Affichage des articles dont le libellé est oppresseurs. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est oppresseurs. Afficher tous les articles

vendredi 30 octobre 2015

De la chemise III - J'ai moins peur III

[…] une information a une durée de vie de 2 ou 3 jours maximum. Parce que, comme tous les produits d’une société consumériste, il faut renouveler. Comme l’iphone, comme les fringues… les informations ont des durées de vie de plus en plus courtes, et doivent être produites en flux tendu.
Gilles Balbastre in Le Monde libertaire hors série n°62 octobre-novembre 2015.

D’habitude, en matière de vêtements, je suis plutôt porté sur les jeans et les tee-shirt, mais c’était un boulot, donc c’était leur temps et pas le mien. Par ailleurs, j’avais pris un peu de retard sur ma lessive, et je crois que mes jeans auraient sauté dans le métro et couru m’attendre sur place sans me laisser la moindre chance de les enfiler. J’ai attrapé un Armani croisé bleu foncé dans ma penderie – j’en ai reçu plusieurs d’un client en guise de paiement -, trouvé les chaussures, la cravate et la chemise idoines et, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire «classe», j’étais beau à croquer.

Dennis Lehane.- Un dernier verre avant la guerre.


Vous reconnoîtriez que chaque masure, chaque grenier, est maintenant un club. Portez donc l’inquisition dans ces innombrables asyles : vous ne trouverez jamais assez de mouchards et c’est cependant faire la besogne à demi que de n’en aposter que toutes les décades dans les assemblées générales des Sections. Quelle petite capture que celle récemment faite par vos alguazils de deux patriotes, Camelin et Petit, au sortir de l’assemblée des Gravilliers. Quelles demi-mesures que vos bandes assassines qui vont insulter les patriotes dans tous les cafés ! Est-ce là un terrorisme parfait ? Non. Répandez-vous dans les sociétés particulières ; placez un espion près de la cheminée de chaque père de famille, vous vous assurerez bien d’autres exploits. Vous entendrez partout proférer ces paroles du décalogue démocratique : le gouvernement viole les droits du peuple.

Et toutes ces bonnes gens de sans-culottes que vous méprisez tant, que vous ne cessez de taxer de crasse ignorance me paraissent n’être pas tous ignorants, quand tous ils connaissent bien ces mots par cœur et quand je vois qu’ils ont tout aussi bien retenu les autres qui les suivent, c’est-à-dire ceux du plus indispensable des devoirs

Gracchus Babeuf


Le 05 octobre dernier, le comité extraordinaire d'entreprise d'Air France, par la voix des dirigeants de la compagnie, annonçait un plan social de suppression de 2900 postes dont 1700 chez le personnel non navigant (c'est à dire au sol). Air France génère 24,91 milliards de chiffres d'affaires annuellement. La compagnie cotée en bourse a reçu en 2013, 66 millions d'euros d'aide de l'Etat, rajoutant à l'injustice de sa politique de mise au chômage d'une partie de ses travailleur.se.s. Face à cette attaque les salarié.e.s. et leurs organisations syndicales ont réagi.
Cinq d'entre eux/elles ont été interpellés chez eux à 6 h du matin lors d'une opération particulièrement médiatisée. Ils seront jugés le 2 décembre 2015 au tribunal de Bobigny par une justice au service d'une volonté politique et patronale de briser leur résistance.



LAW FOR THE RICH

Fuck with you fuck with me
They thing we fade away
Tory law nazi law its just the fucking same
There's a law for the rich
A law for people like you and me
There's a law for the rich
A law for people like you and me
Fuck the criminal justice bill
Shove it up your ass
Crimes on the increase
They blame the working class
There's a law for the rich
A law for people like you and me
There's a law for the rich
A law for people like you and me
Corruption in the government
Corruption in the crown
No justice in a system
That's there to put you down

                              Exploited

lundi 26 octobre 2015

De la chemise II


Le proverbe qui dit qu'en France tout finit par des chansons est une ânerie, comme la plupart des proverbes. Au temps où il avait cours, les chansons empêchaient, au contraire, l'oubli de se faire trop vite sur une affaire scandaleuse. La presse n'osait pas étouffer un scandale avec une discrétion trop précipitée alors que le public en avait encore les échos en écoutant les chanteurs de rues ; les consciences mal assurées sentaient une certaine résistance, d'ailleurs illusoire, chez les naïfs qui reprenaient au refrain et la tentation de les plumer était moins pressante. Le fait est qu'à l'époque où on chantai encore, les grands krachs étaient plus espacés qu'aujourd'hui. Ainsi, la chanson, en dépit d'une injuste réputation de légèreté fut-elle comme l'auxiliaire de la vertu.
Marcel Aymé, l'intégralité de l'article lisible ici.

On voit de toutes petites choses qui luisent, ce sont des gens dans des chemises.

Je l'plains de tout mon cour, pauvre enfant, s'il l'a mise, vu que, d'un homme heureux, c'était loin d'êtr' la ch'mise.

Je vois sans chemise, sans habit, sans souliers presque tous ceux qui font pousser le lin et le chanvre, presque tous ceux qui mettent en état d’être employés soit les matières textiles, soit la laine ou la soie, presque tous ceux qui les filent, qui font la toile et les étoffes, qui donnent la préparation aux cuirs, qui confectionnent les chaussures.
Gracchus Babeuf.

On consultera avec profit les conseils vestimentaires de Xavier Mathieu à ce sujet.

lundi 12 octobre 2015

De la chemise

COMMENT SE LA PROCURER ? OU  DES VOYOUS.

LORD GORING
[…]
Mais dites-moi au juste : comment le baron vous a-t-il finalement persuadé de… enfin de faire ce que vous avez fait ?

SIR ROBERT CHILTERN
Au moment où je prenais congé, il m’a dit que si jamais je pouvais lui procurer une information secrète d’une réelle valeur, il ferait de moi un homme très riche. J’ai été ébloui à la perspective qu’il me présentait, et mon ambition et mon désir de pouvoir étaient alors sans limites. Six semaines plus tard, certains documents secrets sont passés par mes mains.

LORD GORING
(gardant les yeux obstinément fixés sur le tapis)
Des secrets d’Etat ?

SIR ROBERT CHILTERN
Oui.
[…]
L’après-midi même, je me suis assis pour écrire au baron Arnheim la lettre que détient à présent cette femme. Il a gagné grâce à cette transaction sept cent cinquante mille livres.

LORD GORING
Et vous ?

SIR ROBERT CHILTERN
J’ai reçu du baron cent dix mille livres.

LORD GORING
Vous valiez davantage, Robert.

SIR ROBERT CHILTERN
Non ; cet argent m’a procuré exactement ce que je voulais : le pouvoir sur les autres. Je suis entré à la Chambre aussitôt après. Le baron me donnait de temps à autre des conseils financiers. En moins de cinq ans, j’ai presque triplé ma fortune. Depuis lors, tout ce que j’ai touché s’est révélé un succès. Dans tout ce qui a trait à l’argent, j’ai eu une chance si extraordinaire que parfois j’en ai presque eu peur. Je me rappelle avoir lu quelque part, dans je ne sais quel livre étrange, que lorsque les dieux veulent nous punir ils exaucent nos prières.

LORD GORING
Mais dites-moi, Robert, n’avez-vous jamais éprouvé de remords de ce que vous aviez fait ?

SIR ROBERT CHILTERN
Non. J’avais le sentiment d’avoir combattu mon époque avec ses propres armes, et d’avoir gagné.

SIR ROBERT CHILTERN
(tristement)
Vous pensiez avoir gagné.

LORD GORING
Je le pensais, oui. (Après un long silence.) Arthur, est-ce que vous me méprisez, maintenant que je vous aid dit tout cela ?

LORD GORING
(d’une voix profondément émue)
J’ai beaucoup de peine pour vous, Robert, beaucoup de peine.

SIR ROBERT CHILTERN
Je mentirai si je disais que j’ai ressenti le moindre remords. Non, je n’ai eu aucun remords, dans le sens ordinaire et plutôt bête de ce terme. Mais à de nombreuses reprises j’ai fait à ce que l’on appelle la conscience des dons en argent. Je nourrissais ainsi le fol espoir de désarmer la destinée. La somme que le baron Arnheim m’a donnée, j’en ai distribué le double depuis lors à des bonnes œuvres.

LORD GORING
(relevant les yeux)
A des bonnes oeuvres ? Mon Dieu ! Quelle quantité de dégâts vous avez dû provoque, Robert !

Investisseur victime de la chute des cours du textile dus à une trop grande économie d'échelle.


COMMENT LA CONSERVER ? OU DU DECELEMENT PRECOCE.

Ils firent donc en ce cas ce que les Princes sages doivent faire, qui ne doivent pas seulement avoir regard aux désordres présents mais à ceux qui adviendront, et mettre toute leur habileté à les éviter ; d'autant qu’en les prévoyant de loin on y peut facilement remédier. Mais si on attend qu'ils s'approchent, la médecine vient trop tard, car la maladie est devenue incurable. Et il advient en ce cas comme de ceux qui ont les fièvres étiques, desquels, au dire des médecins, au commencement le mal est aisé à guérir mais est difficile à connaître, mais n’ayant été ni reconnu ni guéri, devient, avec le progrès du temps, facile à connaître et difficile à curer.
Machiavel à la mie de pain accusant les premiers symptômes des fièvres étiques.

COMMENT S'EN PASSER ? OU DES CABANES