vendredi 17 mai 2019

Sacqueboute XLVIII : Le Trombone illustré


   Le Trombone illustré est un supplément de Spirou offert comme un journal clandestin à l'intérieur de l'hebdomadaire.

   Paru du 17 mars au 20 octobre 1977 sous l'impulsion de Franquin et d'Yvan Delporte, le Trombone illustré est un supplément agrafé à trente reprises au milieu du journal de Spirou. Indépendant du format et de l'esprit de celui-ci, cette publication poil à gratter réunissant des dessinateurs de différentes rédactions est annoncée dès le n° 2026 du 10 février par les mêmes empreintes de pas bleues qui avaient précédé l'arrivée de Gaston Lagaffe. Traduction de l'explosion du phénomène de la BD adulte pour adultes (Fluide glacial, l'Écho des savanes, Métal hurlant, Charlie Mensuel...), le Trombone brise les conventions formelles du récit dessiné et les tabous d'un journal plutôt bien-pensant.

   Jouant de l'autofiction comme avec Gaston le héros sans emploi, il décrit les tâtonnements éditoriaux d'une rédaction pirate et égratigne les errements d'une industrie en mutation. C'est dans ce journal que Franquin crée sa série des Idées noires.

   Extrait d'un éditorial de Jules-de-chez-Smith-en-face : « L'un des plus grands bonhommes du métier, à qui on aimerait demander un petit texte un de ces jours, s'appelle René Goscinny. La rumeur publique affirme qu'il a dit, à propos de ces référendums organisés par les journaux de jeunes auprès de leur public : “Moi, le jour où ce seront les lecteurs qui feront le journal, je n'aurai plus qu'à prendre la porte.” Et c'est vrai que le public, le gros public, est dérangé par ce qui est nouveau. »

   À cause de ses partis pris et de la façon dont il se présentait comme un concurrent interne au journal, le Trombone ne pouvait que s'éteindre. Mais ce fut là l'occasion de railler un peu plus l'attitude des MM. Boulier, Prunelle et autres représentants de l'autorité… Ce destin éphémère combiné à la rareté des albums du Trombone (issus des invendus de Spirou, qui était obligé de les dégrafer du journal pour pouvoir les relier en albums trimestriels) en ont fait un journal culte mais méconnu.

   C'est à l'occasion d'un article de Franquin que le journal est annulé. En effet, Franquin, antimilitariste convaincu, y « reproche à Thierry Martens, rédacteur en chef de Spirou, de publier des articles sur des maquettes d'avions de guerre nazis ».

Liste non exhaustive des auteurs et dessinateurs : Alexis, Jo-El Azara, Georges Beuville, Bert Bertrand, Serge Clerc, Bilal, Claire Bretécher, Fredric Brown, Comès, Thierry Culliford, Dany, Degotte, Deliège, Yvan Delporte, Derib, Didgé, Ernst, René Follet, F'murr, Franquin, Gotlib, Hausman, Frédéric Jannin, Jijé, Loup, Raymond Macherot, Mézières, Michel Modo, Moebius, Peyo, Roba, Grzegorz Rosinski, Sirius, Tardi, Marc Wasterlain, Will.


La rédaction remercie tata Wiki pour ses minutieuses relectures de notre article et les précieuses remarques et suggestions qu'elle a bien voulu nous faire.


Priviouslillonne Sacqueboute :
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory

4 commentaires:

  1. Quelle merveille !
    J'ai eu le bonheur insigne d'être abonné à Spirou quand a déboulé cet OVNI révolutionnaire, grâce auquel j'ai découvert le merveilleux Fredric Brown, entre autres…
    Du coup le reste de l'hebdomadaire ne m'importait presque plus : seul comptait le joyau clandestin agrafé en son cœur, avec ce titre délirant dont le graphisme changeait chaque fois.

    — Toc-toc !
    — Qui est là ?
    — Sheila !
    — Sheila quoi ?
    — ♬♪ Sheila lutte finâââle… ♪♫

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  2. Oh ! Ça me fait plaisir de réveiller chez toi d'heureux souvenirs d'enfance. Perso j'avoue que je ne connaissais pas avant il y a très peu de temps. Je suis pourtant un fan de Gaston ! Oui, ça avait l'air excellent.

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  3. Je ne me souviens plus si tu as vu mon petit texte sur Guive dans cette chronique:
    https://entrelesoreilles.blogspot.com/2019/04/elo370-roce.html

    Chronique qui mentionne aussi en passant Trombone Shorty et Melba Liston...

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  4. Salut Dror !

    Non, j'ai énormément de retard sur la lecture des blogs amis. Cela fait suite à mon voyage de 3 semaines au Japon et à un encombrement subséquent de toutes mes activités. Je me suis arrêté au n° 368 : I'll take care of you. Je constate que tu n'avais pas menti et que tu prends bien soin de moi par ce message ;-) Je pense souvent depuis mon retour à me rattraper et à toute la bonne musique que j'ai à écouter chez toi. Tiens, puisque tu m'en parles, je vais tâcher de faire ça aujourd'hui, c'est plutôt calme au taf...

    Merci à toi et à bientôt !

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