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mardi 20 septembre 2022

La dose de Wrobly : fructidor 2022 E.C.

     - Edgar Allan Poe.- Contes - essais - poèmes.
     J'ai lu les Histoires extraordinaires et les Nouvelles histoires extraordinaires plusieurs fois quand j'étais jeune ado. J'en ai de bons souvenirs. C'était des Folio qui traînaient à la maison. Mais du coup j'avais une vision de l'auteur, Poe, conforme à la légende qu'en avait créé, dans ses préfaces, le traducteur, pour pouvoir s'annexer un autre poète maudit, un semblable, un frère. Ce traducteur de la plupart des contes, et qui le reste aujourd'hui dans toutes les rééditions, est bien sûr Charles Baudelaire. En fait, si Poe était peut-être bien alcoolique, en tout cas quelques indices de sa biographie peuvent le laisser penser, il était bien moins destroy que Baudelaire et son premier éditeur américain (de Poe), R. W. Griswold, un vrai salopard qui le détestait et ne cessa de la calomnier, se sont plus à le décrire. "C'est ici la première mention de l'opium à propos de Poe ; c'est la contribution personnelle de Baudelaire au mythe. Car nul chercheur n'a jamais découvert la moindre trace de drogue dans la vie de Poe, si ce n'est cette unique dose de laudanum prise - pour se suicider ou calmer une rage de dents, nul ne le sait. Je dis bien laudanum, inoffensif ingrédient de tant de médicaments au XIXème siècle. L'opiomanie d'Edgar Poe, cautionnée par d'insouciantes thèses de médecine, est née d'un rêve de Baudelaire. La mode a fait le reste." Claude Richard dans l’introduction.
     Je relis donc tous les contes, mais dans leur ordre de parution, et sans la classification baudelairienne en Histoires extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires, etc. Il y en a plein d'inédits pour moi, car je n'avais pas lu les Histoires grotesques et sérieuses, non plus que les Aventures d'Arthur Gordon Pym. Les traduction restent de Baudelaire. Il y a aussi des poèmes traduits par Mallarmé. D'autres traducteurs interviennent aussi pour les inédits.

     Un régal et des souvenirs en perspective !
René Magritte.- La Reproduction interdite. Sur la cheminée : Les Aventures d'Arthur Gordon Pym

     - Georges Simenon.- La Guinguette à deux sous.
     "Qu'est-ce qui provoqua le tour de clef ? Maigret eût été bien en peine de le dire. Peut-être la mollesse du soir, la petite maison blanche avec ses deux fenêtres lumineuses et le contraste avec cette invasion carnavalesque ?"
     Le déclic provoquant un éveil soudain à la réalité profonde et sensible d'une situation, une fusion avec une ambiance, un peu comme celui qui se produit via l'ingestion de la madeleine de Proust ressuscitant par une telle illumination la connaissance intime et totale, même si fugace, supérieure à celle du simple intellect et des sens, un monde révolu d'affects, ce déclic, donc, Simenon le désigne par la métaphore "tour de clé", ce qui peut résonner bien sinistrement quand ce phénomène se produit dans la vie d'un commissaire de police. Mais au-delà du prétexte flicard des Maigret, et tout en appréciant le petit jeu du Whodunit, c'est avant tout la création d'une atmosphère qui nous fait apprécier ces petits romans. Après, qui était le gus jeté dans le canal Saint-Martin, et qui était son tueur, ça reste quand même un peu anecdotique.

     - Collectif Angles morts .- Vengeance d'Etat - Villiers-le-Bel, des révoltes aux procès.
     Mon livre d'actualité du mois. Hein ? Ça a 25 ans ? Enfin un peu moins, le livre étant sorti quelques années après les révoltes de 2007. Oh ! là ! là ! Comme le temps passe ! Alors un souvenir : à l'époque, en 2007, j'habitais encore Paris intra muros, porte d'Asnières, dans un appartement de la ville de Paris, avec mes deux chats. Puis j'ai rencontré la Dulcinée avec qui je vis encore aujourd'hui et dont j'ai eu un fils. Celle-ci habitait Ecouen, dans le 95, où je vis aussi depuis 24 ans. Observons une carte : Ecouen est limitrophe de Villiers-le-Bel. Plus petit bourgeois, même s'il y a aussi quelques quartiers populaires, ainsi que des zones pavillonnaires à Villiers-le-Bel. Un soir de 2007, nous rentrions chez elle de Paris, on alternait pour se voir chez l'un ou chez l'autre. J'avais suivi de loin l'actualité comme d'habitude, et j'étais peut-être moins politisé à ce moment d'une nouvelle rencontre qui allait peut-être mettre fin à mes 20 ans de célibat depuis ma majorité. Et puis depuis 10 ans j'avais aussi un peu décroché des préoccupations révolutionnaires frustrées pour sauver ma peau en apprenant à mettre un pas devant l'autre dans la vie sans faire usage d'alcool. C'était la nuit, je me suis trompé de chemin je crois et voilà-t-y pas qu'on se retrouve face à des insurgés en plein milieu de la route ! "Merde !" m'exclamai-je en me remémorant les homicides policiers et la révolte consécutive, il ne manquerait plus qu'ils nous prennent pour des flics, ou qu'en colère ils ne fassent pas la différence, nous retournant la bagnole et y foutant le feu. Ce serait vraiment trop con, sur un malentendu, de se retrouver dans une fâcheuse situation. Bon, j'ai un peu flippé mais finalement il n'y a pas eu de problème, j'ai fait demi tour et on a retrouvé le chemin d'Ecouen. Mais j'avais rencontré l'Histoire, sans le faire exprès, comme Fabrice à Waterloo !
     Ce livre raconte les révoltes consécutives à la mort des deux jeunes percutés par un voiture de police, et aussi et surtout la féroce répression qui s'en est suivie, avec témoins sous X rémunérés pour pouvoir emmurer sans aucune preuve de jeunes insoumis des cités beauvillésoises.

     - Me Jacques Bonzon.- L'Internationale financière II : l'Asie.- 1922.
      "Ainsi notre seconde étape nous a menés jusqu'aux terres jadis fabuleuses, au Fleuve Jaune, où sont les cormorans. Mais la Finance qu'elle nous a montrée, offre-t-elle des traits nouveaux ?
     N'est-ce pas déjà celle que nous avions vue en Europe ? Partout la même avidité, la même imprudence, la même inconscience. En détroussant les peuples, elle les exaspère. Et l'entrechoc des ces peuples, c'est son œuvre. Peu lui importe si l'une des ses Banques est gérée par des fripons, que leur écharpe sénatoriale assure de l'impunité. La Finance exploite l'idéalisme, et ce nom de Patrie qu'elle prétend vénérer : à la France de payer les friponneries de ses Financiers et de ses Parlementaires.

     Cependant le nuage des haines exaspérées s'étend sur le Monde."


     De Me Jacques Bonzon j'avais lu Les Emprunts russes, deux fois, le 13 décembre 2009 et le 22 septembre 2011. Un auteur dont les essais sont précieux pour comprendre les grands enjeux de notre société et les tourmentes de notre monde contemporain.

     - Gaston-Martin.- Marat, l'ami et l'oeil du peuple.- Rieder, 1938.
Mort de Marat : version A.


Mort de Marat : version B.

     Indignation, union sacrée et résistance de la classe politique face à l'entrée des radicalisés de la NUPES au palais Bourbon, un précédent historique :
     L’élection de Jean-Paul Marat prit, tout de suite, les proportions d'un scandale. Ceux qui allaient être appelés à siéger dans la même Assemblée se sentirent déshonorés de ce voisinage. Ils étaient tous, même les plus avancés, des bourgeois d'allure et de formation et des parlementaires d'inclination chez qui le souvenir des séances royales, vieux tout juste de trois ans et demi, maintenait une tradition de correction et de discipline. Prêts à s'entre déchirer, ils entendaient ne s'envoyer à la mort qu'en des harangues académiques. Marat, lui, c'était la rue ! Personne ne semble plus se souvenir qu'il fut naguère un médecin notoire, un candidat à l'Académie des Sciences, aussi mondain que beaucoup d’autres. Il vit désormais comme un rustre, il en a pris les allures et le débraillé qu'un peu de démagogie lui fait peut-être exagérer à dessein ; sa violence continue déferle en invectives sur les gens et les institutions. On ne fraie pas avec un homme pareil. Sa présence même attente à la majesté de la loi qui se se substitue d'office - et quasi dans les mêmes formes - à celle du souverain détrôné.
     Même la députation parisienne, dont certains soutinrent sa candidature pour les besoins de leur propre campagne électorale, tient en suspicion ce réprouvé. Son manque de tenue répugne à Robespierre. Danton en redoute la clairvoyance et la probité aux violences populacières ! Avant qu'il n'ai siégé, la presse de droite et du centre en demande l'invalidation au nom de l'ordre public. Il lui répond avec sa coutumière fureur ; dénonce les traîtres qu'un mode inepte de scrutin a envoyé à la Convention nationale ; s'indigne que le Manège ait été choisi comme salle, avec ses tribunes étroites, à peine capables de contenir 300 auditeurs, quand il en aurait fallu des milliers, prêts à "lapider" les mandataires infidèles !


     Ça fait rêver ! On est content d'en connaître un peu plus sur Marat, qui nous est plutôt sympathique (Babeuf le considérait comme un authentique révolutionnaire, ami de la liberté et de l'égalité, et surtout Michel Onfray lui a craché dessus un livre de son venin falsificateur et haineux, que je n'ai pas lu), même si le gus est un peu violent (on ne cautionne pas les lynchages, ni les exécutions sommaires de prisonniers, ni même la peine de mort en général - sauf peut-être pour certains généraux - que ses écrits irascibles auraient provoqués...), mais l'on n'a pas lu non l'Ami du peuple pour savoir si Jean-Paul a réellement appelé aux massacres de septembre 1992, où aristocrates, simples suspects de traîtrise comme prisonniers de droits communs (souteneurs, prostituées, faux monnayeurs...) ont été exterminés par la foule...
     A noter que ce livre est édité aux éditions Rieder, où officiait Marcel Martinet, et qui ont publié notamment Madeleine Vivan, Tristan Rémy, Lucien Bourgeois et Panaït Istrati !

vendredi 11 février 2022

Du désespoir plein la trompette


   Les flics continuent de nous arroser. Le nettoyage est implacable.
   Quand soudain j'entends une trompette. Une vraie. En si bémol. Cela ne se peut et pourtant cela est. Alors que le rond-point est saturé de gaz et complètement déserté, un trompettiste le parcourt, titubant presque. Collant l'embouchure de son instrument aux lèvres, il joue La Sonnerie aux morts. Il ne porte ni masque ni lunettes. Il chancelle. Il souffle à nouveau dans son biniou et les notes fusent. Droites et tendues. Sépulcrales et solennelles. Je ris. C'est nerveux. Ce n'est pas possible. Humainement ce n'est pas possible. Il faut de l'air - et pas qu'un peu - pour souffler dans un instrument pareil. Or l'air est irrespirable au coeur du rond-point. Je me frotte les yeux. Tente d'arrêter quelques gilets en cavalcade pour que quelqu'un m'explique. Un peu de rationalité bordel ! Mais c'est comme si tout le monde me passait au travers. Je me dis qu'il faut que je filme la scène sinon personne ne me croira. Mais les gaz arrivent. Je jette un dernier regard vers l'ombre chétive du musicien et me mets à courir moi aussi.
Extrait de Péage sud de Sébastien Navarro.

jeudi 23 septembre 2021

La dose de Wrobly : fructidor 2021 EC

 - Nicolas Bouvier.- L'Usage du monde.
   Magnifique, instructif et passionnant. Deux potes suisses, l'un peintre, l'autre écrivain, partent dans la petite Fiat qu'ils ont retapée direction l'Inde. Via la Yougloslavie, la Macédoine, la Turquie, l'Iran, le Pakistan, et l'Afghanistan. Le livre se termine quand Nicolas Bouvier, que son compagnon a quitté à Kaboul pour aller rejoindre sa fiancée à Ceylan quelques semaines plus tôt, prend le chemin du sous-continent, désormais seul au volant d'une Fiat qui, on le pressent, fera vite long feu. Un Sur la route sans sexe, sans drogue et sans jazz, même si la musique y est très présente, notamment la tzigane, mais aussi celle que nos deux globe-trotters ne dédaignent pas de taquiner, entre autres à l'accordéon, faisant souvent la joie de leurs hôtes... Conséquemment, le fait que même aux pays de l'opium ils ne soient jamais défoncés par des produits, rend tout cela beaucoup moins lourdingue que les tribulations de Kerouac. Ici, seule la sensibilité mue par les immensités traversées ou l'humanité rencontrée est exprimée, avec une littérature simple mais efficace. Le casanier que je suis a évidemment appris plein de choses. Et pour couronner le tout, l'humour irrigue ces pages, un humour tendre et fraternel, jubilatoire. J'ai été fort surpris, timoré et certainement endoctriné que je suis par une certaine idéologie hobbesienne et européo-centriste dominant notre meilleur des mondes, je me disais qu'un tel périple devait forcément mettre la vie des protagonistes en jeu à chaque étape, qu'ils étaint des trompes la mort, des têtes brûlées (il est vrai qu'à quelques occasions l'incident a été évité de très peu et qu'aucun des régimes des pays traversés ne ressemble à la douce utopie d'Anarchie). Mais finalement j'ai fermé le livre rasséréné, en me disant, peut-être en proie à un excès inverse, qu'au bout du compte les gens sont gentils sur cette bonne vieille terre, et en ressentant quelque chose comme le goût de la fraternité humaine.

 - Dolent Jean / Daquin Thomas.- La Sécurité militaire.
   La suite m'a tout de suite ramené les pieds sur terre...

   "Voilà donc un service enveloppé de mystère dont les compétences sont définies de manière si floue qu'elles n'ont point de limites certaines ; qui est chargé en principe de veiller sur ce qui doit rester secret - mais c'est lui qui décide de ce qui est secret et ses manuels vont jusqu'à annoncer bellement "considérer comme secret tout ce qui n'est pas rendu public" ; un service ne disposant pas des moyens que la législation réserve aux seuls officiers de police judiciaire (interrogatoires, perquisitions, gardes à vues) mais qui les utilise tous en se débarrassant du même coup des garanties accordées au citoyen ; un service qui opère en marge de la loi."
Gilles Perrault, vers 1980.

   Depuis nous avons eu les drones policiers, la reconnaissance faciale, le fichage biométrique de la population avec les papiers d'identité qui vont bien, les cartes de crédits (bientôt sociaux ?), les passes Navigo et sanitaires. Et les barbouzeries diverses toujours au taquet, même si aujour'hui, 84 % de la population étant équipée de "téléphones intelligents" munis d'appareils photo capables de lire des codes-barres tels que les QR, outils que l'administration s'est elle même appropriée, avec la cryptographie, pour sécuriser les documents qu'elle délivre, nous sommes assez cons pour nous fliquer nous mêmes et les uns les autres avec l'infrastructure qu'on s'est payé de nos propres deniers, exonérant par là l'Etat d'une grande part de ce coût de contrôle et de surveillance. Aujourd'hui certains crient à la dictature. Je crois plutôt que tout cela prouve que nous sommes bel et bien en démocratie (un Etat, une classe dominante, un parti unique, le parti du capitalisme, et le piège à con électoral qui va avec), cette maladie chronique dont la phase terminale est le fascisme. Et ça nous laisse déjà bien assez de taf comme ça.

 - Walter Benjamin.- Écrits radiophoniques.
   "Quant au texte Lichtenberg. Un aperçu, il s'agit d'une curieuse pièce radiophonique [...]. Mettant en scène la vie du philosophe et physicien Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799), cette pièce est certainement le seul texte de Benjamin relevant de la science-fiction. On y découvre notamment des extra-terrestres - les êtres lunaires - dissertant scientifiquement sur le comportement des hommes et la vacuité de leurs agissements, cinq ans avant que La Guerre des mondes d'Orson Welles ne sème la panique chez les auditeurs américains."
Philippe Baudoin.

   Walter Benjamin est vraiment un diamant, j'en découvre sans cesse une nouvelle facette : ici son activité radiophonique ! Découvrir ça, moi qui ai toujours été passionné de radio (en tant qu'auditeur)! Et vous pourrez vous en rendre compte vous-mêmes en écoutant, ici... la radio !!! En l'occurrence France Culture, avec un entretien de Stéphane Hessel, qui a bien connu Benjamin, ami de ses parents, et qui le reconnait sans hésitation dans le rôle de Kasperl dans la seule émission de Benjamin à avoir été conservée comme archive sonore, la pièce radiophonique (Hörspiel) Charivari autour de Kasperl (Radau um Kasperl diffusée le 9 septembre 1932 par la radio de Cologne), même si la plupart des biographes et spécialistes germanophones restent assez réservés sur le sujet. Troublant voyage dans le temps.

lundi 22 juillet 2019

Quand Jojo rencontre Assa

Et qu’il faut pour que ça s’arrête
Qu’on soit des milliers dans la rue
Français, immigrés, tous unis
Pour que les flics s’en relèvent plus

Dominique Grange

Que faites-vous ? Vous marchez. Vous allez en avant. Vous dotez le ciel [...] d'on ne sait quel rayon macabre. Vous créez un frisson nouveau.
Victor Hugo

   Comme l'année dernière, promenade estivale au bord de l'Oise. Festive, joyeuse, malgré les assassinés, torturés à mort, mutilés qui nous accompagnaient. Et puis cette année il y avait du nouveau : en plus des soutiens, familles et amis issus des quartiers populaires, de Beaumont-sur-Oise notamment, et des militants habituels, il y avait du gilet jaune ! Détermination, désir de fraterniser pour continuer la lutte et en finir avec ces bandes armées répandant la terreur dans le but d'étouffer, d'étrangler toute rébellion, et de stigmatiser auprès de nous, les téléspectateurs, ces catégories de sous-hommes / repoussoirs / boucs émissaires / dangereuse menace (population des cités, gens du voyage, roms...), dont des enfants sont régulièrement, j'allais dire rituellement, et impunément rayés de la carte (sans compter ceux qui croupissent en prison). Pour justifier ses actes controversés, au sujet desquels la Justice n'userait pas de l'impartialité à laquelle nous pourrions nous attendre, mais ferait preuve au contraire d'une certaine prévention, plutôt favorable en l'occurrence selon certains témoignages, la police et ses médias ruinent régulièrement la réputation des habitants des banlieues. Et, cercle vicieux, plus la répression, le harcèlement, la hogra... sont féroces, leurs aspects les plus insupportables étant soigneusement cachés ou minimisés, plus nous, les bonnes gens des centres villes, des banlieues pavillonnaires ou d'immeubles moins délabrés que ceux des grands ensembles, prenons nos distances avec les damnés, souvent en les jugeant tels que nos maîtres nous somment de les juger. Cela invalide la possibilité de toute rencontre, de toute fraternisation. Aujourd'hui, les pauvres non discriminés de par leur couleur, leur religion, leur origine étrangère, leur mode de vie nomade..., se sont aperçus qu'ils sont aussi méprisés que les autres par la bourgeoisie, sa police et sa justice, pour peu qu'ils ne restent pas tranquilles devant leurs télés à communier dans le pharisaïsme national anti-ghettos. Ils se sont levés, ils sont venus, ils ont vu, les yeux, les dents, les mains ont volé. Puissions-nous ne plus nous séparer et continuer de lutter ensemble !



On s'est pris une sacrée saucée. Mère Nature a ainsi souhaité baptiser cette nouvelle alliance tee-shirts noirs / chasubles fluorescentes.




Collègue !


Il suffit de passer le pont.

Des évidences ont été exprimées.

Pas d'infanterie, sauf à la gare quelques bleus. En revanche un barbouze pointait les prochaines victimes.







Assa alors !

mardi 27 novembre 2018

Tout le monde la déteste


   Il y a dans cette galerie de douleurs et de drames funestes une figure horrible, répugnante, c'est le gendarme, le garde-chiourme, la justice stricte, inexorable, la justice qui ne sait pas commenter, la loi non interprétée, l'intelligence sauvage (peut-on appeler cela une intelligence ?) qui n'a jamais compris les circonstances atténuantes, en un mot la Lettre sans l'Esprit ; c'est l'abominable Javert. J'ai entendu quelques personnes, sensées d'ailleurs, qui, à propos de ce Javert, disaient : "Après tout, c'est un honnête homme ; et il a sa grandeur propre. " C'est bien le cas de dire comme De Maistre : "Je ne sais pas ce que c'est qu'un honnête homme !"¹ Pour moi, je le confesse, au risque de passer pour coupable ("ceux qui tremblent se sentent coupables" disait ce fou de Robespierre²), Javert m'apparaît comme un monstre incorrigible, affamé de justice comme la bête féroce l'est de chair sanglante, bref, comme l'Ennemi absolu.
   Et puis je voudrais suggérer ici une petite critique. Si énormes, si décidées de galbe et de geste que soient les figures idéales d'un poème, nous devons supposer que, comme les figures réelles de la vie, elles ont pris commencement. Je sais que l'homme peut apporter plus que de la ferveur dans toutes les professions. Il devient chien de chasse et chien de combat dans toutes les fonctions. C'est là certainement une beauté, tirant son origine de la passion. On peut donc être agent de police avec enthousiasme ; mais entre-t-on dans la police par enthousiasme ? et n'est-ce pas là, au contraire, une de ces professions où l'on ne peut entrer que sous la pression de certaines circonstances et pour des raisons tout à fait étrangères au fanatisme ?
Charles Baudelaire.- Les Misérables par Victor Hugo

"Je pue, peut-être, mais j'ai un gros flingue."

1- La citation exacte est : "Je ne sais ce qu’est la vie d’un coquin, je ne l’ai jamais été ; mais celle d’un honnête homme est abominable."
2- La citation exacte est : "Je dis que quiconque tremble en ce moment est coupable, car jamais l’innocence ne redoute la surveillance publique".

mardi 6 juin 2017

Sacqueboute XVII

"France pleine de rancoeur, ce qu'on peut évidemment comprendre, mais dont on ne saurait excuser la violence quand elle met le feu aux agents de police ou de gendarmerie*."
Yann Moix, écrivain, in Marianne du 19 au 25 mai 2017.


      Il a raison, l'écrivain, quelle faute de goût ! C'est en musique qu'il faudrait accomplir cette œuvre, en joignant l'utile à l'agréable que diable ! A l'éthique, combinons l'esthétique ! 


  Membres de la France pleine de rancoeur mélomanes à l'entraînement.


* Les compagnons d'intervention des unités de police urbaine, les gendarmes mobiles et les compagnons républicains de sécurité possèdent des vêtements de qualité, contrairement aux manifestants. En plus de leurs casques dont la visière peut arrêter les petits calibres, de leurs protège-tibias, de leurs éléments haut de protection pare coups, ils possèdent des pantalons ignifugés, des vestes ignifugées, des polos manches longues ignifugés, et des caleçons longs ignifugés ! Or, en ce qui concerne les brûlures, tout est question de temps d’exposition, et la flamme géante provoquée par l’explosion d'un cocktail molotov ne dure qu’un instant. Le jet de ce type de projectile étant de surcroît rarissime en manifestation, quand les médias du pouvoir prétendent que l'un d'entre eux a été blessé par ce biais, ils mentent (je vous laisse finir la phrase). Les armes dites non létales des troupes du maintien de l'ordre, en revanche, mutilent, blessent grièvement, et tuent des hommes pour ainsi dire nus face aux rangées de fonctionnaires en tenues anti-émeute.


 Priviouslillonne Sacqueboute :

lundi 20 mars 2017

Dame ! c'est dimanche.

   Alors malgré son mal de cheville qui le reprend (vous savez, son fameux trou dans l'astragale, pourtant il n'a jamais fait le mur comme Albertine), l'humidité ? le printemps ? Wroblewski est allé faire une petite promenade dans la capitale. Avec la France insoumise.





















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mercredi 18 janvier 2017

Ça caille

Au moment où le gouvernement prolonge de 6 mois l’état d'urgence, organisations signataires constatent une multiplication des interventions policières pour démanteler les campements et les bidonvilles des personnes en grandes difficultés sociales sans que des solutions à la hauteur des besoins ne leurs soient proposées, particulièrement celui d'être hébergé.

Elles dénoncent les expulsions sauvages pratiquées par le Préfet de Seine Saint Denis, sans aucune mise à l'abri des 83 habitants expulsés de leur immeuble du 168 avenue du président Wilson, mais aussi de nombreuses familles de la Plaine St Denis, et dernièrement du bidonville des Roms des Joncheroles.

Elles dénoncent le démantèlement, sur le terre plein de l'avenue du Président Wilson, des campements des migrants et des habitants expulsés du 168. Ces expulsions à répétition bafouent les droits humains élémentaires.

Elles dénoncent la situation d'accueil -plutôt de non accueil- des migrants en France et en région parisienne, qui aboutit à jeter dans une précarité plus grande des personnes ayant déjà subi et fui les guerres, les tortures, les famines et ce au mépris des lois françaises, des directives européennes, des conventions internationales et des droits fondamentaux qui y sont rattachés.

Elles dénoncent le traitement policier de ces situations par les traques, les rafles, les déplacements, les destructions de camps et de bidonvilles, les humiliations, les expulsions.

Elles exigent que les droits et la dignité de toutes les personnes soient respectées et particulièrement celui d'avoir un toit pour se protéger et protéger sa famille, mais aussi la liberté d'installation et de circulation, la régularisation des sans-papiers, la fermeture de tous les lieux d'enfermement.



La Plèbe écoute tout le temps :

Jeudi 19 janvier 2017 : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : La partition de Léonard Bernstein, West Side Story. De nombreux jazzmen ont repris les thèmes de cette œuvre. Vous découvrirez de purs bijoux et d'autres aventures plus déglinguées. Soyez à l'écoute.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date (Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les semaines disponibles.

lundi 5 décembre 2016

Etat d'urgence

« L’agitation est dans nos rues. Dans nos universités les étudiants s’ameutent. Les communistes veulent détruire notre pays. La Russie nous menace. La République est en danger, de l’intérieur et de l’extérieur. Il nous faut la Loi et l’Ordre pour survivre. »
Adolf Hitler




Ma dernière actu ciné.

vendredi 18 novembre 2016

C'est trop injuste


      - C’est comme ça, mon vieux. Nous sommes des flics et personne ne peut nous blairer. Comme on n’a pas assez d’embêtements, il faut encore qu’on vous ait, vous. Comme si on était pas déjà assez ballotés entre le coroner et ses services, le Conseil municipal et sa maffia ; le Commissaire de jour et le Commissaire de nuit, la Chambre de commerce et monsieur le Maire dans son bureau à lambris dorés, quatre fois plus grand à lui tout seul que les trois pièces dégueulasses dont dispose tout le personnel de la brigade criminelle.


Comme si on n’avait pas eu cent quatorze assassinats à débrouiller l’année dernière, dans trois pièces qui n’ont pas seulement assez de chaises pour que la brigade de service puisse s’y asseoir. On passe sa vie à retourner des dessous crasseux, à renifler des vieux chicots. On grimpe des escaliers sombres pour aller cueillir des sacs à vins qui brandissent des revolvers et on n’arrive pas jusqu’en haut. Pendant ce temps-là, notre femme nous attend pour se mettre à table ; elle nous attend ce soir-là, et tous les soirs suivants… C’est fini, nous ne rentrerons plus jamais à la maison.

"[…] l’autorité suprême, c’est le citoyen lui-même. 

Mais les soirs où on rentre, on est tellement claqués qu’on ne peut ni manger, ni dormir, ni même lire les conneries que les journaux racontent sur nous. Alors on reste étendus dans le noir, au fond d’une maison sordide, dans un quartier sordide, à écouter les pochards qui se marrent au bistrot du coin. Et juste au moment où on va enfin sombrer dans le sommeil, c’est le téléphone qui sonne et il faut se lever pour remettre ça.

Dans notre pays on n’est pas encore arrivé à comprendre cela. On considère l’autorité comme une ennemie.

Jamais rien de ce qu’on fait n’est bien, jamais. Pas une seule petite fois. Si on obtient des aveux, c’est qu’on les a extorqués de force et, en plein tribunal, un margoulin d’avocat vient nous traiter de Gestapo et se foutre de notre gueule parce qu’on est quelquefois brouillés avec la grammaire. A la première erreur, on nous recolle à la circulation. Alors on passe les bons petits soirs d’été à ramasser les poivrots dans le ruisseau, à se faire engueuler par les putains et à délester de leurs couteaux les métèques en chemises à carreaux. Mais tout ça ne suffit pas à notre bonheur. Il faut encore que vous soyez là.

Nous sommes une nation qui hait les flics." (Procureur Endicott)

      Il s’arrêta pour reprendre haleine. Son visage luisait un peu. Il pencha le buste en avant.
      – Il faut qu’on vous ait sur le dos, reprit-il. Il faut qu’on ait des salopards à licence privée qui ne disent pas ce qu’ils savent, qui s’en vont fouiner partout et remuer la poussière pour qu’à nous il ne reste plus qu’à l’avaler, qui escamotent les pièces à conviction et fabriquent des mises en scène insuffisantes pour tromper un môme de deux ans. Et si je vous disais que vous êtes le plus beau salaud des gars qui s’occupent de ce qui ne les regarde pas, hein, mon vieux ?
      - Vous cherchez à me froisser ? lui demandai-je.

Sofiane, 16 ans,"n’est pas encore arrivé à comprendre cela." Le con !

Propos glanés dans Fais pas ta rosière ! de Raymond Chandler.