Lichtenberg. Un aperçu, il s'agit d'une curieuse pièce radiophonique [...]. Mettant en scène la vie du philosophe et physicien Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799), cette pièce est certainement le seul texte de Benjamin relevant de la science-fiction. On y découvre notamment des extra-terrestres - les êtres lunaires - dissertant scientifiquement sur le comportement des hommes et la vacuité de leurs agissements, cinq ans avant que La Guerre des mondes d'Orson Welles ne sème la panique chez les auditeurs américains."
Philippe Baudoin.

   Walter Benjamin est vraiment un diamant, j'en découvre sans cesse une nouvelle facette : ici son activité radiophonique ! Découvrir ça, moi qui ai toujours été passionné de radio (en tant qu'auditeur)! Et vous pourrez vous en rendre compte vous-mêmes en écoutant, ici... la radio !!! En l'occurrence France Culture, avec un entretien de Stéphane Hessel, qui a bien connu Benjamin, ami de ses parents, et qui le reconnait sans hésitation dans le rôle de Kasperl dans la seule émission de Benjamin à avoir été conservée comme archive sonore, la pièce radiophonique (Hörspiel) Charivari autour de Kasperl (Radau um Kasperl diffusée le 9 septembre 1932 par la radio de Cologne), même si la plupart des biographes et spécialistes germanophones restent assez réservés sur le sujet. Troublant voyage dans le temps.

mardi 14 septembre 2021

Afghanistan : arrivée et départ


   "Le tenancier de la tchâikhane* de Saraï use d'une publicité sans détour : un tronc en travers de la route. On s'arrête - il le faut bien - on aperçoit alors sous l'auvent de feuilles sèches deux samovars qui fument entre des guirlandes d'oignons, les théières décorées de rose alignées sur le brasero, et on rejoint à l'intérieur quelques autres victimes du tronc qui vous accordent un instant d'attention courtoise et reprennent aussitôt leur sieste, leur jeu d'échecs, leur repas.

   Il faut connaître l'abominable indiscrétion qui règne dans d'autres régions de l'Asie pour mesurer ce que cette retenue a d'exceptionnel et d'appréciable. On pense ici que témoigner trop d'intérêt ou de bonhomie nuirait à l'hospitalité. Selon une chanson populaire afghane, le personnage grotesque, c'est celui qui reçoit son hôte en lui demandant d'où il vient, puis "le tue de questions des pieds à la tête". Vis-à-vis de l'Occidental, les Afghans ne changent en rien leur manière. Pas trace de veulerie, pas trace de ce "psychisme" avantageux que vous opposent certains Indiens médiocres. Est-ce l'effet de la montagne ? C'est plutôt que les Afghans n'ont jamais été colonisés. A deux reprises, les Anglais les ont battus, ont forcé le Khyber Pass et occupé Kaboul. A deux reprises aussi, les Afghans ont administré à ces mêmes troupes anglaises une correction mémorable, et ramené la marque à zéro. Donc pas d'affront à laver ni de complexe à guérir. Un étranger ? un firanghi ? un homme quoi ! on lui fait place, on veille à ce qu'il soit servi, et chacun retourne à ses affaires.

   Quant à ce tronc, qui ne laisse aucune place à l'irrésolution, c'est le bon sens même. Comment résister à la cocasserie de procédés pareils ? Nous étions même prêts à payer le prix fort. Mais il n'en est pas question : le thé est bouillant, le melon à point, l'addition modique ; et, le moment du départ venu**, le patron se lève et déplace obligeamment sa solive."

Nicolas Bouvier.- L'Usage du monde.

   Puis vint la belle nuit de Noël 1979...

* Maison de thé.
** Cette route fut tracée en 1954.

mardi 7 septembre 2021

Sacqueboute LVII : Charlie Green


   L’impératrice du blues Bessie Smith avait ses accompagnateurs habituels préférés, si bien qu’elle n’a pas conservé un souvenir impérissable de Louis Armstrong, trompettiste à peine connu à l’époque qui, en 1925, participa à trois séances de disque à New York avec elle, alors que lui-même en a toujours gardé une empreinte importante. La chanteuse avait notamment comme chouchou le tromboniste de l’orchestre de Fletcher Henderson Charlie Green, à qui elle a dédié une chanson. Celui-ci, alcoolique, avait une marotte : ayant une bouteille dans la poche gauche de sa veste intérieure, il avait fait un trou par la pochette, par lequel une paille allait rejoindre le précieux liquide. Grâce à ce stratégème, après avoir soufflé dans son instrument, il pouvait tourner la tête et siffler l’alcool par la paille, ce dont il ne se privait pas. Fletcher Henderson a longtemps essayé de savoir comment son tromboniste se débrouillait pour être soûl à la fin du concert. Armstrong, petit jeunot choqué de l’épique équipe de l’époque, se plaignit que les musiciens de Fletcher ne respectaient pas la musique.

Fletcher Henderson.- Trombone Cholly. Bessie Smith (voix), Joe Smith (cornet), Charlie Green (trombone), Fletcher Henderson (piano).

Walter Melrose / Joe ""King"" Oliver.- Sugar Foot Stomp. Fletcher Henderson (direction, piano), Louis Armstrong (cornet), Joe Smith (trompette), Elmer Chambers (trompette), Charlie Green (trombone), Buster Bailey (clarinette), Don Redman (saxophone alto), Coleman Hawkins (saxophone ténor), Charlie Dixon (banjo), Ralph Escudero (tuba), Kaiser Marshall (batterie).


SACQUEBOUTE
Priviouslillonne Sacqueboute :
Vincent Gardner
Curtis Fuller
Jason Horn
Samuel Blazer
l'Essaim de nuit
les esprits / 1- les furies
Kronstadt
Jörgen van Rijen
La Belle image
Kropol
les sacqueboutiers de Toulouse
Tintin
Wycliffe Gordon
Donald
Robinson Khoury
Willie Colon
Sébastien Llado
Mathias Mahler
Charles Greenlee
Dick Griffin
Guive
Voilà du boudin
Bruce Fowler
Glenn Miller
Nils Landgren
Grachan Moncur
Le Trombone illustré
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory

mercredi 1 septembre 2021

Zoom sur trois sections de l'I.H. (internationale houbiste)

Par le secrétariat international de la SFIH (section française de l'internationale houbiste).

Turquie : l'insurrection qui vient.

   "En Turquie comme en Perse, sitôt les affaires de la journée terminées, on se met en pyjama."
Nicolas Bouvier.- L'Usage du monde.


Kurdistan iranien : face à la dictature sanitaire, nos compagnons houbistes incarcérés organisent la résistance.

   "Excellent, la joubarbe, ajoutait le capitaine en inspirant avec force... fait uriner, fortifie l'intestin. Suivaient une série de conseils diététiques. Les bonnes digestions, l'alimentation bien comprise ; c'était sa marotte, à cet homme-là. Certes la santé est une belle chose ; mais s'en voir infliger chaque matin la démonstration ! nous nous tournions contre le mur pour sommeiller encore un coup ; après tout, les prisons sont faites pour dormir et celle-ci nous offrait nos premières vacances."
Nicolas Bouvier.- L'Usage du monde.


Notre utopie en acte au Pakistan.

   "Face à l'entrée du Station View un mendiant en belle santé était étendu à l'ombre d'un platane sur un journal déplié qu'il changeait chaque matin. Le sommeil à plein temps est une opération délicate ; malgré une longue carrière de dormeur, notre voisin cherchait encore cette position idéale que bien peu trouvent de leur vivant. Au gré de la température ou des mouches, il essayait des variantes évoquant tour à tour le sein maternel, le saut en hauteur, le pogrom ou l'amour. Réveillé, c'était un homme courtois, sans cet air rongé et prophétique qu'ont si souvent les mendiants iraniens. Il y a peu de misère ici, et beaucoup de cette frugalité qui rend la vie plus légère que cendre."
Nicolas Bouvier.- L'Usage du monde.

Chine : grève sauvage au parc animalier de Taizhou.


Mokuan.- Quatre dormeurs.

mercredi 25 août 2021

La Dose de Wrobly : thermidor 2021 EC


- Lawrence Block.- Le Blues des alcoolos.
   Un opus plutôt drôle de la série des Matt Scudder, qui recherche plutôt le ton sinistre habituellement. Ici on a un comique de caractère preque westlakien, bien moins réussi évidemment, mais on se demande parfois si la bande de plus ou moins alcoolos mise en scène n'est pas une à la manière de la troupe de bras cassés se réunissant dans l'arrière salle de l'O.J. Bar & Grill d'Amsterdam Avenue... Ce roman étant bâti sur un flashback, Scudder reboit. Et s'attaque à trois intrigues à la fois.



- Jean Racine.- Athalie.
   Je ne connaissais pas celle-ci. Autant j'ai quasi lu tout Corneille, autant de Racine seules Phèdre et Bérénice m'avaient inondé de leurs charmes. Ici nous ne sommes plus ni dans la mythologie grecque (bien que nous y restions dans la tragédie), ni dans la love story politique de l'antiquité romaine, mais dans les contes et légendes de Palestine (la pièce est commanditée, treize ans après que Racine ait renoncé au théâtre pour se réconcilier avec la religion, par la dévote madame de Maintenon, on comprend vite pourquoi). L'histoire est issue du livre des Rois de l'Ancien Testament, où elle est à peine esquissée en une demie page (en papier Bible). Mais Racine la détaille de manière presque Sévère Sulpicienne, en utilisant des procédés qui ne sont pas sans évoquer un à la manière de Flavius Josèphe. En gros, ce sont des fanatiques du pouvoir qui se tirent la bourre avec des fanatiques religieux, et qui s'entretuent méchamment. Bouh !


Salomone Rossi (1570-1630).- Al Naharot Bavel, psaume 136 de David en hébreu.

Extrait :
   "C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage,
Pour réparer des ans l’irréparable outrage.
« Tremble, m’a-t-elle dit, fille digne de moi.
Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi.
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables,
Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
Et moi, je lui tendais les mains pour l’embrasser.
Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange
D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux."

   C'est beau comme du Baudelaire !

mercredi 21 juillet 2021

D'un patriarcat l'autre

   - Printemps tardif (晩春, Banshun) de Yasujirō Ozu, 1949.
   Un film sentimental sur le deuil, la séparation d'un père de sa fille. Ce dernier se fait violence pour la pousser à se marier et ainsi à le quitter. Celle-ci va vers sa nouvelle vie avec appréhension et une immense tristesse de devoir abandonner son père vieillissant. Avec Tetsuko Hara, magnifique. Rappelons qu'une femme n'étant pas mariée après 30 ans au Japon, encore aujourd'hui même si la jeunesse à tendance à se rebeller un peu et que la charmante expression ne s'emploie plus, est appelée "makeinu", c'est à dire "chienne perdante", "loseuse".
   - Les Musiciens de Gion (祇園囃子, Gion bayashi) de Kenji Mizoguchi, 1953.
   Plus violent et plus glauque. Encore un film féministe de Mizoguchi, sur le thème récurrent chez lui de la prostitution. Deux geisha, une jeune débutante et une moins jeune, expérimentée et jouant le rôle de grande soeur et de formatrice, sont contraintes de constater qu'elles devront coucher pour survivre. (! stop alerte divulgâchage !) Mais l'une des deux se sacrifiera pour préserver l'autre.


   - Herbes flottantes (浮草, Ukigusa) de Yasujirō Ozu, 1959.
   Une troupe de théâtre arrive dans un petit port du sud du Japon. L'acteur principal, Komajuro, a connu une aventure des années auparavant avec une femme de l'endroit, avec laquelle il a eu un fils, Kiyoshi. La maîtresse de Komajuro découvre son secret et envoie une actrice de la troupe, Kayo, séduire le jeune homme. Komajuro frappera la jeune actrice et sa maîtresse, laquelle, en scène finale (! stop alerte divulgâchage !) s'affairera à lui servir le saké avec dévotion... et nécessité, le tout sous l'oeil ironique du réalisateur.

mercredi 14 juillet 2021

Enfin l'été !

     Sea, sex and sun, voilà la sainte trinité de l'été ! Et c'est le moment de lui faire nos dévotions ! Mais auprès de ce tiercé dans l'ordre il y a un outsider, comme la sainte vierge dans la fameuse mythologie dont les écoliers ayant suivi avec sérieux leur cours d'histoire ont entendu parler. En effet, qu'invoquer quand les trois premières divinités de la belle saison nous ont apporté qui une escherichia coli carabinée, qui une chaude-pisse des familles, et qui un joli mélanome ? Vous avez déjà la réponse : les jeux de l'été !

     Voici donc quelques jeux que vous propose La Plèbe pour vos vacances. A faire en famille, un mojito à la main ! Merci qui ?

Jeu 1 :

     Un ouvrier plante des piquets pour faire une palissade. Il les enfonce à une distance telle les uns des autres que le seau de goudron dans lequel il trempe l’extrémité inférieure jusqu’à une hauteur de 30 centimètres se trouve vide au bout de 3 heures. Étant donné que la quantité de goudron qui reste au piquet égale 10 centimètres cubes, que le seau est un cylindre de 0,15 mètre de rayon à la base et de 0,75 mètre de hauteur, plein aux trois quarts, que l’ouvrier trempe 40 piquets par heure et se repose 8 minutes environ dans le même temps, quel est le nombre de piquets et quelle est la surface de la propriété qui a la forme d’un carré parfait ?

Jeu 2 :

     Dire également quel serait le nombre de piquets nécessaires si on les plantait distants de 10 centimètres de plus.

Jeu 3 :

     Dire aussi le prix de revient de cette opération dans les deux cas, si les piquets valent 3 francs le cent et si l’ouvrier est payé 50 centimes de l’heure.

Jeu 4 :

     L’ouvrier est-il heureux en ménage ?

Jeu 5 :

     Quel serait le résultat si les ouvriers se divisaient en deux escouades dont l’une dépense un tiers de force de plus que l’autre, tandis que l’autre, en revanche, travaille deux heures de plus !

Jeu 6 :

     Combien une couturière use d'aiguilles en vingt-cinq ans quand elle se sert d’aiguilles à cinquante centimes le paquet pendant onze ans, et d’aiguilles à soixante-quinze centimes pendant le reste du temps, mais que celles de soixante-quinze sont creuses ?

Jeu 7 :

     A quelle heure arrivent respectivement deux locomotives dont les vitesses et les heures de départ se compliquent inversement proportionnellement à l’état de santé de leurs chauffeurs ?

Jeu 8 :

     Ces derniers sont-ils syndiqués et si oui, à quel(s) syndicat(s) ?

Question subsidiaire (la plus sérieuse) pour départager les ex aequo :

     De quel texte Wroblewski s'est-il inspiré pour vous offrir cette amusante bouffonnerie ?

jeudi 1 juillet 2021

La Dose de Wrobly : messidor 2021 EC

Rémunéré, le poète est plus à l'aise pour pleurer.
Blaise Lesire.- Opuscule navrant.
Je connais gens de toutes sortes
Ils n’égalent pas leurs destins
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs cœurs bougent comme leurs portes
Guillaume Apollinaire.- Marizibill.- Dans Alcools.

   - François Sureau. Ma vie avec Apollinaire.
   Bon, si Apollinaire me fait vibrer, chanter, ressentir et m'émouvoir, soyons honnête notamment par le truchement des musiques de Ferré, je n'ai pas grand chose à voir avec l'auteur de cet essai autobiographico-biographique. Je ne suis pas du même monde, de la même classe que cet énarque académicien, homme d'affaire, avocat au conseil d'Etat et à la cour de cassation, premier rédacteur des statuts d'En Marche, de Macron. On croit comprendre aussi à la lecture du livre qu'il est homme de foi catholique. A sa décharge depuis 2014 il s’engage en faveur des libertés publiques, contre l’état d’urgence et, plus généralement, contre des dispositions législatives qu'il considère comme répressives. Le 4 février 2019, il publie dans Le Monde une tribune contre la proposition de loi visant à renforcer et garantir le maintien de l'ordre public lors des manifestations, dite « loi anti-casseurs ».
   Je me sens certes plus proche de Joseph Ponthus qui, dans son À la ligne, en 2019, cite abondamment le poète trépané mort de la grippe espagnole en 1918, même si je n'ai personnellement pas tâté de l'usine. Malheureusement c'est le premier bouquin qu'on m'a prêté.
   Mais ça ne fait rien, ça parle d'Apollinaire et c'est tout ce qui compte. Il n'est pas un révolutionnaire, il s'est engagé en 1914 (né sujet polonais de l'empire russe, il avait à cœur d'être reconnu comme français à part entière, ce qui peut expliquer ce patriotisme), et évoque la guerre dans ses poèmes comme source de beauté. Le jeune Breton lui reprochera son manque d'amertume face à la grande boucherie mondiale, et le non moins branlotin d'alors Aragon écrit : "Il y a de belles ordures dans Calligrammes". Mais ses poèmes font écho à ma sensibilité, en exprimant l'intimité d'une vie ratée, d'amours splendides non trouvées, d'illusions perdues, le tout sans ressentiment, ou en esquissant des tableaux historiques pittoresques, des scènes campagnardes tendres, ou des déambulations parisiennes nostalgiques... ; sans oublier des formules métaphysiques que je ne comprends pas forcément complètement intellectuellement, mais qui éveillent en moi comme l’intuition du caractère mélancolique, tragique, absurde, que peut revêtir notre vie d'êtres humains en ce monde (voir exergue). Un poète que j'aime beaucoup, qui me parait fraternel en tant que personne (contrairement à l'acariâtre, colérique et haineux Baudelaire, de 59 ans son aîné), que j'ai lu, entendu et que je désire relire et réentendre, ce qui ne saurait tarder, nonobstant les réminiscences de ses poèmes baignant mon quotidien. Le livre de François Sureau a le mérite de parler de lui, de mieux me faire connaître sa biographie, même si c'est en relation avec la sienne propre, dont je n'ai cure. C'est toujours ça de pris.

   C'est tout. Vous vous direz, Wroblewski ne lit plus. Mais je n'ai pas listé les livres commencés, déjà évoqués dans de précédentes Doses, dont je poursuis la lecture, passant de l'un à l'autre en véritable maniaque : le livre de correspondance Georges Bataille / Eric Weil à propos de la revue Critique, le tome 2 de la correspondance de Baudelaire, et la somme sur l'art japonais, un pavé de 480 pages auquel j'espère mettre un bon coup cet été... Conséquemment, pas de polars, pas de SF, pas de fiction... Vous me direz, pas très sexy pour agrémenter les summer vibes. Mais ne présumons pas des surprises que peut nos réserver la vie. Ainsi, hier soir, alors que je raccompagnais une collègue cornettiste après une répétition, nous en vinmes à parler de George Orwell en observant les rats fôlatrant dans les rues vespérales de Saint-Denis, puis notre conversation méandra jusqu'à Jack London et Romain Gary. Et bien vous savez quoi ? Ma co-voiturière à l'intention de me prêter Martin Eden et La Vie devant soi, deux livre qui font partie de mes projets, mais que je ne possède ni n'ai encore eu l'occasion d'appréhender, parmi mes fétiches les plus convoités ! La vie demeure aventure, malgré tout les algorythmes qui nous gouvernent !

lundi 14 juin 2021

Sacqueboute LVI : Vincent Gardner


   Vincent Gardner est né à Chicago en 1972 et a grandi en Virginie. Après avoir chanté, joué du piano, du violon, du saxophone et du cor d'harmonie dans ses jeunes années, il se décide pour le trombone à 12 ans. Je le connais surtout pour sa participation à l'orchestre Jazz at Lincoln Center, en tant qu'instrumentiste, mais aussi en tant qu'arrangeur de nombreux morceaux. Rappelons que le Jazz at Lincoln Center Orchestra (JLCO) est un orchestre de jazz professionnel fondé en 1988 et en résidence au Jazz at Lincoln Center de New York depuis 1991. Il rassemble quinze des meilleurs musiciens d'ensemble d'aujourd'hui et est actuellement dirigé par le trompettiste Wynton Marsalis, ce célèbre trompettiste de la Nouvelle Orléans un peu controversé pour son supposé académisme, son revival d'un jazz "à la papa", selon l'expression employée par un ami qui à commencé à cette époque à ne plus cesser de me décevoir, à propos de la chanteuse Shirley Horn que nous étions allés voir en première partie de Chick Corea. Pour moi, n'étant pas assez érudit pour être avant-gardiste, la famille Marsalis demeure une légende et le big band de Wynton demeure une merveilleuse machine à procurer bonheur. Vincent Gardner en est un des piliers (il y a aussi d'autres trombonistes, dont Chris Crenshaw, sur lequel nous reviendrons), et ça réconcilie avec soi, le monde et l'humanité.

Wynton Marsalis

On commence tout doux avec un All blues (de Miles Davis) bien trituré.

Et on poursuit avec le concert Jazz In the Key of Life du Jazz at Lincoln Center Orchestra. Dommage qu'il y ait une traduction automatique, qui nous présente notamment Vincent "jardinier"...

SACQUEBOUTE
Priviouslillonne Sacqueboute :
Curtis Fuller
Jason Horn
Samuel Blazer
l'Essaim de nuit
les esprits / 1- les furies
Kronstadt
Jörgen van Rijen
La Belle image
Kropol
les sacqueboutiers de Toulouse
Tintin
Wycliffe Gordon
Donald
Robinson Khoury
Willie Colon
Sébastien Llado
Mathias Mahler
Charles Greenlee
Dick Griffin
Guive
Voilà du boudin
Bruce Fowler
Glenn Miller
Nils Landgren
Grachan Moncur
Le Trombone illustré
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory