jeudi 24 décembre 2020

Joyeux Noël à contre temps

... contre courant et contre emploi, avec notre premier sacquebouteur, il y a déjà plus de cinq ans !


     Et comme je sens que vous aimez les skanks, et pour faire la fête jusqu'au bout de la nuit, on enchaine avec les Wailers (on s'occupera du tromboniste plus tard, vous vous en doutez bien...) !


     Une autre douce nuit avant d'aller au lit, pas reggae, mais putain, sacrément bon tout de même !

lundi 21 décembre 2020

La dose de Wrobly : frimaire 2020 EC


- Bruno Alexandre.- Chroniques d'un incroyant, tome 2.
      J'ai encore appris plein de choses sur la religion en lisant ce tome 2 (pour le tome 1 voir la Dose de fructidor 2020 E. C.). Notamment que l'"Immaculée Conception" n'avait rien à voir avec la virginité de Marie quand elle accouche de Jésus, mais avec le fait qu'elle-même n'a pas été touchée par le péché originel quand sa daronne à elle l'a conçue. Méfions-nous donc quand un journal trouve swag d'ironiser sur la religion par quelques informations parcellaires, de ne point aller ensuite croiser le fer polémique avec des papistes en l'occurrence sans connaître tous les tenants et aboutissants de la question. Aussi je me disais bien que Marie vierge enceinte datait d'avant Jean-Roger Caussimon et surtout d'avant la prononciation solennelle du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854, à mon esprit revenant comme un caillou critique dans ma chaussure conceptuelle ces vers de François Villon :

Envers le fils de la vierge Marie
Que sa grâce ne soit pour nous tarie.



     On apprend encore plein de choses dans ce tome 2 dont nous lûmes le 1er volume en fructidor dernier.


- Jean Barrué.- L'Anarchisme aujourd'hui / Michel Bakounine.- La réaction en Allemagne.
     Après l'hérésie contre le vivant ci-dessus décrite et critiquée par Alexandre Bruno, ces torrents de blasphèmes contre la liberté, l'égalité et la fraternité humaine, la lecture d'une version parmi d'autres de notre catéchisme révolutionnaire fait un bien fou ! Même si on le dévore dans nos pantoufles confinées.


- Lawrence Block.- Le Coup du hasard.
     Qui a tué la souris ? Le rôdeur au pic à glace, comme tout le monde l'a cru ? Ou bien le mari ? la maîtresse ? le voisin ? la sœurette ?... comme essaye de l'éclaircir Matt Scudder huit ans après les faits, en arpentant les cinq "bourgs" du New York du début des 80's. Pas évident quand on n'échappe à la gueule de bois que par une nouvelle biture ! Mais ce sera le dernier opus du Scudder alcoolique pratiquant, dès le prochain il aura rejoint les Alcooliques Anonymes et se contentera de la foi sans les œuvres... Enfin peut-être pas pour moi car je viens de me rendre compte que je me suis trompé dans l'ordre de mes lectures, j'en ai encore un à découvrir qui se passe avant celui-ci, donc en pleine imbibation de notre privé sans licence (ex-keuf, il faut bien le dire...).

mercredi 16 décembre 2020

Les vers pour les nuls

      Bientôt les fêtes de fin d'année. Peut-être l'occasion pour chacun de nous de trousser un compliment en vers au coeur du réveillon familial, entre la polémique sur l'hydroxichloroquine et la voies de faits au sujet de Greta Turnberg...

     Pour vous y aider la Plèbe vous a concoté la fiche de procédure qui va bien.


     Les bouts rimés, même deux à deux, ne sont pas des vers. Il faut que les lignes aient un nombre déterminé de syllabes (ou pieds), si l'on souhaite prendre le nôtre à leur écoute, telles que 6, 8, 10 ou 12, en observant que la syllabe muette qui termine les vers féminins ne compte pas dans le nombre, ainsi que les syllabes qui s'élisent ou se mangent comme dans homme aimable, où les deux syllabes me et ai ne comptent que pour une, et où la syllabe ble,censée à la fin du vers, ne serait pas comptée ; en sorte que, dans le cas supposé, homme aimable, les 5 syllabes ne compteraient en poésie que pour 3.
     Il faut, de plus, pour les vers de 10 ou de 12 syllabes, un hémistiche ou un repos savoir : dans les vers de 12 syllabes, entre la 6ème et 7ème syllabe poétique, et, pour les vers de 10, entre la 4ème et 5ème syllabe aussi poétique.
      Imaginons 4 lignes et cherchons ce qu'elles ont de trop et ce qui leur manque :

En cette magique nuit d'espérance
1     2  3    4  5  6     7      8  9 10
Tontons tâchons, avec tolérance
   1   2     3    4     5  6   7  8   9
Ne point nous foutre au nez le rata
  1      2      3      4       5    6   7  8 9
Pour ou contre Raoult ou Greta
   1     2    3    4 5   6     7      8 9

     Le premier vers a bien dix syllabes poétiques, puisque le ce d'éspérance, syllabe féminine à la fin du vers, ne doit pas être comptée, mais le repos doit être entre la 4e et la 5e syllabe, mais on ne peut pas se reposer sur ma, où le son exige qu'on aille tout de suite, ainsi point d'hémistiche.
     Le deuxième vers a bien un repos suffisant, sur la syllabe chons, mais il n'y a que 9 syllabes.
     Le 3e vers a de même 9 syllabes poétiques (ainsi que le 4e), puisque tre au se mangent ou s'élisent, et par là ne forment qu'une syllabe à elles deux.
     Pour faire de cela, non pas de la poésie, mais des vers, il faudrait dire à peu près :

En ce réveillon d'espérance
Chassons la polémique rance
Ne gâchons pas ce bon rata
Oublions Raoult et Greta

     Ce serait peut-être le cas de dire :

Bon, excellent, quoique mauvais,
Car c'est le coeur qui les a faits.

Pour terminer la Plèbe vous propose un grand concours qui clôturera et couronnera cette belle année en beauté : composez-vous même et envoyez-nous un quatrain en sexto, octo, nono, déca ou dodécasyllabe, sur le thème des réjouissantes fêtes de fin d'année 2020. Le meilleur sera publié ici même !


     Et puisque nous associons poésie, enfance et solstice d'hiver, voici la grande Anne Sylvestre (1934-2020), dans une chanson issue d'un disque qui illumina mon enfance dont chaque piste reste profondément ancrée dans ma mémoire et dans mon cœur, comme des madeleines miraculeuses (comme il peut m'arriver de mélanger les tons et vues mes élucubrations ultérieures, je précise que cette phrase n'est absolument pas ironique et est à prendre littéralement au pied de la lettre). Cette chanson évoque un conte qui fut longtemps raconté aux enfants en cette période d'installation parmi nous de sieur Hiver. En voici l'argument : les deux amants palestiniens Marie et Joseph, ayant beaucoup fait l'amour au début du printemps, se retrouvent fort émus par l'arrivée d'un bébé prévu pour les débuts des temps de bise. C'est la loi de la vie, tragique ou merveilleuse selon les points de vue et les circonstances, mais c'est la loi. Marie perdit les eaux à Bethléem, en Cisjordanie. Le couple était descendu dans le sud pour les vacances depuis Nazareth, en Galilée, où Joseph bossait dans la charpente. Quant à Marie, tout juste sortie de l'école, elle était demandeuse d'emploi. Arrivés au village de vacances, catastrophe, la famille apprend que le roi de Cisjordanie, Hérode, le despote du coin à la botte de l'Empire colonisateur du Proche-Orient, Rome ; qu'Hérode, donc, ayant appris par un de ses devins (pas plus superstitieux qu'un tyran), qu'un leader nationaliste allait naître pendant cette période, avait ordonné le meurtre de tous les bambins de moins de deux ans. Un genre de Pétain, l'Hérode, pour vous situer, collabo et assassin d'enfants. Heureusement, Jésus (le bébé, qui finalement deviendra un galvanisant compagnon internationaliste quelques années après) et ses parents furent sauvés par l'intervention de trois sous-prolétaires cosmiques : Croquignole, le roi de la cambriole, Ribouldingue, le seigneur des pick-pockets, et Filochard, empereur de l'escroquerie. Il ne m'appartient pas de vous révéler par quels subterfuges la fine équipe échappa aux soldats d'Hérode, ni comment ils rentrèrent sains et saufs en Galilée afin d'y laisser mûrir le fabuleux destin révolutionnaire de l'enfant. L'histoire du compagnon Jésus, du début à la fin, n'est-elle pas écrite dans les chroniques anarchistes ?

jeudi 10 décembre 2020

Sacqueboute XLVIII : Jörgen van Rijen

      Le trombone a très vite attiré les compositeurs, beaucoup plus que le cor ou la trompette, et ceci pour une raison très précise : il a longtemps été le seul cuivre a pouvoir jouer toutes les notes, les 12 notes de la gamme chromatique, alors que pour ses deux collègues sus-cités il a fallu attendre le XIXème siècle et l'invention du... piston !

      L'un des plus grands trombonistes de notre époque (version classique) est Jörgen van Rijen, trombone solo du Concertgebouw d’Amsterdam depuis 1997 et tous les étés au premier pupitre des trombones du festival de Lucerne depuis l'époque de Claudio Abbado. Il s'intéresse à tous les instruments, y compris l'ancêtre du sien, la sacqueboute. Et quand il compare les deux, il explique qu'il aime la légèreté et l'agilité de celle-ci due au fait qu'elle demande beaucoup mois de prise d'air, et donc de souffle que sont robuste descendant.

      A l'époque classique il y a des musiques composées pour sacqueboute / trombone solo, même des concerti, entre autre de... Leopold Mozart (le papa...), comme le prouve ici l'allegro du concerto en ré majeur pour trombone et orchestre, joué avec souplesse et dextérité par Jörgen van Rijen sur une sacqueboute.


Priviouslillonne Sacqueboute :
La Belle image
Kropol
les sacqueboutiers de Toulouse
Tintin
Wycliffe Gordon
Donald
Robinson Khoury
Willie Colon
Sébastien Llado
Mathias Mahler
Charles Greenlee
Dick Griffin
Guive
Voilà du boudin
Bruce Fowler
Glenn Miller
Nils Landgren
Grachan Moncur
Le Trombone illustré
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory

mardi 1 décembre 2020

Sacqueboute XLVII : la Belle image

   En général les fanfares, d'un point de vue chorégraphique, c'est plutôt le degré zéro. Les musicos se mettent là où ils peuvent, vaguement par instrument, si on a de la chance en un continuum qui part des graves aux aigus. Certaines tentatives plus ou moins pathétiques les fait bouger un peu d'une jambe sur l'autre, pour accompagner le groove de leur prestation, s'il y en a, mais ça reste assez limité. 

   Ici on a une fanfare (orléanaise et spécialisée dans la cumbia, des choses comme ça...), qui propose des chorégraphies limite acrobatiques et au cordeau, parties prenantes de ses jeux de soufflants ou de frappants. Ca donne un résultat parfois incroyable, avec des trombonistes, entre autres, qui jonglent avec leur cuivre comme s'il s'agissait d'épées, de quilles, de rubans ou de flammes. Et même sans virtuosité gestuelle ou sportive, la danse est toujours là et le spectacle inattendu et insolite. On est chez les saltimbanques ! 




Priviouslillonne Sacqueboute :
Kropol
les sacqueboutiers de Toulouse
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jeudi 26 novembre 2020

Le confinement, technique de domination

    (Isabelle et ses élèves sont en classe promenade lorsque survient l’Inspecteur Blanquer…)

- L’INSPECTEUR BLANQUER : Entrez les élèves… (Elles rient.) Pourquoi rient-elles ?
- ISABELLE : C’est que vous dites : Entrez, et qu’il n’y a pas de porte.
- L’INSPECTEUR BLANQUER : Cette pédagogie de grand air est stupide, le vocabulaire des inspecteurs y perd la moitié de sa forme… (Chuchotements) Silence, là-bas ! Mademoiselle, vos élèves sont insupportables !
- ISABELLE : Comment les punirais-je ? Avec ces classes de plein air, il ne subsiste presque aucun motif de punir. Tout ce qui est faute dans les classes devient ici initiative et intelligence. Punir une élève qui regarde au plafond ? Regardez-le, ce plafond !
- L’INSPECTEUR BLANQUER : Justement ! Le plafond dans l’enseignement doit être compris de façon à faire ressortir la taille de l’adulte vis-à-vis de la taille de l’enfant. Un maître qui adopte le plein air avoue qu’il est plus petit que l’arbre, moins corpulent que le bœuf, moins mobile que l’abeille et sacrifie ainsi la meilleure preuve de sa dignité.

Jean Giraudoux.- Intermezzo


L'inspecteur Blanquer terminant son inspection


ANNONCE

La revue de littérature prolétarienne Fragments vient de paraître. Plus d'infos ici.

Le déconfinement bon

vendredi 20 novembre 2020

La dose de Wrobly : brumaire 2020 EC

- Célestin Freinet.- Pour l'école du peuple.
INVARIANT n° 4 :
Nul - l'enfant pas plus que l'adulte - n'aime être commandé d'autorité.
[...]
INVARIANT n° 6 :
(découlant des précédents)
Nul n'aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C'est la contrainte qui est paralysante.

- Georges Simenon.- Au rendez-vous des Terre-Neuvas.
   Seulement Maigret avait hâte d'être ailleurs ! Et il y avait ce nez ! Et une certaine emphase de petit-bourgeois qui s'écoute parler. [...] On sentait trop la boutique de Quimper, les discussions ayant précédé le départ, les cancans des voisins.[...] Et Maigret, en la regardant, l'imaginait telle qu'elle serait dix ans plus tard, avec les mêmes traits que son père, un air un peu sévère, bien fait pour en imposer aux clients du magasin. [...] Il aperçut sur son seuil un marchand de cordages. C'était un homme jeune encore, très grand, qui commençait à prendre du ventre. [...] Et l'homme [...] ne reconnut pas Maigret qui, d'ailleurs, hâta le pas, détourna la tête et esquissa une drôle de moue.

   Un chouette polar, dans la continuité de mon intégrale Maigret, bien glauque, qui pourtant se déroule en juin dans une station balnéaire, Fécamp (c'était avant que les centrales nucléaires envahissent la Normandie, interdisant par là toute tentation romantique associée à cette belle mais condamnée région). Une critique : la femme fatale, prostituée, est trop caricaturale, l'auteur insiste trop sur sa vulgarité, sa gouaille, son toupet, un peu à la Arletty. Du coup je ne suis pas du tout parvenu à l'imaginer et à la ressentir comme femme fatale, vénéneuse, ensorcelant et rendant quasi fous deux ou trois bonshommes de la fiction.
- Marcel Aymé.- Vagabondages.
   Marcel Aymé (avec les défauts que nous lui connaissons et ses amitiés nauséabondes) avait pourtant découvert très en avance pourquoi la France du COVID 19 se révélait la féconde matrice d'une certaine catégorie de rebelles que nous vomissons ici - un nom à la mode revient souvent chez les critiques révolutionnaires libertaires-égalitaires (mon parti de coeur et d'esprit même si, malheureusement, fort peu d'action), et je le cite pour paraître à la page même si je ne sais pas c'est qui et ne l'ai jamais entendu beugler : Ivan Rioufol, par exemple. Mais il y en a d'autres. Voici leur motivation essentielle : 

Il était pour [...] le respect des libertés qui permettent aux personnes fortunées de jouir tranquillement de leurs biens et prérogatives. (Article Aristophane). 

   Pour finir confessons que tout cela est du réchauffé, j'ai déjà lu la plupart de ces articles. Mais je me suis juré de râcler les fonds de tiroirs de ma bibliothèque de près d'attache concernant Marcel, je le fais donc, fidèle en cela à ma maniaquerie légendaire. 
 
 - Choderlos de Laclos.- Poésies.
   Le poème dont vous trouverez un extrait ci-dessous, irrita la comtesse Du Barry (Jeanne Bécu, la dernière favorite du roi Louis XV de 1768 à 1774, guillotinée le 8 décembre 1793 à Paris) car elle se sentait visée (voir la fin du morceau choisi). Mais l'épitre dans son ensemble est un éloge des amours roturières (Brassens n'est pas loin), ou, pour être honnête, plutôt ancillaires, ou prostituaires... : de nos jours nous devons réviser le lecture de nos écrivains libertins favoris à l'aune de la prise de conscience qu'apporte le féminisme, "Balance ton porc", l'exposition des violences de genre et autres féminicides, la critique du système prostitutionnel... et c'est une très bonne chose. Mais parfois j'aime à rêver, moi qui n'ai plus aucune activité de ce type, que ces amours furent parfois partagées, respectueuses de chacun(e)s, librement désirées sans arrière pensée d'obéissance, de survie, de protection... 

Mais Margot a de si beaux yeux
Qu'un seul de ses regards vaut mieux
Que fortune, esprit et naissance.

[...]
Non, l'aimable enfant de Cythère
Craint peu de se mésallier :
Souvent pour l'amoureux mystère,
Ce Dieu, dans ces goûts roturiers,
Donne le pas à la Bergère,
En dépit des seize quartiers.
Eh ! qui sait ce qu'à ma maîtresse...
Garde l'avenir incertain ?
Laissez la devenir catin
Et bientôt son heureuse adresse
Saura corriger le Destin.




NECROLOGIE
 
Discret hommages à deux écrivains plutôt chers à ce blog et morts récemment. Comme d'habitude, ne lisant que des mensuels sur arbres morts, et ne sacrifiant pas aux chaînes en continu et sites d'info et d'intox de l'oligarchie, je suis un peu en retard. Une des particularités de ces deux écrivains est que je n'ai rien lu d'eux, mais j'en ai chié entendu parler.

- Michel Ragon : 24 juin 1924, Marseille - 14 février 2020, Suresnes.
A priori, comme pour notre ami Jimmy Gladiator, les ratichons ont confisqués et se sont attribués son cadavre, puisqu'on l'enterra à l'église Sainte Eustache à Paris.

- David Graeber : 12 février 1961, New York - 2 septembre 2020, Venise.

dimanche 15 novembre 2020

Vers l'autonomie alimentaire en brumaire

C'est chez la maman de Wroblewski

Andilly (95) le 07/11/2020

Rien à faire, à part cueillir, ça tombe bien, maman déteste jardiner (pas bien pour l'autonomie !)

"Voici des fruits [...], des feuilles et des branches". Paul Verlaine.

"Les sanglots long etc." Le même.

"Moisson kaki". Librement inspiré de Dashiell Hammett.

Plus qu'à étendre l'expérience au collectif, en diversifiant les cultures, et récupérant les terres confisquées et vitrifiées : plus un centime pour les supermarchés ! Plus un euro pour les magasins bio capitalistes !

PS : Manger un kaki pas mûr, c'est se retrouver avec la sensation d'avoir la muqueuse buccale asséchée et craquelée, c'est astringent (j'aime bien ce mot, mais je ne sais pas s'il est tout à fait adapté au sens que j'aimerais lui donner ici). Pour faire mûrir votre kaki et en faire la nourriture non violente délicieuse, sucrée et juteuse qu'elle peut devenir, confinez-le dans un sac en plastique avec une pomme (environ une pomme pour trois kakis), attendez environ une semaine, quand le kaki est mou, dégustez. Révolution !

mercredi 11 novembre 2020

L'art de la litote

   Nouvelle étape au XIXe siècle : l'instruction du peuple devint une nécessité économique. Le capitalisme triomphant institua donc l'école publique qui fut, elle aussi, durant une période du moins, adaptée aux buts spéciaux qui l'avaient fait naître. Il ne s'agissait point, au fond - et quels que fussent les théories et les discours des universitaires idéalistes - d'élever le peuple, mais de le préparer à remplir avec plus de rationnelle efficience les besognes nouvelles que le machinisme allait lui imposer. Lire, écrire, compter, devenaient les techniques de base sans lesquelles le prolétaire n'était qu'un ouvrier médiocre. Et, dans le même temps, les rudiments de la littérature, d'enseignements géographique, historique, scientifique et moral devaient parfaire l'adaptation de l'individu au cadre étroit de son nouveau destin économique.
   Cette adaptation était à peu près parfaite dans la période 1890-1914. Le peuple lui-même était apparemment satisfait et même quelque peu fier d'une école qui faisait de se fils des "savants". Les philosophes exaltaient les vertus de la raison et de la science, ces nouveaux dieux ; la patrie semblait solidement cimentée et les marchands de tout poil faisaient en toute sécurité de bonnes affaires.
   Le charme fut pourtant rompu et l'escroquerie macabre de 1914-1918 y contribua largement.
Célestin Freinet.- Pour l'école du peuple.

- Très surfait finalement, leur capitalisme. Ça a fait un flop.
- Oui, je suis déçu, déçu, déçu !
- Les vertus de la raison et de la science, qu'ils disaient, faire de nos fils des savants, qu'ils disaient !
- Lol ! ça a fait long feu...

samedi 31 octobre 2020

Sacqueboute XLVI : Kropol

    Pierre Gauthé est un tromboniste et guitariste français surnommé Kropol.


   Trombone du groupe Têtes Raides, il est également derrière la console pour l'enregistrement de l'album Not dead but bien raides. C'est à un concert de Têtes Raides que Manu Chao et Daniel Jamet l'invitent à rejoindre en 1989 la Mano Negra. Il y restera jusqu'à leur séparation en 1994. Par la suite il crée son groupe, Kropol et ses amis. Il poursuit sa route avec différents groupes comme l'Occidentale de Fanfare, les Castafiore Bazooka, P18, Edgar de l'Est et Les Escrocs avant de rejoindre définitivement les Têtes Raides à partir l'album Fragile. 



   Allez, un peu d'intimité, parce que s'il s'agit seulement de faire du copier-coller à partir de Wiki, un blog n'a que peu d'intérêt. Sachez que Wroblewski éprouve une tendresse particulière pour les Têtes raides. Pourquoi ? Il les a écoutés vers la fin de sa cuite d'environ 15 ans, sans savoir que c'était eux. En fait il avait piqué une cassette à son frère, néo-breton fêtard bien intégré des Côtes d'Armor très au fait de l'actualité musicale populaire de la jeunesse, contrairement à lui, Wrobly, resté bloqué sur Léo Ferré et la chanson rive gauche. Il ignorait quels artistes s'exprimaient sur cette cassette, avait vaguement cru que la face A était occupée par un groupe de rock armoricain, Casse pipe ou quelque chose comme ça. Cela ne l'empêcha pas de l'écouter, peut-être pas en boucle, mais souvent, à l'époque sa discothèque n'était pas si fournie dans son rez-de-chaussée solitaire de la Porte de Clichy, et internet n'existait pas encore, du moins pas chez lui. Il s'est avéré, mais il ne l'apprit que bien plus tard, après avoir repris forme humaine, tout l'éthanol évaporé, qu'il y avait les Têtes raides en face A, et Mano Solo, le fils du lieutenant du patron de presse réac Philippe Val en face B. Très noir, ce Solo, rien à voir avec la gouaille bon enfant de Han, pas fait pour tirer vers le haut un alcoolique dépressif solitaire, mais W. en a gardé tout de même, et peut-être pour cela aussi, cet écho d'une période de sa vie infernale mais perdue à jamais, un grand attachement aussi. Les Têtes raides, en revanche sont plutôt optimistes, en général (pas dans la reprise du magnifique poème de Stig Dagerman Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, certes), dynamiques, entraînants, même si les sujets évoqués peuvent être graves. Par la suite, W. s'est procuré un certain nombre de leurs albums et les écoute toujours avec plaisir. Il ne les a en revanche jamais vus en concert. Quand à Kropol, il ignorait jusqu'à ce jour son existence. Il remercie donc Dror du blog Entre les oreilles (voir ci-contre) de le lui avoir fait connaître. 
 


Priviouslillonne Sacqueboute :
Les sacqueboutiers de Toulouse
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Willie Colon
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Voilà du boudin
Bruce Fowler
Glenn Miller
Nils Landgren
Grachan Moncur
Le Trombone illustré
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory

mardi 20 octobre 2020

La dose de Wrobly : vendémiaire 2020 EC


- Raul Ornelas Bernal.- L'Autonomie, axe de la résistance zapatiste.

   La formation et le fonctionnement des communes autonomes rebelles zapatistes (Municipios Autonomos Rebeldes Zapatistas, Marez) illustrent l'envergure de la lutte zapatiste sur le terrain de la transformation sociale. Ces municipalités rebelles reposent sur un regroupement territorial qui tient compte de liens historiques divers : l'appartenance à une ethnie, les travaux communautaires, la situation géographique, les relations d'échange. A la différence des divisions territoriales arbitraires des communes "officielles", les communes rebelles sont le résultat des affinités existant chez leurs habitants. Une telle rupture constitue un défi radical lancé au pouvoir, en ceci qu'il fait passer le conflit de la sphère politique à la question primordiale du contrôle du territoire. Les hauts magistrats les plus rétrogrades, au niveau local comme dans l'ensemble du Mexique, ont voulu répondre à ce défi en invoquant le "séparatisme" et les dangers d'une balkanisation que représente selon eux cette exigence d'autonomie. Il n'est donc pas inutile de rappeler que les zapatistes luttent "pour être reconnus comme indigènes et comme Mexicains".
 
Se lit en consommant la bonne came mexicaine
 
Pour des textes plus récents (j'ai toujours un paquet de trains de retard, un vrai escargot), lire aussi ici et/ou . Egalement des idées de sorties et un vaste choix de loisirs.

Soutien inconditionnel.

- Antoine de Baecque.- Le Club des péteurs.

Pour décompresser, même si un peu court et futile face au magnifique exemple d'humanité telle qu'elle devrait être évoquée supra, et quand il nous incombe plus que jamais de souffler nous-mêmes notre forge.

mercredi 14 octobre 2020

Conjonction Vénus - Uranus régie par Stercus

 Un gaz associé à la vie découvert sur Vénus.
The World News

    

Sandro Botticelli.- La Nascita de Venere


   La belle [...] se dégagea encore en criant : "Non, tu ne me la mettras pas..." Mais en faisant ce mouvement, elle lâcha un pet, non pas un pet vulgaire, mais un pet au son cristallin qui provoqua chez elle un rire violent et nerveux. Sa résistance alors se relâcha, ses cuisses s'ouvrirent...
Guillaume Apollinaire.- Les Onze mille verges.



Idée volée à un dessin de CQFD d'octobre 2020.

jeudi 8 octobre 2020

Amusette

     7000 tonnes de fer furent employées, 7 000 000 de kilogrammes.
   Pour montrer l'économie judicieuse, on suppose la Tour réduite à trente centimètres de hauteur, en conservant le même rapport du poids à sa dimension. Elle devrait alors peser 7 grammes, le poids d'une feuille de papier à lettres.
   Un cylindre, dont la base envelopperait les quatre pieds de la Tour, et la contiendrait en entier dans sa hauteur, engloberait un volume d'air dont le poids serait supérieur à celui de l'acier employé.
   Enfin la masse du fer, fondue en une plaque uniforme, couvrant le carré formé par la base, de 125 mètres de côté, n'aura plus qu'une épaisserur de 6 cm.
Raymond Duchamp-Villon.


   Alors je pose la question : qu'est-ce que ça peut foutre ?

vendredi 2 octobre 2020

Sacqueboute XLV : les sacqueboutiers de Toulouse

   Révision : le roi des cuivres graves est un des instruments les plus anciens, on le trouve dès le XVème siècle, ou plutôt son ancêtre, la sacqueboute (sacquer et bouter = tirer et pousser), déjà avec un long tuyau courbé dont une partie repose sur l'épaule et une coulisse que l'on actionne. Très important à toute l'époque Renaissance et baroque pour la musique religieuse (que des mécréants comme nous peuvent aujourd'hui kiffer par pure concupiscence de bêtes sécréteuses de désir que nous sommes, tout en nous exaltant des émotions intimes, humaines ou cosmiques qu'elle peut nous procurer). Par exemple à Venise où il se mêle au cornet pour créer un véritable cœur de cuivres. 

Écoutons le en 2014 dans cette Canzon à huit n°8 pour ensemble de cuivres de Giovanni Gabrieli par les Sacqueboutiers de Toulouse.


Priviouslillonne Sacqueboute :
Tintin
Wycliffe Gordon
Donald
Robinson Khoury
Willie Colon
Sébastien Llado
Mathias Mahler
Charles Greenlee
Dick Griffin
Guive
Voilà du boudin
Bruce Fowler
Glenn Miller
Nils Landgren
Grachan Moncur
Le Trombone illustré
Bettons Tenyue
Watt
Curtis Hasselbring
Steve Turre
Les trois trombonistes de Marc Ducret
Yves Robert
Daniel Casimir
Gary Valente
Chicago
Moon Hooch
Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory

jeudi 24 septembre 2020

La dose de Wrobly : fructidor 2020 EC

   Pendant l'été Wrobly a fait un sort au tome 1 des Mémoires de Saint-Simon dans la Pléiade et au tome 1 de la correspondance de Baudelaire dans la même collection. Il est d'autre part toujours en cours de lecture de L'Art japonais. Mais comme ces trois pavés sont déjà apparus précédemment dans cette rubrique, il ne les mentionne qu'en passant, pour vous dire qu'il n'a pas chômé, et qu'il ne chôme toujours pas, malgré confinement, travail à domicile et congés estivaux.

   Ce dernier mois il est revenu à des choses un peu plus easy reading.

- Bruno, Alexandre.- Chroniques d'un incroyant


- Block, Lawrence.- Au cœur de la mort (In the Midst of Death), 1977. 


- Gotthold Meyer, Alfred .- Construire en fer : histoire et esthétique (Eisenbauten : ihre Geschichte und AEsthetik), 1907.


   Bonnes lectures !

lundi 14 septembre 2020

Le retour ?

Salut à tous.

Avec tous ces bouleversements de nos petites habitudes depuis plus de six mois, j'allais dire neuf avec les grèves, je ne parviens plus à tenir ce blog régulièrement. La raison en est qu'il est à 95 % perruqué, c'est à dire réalisé sur mon temps de travail avec les outils et machines appartenant à mon employeur, ne le répétez pas. Là, le temps perdu qui ne revient plus est mis à contribution pour créer ce machin foutraque, voir baroque.

Or, depuis que l'enfermement au bureau n'est plus la norme, débrayages et pandémie obligent, je suis retourné à la vraie vie, et même si je suis équipé à la maison, je ne vais pas vous mentir, et que je suis moi aussi tombé dans le piège du téléphone intelligent depuis mon voyage au Japon de l'an dernier, il n'est pas dans mon intention de vous raconter des craques, j'ai beaucoup de mal à me mettre face à l'écran pour bidouiller mes petits articules. Parce que je suis mieux au lit avec un bouquin et du jazz, ou à côté d'icelui l'embouchure de mon trombone en bouche. De toute façon ma petite famille squatte la télé, qui jouxte l'ordinateur, et le bruit de ce terminal précisément (le téléviseur) m'insupporte comme je gênerais leur visibilité assis entre leur fiction flicaillère et le canapé sur lequel ils végètent. Nous logeons plutôt humblement.

Et puis, avec le temps, l'angoisse de la page blanche...

Alors en attendant mon prochain post, qui traitera soit de mes dernière lectures, soit d'un tromboniste quelconque, je vous invite à découvrir le tout nouveau blog de mon ami luddiste Luud. Au menu : anarchie, décroissance, DIY, nature, on aura peut-être même droit à du punk... Soyez indulgents, il débute. Si vous avez des conseils ou des trucs à lui refiler, je pense qu'il saura en faire bon usage... Pour commencer, ce qui m'a sauté aux yeux : comment supprimer les verrues publicitaires, par exemple cette hideuse Fiat Tipo roulant sur un ruban de goudron au milieu d'un désert sans arbres, dans un article consacré justement à la défense de nos amis feuillus ou résineux ?

  Allons, debout les filles et les gars, jetons nos vieux sabots, marchons, marchons Au bonheur sauvage de l'autonomie sociale !
 

 



mercredi 1 juillet 2020

La dose de Wrobly : prairial 2020 EC


   - André Breton.- L'Amour fou.
   Je lis André Breton ! J'avais jusqu'à ce jour raté ce pilier, ce jalon du jaillissement de l'art dans la vie, du désir de transformer le monde, de l'attention aux dimensions infinies des univers extérieurs et intérieurs. Raté peut-être à cause de sa réputation de petit pope. Son homophobie également... Évidemment j'étais plus attiré par Benjamin Péret, René Crevel... Mais je ne pouvais pas passer ma vie sans approcher de plus près son aura. C'est en cours. Curiosité ! Immense intérêt ! Joie ! Passion !  Nouvelle plongée dans la fantastique épopée surréaliste ! Je le suis très concrètement dans ce petit livre au cours de ses recherches de la beauté, de l'illumination, de ces instants magiques ou les hasards de la vie semblent répondre à des aspirations intérieures, inconscientes ou pas, au marché au puces avec Giacometti par exemple... J'espère être au début d'une découverte complète de l’œuvre, et d'une alchimie consécutive dans ma vie et son environnement !

L'ami Jimmy Gladiator, passé récemment de l'autre côté du miroir, et pour qui Breton était un mentor-camarade, est un de ceux qui m'ont donné le plus envie de le lire, malgré mes préjugés.

La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas.

   - Anarchie et cause animale.
   Proudhon, Bakounine, Michel, Reclus, Kropotkine. Je n'avais jamais lu Reclus. Je le préjugeais gentillet. Mais maintenant que je deviens gentillet avec l'âge, j'aime beaucoup, un peu vieilli, évidemment. Bien moins mâle dominant, "superhomme", que Proudhon, plus doux, végétarien mais pas moins radical. Et poétique dans son énumération des merveilles de la nature et de la vie sauvage à la surface du globe, malheureusement en cours d'extermination.

   Et plus l'homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent.
[...]
   On m'a souvent accusée de plus de sollicitude pour les bêtes que pour les gens : pourquoi s'attendrir sur les brutes quand les êtres raisonnables sont si malheureux ?
   C'est que tout va ensemble, depuis l'oiseau dont on écrase la couvée jusqu'aux nids humains décimés par la guerre.
Louise Michel.

Tranquillou sur le balcon du dessus. Cela fait des années qu'elles sont des milliers à habiter ma résidence de la banlieue nord de Paris, tous les étés.
Le berger quichua, parcourant le plateau des Andes en compagnie de son llama de charge, n'a point tenté d'obtenir l'aide de l'animal aimé autrement que par des caresses et des encouragements : un seul acte de violence, et le llama, outragé dans sa dignité personnelle, se coucherait de rage pour ne plus se relever. Il marche à son pas, ne se laisse jamais charger d'un fardeau trop lourd, s'arrête longtemps au lever du soleil pour contempler l'astre naissant, demande qu'on le couronne de fleurs et de rubans, qu'on balance un drapeau au-dessus de sa tête, et veut que les enfants et les femmes, à son arrivée dans les cabanes, le flattent et le caressent.
Élysée Reclus.

Quand lama fâché, lama toujours faire ainsi.

lundi 22 juin 2020

Si même les papistes le disent...

Les amis de Monsieur de Cambrai* s'étaient flattés que le Pape, charmé d'une soumission si prompte et si entière, et qui avait témoigné plus de déférence pour le Roi que tout autre sentiment dans le jugement qu'il avait rendu, le récompenserait de la pourpre ; et en effet il y eut des manèges qui tendaient là. Ils prétendent encore que le Pape en avait envie, mais qu'il n'osa jamais, voyant que depuis cette soumission sa disgrâce n'était en rien adoucie. Le duc de Béthune, qui venait toutes les semaines à Versailles, y dînait assez souvent chez moi, et ne pouvait, avec nous, s'empêcher de parler de Monsieur de Cambrai : il savait qu'il y était en sûreté, et, outre cela, mon intimité avec M. de Beauvillier. Cette espérance du cardinalat perdue, il se lâcha un jour chez moi jusqu'à nous dire qu'il avait toujours cru le Pape infaillible, qu'il en avait souvent disputé avec la comtesse de Gramont, mais qu'il avouait qu'il ne le croyait plus depuis la condamnation de Monsieur de Cambrai ;

Ce nazi, infaillible ?

il ajouta qu'on savait bien que ç'avait été une affaire de cabale ici, et de politique à Rome, mais que les temps changeaient, et qu'il espérait bien que ce jugement changerait aussi et serait rétracté, et qu'il y en avait de bons moyens pour cela.

Ce agent pandémique, qui mettait la capote à l'index plutôt que sur sa Sainte Verge toute flapie par la débauche, infaillible ?

Nous nous mîmes à rire, et à lui dire que c'était toujours beaucoup que ce jugement l'eût fait revenir de l'erreur de l'infaillibilité des papes, et que l'intérêt qu'il prenait en l'affaire de Monsieur de Cambrai eût été plus puissant à lui dessiller les yeux que la créance de tous les siècles, et tant et tant de puissantes raisons qui détruisaient ce nouvel et dangereux effet de l’orgueil et de l'ambition romaine, et de l'intérêt de ceux qui le soutenaient jusqu'à en vouloir faire un pernicieux dogme.


De quoi dégueuler, vraiment !



* Fénelon.