dimanche 25 avril 2021

La dose de Wrobly : germinal 2021 EC

   Le mois dernier Wroblewski est parti pour New York. Littérairement s'entend. Manhattan, bien sûr, mais aussi Brooklyn. Deux genre différents, deux époques, mais des passions qui s'enveniment au sein de la grande pomme pourrie, avec les femmes pour proie, le patriarcat pour prédateur, y compris au sein des classes les plus opprimées de la jungle capitaliste, notamment la classe ouvrière. Les passions dominantes étant toujours les passions de la classe dominante.



Manhattan, vu de Brooklyn.

 


- Lawrence Block.- Huit millions de façons de mourir.

   Cette fois ça y est, Scudder a arrêté de boire et fréquente les Alcooliques Anonymes. Il décrit de manière magistrale ces premiers jours d'abstinence, cette tempête obsessionnelle orchestrée sous un crâne d'alcoolique par la puissante, déroutante, et surtout sournoise maladie dont il est atteint, mais seuls les appelés à de telles alarmes pourront s'y reconnaître et en vérifier la véracité. Les descriptions des groupes et des réunions sont aussi criantes de vérité, et font sourire l'adepte, surtout vues par les yeux d'un jeune abstinent bourru, encore dans la révolte, le déni et le jugement de celui pour qui "moi, c'est pas pareil".


   Mais que les chanceux qui peuvent picoler normalement ne soient pas déçus, ce polar vaut quand même son pesant de divertissement, au-delà des références à l'alcoolisme. Ainsi, vous pourrez vous amuser comme tout un chacun à essayer de deviner qui a bien pu transformer la souris en steak tartare à l'aide d'une machette. Son souteneur ? Il est pourtant si distingué, et cultivé, et plutôt sympathique... Alors ? Scudder, entre une réunion et 48 heures de trou noir actif suite à une rechute parviendra-t-il à en connaître le fin mot ?...


Greenpoint, Brooklyn. Chance, le souteneur de Kim, y emmène Scudder dans sa garçonnière secrète, une ancienne caserne de pompiers.


- Arthur Miller.- Vu du pont.
   Là je découvre un écrvain. Je le connaissais évidemment de nom, mais pour moi c'était un écrivain de la jet set. Le mari de Marylin Monroe. Et puis l'Arthur à rejeter avec mépris au profit de l'Henry du Serge et de sa beauté cachée.

   Et j'apprends qu'il était d'origine juive polonaise (avant d'être islamo-gauchiste j'étais, et je suis toujours, philosémite), ah !... Mais ça ne signifie finalement pas grand chose. Puis je réalise qu'il a été inquiété sous le maccarthysme, qu'il a comparu devant la Commission des activités non-américaines, comme Dashiell Hammet, pour le coup un écrivain que j'ai dans le collimateur depuis longtemps, mais refuse de révéler les noms de supposés communistes. Il est condamné, puis acquitté en appel. Il parait qu'il symbolise par ailleurs l'auteur engagé...


   Et puis j'ai vieilli. Quand j'étais ado, et ça a duré, les cyniques me faisaient vibrer, je m'identifiais, et j'étais obsédé sexuel et pas toujours bien conscient de ce que certains aspects de ce qui me paraissait une preuve de liberté avait de profondément phallocrate, machiste (j'utilise les vieux mots, je n'ai pas encore complètement assimilé le vocabulaire des études de genre et du féminisme ésotérique, mais je progresse...). Alors, oui, les paroles de Gainsbourg étaient pour moi d'évangile. Et d'autre part l'engagement, c'était ringard, il fallait être "dégagé", le militantisme était le stade suprême de l'aliénation. Avec ces belles idées je n'ai quasiment rien fait de ma vie qui puisse être mis au crédit d'un apport quelconque à l'avancée de la révolution. J'ai bien été obligé de constater que finalement, être dégagé, même si à vingt ans on se dit que l'idéologie éclatera au contact de la subjectivité radicale, être dégagé c'est beaucoup être engagé par défaut et passivement dans le meilleur des cas pour l'ordre dominant. Après il y a engagement et engagement, je n'évoque évidemment pas la soldatesque stalinienne ou plus largement léniniste, ou les représentants de commerce électoralistes sauce dém' ou autres. Je ne connais pas exactement les idées d'Arthur Miller, mais les intentions générales semblent s'accorder avec les tendances de ma vie d'aujourd'hui, au moins humanistes, même si certainement pas anarcho-communistes (je parle des idées d'Arthur Miller, mes aspirations sont restées anarcho-communistes, même si de manière purement idéales, restons humbles). Ah ! La dernière chose qui a éveillé mon attention favorable chez Miller : il incarne beaucoup des ses personnage au sein de la classe ouvrière.

   Mais au-delà de ces considérations d'ordre biographique, et anecdotique, au-delà des préoccupations de l'opinion de l'auteur, de sa couleur politique, qui sont un peu une hérésie en terme d'appréciation littéraire pure, je dois dire que la lecture de cette première pièce (oui, Arthur Miller était dramaturge) m'a passionnée, une tension est savamment installée puis amplifiée tout au long de l'intrigue, avec un chié de suspense à la clé, et un putain de fatum des familles, un genre de tragédie grecque avec des Siciliens au pays des indiens exterminés par l'impérialisme WASP, qui fait que si on lit peut-être Henry Miller de la main gauche (je ne l'ai pas encore essayé), je constate aujourd'hui qu'il est difficile de ne pas lire Arthur Miller sans se ronger ongles et sangs !

Vue du pont.

lundi 12 avril 2021

Sacqueboute LIII : les esprits / 2- le spectre


   Quelqu'un va se souvenir de cette fonction du trombone qui consiste à invoquer le monde surnaturel, celui des esprits, eh bien c'est Mozart ! Wolfgang cette fois, dans Don Giovanni. Vous souvenez-vous de la scène du cimetière, celle ou Don Giovanni et Leporello sont interrompus par la voix d'outre-tombe du Commandeur ? Eh bien ce sont des trombones qui accompagnent le spectre !

Wolfgang Amadeus Mozart.- Don Giovanni, acte II, scène du cimetière.
Don Giovannie est sceptique, Leporello est terrorisé.
Les trombones interviennent à la minute 2.12, mais on peut aussi décider de bosser son italien en écoutant depuis le début.

   Ces trombones reviendront évidemment dans la scène finale pour l'apparition du Commandeur, alors qu'ils ne jouent pas dans l'ouverture qui utilise la même musique. On voit une fois de plus jusqu'où va le soin de la dramaturgie chez Mozart, c'est absolument incroyable, rien n'est laissé au hasard.

SACQUEBOUTE
Priviouslillonne Sacqueboute :
Samuel Blazer
l'Essaim de nuit
les esprits / 1- les furies
Kronstadt
Jörgen van Rijen
La Belle image
Kropol
les sacqueboutiers de Toulouse
Tintin
Wycliffe Gordon
Donald
Robinson Khoury
Willie Colon
Sébastien Llado
Mathias Mahler
Charles Greenlee
Dick Griffin
Guive
Voilà du boudin
Bruce Fowler
Glenn Miller
Nils Landgren
Grachan Moncur
Le Trombone illustré
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory