Affichage des articles dont le libellé est Westlake Donald. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Westlake Donald. Afficher tous les articles

vendredi 30 août 2019

La dose de Wrobly : thermidor 2019 EC

- Donald Westlake.- Au pire qu'est-ce qu'on risque ?


   Je me suis encore bien bidonné avec mon Dortmunder annuel et estival. C'était le 9ème de la série, dans l'ordre. Il m'en reste encore 7 ! J'ai un peu honte tellement je ploie sous la bonne fortune : 7 ! Encore !
   Ici, Dortmunder s'en prend, à notre grande jubilation, à une petite frappe de milliardaire qui lui a piqué sa bague. On serait consolé si pour une fois c'était les gentils (i.e. le prolétariat, la bande de pieds nickelés de John, quoi !) qui gagnaient, mais je ne souhaite rien vous divulgâcher, alors...

- La France et l'Allemagne (1932-1936).


   En contrepoint de l'excellentissime divertissement ci-dessus référencé, de l'Histoire pure, compacte et massive. Editions du CNRS et universitaires (avec, je dois l'avouer, quelques militaires). Pas l'Histoire que j'ai l'habitude de lire, du point de vue des vaincus révolutionnaires qui tentons (même si je suis un branleur, je me comprends parmi vous les amis !) pathétiquement d'orienter ladite geste humaine dans le sens de nos désirs, mais du principe de réalité, du factuel, du documenté, du chiffré. Ça fait pas de mal de temps en temps. Une chiée de piqûre de rappel avec approfondissement poussé de mes cours de classe terminale. Ça chamboule chouia toutes mes belles théories pacifistes, anti-militaristes, de lutte des classes, d'internationalisme... quand on voit durant toutes ces années, de Weimar au troisième Reich, l'Allemagne se réarmer tranquillou, violant dans un fauteuil tous les traités, à côté d'une France laissant faire et permettant finalement à Hitler de reconstituer l'armée qui écrasera la patrie du maréchal Pétain en 40, on a la tentation de se dire que les fachos des Croix de Feu avaient finalement raison de militer pour écraser l'infâme dans l’œuf, et suffisamment tôt faire coucher le chien policier allemand nationalo-militariste puis national-socialiste afin qu'il ne se relève plus. Ici c'est pas pour la France qu'on tremble de rage, c'est pour la liberté, et contre l'assassinat de masse et le racisme décomplexés. Cependant il faudrait vite-vite que je me procure un bouquin de Daniel Guérin pour me remettre dans la ligne. Je me suis d'ailleurs laissé dire qu'il a manqué un Bakounine pour analyser cette période de Wiederwehrhaftmachung (remise en état de défense) allemand puis de guerre, comme il l'avait fait en 1870, avec son point de vue de guerre révolutionnaire, de peuple en arme, sans aucune complaisance envers le despotisme prussien, mais cohérent avec sa conception de la lutte des classes et du "socialisme" (désolé, c'est comme ça que ça s'appelait à l'époque...) libertaire, même si peu réaliste quand on prend connaissance de la situation réelle. Il se serait démarqué du pacifisme global, de la droite à la gauche, qui régnait en France dans les années 30, conséquemment au traumatisme que les hécatombes de 14/18 avaient profondément causé. Finalement je me dis que je n'ai pas de solution, et que je ne suis pas censé en avoir, petit animalcule balloté au sein de toute cette fureur. En tout cas, c'est passionnant, même si, pour l'été, c'est bien costaud !

   On peut lire cet ouvrage ici.

- Lawrence Block.- Tuons et créons, c'est l'heure.
   Deuxième de la série Scudder. Pas du niveau de Westlake, loin de là. Mais j'ai commencé cette série, peut-être l'ai-je déjà évoqué après la lecture du premier opus, parce que le privé est un alcoolique, certes (il n'est pas le seul), mais qui va devenir abstinent en fréquentant une association d'anciens buveurs, avec tous les commentaires plus ou moins ironiques qu'il fera sur ces groupes. C'est d'ailleurs un ami fréquentant ces twelve steps meeting qui m'avait fait connaître cet écrivain, il y a un bail. Bref, comme mon meilleur ami fréquente aussi ces lieux, ça m'a donné envie. Dès le départ toutefois j'ai été déçu : la pochtronnerie de Scudder est somme toute assez légère, ne serait-ce que comparativement à un Nestor Burma bien de chez nous. Il consomme presque comme Marlowe, ni plus ni moins, en homme fort (d'ailleurs, si on essayait de s'enfiler tout ce qu'ils s'enfilent dans une journée de la diégèse bon pied bon oeil, on alignerait un certain nombre de comas éthyliques, je crois que c'est Malet qui avait fait remarqué cela). Lui c'est le café et Bourbon. Il ne se pisse pas dessus, ne se vomit pas dessus, n'a pas d'insondables pertes de conscience et/ou de mémoire, ne rentre pas chez lui gueule en sang sans savoir pourquoi, ne se met pas à chialer d'épuisement n'importe où, n'entretient pas les forges de Vulcain dans son ventre, sa poitrine, ses veines et sous son crâne les lendemains de la veille, ne fait pas fuir de voyageuses de leurs places de métro par sa puanteur, ne semble pas plus que ça hanter les neuf cercles, semble juste un peu déprimé... Il fait des pauses au troquet, voilà tout... Et couche avec la barmaid... Je ne vois pas l'intérêt de poser le verre dans ces conditions, mais le meilleur des romans sera malgré tout certainement quand il l'aura fait, je pense. Pas mal de clichés, mais facile à lire, un divertissement reposant mais loin d'être transcendant. On est toujours à New York.


- Julien Jenger.- La Libre Pensée, l'alcool et le sport : Rapport présenté au congrès national de la Libre Pensée Marseille, 15 et 16 août 1924 .
   C'est complètement un hasard, mais il est encore question d'alcool dans cette petite brochure. Moi, perso, vu que mon meilleur ami est abstinent depuis lurette pour des raisons de santé, voir de vie ou de mort, les problèmes liés à l'alcool et autres produits modifiant le comportement me passent complètement au dessus de la tête. Je m'en considère comme délivré y compris au niveau de la société des débats. Mais j'ai quand même une petit opinion qui, malgré la conscience et l'expérience directe de mon meilleur ami et par le biais de nombreux amis dont un certain nombre n'en sont jamais revenus que je puis avoir des conséquences épouvantables de la maladie de la dépendance active, en tant que libertaire, certes, mais surtout en tant que meilleur ami d'alcoolique, je ne crois pas aux vertus de la prohibition, et même pas trop non plus à celles de la prévention. Ceux qui ne sont pas dépendants consomment et ça ne constitue aucun problème, ni pour eux, ni pour leur entourage. Pour les malades en revanche, aucune prévention n'y fera rien : ils devront aller jusqu'au bout de la nuit, toucher le fond de l'enfer avant d'avoir l'improbable et rare mais pourtant existante étincelle qui leur fera peut-être refaire surface, avec de l'aide.
   Le camarade Jenger, lui, il est beaucoup plus radical que moi. Pour lui, pas de révolution tant que l'homme pressera le raisin : il est pour l'abolition de l'alcool et des drogues et il appelle les camarades à rejoindre son juste combat. Par contre il n'est pas pour l'abolition du sport mais pour son aménagement anti-capitaliste en "culture physique".
   Alors moi je veux bien, mais je pose quand même la question : si on abolit la religion et le pinard, comment qu'elle fera pour soupirer, hein, la créature opprimée ?

vendredi 24 août 2018

La dose de Wrobly : thermidor 2018 EC


1- Voltaire.- Les Questions de Zapata : absurdités des prétendues écritures saintes et fausseté du christianisme.

   Rien à voir avec la révolution mexicaine.

Citation : 61° Instruisez-moi pourquoi le Credo, qu'on appelle le Symbole des apôtres, ne fut fait que du temps de Jérôme et et de Rufin [cf. (4) - note du blogueur -], quatre cents ans après les apôtres. Dites-moi pourquoi les premiers Pères de l'Eglise ne citent jamais que les évangiles appelés aujourd'hui apocryphes. N'est-ce pas une preuve évidente que les quatre canoniques n'étaient pas encore faits ?

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (2) et (3).


2- Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut.- L'Art de péter.

Citation : Pisser sans péter, c'est aller à Dieppe sans voir la mer.

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (1) et (3).


3- Choderlos de Laclos.- De l'éducation des femmes.

   De petits essais mineurs, Laclos est homme d'une seule œuvre génialissime. Mais bien que militaire, le gus est fort sympathique dans ces positions : clairement féministe si c'est possible pour un homme, et du côté de Rousseau contre Voltaire, en ce qui concerne l'état de nature, et le choix affectif pour lequel il opte entre l'indien beau, fort, bronzé, libre, heureux et possédant une connaissance totale de son milieu, et le tas de merde dans un bas de soie prétentieux et méchant adulant la civilisation ou l'histoire sinistre de l'oppression et de l'exil. Cela dit j'aime bien Voltaire quand il taquine le curé, il est drôle, convaincant, documenté : cf. (1).

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (1) (2) (6).


4- Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française.- Le Collier rouge.

Il y a une tradition d’insulter longtemps l’académie puis, l’âge venu, d’y quémander une place. Les académiciens sont donc les seuls français qui crachent dans un fauteuil avant de s’y asseoir. Ils ne s’y assoient que pour faire sous eux, il est vrai : le crachat sert d’amorce.
Tony Duvert.

   Encore un académicien, je m'en était déjà farci un il y a deux mois. Mais je ne l'ai pas trouvé trop mal, toutes réserves liées au fait qu'il fasse partie des 40 gâteux mises de côté évidemment, et il est très rapide à lire, ce qui est aussi un avantage. Je l'avais reçu en pub du Cercle Gallimard de l'enseignement : les vieux fichiers ont la vie dure... Mon frangin, qui apparemment connait bien cet écrivain, m'a envoyé la critique suivante, que je me permets de publier ici sachant qu'il ne lit pas mon blog. Il évoque ici ma brochette de lecture de thermidor : "Je n'ai lu que le collier rouge, dernier Rufin pour moi parce qu'autant avant j'aimais bien mais là il a commencé à m'agacer. Dans l'histoire dans l'histoire dans l'histoire, Stefan Zweig fait mieux, dans l'évocation de la grande guerre je préfère Céline et dans le genre histoire de toutous, il n'arrive pas au jarret de London." Assez sympa comme jugement, surtout par les auteurs évoqués, aussi variés que passionnants.

Citations :

- Alors, elle ne vous a pas dit qui était son père.
- Non.
- Elle ne s'en vante pas. Son père, voyez-vous était un juif allemand, proche de cette Rosa Luxembourg qui a été assassinée l'hiver dernier à Berlin. Il était membre de l'Internationale ouvrière. C'était un agitateur et un pacifiste forcené. Il a été arrêté et il est mort à la prison d'Angers. Il paraît qu'il était tuberculeux.

[...] [...]

- Combien de temps êtes-vous donc resté en permission ?
- Deux semaines. C'est bien trop peu. Mais les livres que je n'ai pas pu lire, je les ai emportés.
- Il n'en tient pas beaucoup dans un barda.
- J'en ai pris trois.
- Lesquels ?
Morlac se redressa pour donner les titres, comme s'il annonçait les Evangiles.
- Proudhon,
Philosophie de la misère, Marx, Le 18 Brumaire, et Kropotkine, La Morale anarchiste.

Mots clés : celle que j'préfère / action révolutionnaire internationaliste /

Liens : (5) et (9).


5- Agatha Christie.- Mr Brown.

   Comme vous le savez, je me refais la série, en bouchant les trous éventuels, et dans l'ordre, maniaque dépendant que je suis. Peut-être nostalgie aussi de l'innocence et de la passion émerveillée du grand jardin du Morvan privatisé par un autre aujourd'hui. C'est donc son deuxième.

   Peut-être l'ai-je déjà lu, mais plus le souvenir. En tout cas, petite surprise, ce n'est pas un whodunit, mais plutôt un genre de comédie d'espionnage, et complotiste (travaillisto-bolcheviko-irlandorépublicano-criminel) qui plus est. Ce genre n'est pas le sien, c'est assez mauvais. Évidemment c'est plutôt réac, et même si un personnage concède qu'il y a des révolutionnaires honnêtes, il précise aussitôt que ceux-ci sont les marchepieds des ambitieux despotiques incarnations du mal. Cela dit, même si le terme d'honnêteté reste un peu limité au domaine moral, les anarchistes et autres ultra-gauches pourraient dire avec raison sensiblement la même chose.

Citation :

- [...] Un tel déballage ne manquerai pas de rameuter tous les Travaillistes. Or, un gouvernement travailliste dans la situation actuelle poserait de graves problèmes à l'économie britannique. Mais tout ceci n'est rien à côté du vrai danger.
"Peut-être avez-vous lu ou entendu dire que l'agitation ouvrière actuelle serait commanditée par les bolcheviques ?
Tuppence acquiesça.
- Eh bien c'est exact. L'or bolchevique afflue dans ce pays dans le seul but de déclencher la révolution. Et il existe un homme dont personne ne connaît le vrai nom et qui travaille dans l'ombre, pour son propre compte. Si les bolcheviques sont derrière l'agitation ouvrière, lui, il est derrière les bolcheviques. Nous ignorons qui il est, mais il se fait appeler d'un nom passe-partout, "Brown", et une chose est certaine : c'est le plus génial des criminels de notre époque. Il contrôle une organisation qui fonctionne à merveille, il a des espions partout. Pendant la guerre, toute la propagande pacifiste et défaitiste a été orchestrée et financée par lui.
- C'est un Allemand naturalisé ? demanda Tommy ?
- Pas du tout, j'ai de bonnes raison de croire au contraire qu'il est anglais. Il était pro-Allemand comme il aurait été pro-Boer. [...] Il y a autour de ce projet de traité un point que nous n'avons pas encore éclairci. La menace que nous avons reçue est sans ambiguïté : l'extrême gauche a carrément déclaré que le document était entre ses mains et qu'elle avait l'intention de le rendre public du jour au lendemain. [...] Mais le gouvernement envisage un grand coup pour contrecarre toute menace de grève. [...] Cependant si le projet de traité remonte à la surface, nous somme perdus. L'Angleterre sombrera dans l'anarchie.

Vivement !

Mots clés : celle que j'préfère

Liens : (4).


Pas de jaloux : version métal.

6- J.-B. Jeener.- Les Chemins de l'Amour.

   Extrait de la quatrième de couverture (le plat verso, dirait le Tenancier), à propos de l'auteur, J.-B. Jeener (?) : "Ses fines analyses de l'amour - d'où les tempêtes charnelles ne sont pas exclues - ressortent d'une longue filiation : Laclos [cf. (3), note du blogueur]... Maurois... Chardonne !" Je ne sais pas pour Maurois et Chardonne, mais concernant Laclos, je trouve que le rédacteur de cette apéritive notice exagère un tout petit peu.

Mots clés : y en a pas


7- Lawrence Block.- Les Péchés des pères.

   J'ai décidé de me faire la série des Matt Scudder, il y a longtemps que j'en avais envie, parce que ce détective est alcoolique abstinent et fréquente une association d'anciens buveurs (enfin dans les trois premiers romans il picole encore), et que mon meilleur ami est dans le même cas. Un pote dans ce cas également m'avait raconté un passage d'un volume qui m'avait fait marrer. Scudder je crois, héros et narrateur, devise : "Dans chaque alcoolique il y a un monstre qui sommeille. Et c'est pour ça que les réunions d'Alcooliques Anonymes sont si nécessaires pour eux : elles sont tellement chiantes, que si le monstre se réveille à un moment, il se rendort aussitôt" (de mémoire et par la bande). Bon, c'est du petit polar qui se lit bien, un peu freudien, avec une séquence de baston pour les amateurs de virilité testostéronée, mais rien de transcendant a priori pour le moment.

Mots clés : La grosse pomme

Liens : (8).


8- Donald Westlake.- Histoire d'os.

   Je poursuis la série du ténébreux Dortmunder par l'excellentissime Westlake, vous êtes au courant maintenant. Que c'est drôle ! J'en ai profité pour me rencarder sur la géographie de New York, comment c'est foutu, à quoi correspondent ces noms rencontrés des milliers de fois : Broadway, Manhattan, Brooklyn, le Bronx, le Village, le Queens, Central Park, Harlem l'East River, l'Hudson, Long Island, le New Jersey, l'Etat de New york... Depuis le temps... Je commence à situer un peu tout ça maintenant, merci Donald (et aussi Lawrence) et Wiki. Allez, un petit jeu facile, mais auquel je n'aurais pas su répondre il y a trois semaines : quelle est la particularité géographique du Bronx par rapport aux quatre autres arrondissements de New York (Manhattan, Brooklyn, Queens et Staten Island ?

Mots clés : La grosse pomme

Liens : (7).


9- Tiburcio Ariza / François Coudray.- Les GARI (Groupes d'Action Révolutionnaires Internationalistes) : 1974, la solidarité en actes.

Quand on exécute au mois de mars
De l'autre côté des Pyrénées
Un anarchiste du Pays basque
Pour lui apprendre à se révolter
Des zigs d'attaque et pleins d'tactique
Nonobstant la bile des bégueules
Par l'rapt, la bombe, l'vol et l'éthique
Du garrot desserrent la sale gueule.

D'après Renaud "I kissed a cop" Séchan.

Mots clés : action révolutionnaire internationaliste

Liens : (4).






dimanche 27 août 2017

La dose de Wrobly : thermidor 2017 EC







   - Istrati Panït.- Vers l'autre flamme.
   Qu'un bourgeois à la Gide fasse fine bouche, c'est déjà très vilain. Mais qu'un ex-miséreux, l'un de ceux pour qui l'on a fait sur mesure ce paradis, le déclare bâti à l'envers, c'était tout à fait intolérable. Au trou l'Istrati ! Ce qui fut fait (...) La "gauche" le vomit. Et c'est ainsi que l'on fait d'un auteur un silence. Jean Vagne.

   - Larsson Stieg.- Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes.
   Au bout d'un moment à force de voir un nombre incalculable de voyageurs du métro lire un bouquin, à condition que ce ne soit ni du Musso, ni du Lévy (Marc ou Bernard-Henry), ni un autre de ce style, ça m'intrigue, et un jour, par hasard, je fais le pas. Ça m'avait fait le coup avec le Da Vinci code, qui tape un peu sur les cathos. Celui-ci est un polar efficace, avec quelques longueurs, et il tape un peu sur les capitalistes, et les misogynes.

   - Westlake Donald.-Dégâts des eaux.
   Je ne présente plus. Je poursuis la série, en dégustant lentement. Pourvu que ça ne s'arrête jamais !

vendredi 2 septembre 2016

La dose de Wrobly, thermidor 2016 ère commune (143 au 174 mars X avant Anarchie)



-  Giacomo Casanova.- Mémoires, tome 3.
Les feux de l’amour. Dans ce volume Giacomo est, entre autres, à Paris. Il découvre et jouit des charmes de la jolie personne que vous pouvez voir au Louvre par Boucher et ci-dessous, Marie-Louise O Murphy, qu’il nomme Morphi ("beauté" en grec). Il prétend l'avoir lancée dans la galanterie, permettant ainsi à Louis XV, pas moins, d'en faire une de ses « protégées » du Parc-aux-cerfs de Versailles. Tellement appréciée par le Bourbon d'ailleurs que la mère Poisson (dite Pompadour) s'en inquiéta, et s'en formalisa. Casanova s’est une fois de plus un peu vanté dans cette affaire, en exagérant, au moins, son rôle vu de ses vieux jours.


-   Hervé Bazin .- L’Huile sur le feu.
Une histoire de pyromane et de haine conjugale. Violent. M’a fait parfois penser aux romans campagnards de Marcel Aymé, en moins drôle, mais avec un suspense efficace (qui m’a pourtant déçu à la fin), et l’installation parfois d’un vrai malaise. Pour le rôle du hobereau fantasque, je verrais bien Philippe Noiret. Un autre personnage, pompier, défiguré et essorillé au lance flammes pendant la guerre, porte cagoule, comme un black-block. Du bon, du chaud.


-   Marcellin, Raymond.- L’Ordre public et les groupes révolutionnaires.
Un extrait nous prouvera que foutre le feu aux bagnoles n’est pas nécessaire : Il faut « constituer des groupes de douze hommes pour attraper et rosser les policiers les plus virulents. L’incendie de voitures, le jet de cocktails Molotov, doit être considéré comme une arme de dernière nécessité, mais il ne faut pas craindre d’enfoncer les doigts dans les yeux des policiers » (Dutschke.)

-   André Armengaud.- Mouvement ouvrier et néo-malthusianisme au début du XXème siècle.
Comme quoi, nous autres petites gens, et ce malgré certains chefs socialistes, communistes, voir anarchistes natalistes, on peut avoir le feu quelque part sans tomber dans le « lapinisme ». Avec un petit résumé de la vie de Paul Robin, zig sympatoche.

-   Donald Westlake.- Bonne conduite.
Dortmunder et sa clique de bras cassés seront certainement sauvés des feux de l’enfer grâce à ce sauvetage un peu contraint d’une jeune mystique enlevée à son couvent et séquestrée par son oligarque de père aux ambitions plus bankables, au sommet de son gratte-ciel. Hilarant, comme d’habitude.

-   Patricia Highsmith.- Monsieur Ripley.
Sous le feu du soleil d’Italie, un thriller touristique, angoissant et pervers, vu qu’on s’identifie au méchant et qu’on flippe qu’il se fasse serrer tout le temps. Du grand art (pour l’écrivaine, et pour l’assassin Ripley). Toujours aussi has been, le Wrob. La preuve, la suite, commandée chez un petit libraire provincial, puis chez Gibert (Ripley et les ombres), est indisponible ! Si vous l’avez sous le coude, je suis preneur…

Greenleaf et Ripley sont dans un bateau. Greenleaf tombe à l'eau. Qui est-ce qui reste ?...

-   Panaït Istrati.- La Maison Thüringen / Le bureau de placement / Méditerranée
Enflammé par la passion du vagabondage et l’amitié, Adrien Zografi (le roman est auto-biographique, mais le prénom et le nom ont été changés) bosse ou zone de Braïla à Bucarest, puis se réchauffe en Egypte, Syrie, Liban, Turquie, Grèce… quasiment toujours dans la dèche. Si sa générosité viscérale lui fait un devoir éthique d’être du côté des socialistes (du début XXème), il est tout aussi épidermiquement rebelle au socialisme de caserne, autoritaire, dogmatique, donneur de leçon, qui amènera un peu plus d'une décennie plus tard en Russie la trahison de l'oligarchie bolchevique, qu'Istrati critiquera vivement, un des premiers, après un long séjour là-bas, ce que les ravis de la dictature de gauche ne lui pardonneront pas. Entre deux émeutes et passages à tabac dans les geôles roumaines, il traîne son enthousiasme et/ou son cafard là où ses semelles de vent le mènent. L’aventure, vécue, la vraie. A la fin il part pour Paris. Hâte de connaître la suite ! même si on connaît la fin, la tuberculose ayant eu, comme d'Orwell, raison de lui.

-   André Danet.- Finir la révolution.
Un copain de dérives urbaines et de scandales (très modestes, restons humbles) surréalo-anarcho-situs-éthyliques d’il y a 25 ans. Perdu de vue pendant 15 ans. Retrouvé par hasard à l’occasion de la sortie de son livre. Une piqûre de rappel bien venue sur les révolutions historiques, les victorieuses, qui étaient des défaites (la russe, il ne relate pas la française) ; les perdantes, qui furent des victoires (la Commune 71, l’Allemagne 18, l’Espagne 36). Et les moyens de les poursuivre, de les rendre gagnantes ET victorieuses, de foutre une bonne fois pour toute le feu au vieux monde.

-   Frédéric Lordon.- D’un retournement l’autre.
Pas sur la photo parce que je l’ai filé à un comédien amateur de théatre en me disant que peut-être il pourrait brûler les planches avec… Plaisant et humoristique décryptage de la crise des subpraïmes, sous forme de comédie en quatre actes et... en alexandrins ! Un peu daté, on reconnaît bien la caricature de Sarkozy. Par contre ce qui est bien c’est qu’avec Lordon on a la solution à l’horreur financière. Ben oui, y a qu’à prendre le pouvoir d’Etat, devenir le nouveau président, faire les gros yeux aux banquiers, leur dire « Oh ! vous vous mouchez pas du coude là ! Vous voulez le beurre, l’argent du beurre etc. Ca suffit ! retournez jouer, ok ! mais gentiment cette fois, plus d’abus ! D’ailleurs je vais mettre au point un nouveau règlement intérieur. » Pour un capitalisme à visage humain, yapuka.

Bon, allez, salut, faut qu'j'trouve le dealer.

vendredi 13 novembre 2015

Priorité emploi !

   Au début de la carrière policière d’Anthony Cappelletti, un personnage doté d’un poste élevé s’était dit que c’était l’homme rêvé pour la brigade de la lutte contre le crime organisé*. Il était italien, bien sûr ; mais de plus, il parlait l’italien, il avait grandi dans les quartiers de Little Italy, il était allé à l’école avec les fils et les neveux des capos et des hommes de main (qui un jour formeraient la génération suivante des capos et des hommes de main), et surtout, Anthony Cappelletti haïssait la Mafia*. […]



Dès le départ c’était ce dégoût de la Mafia qui l’avait incité à devenir policier, et la sincérité évidente de ses sentiments avaient conduit ses chefs à le charger de la lutte contre le Crime Organisé.



   Qu’il mena pendant quatre mois. […] Il leur parla si souvent et si fort qu’en quatre mois il parvint à compromettre sérieusement la loi et l’ordre dans la bonne ville de New York. Le langage de Cappelletti était clair comme de l’eau de roche : pièces à convictions trafiquées, faux témoignages, intimidation de témoins, falsification de dossiers, subornation de jurés, écoutes illégales, interrogatoires musclés et, à l’occasion, une bonne fusillade dans la vitrine d’un restaurant.



Il semblait avoir décidé d’éliminer complètement la Mafia de la surface du globe, en commençant par New York, de le faire tout seul, et d’avoir fini à Noël. En quatre mois, Cappelletti n’avait tué personne, mais il avait brisé tant de membres, détruit tant d’automobiles et de magasins de pompes funèbres et envoyé derrière les barreaux tant de mafiosi*, que les patrons du Syndicat* organisèrent au Bahamas une conférence au sommet très confidentielle et résolurent de lancer la contre-attaque la plus impitoyable de leur histoire.


   Ils menacèrent de quitter New York.


   La rumeur fit son chemin, sourde mais claire. Dans le passé, certes, New York s’est déjà sentie abandonnée : les New York Giants sont partis pour les marécages du Jersey, l’American Airlines s’est installé à Dallas, des dizaines de sociétés ont déplacé leur siège social au Connecticut, et même la Bourse, à un moment donné, a annoncé son intention de déménager. Mais si l’on veut se représenter un vrai désastre, on n’a qu’à penser à ce que deviendrait New York si la Mafia s’en allait comme un seul homme.



Toutes les entreprises gérées par des truands, qui s’en occuperait une fois les gangsters* partis ? Les pitres qui les avaient déjà menées à la banqueroute, et n’avaient pu s’en sortir que grâce à des prêts d’origine douteuse, qui avaient permis aux truands de prendre la tête des affaires.




Que deviendraient ces restaurants, ces blanchisseries, ces sociétés financières, ces marchands de voitures, ces sociétés de nettoyage et de ramassage des ordures, ces supermarchés, ces entreprises de camionnage ou de gardiennage, sans la compétence, la discipline, les assises financières que leur assure le contrôle par le Syndicat du Crime ? On frémit en se figurant l’avenir de New York si les sociétés y étaient gérées par leurs propriétaires nominaux.


   De plus, pensez à tous ces policiers, ces politiciens, ces journalistes, ces dirigeants syndicalistes, ces fonctionnaires municipaux, ces avocats, ces comptables, ces chargés de relations publiques, qui sont payés directement par la Famille. Est-ce que la ville de New York gagnerait à perdre un pareil employeur, à perturber à ce point le marché du travail ?

Donald Westlake.- Pourquoi moi ?




Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne.

Jean-Jacques Rousseau.- Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.


* Remplacer au choix par : les investisseurs, les aménageurs, les entrepreneurs, les patrons, les grands bourgeois, l'oligarchie, l'élite, les capitalistes, les riches, le marché, le plan, les décideurs, les gestionnaires, les responsables, les pollueurs, les exploiteurs, les empoisonneurs, les contamineurs radioactifs,  etc., ad libitum.

Abolition de l'emploi ! On y pense depuis trois siècles, maintenant il faut y croire !

Nous remercions nos généreux partenaires sans qui cet article n'aurait pu être édité. Nous leur savons particulièrement gré d'avoir bien voulu prendre sur leur emploi du temps on ne peut plus chargé actuellement par leur mécénat humaniste et philanthrope de la COP21.

vendredi 6 novembre 2015

A chacun son journaliste

A l'heure de l'anniversaire de la mort de Rémi Fraisse, et des dix ans de celles de Zyed et Bouna, nous avons encore pu constater que la presse fait son travail, elle nous informe en toute liberté d'expression de tout, sans trop insister cependant sur ces bandes armées qui tuent ou mutilent en toute liberté et impunité pauvres, résistants ou métèques, et sans non plus lourdement la ramener sur les nombreuses initiatives que les cibles de ces bandes mènent pour que cesse le massacre.

Mais connaissons-nous vraiment cette aimable corporation (celle des journalistes) ? Pour tester tes connaissances, voici deux textes traçant chacun le portrait d'un journaliste.

Un de ces textes est réaliste, frappé au coin d'études sociologiques poussées, d'analyses psychologiques d'une grande précision et d'observations empiriques d'une rare honnêteté.

L'autre relève davantage de l'utopie, de l'image d'Epinal, du rêve d'enfant quand il veut "être journaliste plus tard".

Sauras-tu démêler le vrai du faux ? Si oui, gagne un radio-réveil ! Pour cela va sur le site de l'Obs, et moyennant les frais de port tu recevras un superbe objet avec en bonus, un abonnement d'un an à leur catalogue publicitaire !

As-toi de jouer, ami plébéien !



Jack Mackenzie s’entendait très bien avec les flics parce qu’ils le prenaient tous pour un Irlandais. En fait, il était d’origine écossaise, mais aucun supplice n’aurait pu lui extorquer ce secret honteux.
Chargé des reportages auprès de la police pour une importante chaîne de télévision métropolitaine, Mackenzie avait intérêt à être copain avec les hommes en bleu, sans quoi il n’aurait pu garder longtemps son emploi. Mais les flics savaient que ce brave Jack n’écorcherait par leurs noms, qu’il se débrouillerait pour les mettre dans le champ de la caméra si c’était possible, qu’il n’émettrait jamais le moindre doute quand ils expliqueraient comment le suspect était tombé du toit, et qu’il ne prendrait jamais prétexte de leurs échecs exceptionnels et inévitables pour leur chercher des poux dans la tête. Voilà pourquoi, quand l’inspecteur-chef Francis Xavier Maloney décida de porter devant le public l’affaire du Brasier de Byzance, il réserva l’exclusivité de l’interview à Jack Mackenzie, le faux Irlandais jovial, bon buveur, aux cheveux roux et à la figure parsemée de taches de rousseur.
Donald Westlake.- Pourquoi moi ?

Et le deuxième texte :


Tout le monde sait que Richie Colgan et moi sommes amis. C’est en partie la raison pour laquelle les gens sont un peu plus méfiants envers moi qu’auparavant. […] Maintenant Richie est le plus grand chroniqueur du Trib, et c’est un vrai teigneux s’il pense que vous participez d’un des trois grands maux : élitisme, sectarisme ou hypocrisie. Comme Mulkern est une incarnation des trois réunis, Richie se le paie une ou deux fois par semaine.
Tout le monde adorait Richie Colgan – jusqu’au jour où ils ont publié sa photo sous sa signature. Un nom bien irlandais. Un bon garçon irlandais. Qui traquait les gros manitous corrompus à la mairie et à la Chambre. Et puis ils ont publié sa photo, et tout le monde a pu voir que sa peau était aussi noire que le cœur de Kurz*, et soudain c’était devenu un « provocateur ». Mais il fait vendre de la copie, et sa cible de prédilection a toujours été Sterling Mulkern. Parmi les surnoms qu’il a donnés au sénateur figurent le « Mauvais Double du père Noël », « Sterling le Détourneur », « Mulkern le Magouilleur » et « Hippopo l’Hypocrite ». Boston n’est pas une ville pour politiciens sensibles.
Dennis Lehane.- Un dernier verre avant la guerre.

* Allusion au personnage du roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, repris par Francis Ford Coppola dans Apocalypse Now où il est interprété par Marlon Brando.

Pour finir, contrairement à ce qu'aurait pu nous faire croire un déferlement de haine sur Tweeter (Salamark : "La marche pour la dignité, une marche contre la France, une marche raciste et antisémite" ; Filani : "Pas contents ? Qu'ils partent !" ; Alan FK : "Marche de la dignité = marche de la pleurniche"... etc., etc., ad nauseam), il ne s'est rien passé ce 31 octobre 2015, comme nous l'a confirmé le JT de 20 heures de France 2. Heureusement qu'il reste des journalistes, s'il fallait croire le fourre tout qu'on trouve sur les réseaux !


Cette marche de 10 000 personnes n'a jamais existé.


- Les voisins avaient anticipé cette année, ils avaient fait les stocks de bonbons !
- Rhô oui ! Et t'as vu les mômes, y en avaient avec des déguisements vraiment chouettes !

Il faut dire que de l'extrême droite à l'extrême gauche et chez des libertaires (un texte de cette dernière obédience tourne, connectez-vous sur votre site fasciste préféré, il y a été fraternellement reproduit), on les en avait un peu dissuadés, pas assez matures, pleins de préjugés et de croyances archaïques (je vous parle même pas de leurs fringues), et en plus ils n'ont assimilé ni Onfray, ni la philosophie allemande. Ca choque le bon goût et fait pouffer dans les milieux distingués. Ils peuvent nous être reconnaissants.

mardi 17 mars 2015

Jouons un peu avec les filous !

"Un voleur est un homme rare ; la nature l'a conçu en enfant gâté ; elle a rassemblé sur lui toutes sortes de perfections : un sang-froid imperturbable, une audace à toute épreuve, l'art de saisir l'occasion, si rapide et si lente, la prestesse, le courage, une bonne constitution, des yeux perçants, des mains agiles, une physionomie heureuse et mobile, tous ces avantages ne sont rien pour le voleur, et forment cependant déjà la somme de talents, d'un Annibal, d'un Catilina, d'un Marius, d'un César."

Chers ! Comme vous le constatez, sur ce blog, il va y avoir pleins de jeux ! Ouais ! Le tout sans emprunter d'hélicoptère : profitez-en !

Donc qui a écrit le petit paragraphe là-haut ? Deux tickets de RER pour aller se promener en forêt les 22 et 29 mars pour l'heureux gagnant ! N'utilisez pas Google ou assimilé, c'est trop facile :

- Georges Darien ?



- Donald Westlake ?



- Maurice Leblanc ?



- Honoré de Balzac ?



- Pierre-Joseph Proudhon ?



- Pierre Souvestre et Marcel Allain ?



Voilà, et après le divertissement, à l'ouvrage :

- demain ;

- jeudi ;

- samedi.