Deux cents alcooliques sont en quelques heures devenus abstinents ; suppose-t-on qu’un seul alcoolique, en deux cents jours, en serait venu à bout ?
D'après Pierre-Joseph Proudhon.
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous ! Charlot Baubau.
Le 25 février dernier, j'ai eu 20 ans, un jour à la fois. Putain, 20 ans ! ça passe chié vite ! mais ça vaut le coup, merci les ami(e)s !
"Oh ! la bonne chose que de vivre, disait−il ; on ne se doute pas du plaisir qu'il y a dans cet acte si simple : respirer ! Jamais les arbres ne m'ont semblé si verts, le ciel si bleu, les fleurs si parfumées ! C'est comme si j'étais né d'hier et que je visse la création pour la première fois." Théophile Gautier, par ailleurs écrivain besogneux et poussif, et bourgeois effrayé pour qui les Communards étaient des « animaux féroces », des « hyènes » et des « gorilles », qui « se répandent par la ville épouvantée avec des hurlements sauvages », donc ennemi de La Plèbe, mais tel n'est pas le propos aujourd'hui.- Le Capitaine Fracasse.
Prisonnier du côté obscur
Il y a un peu plus de dix-neuf ans, quand ils ont arrêté les piqûres chauffantes et que j'ai commencé à y revoir un peu plus clair et à pouvoir sortir dans le jardin de cette merveilleuse clinique des Alpes Maritimes, j'aurais pu dire ça (les propos extraits du Capitaine Fracasse ci-dessus). Et le dire et le redire maintes fois par la suite, au fil des années, qui coulent si vite. J'en ressentais les effets décrits, mon sang nourri d'une vie nouvelle à chaque inspiration. Même si le monde était toujours à feu et à sang, qu'on punissait encore le tort de vivre en bidonville et ceci quel que soit la saison, moi je sortais de l'enfer, et ça, c'était un début. A nous deux le monde !
Enfin libre d'être soi-même !
Aujourd'hui, et ces alertes pollution permanentes nous le confirmeraient si la réticence à s'emplir les poumons, sinon de l'omniprésente pestilence, du moins de l'absence de toute brise parfumée par le luxuriant vivant végétal, même de manière très légère, ne nous le prouvait pas déjà suffisamment, il n'y a même plus de plaisir dans cet acte si simple : respirer !
Il y a un an j'évoquais les pics-verts, aujourd'hui d'autres pics, noirs et gris.
Désormais, côté obscur, côté lumineux, même délét'air
"Ca m'indiffère, disait le fasciste Drieu à l'ami consolateur qui lui rappelait qu'il y aurait d'autres printemps, d'autres jolies filles, je ne bande plus". J'ai envie de dire, en laissant du côté de mon jardin secret la fonction organique à laquelle fait référence Drieu : "ça m'indiffère, je ne hume plus". Le pire c'est que j'ai l'impression que je suis le seul que ça dérange. Toujours autant de bagnoles, dans les propos de mes collègues et voisins, nulle allusion à l'asphyxie régnante, et les gros pollueurs meurent en général encore dans leur lit. Ce doit être ma névrose. Après tout, si j'ai gardé ce souvenir de l'extrait du Capitaine Fracasse si longtemps en tête, c'est bien que quelque part j'ai un complexe d'étouffement. Est-ce lié aux descriptions que faisait maman des affres des asthmatiques, docteur ? Ou bien si c'est ce professeur de judo énorme, et CRS, qui se plaisait, quand certains stages excentrés lui permettaient de lâcher la bride à son sadisme, à prendre la crevette que j'étais en randori au sol à seule fin de l'écraser de tout son poids et de lui bloquer toute voie respiratoire jusqu'à la limite de la perte de conscience (il savait certainement que mes parents avaient un job de pédés de planqués intellos de gauche de merde ; et moi, j'avais déjà les cheveux longs). Et je suis particulièrement angoissé quand j'entends parler des techniques de pliage ou de clé d'étranglement qu'utilisent les policiers pour tuer de jeunes (ou vieux) noirs ou arabes. Bref, quelles que soient les raisons de cette supposée phobie, je crois bien que je vais devoir faire un deuil, accepter qu'aujourd'hui le poète olfactif par excellence qu'était Baudelaire ne pourrait exister, si ce n'est à décrire non plus une charogne animale se décomposant au bord de la route, mais la fumée noire d'un cul de camionnette si puante que sur le trottoir "vous crûtes vous évanouir".
Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur ! Le Printemps adorable a perdu son odeur !
Charles Baudelaire.- Le Goût du néant.- In Les Fleurs du mal.
Mais haut les cœurs ! il s'agit d'un anniversaire, il faut y croire, le vieux monde finira, d'ici là on va essayer d'aller un peu plus dans les reliquats de forêt trouver ce qui reste de goulées vertes. On va décroître ! Et combattre, comme des titans ! Je suis remonté là, chaud bouillant ! Prêt à faire un malheur, une rage, une pêche ! Retenez-moi, j'suis trop déter ! Tiens, si à cet instant on m'apportait une pétition, je vous jure que je crois bien que si vous ne me reteniez pas, je la signerais sans hésiter, tout de suite, paf ! sans même me soucier des conséquences !
"Imaginons qu'un accident majeur commence un soir à minuit sur le site de la Hague, dans la Manche. Ce jour là, un vent modéré de 50 km/h souffle de l'ouest.Que se passe-t-il ? Dès 0h30, la ville de Cherbourg (agglomération de 116 000 habitants) est contaminée. A 2h30, le nuage arrive au Havre (294 000 habitants). [...] A 5h, il entre en région parisienne (12 millions d'habitants)."
Ce matin j'ai repris un ancien itinéraire pour aller à la gare. Au lieu de longer la forêt, je l'ai traversée, comme je le faisais il y a quelques années. Le matin, à 8h15, le jour pur de l'aube est de retour, et aussi le concert enchanteur des oiseaux, et ce sacré pic-vert et son bruit de rafale si proche, pourtant invisible, c'est pas faute de m'étirer les cervicales à 360° dans toutes les directions. J'aime le dernier mois de l'hiver, Ventôse, on sent le printemps arriver, mais on n'est pas encore déçu par sa pourriture... Et puis c'est un mois avant ma naissance, et c'est surtout le mois de ma renaissance, il y a 18 ans. En entendant ces oiseaux, j'aspire à une spiritualité libre, j'éprouve avec ivresse le sentiment océanique du monde, la ferveur de participer de cette grande société naturelle et vivante, et de son grand Esprit, toutes aspirations bien refoulées et compressées comme par une machine à bosseler quand j'emprunte le ruban bitumineux aux fragrances de particules fines.
Nettoyage de printemps - Quarante secondes sur le toit Deux pelletées par hommes. Iocasta Huppen
Nationale 6 réouverte ! Pourtant, pas même les criquets N'y sont retournés. Maki Nakano
Dans mille ans
Des sarcophages
Sans pharaons.
Monique Junchat
Des rires et des cris
Tout l'été dans la maison
Et si la centrale...
Christine Ourliac
"Décontamination" -
En fait, déplacement des boues...
L'été est si court !
Mitsuru Ikeda
Le premier avril aussi Entendre ceci : "Fukushima Is under control." Tami Kobayashi
Des radiations
Il ignorait ce que cachait ce mot
- Cancer des os.
Jean Antonini
"Si vous souriez, les radiations n'auront aucun effet sur vous. Si vous ne souriez pas, vous ressentirez les effets. Cette théorie a été prouvée par une expérimentation sur les animaux." Shunichi Yamashita, "Monsieur Radioprotection Officielle" du Japon.
«Aussi quand tu partis, Yvonne, j’allai à Oaxaca. Pas de plus triste mot. Te dirai-je, Yvonne, le terrible voyage à travers le désert, dans le chemin de fer à voie étroite, sur le chevalet de torture d’une banquette de troisième classe, l’enfant dont nous avons sauvé la vie, sa mère et moi, en lui frottant le ventre de la tequila de ma bouteille, ou comment, m’en allant dans ma chambre en l’hôtel où nous fûmes heureux, le bruit d’égorgement en bas dans la cuisine me chassa de l’éblouissement de la rue, et plus tard cette nuit-là, le vautour accroupi dans la cuvette du lavabo ? Horreur à la mesure de nerfs de géants !»
Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan
Aujourd'hui ça fait 17 ans que je me suis fait la belle. Cette fois j’ai pas été repris. Merci les amis !