Affichage des articles dont le libellé est crimes policiers. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est crimes policiers. Afficher tous les articles

mardi 20 septembre 2022

La dose de Wrobly : fructidor 2022 E.C.

     - Edgar Allan Poe.- Contes - essais - poèmes.
     J'ai lu les Histoires extraordinaires et les Nouvelles histoires extraordinaires plusieurs fois quand j'étais jeune ado. J'en ai de bons souvenirs. C'était des Folio qui traînaient à la maison. Mais du coup j'avais une vision de l'auteur, Poe, conforme à la légende qu'en avait créé, dans ses préfaces, le traducteur, pour pouvoir s'annexer un autre poète maudit, un semblable, un frère. Ce traducteur de la plupart des contes, et qui le reste aujourd'hui dans toutes les rééditions, est bien sûr Charles Baudelaire. En fait, si Poe était peut-être bien alcoolique, en tout cas quelques indices de sa biographie peuvent le laisser penser, il était bien moins destroy que Baudelaire et son premier éditeur américain (de Poe), R. W. Griswold, un vrai salopard qui le détestait et ne cessa de la calomnier, se sont plus à le décrire. "C'est ici la première mention de l'opium à propos de Poe ; c'est la contribution personnelle de Baudelaire au mythe. Car nul chercheur n'a jamais découvert la moindre trace de drogue dans la vie de Poe, si ce n'est cette unique dose de laudanum prise - pour se suicider ou calmer une rage de dents, nul ne le sait. Je dis bien laudanum, inoffensif ingrédient de tant de médicaments au XIXème siècle. L'opiomanie d'Edgar Poe, cautionnée par d'insouciantes thèses de médecine, est née d'un rêve de Baudelaire. La mode a fait le reste." Claude Richard dans l’introduction.
     Je relis donc tous les contes, mais dans leur ordre de parution, et sans la classification baudelairienne en Histoires extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires, etc. Il y en a plein d'inédits pour moi, car je n'avais pas lu les Histoires grotesques et sérieuses, non plus que les Aventures d'Arthur Gordon Pym. Les traduction restent de Baudelaire. Il y a aussi des poèmes traduits par Mallarmé. D'autres traducteurs interviennent aussi pour les inédits.

     Un régal et des souvenirs en perspective !
René Magritte.- La Reproduction interdite. Sur la cheminée : Les Aventures d'Arthur Gordon Pym

     - Georges Simenon.- La Guinguette à deux sous.
     "Qu'est-ce qui provoqua le tour de clef ? Maigret eût été bien en peine de le dire. Peut-être la mollesse du soir, la petite maison blanche avec ses deux fenêtres lumineuses et le contraste avec cette invasion carnavalesque ?"
     Le déclic provoquant un éveil soudain à la réalité profonde et sensible d'une situation, une fusion avec une ambiance, un peu comme celui qui se produit via l'ingestion de la madeleine de Proust ressuscitant par une telle illumination la connaissance intime et totale, même si fugace, supérieure à celle du simple intellect et des sens, un monde révolu d'affects, ce déclic, donc, Simenon le désigne par la métaphore "tour de clé", ce qui peut résonner bien sinistrement quand ce phénomène se produit dans la vie d'un commissaire de police. Mais au-delà du prétexte flicard des Maigret, et tout en appréciant le petit jeu du Whodunit, c'est avant tout la création d'une atmosphère qui nous fait apprécier ces petits romans. Après, qui était le gus jeté dans le canal Saint-Martin, et qui était son tueur, ça reste quand même un peu anecdotique.

     - Collectif Angles morts .- Vengeance d'Etat - Villiers-le-Bel, des révoltes aux procès.
     Mon livre d'actualité du mois. Hein ? Ça a 25 ans ? Enfin un peu moins, le livre étant sorti quelques années après les révoltes de 2007. Oh ! là ! là ! Comme le temps passe ! Alors un souvenir : à l'époque, en 2007, j'habitais encore Paris intra muros, porte d'Asnières, dans un appartement de la ville de Paris, avec mes deux chats. Puis j'ai rencontré la Dulcinée avec qui je vis encore aujourd'hui et dont j'ai eu un fils. Celle-ci habitait Ecouen, dans le 95, où je vis aussi depuis 24 ans. Observons une carte : Ecouen est limitrophe de Villiers-le-Bel. Plus petit bourgeois, même s'il y a aussi quelques quartiers populaires, ainsi que des zones pavillonnaires à Villiers-le-Bel. Un soir de 2007, nous rentrions chez elle de Paris, on alternait pour se voir chez l'un ou chez l'autre. J'avais suivi de loin l'actualité comme d'habitude, et j'étais peut-être moins politisé à ce moment d'une nouvelle rencontre qui allait peut-être mettre fin à mes 20 ans de célibat depuis ma majorité. Et puis depuis 10 ans j'avais aussi un peu décroché des préoccupations révolutionnaires frustrées pour sauver ma peau en apprenant à mettre un pas devant l'autre dans la vie sans faire usage d'alcool. C'était la nuit, je me suis trompé de chemin je crois et voilà-t-y pas qu'on se retrouve face à des insurgés en plein milieu de la route ! "Merde !" m'exclamai-je en me remémorant les homicides policiers et la révolte consécutive, il ne manquerait plus qu'ils nous prennent pour des flics, ou qu'en colère ils ne fassent pas la différence, nous retournant la bagnole et y foutant le feu. Ce serait vraiment trop con, sur un malentendu, de se retrouver dans une fâcheuse situation. Bon, j'ai un peu flippé mais finalement il n'y a pas eu de problème, j'ai fait demi tour et on a retrouvé le chemin d'Ecouen. Mais j'avais rencontré l'Histoire, sans le faire exprès, comme Fabrice à Waterloo !
     Ce livre raconte les révoltes consécutives à la mort des deux jeunes percutés par un voiture de police, et aussi et surtout la féroce répression qui s'en est suivie, avec témoins sous X rémunérés pour pouvoir emmurer sans aucune preuve de jeunes insoumis des cités beauvillésoises.

     - Me Jacques Bonzon.- L'Internationale financière II : l'Asie.- 1922.
      "Ainsi notre seconde étape nous a menés jusqu'aux terres jadis fabuleuses, au Fleuve Jaune, où sont les cormorans. Mais la Finance qu'elle nous a montrée, offre-t-elle des traits nouveaux ?
     N'est-ce pas déjà celle que nous avions vue en Europe ? Partout la même avidité, la même imprudence, la même inconscience. En détroussant les peuples, elle les exaspère. Et l'entrechoc des ces peuples, c'est son œuvre. Peu lui importe si l'une des ses Banques est gérée par des fripons, que leur écharpe sénatoriale assure de l'impunité. La Finance exploite l'idéalisme, et ce nom de Patrie qu'elle prétend vénérer : à la France de payer les friponneries de ses Financiers et de ses Parlementaires.

     Cependant le nuage des haines exaspérées s'étend sur le Monde."


     De Me Jacques Bonzon j'avais lu Les Emprunts russes, deux fois, le 13 décembre 2009 et le 22 septembre 2011. Un auteur dont les essais sont précieux pour comprendre les grands enjeux de notre société et les tourmentes de notre monde contemporain.

     - Gaston-Martin.- Marat, l'ami et l'oeil du peuple.- Rieder, 1938.
Mort de Marat : version A.


Mort de Marat : version B.

     Indignation, union sacrée et résistance de la classe politique face à l'entrée des radicalisés de la NUPES au palais Bourbon, un précédent historique :
     L’élection de Jean-Paul Marat prit, tout de suite, les proportions d'un scandale. Ceux qui allaient être appelés à siéger dans la même Assemblée se sentirent déshonorés de ce voisinage. Ils étaient tous, même les plus avancés, des bourgeois d'allure et de formation et des parlementaires d'inclination chez qui le souvenir des séances royales, vieux tout juste de trois ans et demi, maintenait une tradition de correction et de discipline. Prêts à s'entre déchirer, ils entendaient ne s'envoyer à la mort qu'en des harangues académiques. Marat, lui, c'était la rue ! Personne ne semble plus se souvenir qu'il fut naguère un médecin notoire, un candidat à l'Académie des Sciences, aussi mondain que beaucoup d’autres. Il vit désormais comme un rustre, il en a pris les allures et le débraillé qu'un peu de démagogie lui fait peut-être exagérer à dessein ; sa violence continue déferle en invectives sur les gens et les institutions. On ne fraie pas avec un homme pareil. Sa présence même attente à la majesté de la loi qui se se substitue d'office - et quasi dans les mêmes formes - à celle du souverain détrôné.
     Même la députation parisienne, dont certains soutinrent sa candidature pour les besoins de leur propre campagne électorale, tient en suspicion ce réprouvé. Son manque de tenue répugne à Robespierre. Danton en redoute la clairvoyance et la probité aux violences populacières ! Avant qu'il n'ai siégé, la presse de droite et du centre en demande l'invalidation au nom de l'ordre public. Il lui répond avec sa coutumière fureur ; dénonce les traîtres qu'un mode inepte de scrutin a envoyé à la Convention nationale ; s'indigne que le Manège ait été choisi comme salle, avec ses tribunes étroites, à peine capables de contenir 300 auditeurs, quand il en aurait fallu des milliers, prêts à "lapider" les mandataires infidèles !


     Ça fait rêver ! On est content d'en connaître un peu plus sur Marat, qui nous est plutôt sympathique (Babeuf le considérait comme un authentique révolutionnaire, ami de la liberté et de l'égalité, et surtout Michel Onfray lui a craché dessus un livre de son venin falsificateur et haineux, que je n'ai pas lu), même si le gus est un peu violent (on ne cautionne pas les lynchages, ni les exécutions sommaires de prisonniers, ni même la peine de mort en général - sauf peut-être pour certains généraux - que ses écrits irascibles auraient provoqués...), mais l'on n'a pas lu non l'Ami du peuple pour savoir si Jean-Paul a réellement appelé aux massacres de septembre 1992, où aristocrates, simples suspects de traîtrise comme prisonniers de droits communs (souteneurs, prostituées, faux monnayeurs...) ont été exterminés par la foule...
     A noter que ce livre est édité aux éditions Rieder, où officiait Marcel Martinet, et qui ont publié notamment Madeleine Vivan, Tristan Rémy, Lucien Bourgeois et Panaït Istrati !

vendredi 6 novembre 2015

A chacun son journaliste

A l'heure de l'anniversaire de la mort de Rémi Fraisse, et des dix ans de celles de Zyed et Bouna, nous avons encore pu constater que la presse fait son travail, elle nous informe en toute liberté d'expression de tout, sans trop insister cependant sur ces bandes armées qui tuent ou mutilent en toute liberté et impunité pauvres, résistants ou métèques, et sans non plus lourdement la ramener sur les nombreuses initiatives que les cibles de ces bandes mènent pour que cesse le massacre.

Mais connaissons-nous vraiment cette aimable corporation (celle des journalistes) ? Pour tester tes connaissances, voici deux textes traçant chacun le portrait d'un journaliste.

Un de ces textes est réaliste, frappé au coin d'études sociologiques poussées, d'analyses psychologiques d'une grande précision et d'observations empiriques d'une rare honnêteté.

L'autre relève davantage de l'utopie, de l'image d'Epinal, du rêve d'enfant quand il veut "être journaliste plus tard".

Sauras-tu démêler le vrai du faux ? Si oui, gagne un radio-réveil ! Pour cela va sur le site de l'Obs, et moyennant les frais de port tu recevras un superbe objet avec en bonus, un abonnement d'un an à leur catalogue publicitaire !

As-toi de jouer, ami plébéien !



Jack Mackenzie s’entendait très bien avec les flics parce qu’ils le prenaient tous pour un Irlandais. En fait, il était d’origine écossaise, mais aucun supplice n’aurait pu lui extorquer ce secret honteux.
Chargé des reportages auprès de la police pour une importante chaîne de télévision métropolitaine, Mackenzie avait intérêt à être copain avec les hommes en bleu, sans quoi il n’aurait pu garder longtemps son emploi. Mais les flics savaient que ce brave Jack n’écorcherait par leurs noms, qu’il se débrouillerait pour les mettre dans le champ de la caméra si c’était possible, qu’il n’émettrait jamais le moindre doute quand ils expliqueraient comment le suspect était tombé du toit, et qu’il ne prendrait jamais prétexte de leurs échecs exceptionnels et inévitables pour leur chercher des poux dans la tête. Voilà pourquoi, quand l’inspecteur-chef Francis Xavier Maloney décida de porter devant le public l’affaire du Brasier de Byzance, il réserva l’exclusivité de l’interview à Jack Mackenzie, le faux Irlandais jovial, bon buveur, aux cheveux roux et à la figure parsemée de taches de rousseur.
Donald Westlake.- Pourquoi moi ?

Et le deuxième texte :


Tout le monde sait que Richie Colgan et moi sommes amis. C’est en partie la raison pour laquelle les gens sont un peu plus méfiants envers moi qu’auparavant. […] Maintenant Richie est le plus grand chroniqueur du Trib, et c’est un vrai teigneux s’il pense que vous participez d’un des trois grands maux : élitisme, sectarisme ou hypocrisie. Comme Mulkern est une incarnation des trois réunis, Richie se le paie une ou deux fois par semaine.
Tout le monde adorait Richie Colgan – jusqu’au jour où ils ont publié sa photo sous sa signature. Un nom bien irlandais. Un bon garçon irlandais. Qui traquait les gros manitous corrompus à la mairie et à la Chambre. Et puis ils ont publié sa photo, et tout le monde a pu voir que sa peau était aussi noire que le cœur de Kurz*, et soudain c’était devenu un « provocateur ». Mais il fait vendre de la copie, et sa cible de prédilection a toujours été Sterling Mulkern. Parmi les surnoms qu’il a donnés au sénateur figurent le « Mauvais Double du père Noël », « Sterling le Détourneur », « Mulkern le Magouilleur » et « Hippopo l’Hypocrite ». Boston n’est pas une ville pour politiciens sensibles.
Dennis Lehane.- Un dernier verre avant la guerre.

* Allusion au personnage du roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, repris par Francis Ford Coppola dans Apocalypse Now où il est interprété par Marlon Brando.

Pour finir, contrairement à ce qu'aurait pu nous faire croire un déferlement de haine sur Tweeter (Salamark : "La marche pour la dignité, une marche contre la France, une marche raciste et antisémite" ; Filani : "Pas contents ? Qu'ils partent !" ; Alan FK : "Marche de la dignité = marche de la pleurniche"... etc., etc., ad nauseam), il ne s'est rien passé ce 31 octobre 2015, comme nous l'a confirmé le JT de 20 heures de France 2. Heureusement qu'il reste des journalistes, s'il fallait croire le fourre tout qu'on trouve sur les réseaux !


Cette marche de 10 000 personnes n'a jamais existé.


- Les voisins avaient anticipé cette année, ils avaient fait les stocks de bonbons !
- Rhô oui ! Et t'as vu les mômes, y en avaient avec des déguisements vraiment chouettes !

Il faut dire que de l'extrême droite à l'extrême gauche et chez des libertaires (un texte de cette dernière obédience tourne, connectez-vous sur votre site fasciste préféré, il y a été fraternellement reproduit), on les en avait un peu dissuadés, pas assez matures, pleins de préjugés et de croyances archaïques (je vous parle même pas de leurs fringues), et en plus ils n'ont assimilé ni Onfray, ni la philosophie allemande. Ca choque le bon goût et fait pouffer dans les milieux distingués. Ils peuvent nous être reconnaissants.

mercredi 18 février 2015

En France ça devient grave.

En France, on a actuellement une tripotée de contrebassistes qui créent tous azimuts. Vous ne les verrez pas à la radio et vous ne les entendrez pas à la télévision, commerciales ou d’Etat. Enfin, il faut que je reste honnête, ça fait tellement longtemps que j’ai arraché la perfusion que finalement, je n’en sais fichtre rien. Je suis rempli de préjugés.

Le contrebassiste, comme le caissier discount, est un produit de la précarité sociale. En effet, nombre d’entre eux sont à l’origine des violonistes, qui ont finalement opté pour la gravité faute de jobs suffisants dans leur première spécialité. Ron Carter, contrebassiste de l’historique quintette de Miles Davis dans les 60’s, lui, était violoncelliste de formation. Par ailleurs il pourrait très bien exister des contrebassistes caissiers discount.

En voici quelques-uns actifs actuellement dans nos régions : Jacques Vidal, avec Cuernavaca, un hommage à Rémy* Mingus.




Patrice Caratini avec Body and Soul, un album qui reprend l’accompagnement musical live du film muet du même nom d’Oscar Micheaux, réalisateur noir américain (1925). Sur le titre éponyme, on entend la pluie tomber en averse sur le cinéma, grandiose.



Gilles Naturel avec Contrapuntic Jazz Band - Act2. Le contrepoint, vous savez c’est un peu comme un canon, quand on chante Frère Jacques, qu’une personne commence, puis la seconde démarre en décalé, etc. C’est un peu plus compliqué mais le principe est là, je crois. Ca se fait pas mal en musique classique, chez Bach notamment. Et pour corser et intéresser le tout il n’y a pas de piano dans cet orchestre.




Je pourrais parler aussi de l’excellent Henri Texier, ou du non moins sublime Ricardo del Fra (qui lui est italien).

Et puis de ce géant d’outre Atlantique, un des créateurs du free jazz, arrêté par la police secrète du Portugal deux ans avant la révolution des œillets parce qu’il soutenait des opposants lors d’une tournée, et ayant repris des chansons de la guerre d’Espagne avec le Liberation Music Orchestra, mort en juillet dernier, Ali* Haden…

*Les prénoms ont été changés par goût de la diversité et saturation spectaculaire.