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mardi 12 janvier 2021

Sacqueboute XLIX : Kronstadt

   La révolte des marins de Kronstadt, contre le pouvoir bolchevique se déroula en Russie soviétique en mars 1921 : il y aura donc 100 ans en mars prochain ! Saurons-nous fêter comme il se doit ce centenaire, deux semaines avant le cent cinquantenaire de la Commune de Paris ?

    L'insurrection de Kronstadt est le dernier grand mouvement contre le régime bolchevique sur le territoire russe pendant la guerre civile et la plus importante manifestation ouvrière d'opposition au léninisme. 

   En 1917, les marins de Kronstadt sont à l'avant-garde, « foyer le plus ardent de la révolution d'octobre ». 

   En 1921, les marins, soldats et ouvriers de Kronstadt, y compris de nombreux communistes déçus par la direction du gouvernement bolchevique, exigent une série de réformes et rejoignent les revendications des ouvriers de Petrograd en grève : élections libres des soviets, liberté de la presse et de réunion pour toutes les forces socialistes, suppression des réquisitions, libre partage des richesses.

   Dénonçant la dictature des commissaires bolcheviques, les insurgés revendiquent la démocratie ouvrière et paysanne confisquée par le Parti communiste : « Tout le pouvoir aux soviets et non aux partis ». 

   Isolée du continent, cette révolte spontanée débute le 1er mars 1921 et est écrasée militairement deux semaines plus tard, le 18 mars, par l'Armée rouge, sur ordre de Trotsky.

    En hommage aux insurgés, voici un concerto de trombone composé par un officier de marine, Nikolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov, dont l'un des postes occupé était celui d'inspecteur des orchestres militaires. Ce concerto a la particularité d'avoir été écrit pour orchestre militaire. Certes, à la Plèbe nous abhorrons l'armée, c'est un de nos fondamentaux. Mais pourquoi ne pas rêver qu'un ou plusieurs des marin musicien ayant participé à la création ce concerto en 1878 à la base navale de Kronstadt, ait pu participer à la mythique mutinerie 43 ans plus tard ? Car c'est bien là, à la base navale de Kronstadt, qu'il fut créé ! 

   Écoutons donc ce concerto pour trombone de Rimsky Korsakov.


SACQUEBOUTE
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lundi 4 janvier 2021

Il nous a raconté Makhno


ALEXANDRE SKIRDA, 1942 - 2020.


- L’Insurrection de Kronstadt la rouge, 1971.
- Kronstadt 1921 : prolétariat contre bolchévisme.- Tête de feuille, 1971. Réédité en 2012 dans une version augmentée sous le titre Kronstadt 1921 : prolétariat contre dictature communiste. Réédité en 2017 par les éditions Spartacus sous le titre de Kronstadt 1921: soviets libres contre dictature de parti.
- « Les anarchistes russes et les soviets », in Autogestion et socialisme, repris par les éditions Spartacus, 1973.
- Les Anarchistes dans la Révolution russe.- Tête de feuilles, 1973.
- Autonomie individuelle et force collective : les anarchistes et l’organisation de Proudhon à nos jours.- Spartacus, 1987.

- Nestor Makhno, le cosaque de l’Anarchie, la lutte pour les soviets libres en Ukraine 1917-1921.- éd. A. S., 1982 ; deuxième édition, Les Cosaques de la liberté, Nestor Makhno et la guerre civile russe.- J.C. Lattès, 1985 ; troisième édition revue et augmentée : Nestor Makhno, le cosaque libertaire (1888- 1934). La guerre civile en Ukraine, 1917-1921.- Les Éditions de Paris, 1999 ; 4e édition, 2005 ; 5e édition, Spartacus, 2020.
- Les Anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917.- Spartacus, 2017.
- La traite des Slaves : l'esclavage des Blancs du VIIIe au XVIIIe siècle.- Les éditions de Paris, 2010 ; deuxième édition revue et augmentée, Vetché, 2016, 2019.
- Les Russies inconnues, Rouss, Moscovie, Biélorussie, Ukraine et Empire russe : des origines, 862, à l'abolition du servage, 1861.- Vétché, 2014.
- Un plagiat « scientifique » : le copié-collé de Marx. Victor Considerant, Le Manifeste de la démocratie (1843) ; Karl Marx, Le Manifeste communiste (1848).- Vétché, 2019.

mercredi 12 octobre 2016

Hooligans !

   Pareillement, Doubenka, cette année en janvier, ce qui s’est passé pour Palach, […] il s’était fait brûler ne trouvant que ce seul moyen de protester contre les armées amies qui en ce mois d’août étaient venues occuper sa République ; moi aussi j’ai eu droit à ma ration de gaz lacrymogène, là-bas, au bout de la rue Mustek et de plus, comme les reporters de la radio passaient en demandant aux gens : Que dites-vous des provocations de ces hooligans sur la place Venceslas et ailleurs ? moi j’ai eu l’honneur de dire aux reporters, […] Là vous tombez bien, car à la base de ma poétique et de ma vie, il y a trois hooligans… Serge Essenine, Vassili Choukchine, et Vladimir Vissotski ! Des Hooligans ! vous dites n’importe quoi… […]

Vidéo empruntée ici.

   Chère Doubenka, lorsque tombera la neige, nous irons ensemble à Moscou, elle est belle Moscou dans la neige jusqu’aux seins ! Une fois encore la laure de Drevykov sera suspendue au ciel, ces tonnes de pierres auront l’air d’être en papier crépon ! Nous en ferons le tour puis nous reviendrons sur nos pas, une ronde tout autour du Kremlin ! […]

Chanson piquée .

Mais nous irons à la laure de Drevykov, nous achèterons quatre petits bouquets, dès la grille du cimetière on voit des jeunes qui se mettent en rang, dès la grille ils arborent leur masque de douleur, à peine franchie la porte, nous y voilà ! Près de la porte gît Vladimir Vissotski avec sa guitare et des chevaux cabrés au-dessus de lui, à ses pieds des milliers de fleurs si belles dans la neige épaisse ! Et sa progéniture endeuillée ! Ses enfants, […] ceux qui l’aimaient et qui lui sont reconnaissants ainsi qu’ils l’ont écrit avec des cailloux sur la neige… Merci d’avoir vécu, tu resteras avec nous à jamais… Moi, Doubenka, j’ai pleuré… Doubenka, j’ai pleuré derechef en voyant le monument de marbre de M. Serge Essenine… ces brassées de fleurs et un énorme matou bleu gardien de la Russie bleue… et ma petite tête bouclée, ces soirs de lune, ces soirs bleus, autrefois j’étais jeune et tout était différent… C’est là, Doubenka, que nous irons et je vous réciterai ses poèmes sur la lune, sur tous ses merisiers et bouleaux et sur la malheureuse koulak Anna Sneguina…

Poème mis en musique carotté dans ces parages

Puis nous irons nous incliner, offrir un bouquet à un autre gisant, mais M. Chouchkine est couché sous un couvercle de plastique, pour que les fleurs ne prennent pas froid, on soulèvera le couvercle, et hop, au chaud le bouquet, nous regarderons la photo de ce soulographe aussi génial que les deux autres, nous nous inclinerons devant les restes d’une viorne rouge qui monte la garde à la tête du tombeau… on raconte que lorsque le malheur est arrivé, lorsqu’il est mort, les viornes étaient en fleur à Moscou et que son cercueil était tout couvert de fleurs rouges… car pour les Russes un poète est un prophète, un barde… […] Donc, Doubenka, nous irons à la laure de Drevykov, nous incliner devant M. Vissotski qui, lorsque sa femme l’a emmené à Hollywood, fut présenté ainsi au club des cinéastes : Mme Vlady accompagnée de son mari ; mais lorsqu’ils sont repartis, il faut dire que deux heures auparavant, Vysocki avait emprunté une guitare et s’était mis à chanter, alors c’était Vladimir Vissotski qui quittait le restaurant hollywoodien, en compagnie de sa femme… Nous ferons la révérence à Essenine, à l’hôtel d’Angleterre, il s’est tiré une balle dans la tête puis s’est pendu pour plus de sûreté… je vous répéterai, Doubenka, ce qu’on m’a raconté : pendant la Seconde Guerre mondiale, sous la canonnade allemande, lorsque l’hôtel d’Angleterre a pris feu, c’est ce lieu sacré que les pompiers sont allés sauver en premier, avant les bâtiments officiels… Doubenka, les Russes aiment leurs bardes, leurs poètes à ce point…

Complainte fauchée parmi ces herbes tendres.

Texte extrait des Lettres à Doubenka de Bohumil Hrabal.

lundi 10 octobre 2016

On ne nous dit pas tout !

      Une fois de plus, on nous ressort le remake d'un remake. Horkheimer et Adorno nous l'avaient bien dit (pardonnez-moi de simplifier outrageusement), la Kulturindustrie capitaliste, c'est faire du neuf avec du vieux pour vendre du vieux qui semble neuf, sans cesse. Je ne veux pas savoir ce que valent ces Sept mercenaires, certainement de la daube, en tout cas dans ma mythologie personnelle, cela ne vaudra jamais les fabuleuses scènes de mon enfance, les mouches, le pouce derrière l'index devant, les mains qui tremblent, Coburn, Mac Queen, Brynner, le mec de la série là..., etc., etc.

     Mais le plus grand scandale, est qu'on nous ressert ce scénario sans avoir fait toute la lumière sur le mystère Yul Brynner. La vie de Yul Brynner aurait d'ailleurs mérité un film à elle toute seule. Cependant la question posée ici est : est-il, oui ou non, le frère de Tupolev. Et si oui, d'Andreï (dans ce cas ils auraient eu 32 ans de différence) ou d'Alexeï . Rien, sur le net, ne permet de nous éclairer sur le sujet. Voici pourtant ce que j'ai lu à ce propos sur du papier :

"Enfin, nous irons déposer notre dernier bouquet au pied d'un monument, monument immense, de marbre noir, convexe comme la surface d'un miroir de dix mètres de rayon... et sauriez-vous Doubenka, de quoi il s'agit... Là-bas, sur la gauche, la chute d'Icare en or, à droite un visage en or, ne croiriez-vous pas que c'est Lénine ? Mais non... c'est le monument de M. Tupolev, celui qui a dessiné et construit les avions à réaction... mais il n'aura que la moitié du bouquet, l'autre ira à son frangin qui n'était autre que Yul Brynner, l'un des Sept Mercenaires, son frère, tous deux natifs de la Kamchatka... losrqu'ils se sont revus à Moscou, ils ont fait un festin dont on parle encore..."
Bohumil Hrabal.- Lettres à Doubenka.


Andreï


Yul

Alexeï
     Vous me direz trois choses :

     - D'abord, le mot "frangin" ou "frère" est peut-être ici pris dans le sens figuré de "camarade", ou "compatriote", même si la naissance dans la Kamchatka n'est pas non plus corroborée tant que ça sur la toile, mais je m'y connais mal en géographie russe.

     - Ensuite, le père Hrabal n'était pas particulièrement connu pour sucer uniquement de la glace. Alors peut-être qu'il a rêvé tout ça un soir d'abus de mélange bière - eau de vie...

     - Vous me direz enfin : qu'est-ce ça peut foutre ? Et là je serai une fois de plus de votre avis.

     Mais faut bien s'occuper.

     Si vous avez des infos, contactez-moi.

vendredi 16 septembre 2016

Dialectique russe

La générale se lève, après un léger coup de tête amical à sa fille Natacha, qui la suit des yeux jusqu’à la porte, indifférente en apparence aux propos tendres de l’officier d’ordonnance de son père, le soldat Boris Mourazoff, qui a fait de si beaux vers sur la mort des étudiants de Moscou, après les avoir fusillés, par discipline, sur leurs barricades.


D’abord, est-ce qu’il y a encore des ours en Courlande et des arbres ? Est-ce qu’il y a encore des arbres – ce qu’on appelle des arbres ? Car il les a connus, lui, les vieux illustres arbres contemporains des grands-ducs de Lithuanie, arbres géants qui projetaient leur ombre au loin jusque sur les créneaux des villes. Où sont-ils ?... Thadée s’amuse, bien sûr, car c’est lui qui les a coupés bien tranquillement pour en faire de la fumée de locomotive. C’est le progrès.


   On approchait de la « pointe ». Jusque-là la promenade avait été d’une grande douceur champêtre, entre les petites prairies traversées de frais ruisseaux sur lesquels on avait jeté des ponts enfantins, à l’ombre des bois de dix arbres aux pieds desquels l’herbe nouvellement coupée embaumait. On avait contourné des étangs, joujoux grands comme des glaces sur lesquels il semblait qu’un peintre de théâtre eût dessiné le cœur vert des nénuphars. Paysannerie adorable qui semble avoir été créée aux siècles anciens pour l’amusement d’une reine et conservée, peignée, nettoyée pieusement de siècle en siècle, pour le charme éternel de l’heure, aux rives du golfe de Finlande.
 Maintenant on arrivait sur la berge, et le flot clapotait au ventre des barques légères qui s’inclinaient gracieuses comme d’immenses et rapides oiseaux de mer, sous le poids de leurs grandes ailes blanches.
   Sur la route, plus large, glissait, silencieuse et au pas, la double file des équipages de luxe dont les chevaux fumaient d’impatience, des calèches dans lesquelles on se montrait de gros personnages de la cour. Les cochers énormes comme des outres d’Ali-Baba tenaient haut les rênes. De très jolies jeunes femmes, négligemment étendues au creux des coussins, montraient leurs toilettes nouvelles, à la mode de Paris, et se faisaient accompagner d’officiers à cheval qui étaient tout occupés à saluer. Beaucoup d’uniformes. On n’entendait pas un mot. Tout le monde n’avait qu’à faire que de regarder. Seuls, montaient, dans l’air pur et léger, le bruit des gourmettes et le tintinnabulement clair des sonnettes attachées au col des petits chevaux longs, poilus, de Finlande… Et tout cela, qui était beau, frais, charmant et léger, et silencieux, tout cela semblait d’autant plus du rêve que tout cela semblait suspendu entre le cristal de l’air et le cristal de l’eau. La transparence du ciel et la transparence du golfe unissaient leurs deux irréalités sans qu’il fût possible de découvrir le point de suture des horizons.


   Rouletabille regardait cela et regardait le général, et il se rappelait la terrible parole de la nuit : « Ils étaient allés dans tous les coins de la terre russe, et ils n’avaient point trouvé un seul coin de cette terre sans gémissements ! » - « Eh bien, et ce coin-là, pensait-il, ils n’y sont donc pas venus ? Je n’en connais point de plus beau, ni de plus heureux au monde ! » Non ! Non ! Rouletabille, ils n’y sont point venus. C’est qu’il y a dans tous les pays, un coin pour la vie heureuse, dont les pauvres ont honte d’approcher, qu’ils ne connaîtront jamais, et dont la vue seule ferait devenir enragées les mères affamées, aux seins taris ; et, s’il n’en est point de plus beau que celui-là, c’est que nulle part sur la terre il ne fait si atroce de vivre pour certains, ni si bon pour d’autres qu’en ce pays de Scythie, aurore du monde.


    Nous sommes les ennemis déclarés de tout pouvoir officiel, même si c’est un pouvoir [ultra-révolutionnaire] ; ennemis de toute dictature publiquement reconnue ; nous sommes des anarchistes sociaux-révolutionnaires. Mais si nous sommes des anarchistes, demanderez-vous, de quel droit voulons-nous agir sur le peuple et par quels moyens le ferons-nous ? Rejetant tout pouvoir, à l’aide de quel pouvoir ou plutôt de quelle force dirigerons-nous la révolution populaire ? Au moyen d’une force invisible qui n’est reconnue par personne et qui ne s’impose à personne : au moyen de la dictature collective de notre organisation, qui sera d’autant plus puissante qu’elle restera invisible et méconnue et qu’elle sera privée de tous droits et position officiels. *
  Imaginez-vous au milieu du triomphe de la révolution spontanée en Russie. L’Etat et avec lui tout le système social et politique ont été brisés. Tout le peuple s’est soulevé, a saisi tout ce dont il a besoin et a chassé tous les suppôts et tous ceux qui lui voulaient du mal. Il n’y a plus ni loi, ni pouvoir. L’océan en révolte a démantelé tous les barrages. Toute cette masse – le peuple russe -, qui loin d’être homogène est au contraire extrêmement variée et qui s’étend sur l’immense étendue de l’empire russe, a commencé à vivre et à agir de son propre chef, en vertu de ce qu’elle est en réalité, et non plus en raison de ce qu’on lui ordonnait d’être, et elle le fait partout à sa manière : c’est l’anarchie générale. […]
  Mais figurez-vous, au milieu de cette anarchie populaire, une organisation secrète ayant dispersé ses membres sur toute l’étendue de l’empire, formés en petits groupes et néanmoins fortement unis, inspirés par une pensée commune, par un but commun, poursuivi – cela s’entend – conformément aux conditions, et agissant partout selon le même plan. […] Voilà ce que j’appelle la dictature collective de l’organisation secrète.

"Vous avez des contradictions ? On va vous les dépasser, nous, vos contradictions."

"Faites-nous confiance !" 

"Je dirais même plus : fesse-nous, qu'on fiente !"

   *Ce passage et les explications qui suivent sont d’une importance particulière ; ils constituent à notre sens une tentative pour résoudre un des problèmes fondamentaux auxquels se heurtait la pensée anarchiste : celui de l’organisation politique « au lendemain de la révolution triomphante ». Il y a là un essai de combiner les tendances politiques de l’anarchisme avec le système d’action politique blanquiste et jacobin ; le résultat semble être : instaurer une dictature qui n’en serait pas une tout en l’étant. On ne saurait dire que la tentative est fructueuse, malgré l’effort intellectuel et la force d’imagination de Bakounine. (Note de Michael Confino)   

Cet article mêle des extraits de Rouletabille chez le tsar, de Gaston Leroux, et une lettre de Bakounine de 1870, lettre préfigurant la rupture du vieux révolutionnaire avec son Necaev de protégé bien secoué, qui n'aurait pas dépareillé dans la bande de pourritures ci-dessus portraiturées quelques décennies plus tard. Par ailleurs, je n'ai toujours pas retrouvé ce poème cherché désespérément ici , dont le refrain est "Mais où est la sainte", ou "la vieille Russie", mais je n'en suis pas sûr, et qui a été enregistré par un poète ou un chanteur, qui en est ou n'en est peut-être pas l'auteur, qui le dit avec un ton triste et nostalgique et une voix de petit vieillard.

vendredi 4 décembre 2015

Mais où est la sainte Russie ?

A propos de ma dernière actu ciné, je voudrais commencer par faire un appel aux érudits qui lisent ce blog, et je sais qu'il y en a. Je recherche un poème, où un vieux bonhomme se plaint en leitmotiv, à chaque fin de strophe, de la disparition de "la sainte Russie". Je voulais le mettre en illustration pour cet articule, je pensais que c'était de Bernard Dimey (ce n'est pas un poème que j'ai lu, mais entendu, avec un fond musical je crois, comme pour beaucoup de poèmes de Dimey), mais je n'ai pas réussi à le retrouver sur le net...

C'est un film étrange et envoûtant. En gros c'est la visite d'un musée, celui de l'Ermitage à Petersbourg, où je ne risque pas d'aller de si tôt, j'ai déjà du mal à prendre le Transilien pour me rendre au Louvre ou à Orsay. On est conduit par un homme-caméra, qui filme en plan subjectif, qui est invisible aux personnages et au spectateur, mais pas à notre deuxième guide, l'écrivain français Astolphe de Custine, un peu méphistophélique malgré son catholicisme agressif, que je ne connaissais pas, mais qui naquit en pleine révolution française et mourut sous Badinguet. Il déambule dans chaque pièce du musée, suivi de l'oeil-caméra, et à chaque passage spatial correspond un passage temporel de l'Histoire russe (jusqu'à nos jours). Outre l'aperçu de la magnificence des lieux, qui témoignent de la Russie des siècles passés, et des collections, qui résument, à la louche, 2000 ans d'art européen, on y croise de nombreux personnages illustres : Pierre le Grand (qui fit construire cette ville sur des marais dans le but d'en faire une grande cité européenne), Catherine II, une gourgandine en poste peu avant et pendant la révolution française, Nicolas, II également, Pouchkine... Cela fait écho : Guerre et Paix, Michel Strogoff, la mise en abyme de Fedora de Billy Wilder et autres films mettant en scène la russie tsariste... Et chez "l'oeil", une nostalgie de ces époques se fait jour. Avec une certaine tristesse. Et un grand froid, partagé par les deux guides, face au souvenir, de la Convention chez Astolphe, des 80 ans de Convention russe chez l'oeil. Si nous sommes d'accord pour condamner absolument ces régimes assassins ayant trahi les révolutions qu'ils prétendaient servir, nous aurions aimé aussi plus de nuances sur la vie sous les tsars. Hors des flonflons et du luxe, c'était la misère et la tyrannie, mais cela, on ne le voit pas.

Une prouesse technique : le film n'est qu'un unique plan séquence.

De 0.39 à 0.44, non, non, vous n'êtes pas au Vatican ! Où l'on voit que le musée de l'Ermitage résume l'Histoire de l'art de toute l'Europe. Ici, malheureusement, bande annonce en anglais.


Nous venons de quitter un grand bal, alors passons à un plus petit (entre parenthèse, en suivant ce lien vous découvrirez l'émission qui fut à l'origine de mon inspiration pour créer le nom de ce blog), un petit bal découvert ici, et qui m'a tellement plu que j'ai cherché alors à le réécouter, à trouver les paroles, et que je le chantais ensuite comme berceuse à mon fils. Ce petit bal est ici chanté, réjouissante trouvaille, par une jeune jazzwomen qui promet. Bien agréable, même si Bourvil reste un must. Elle a repris aussi, entre autres, Madame rêve de Bashung : et c'est bien.

Virginie Teychené

Voilà, après cet intermède culturel, il ne me reste plus à vous souhaiter, un bon week-end et, dimanche, une bonne petite poire régionale, puisqu'aussi bien nous sommes aujourd'hui, en France, libres et en démocratie.