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vendredi 30 septembre 2016

Pour une convivialité cucurbitacée

     Ma collègue W. m'a interpelé doucement l'autre jour. Elle revenait de vacances à la campagne dans un pays du sud de la Méditerrannée, et elle me demandait, encore un peu sous le choc, si je savais que, quand on tranche la gorge à une vache, elle vit encore pendant une bonne demie-heure. Je répondis que, ben euh... oui... Elle me raconta comment on lui avait demandé, à l'occasion d'une certaine fête, de tenir les pattes d'une bovine pendant qu'on l'égorgeait, que la bête s'était longtemps débattue, lui blessant les poignets, respirant profondément, et exhalant des gémissements d'agonie et de terreur à chaque expiration accompagnés de spasmes. Cela l'avait profondément perturbée, elle a eu envie d'arrêter la viande, et s'est faite la réflexion que, si on devait chacun tuer nos propres steaks avant de les avaler, il y aurait plus de végétariens (le fameux principe de la sensibilité kilométrique, qui veut qu'il est moins émouvant de larguer une roquette du haut d'un bombardier à 10 000 mètres, que de pénétrer un bide à la baïonnette, on a beau dire, on reste humain).

     Vous me connaissez, bon, prince, je lui ai appris, que dans une société avancée, urbaine et laïque, gauloise par exemple, le respect de la cause animale oblige les abattoirs à étourdir nos amis les bêtes. Et je lui ai conseillé de visionner le film du vieil anar Georges Franju Le Sang des bêtes (oui, bon, ok, ça date un peu, mais vous me connaissez), qui, loin d'être de la propagande végane, était une commande publicitaire des abattoirs de La Villette, pour comprendre la bienveillance fondamentale envers tout être vivant qui sous-tend tous les principes fondateurs de notre civilisation. Parfois on voit un veau bouger encore après avoir été écorché, mais bon, hein ! oh ! ça va ! les ayatollahs vegan, oui ?

     Ensuite, je lui ai proposé ma recette de sandwich au concombre, qu'on peut très bien adopter entre deux apéros saucisson- pinard ou foie gras Champagne, ça se fait dans les meilleures maisons, comme le prouvent les dialogues ci-dessous.

     Repentante et reconnaissante, elle est retournée à son ouvrage, transformée.



PETITE TRANCHE DE VIE AU CONCOMBRE (et non pas petite branche de vit au con contre)

ALGERNON
      Et, à propos de science de la vie, est-ce que vous avez préparé les sandwichs au concombre pour Lady Bracknell ?

LANE
      Oui, Monsieur.

ALGERNON
     Hum ! Où sont-ils ?

LANE
     Ici, Monsieur. (Il lui montre l’assiette.)

ALGERNON
          (Il les examine, en prend deux, et s’assied sur le canapé.) […] Vous pouvez disposer, Lane, je vous remercie.

LANE
     Merci, Monsieur. (LANE se dirige vers la porte).

ALGERNON
     Ah !... Donnez-moi juste encore un sandwich au concombre.

LANE
     Bien, Monsieur. (Il revient sur ses pas et lui présente l’assiette.)
          LANE sort.
[…]
          LANE réapparaît.
     M. Constant Worthing.
          Entre JACK. LANE sort.

ALGERNON
     Comment allez-vous, mon cher Constant ? Qu’est-ce qui vous amène dans la capitale ?

JACK
     Oh, le plaisir, le plaisir ! Qu’y a-t-il d’autre pour amener quelqu’un quelque part ? Tiens, en train de manger, comme d’habitude, Algy ?

ALGERNON
          (avec une certaine froideur)
     Je crois qu’il est d’usage dans la bonne société, de prendre une petite collation à cinq heures. […] (il va prendre encore un sandwich). […]

JACK
     Oh, mais dites donc : Pourquoi toutes ces tasses ? Pourquoi ces sandwichs au concombre ? Pourquoi une prodigalité aussi insensée de la part d’un homme aussi jeune ? Qui donc va venir prendre le thé ?

ALGERNON
     Oh ! Seulement tante Augusta et Gwendolen. […]

ALGERNON
     […] (Jack tend la main pour prendre un sandwich. Algernon l’en empêche aussitôt). S’il vous plaît, ne touchez pas aux sandwichs au concombre ! Ils ont été préparés exprès pour tante Augusta. (Il en prend un et le mange).

JACK
     Mais enfin, vous n’avez pas arrêté d’en manger !

ALGERNON
     Il s’agit là d’un problème entièrement différent. C’est ma tante.

LADY BRACKNELL
     Je suis désolée d’arriver en retard, Algernon, mais j’ai été obligée de passer dire bonjour à cette chère Lady Harbury. Je n’étais pas allée la voir depuis la mort de son pauvre mari. Jamais je n’ai vu une femme changée à ce point là : elle a l’air d’avoir rajeuni d’une bonne vingtaine d’années. Et maintenant je vais prendre une tasse de thé, et un de ces délicieux sandwichs au concombre que vous m’avez promis.

ALGERNON
     Mais certainement, tante Augusta. (Il s’approche de la table basse.) […]
     (prenant d’un air horrifié l’assiette vide) Grands dieux ! Lane ! Pourquoi n’y a-t-il pas de sandwich au concombre ? Je les avais commandés tout spécialement !

LANE
          (gravement)
     Monsieur, il n’y avait pas de concombres au marché ce matin. J’y suis allé deux fois.

ALGERNON
     Pas de concombres !

LANE
     Non, Monsieur. Pas même en payant comptant.

ALGERNON
     Vous pouvez disposer Lane, je vous remercie.

LANE
     Merci Monsieur.
          Il sort.

ALGERNON
     Tante Augusta, je suis horriblement navré qu’il n’y ait pas de concombres, même pour de l’argent comptant.

LADY BRACKNELL
     En réalité cela n’a pas d’importance, Algernon. Je viens de manger quelques crêpes en compagnie de Lady Harbury, qui semble à présent mener une existence vouée exclusivement au plaisir.


PLAISIR SUPREME EN-CAS CONCOMBRE (là aussi il y en a une)

Pour 4 personnes :

• 1 concombre
• 4 muffins anglais (on peut prendre du pain, de mie ou pas, comme on veut)
• 4 feuilles de salade
• quelques olives noires
• 1 yaourt au soja
• 3 c. à soupe de crème de soja
• 1 c. à soupe de basilic séché
• 1 c. à café de moutarde
• 1 c. à café d’huile d’olive
• 1 pincée de sel
• poivre

Éplucher le concombre, le couper en fines rondelles (environ 0,5 cm d’épaisseur). Réserver.
Verser la yaourt de soja et la crème dans un bol et bien mélanger.
Ajouter le basilic séché, la moutarde, l’huile d’olive, le sel et le poivre au goût.
Couvrir d’un film et placer 1 heure au frigo.
Couper un muffin en 2.
Sur une moitié de pain, tartiner avec la crème obtenue précédemment préalablement sortie du frigo, déposer une feuille de salade, des tranches de concombre, quelques olives. Placer l’autre moitié de pain sur le dessus, façon burger.

Procéder de la même manière pour les autres sandwichs.


La Plèbe écoute tout le temps :

Lundi soir 3 octobre : Dans l'herbe tendre (chanson française). Thème du mois : la folie.

vendredi 22 avril 2016

Intertextualité

Vous vous souvenez peut-être de ces pauvres carmélites, s’en allant gaiement curer leur fosse à merde avec au cœur l’amour du Seigneur, et n’en ressortant finalement que les pieds devant, enfin c’est une métaphore (et une métonymie à la base, non ?), vu que pour retirer quelqu’un d’un trou, on est plutôt contraint à une certaine verticalité, et même dans l’hypothèse où on évacuerait le cadavre carmélite par les pieds (ce qui n’est pas forcément le cas, on pourrait le tirer par les aisselles), les pieds seraient en l’occurrence en haut, et non devant. C’était narré ici.

Fosse (cabinets) du couvent des Trappistines de Laval.

Eh bien, troublante magie des correspondances textuelles, nous avons très récemment découvert l’extrait suivant, dont l’anecdote finale n’a pas été sans faire naître en nous cette impression de déjà lu si étrange que nous connaissons tous. Elle ne fait néanmoins et a contrario que confirmer en nous la foi en cette maxime frappée au coin de la sagesse populaire, de la common decency la plus élémentaire eut dit Orwell qui l’illustra lui-même dans sa Ferme des animaux : qui n’aime pas les animaux n’aime pas les humains.

On nuancera cependant la thèse défendue ci-dessous, en rappelant que de sains recyclages sont encore possibles, même s'ils restent insuffisants face aux centaines de millions de tonnes annuelles de déjections de type fécal de l'industrie de l'élevage en France, par exemple.

   "Revenons donc à notre question de départ : qu’advient-il de cette masse de merde extrêmement dangereuse ?

Xavier Beulin, ministre de l’agriculture, patron du groupe producteur de pesticides (poisons) Avril, du MEDEF de l’industrie agro-alimentaire, la FNSEA, et de ses SA (sturmabteilungen) départementalisés casseurs de zadistes des FDSEA.

   Si tout se déroule conformément au plan, les déchets liquéfiés sont rejetés dans d’immenses « mares » creusées près des porcheries. Ces mares toxiques s’étendent parfois sur plus de 11 000 mètres carrés – autant que les plus grands casinos de Las Vegas – et atteignent jusqu’à dix mètres de profondeur. La création de ces latrines aussi grandes que des lacs est considérée comme normale et est parfaitement légale, en dépit de leur incapacité constante à effectivement absorber les déchets. On peut trouver jusqu'à une centaine de ces puisards géants dans les environs d'un seul abattoir (les élevages industriels ont tendance à s'entasser autour des abattoirs). Si vous tombiez dans l'un d'entre eux, vous mourriez. (Tout comme vous mourriez d'asphyxie en quelques minutes si le courant était coupé dans une porcherie industrielle où vous vous trouveriez.) Tietz rapporte une histoire terrifiante au sujet d'une de ces mares : "Etourdi par l'odeur, un ouvrier du Michigan qui travaillait à la réfection d'une mare est tombé dedans.

Stéphane Le Foll, son chef de cabinets.

Son neveu de quinze ans a plongé pour le sauver, mais il a perdu conscience, le cousin de l'ouvrier s'est jeté dans l'étang pour sauver l'adolescent, mais il s'est évanoui, le frère aîné de l'ouvrier a voulu y aller à son tour, et a lui aussi perdu conscience, puis le père de l'ouvrier a plongé. Ils sont tous morts dans de la merde de porc.""
Jonathan Safran Foer.- Faut-il manger les animaux ?

Bakounine, sympathique ardéchois, a de la chance : il connait la lumière du soleil et le parfum du vent.

 Espiègle, facétieux, joueur, comme tous ses congénères, il adore qu'on l'arrose au jet.

 Non manipulé génétiquement, il ne se nourrit pas d'antibiotiques, ni d'hormones, son caca sent bon.

Et celui-ci pourra, avec ceux de Louise et de Carlo, être absorbé par la nature environnante, et la fertiliser, car nos amis ne sont pas des milliers confinés dans un hangar, mais tous les trois. Y a de la marge.

"Autant que les plus grands casinos de Las Vegas": ils sont vraiment dingues ces américains. Heureusement, nous, nous avons le cochon bien de chez nous, le cochon breton ! Alors pour une extraction de minerai de viande de porc française (oui Monsieur !), et de qualité ; avec Xavier Beulin, la FNSEA, Stéphane Le Foll et tous les entrepreneurs du secteur, scandons avec conviction nos vrais valeurs contre les agents de l'étranger extrémistes, écologistes et/ou végétariens : Nation, Extraction, Eutrophisation !

vendredi 15 avril 2016

Jouons un peu avec l’inventaire de pré bleu

Quelle différence y a-t-il entre :

la raie manta, le diable de mer, la raie douce, le requin babosse, le requin cuivre, le requin des Galapagos, le requin gris, le requin de nuit, le requin taureau, le grand requin blanc, le requin-marteau,


l’aiguillat commun, l’aiguillat cubain, le requin renard à gros yeux, le requin taupe bleu, le requin peau bleue, le wahoo, le marlin voilier, la bonite, le thazard barré, le thazard atlantique, le makaire bécune,


le makaire blanc de l’Atlantique, l’espadon, la lanterne de Kroyer, le baliste cabri, l’aiguille, la castagnole, la carangue, le centrolophe noir, le coryphène, le Cubiceps pauciradiatus, le poisson porc-épic,


la comète saumon, l’anchois, le mérou, le poisson volant, la morue, l’hippocampe, la calicagère blanche, le poisson royal, l’escolier noir, la liche, le triple queue, la baudroie, le poisson-lune, la murène,


le poisson pilote, l’escolier à long nez, le cernier commun, le tassergal, l’otolithe, le tambour rouge, la sériole couronnée, la sériole, le pagre commun, le barracuda, le poisson globe, la tortue caouanne, la tortue verte,


la tortue luth, la tortue imbriquée, la tortue de Kemp, l’albatros à bec jaune, le goéland d’Audoin, le puffin des Baléares, l’albatros à sourcils noirs, le goéland marin, le puffin majeur, le pétrel noir, le puffin gris,


le goéland argenté, la mouette atricille, l’albatros royal, l’albatros à cape blanche, le puffin fulgineux, le fulmar antarctique, le puffin yelkouan, le goéland leucophée, le petit rorqual, le rorqual boréal, le rorqual commun, le dauphin commun, la baleine franche, le globicéphale, la baleine à bosse, la baleine à bec, l’orque, le marsouin commun, le grand cachalot, le dauphin bleu et blanc, le dauphin tacheté de l’Atlantique, le dauphin à long bec, le grand dauphin et la baleine à bec de Cuvier ?

SOLUTION

Eh ! ben dites-donc vous, vous n'êtes pas très joueurs... Enfin, on vous pardonne, on sait que vous passez vos nuits debout, bravo !

Donc je vous apporte la solution : aucune !


Les êtres cités ci-dessus font partie des 145 espèces tuées de façon routinière - et gratuite - lorsqu'on pêche le thon. Imaginez que l'on vous serve une assiette de sushis. Si l'on devait y présenter également tous les animaux qui ont été tués pour que vous puissiez les déguster, votre assiette devrait mesurer un peu plus d'un mètre cinquante de diamètre.


C'est ce qu'on appelle le bycatch (prise accessoire). Cela désigne les créatures marines capturées accidentellement - sauf que ça n'est pas vraiment un "accident", puisque le bycatch a été sciemment intégré aux méthodes de pêche modernes. La pêche actuelle a tendance à avoir recours à de plus en plus de technologie et à de moins en moins de pêcheurs. Cette combinaison entraîne des prises massives accompagnées de quantités énormes de prises accessoires. Prenons les crevettes par exemple. Une opération routinière de chalutage de crevettes rejette par-dessus bord, morts ou agonisants, entre 80 et 90 % des animaux marins ramenés à chaque remontée du chalut. (Une bonne partie de ce bycatch est composé d'espèces menacées.) Les crevettes ne représentent en poids que 2 % de la quantité d'aliments marins consommés dans le monde, mais 33 % du bycatch mondial. Nous n'y pensons guère car nous n'en savons rien. Que se passerait-il si l'étiquetage d'un produit indiquait combien d'animaux ont été tués pour que celui que nous voulons manger se retrouve dans notre assiette ? Eh bien, pour ce qui concerne les crevettes d'Indonésie, par exemple, on pourrait lire sur l'emballage : POUR 500 GRAMMES DE CREVETTES, 13 KILOS D'AUTRES ANIMAUX MARINS ONT ÉTÉ TUÉS ET REJETÉS A LA MER.

Bon, allez, je vous laisse, la DRH intérimaire nous a donné l'après-midi, je dois être le seul resté ici pour blogger. Demain je pars à St-Malo. Nous avons prévu de nous faire un plateau de fruits de mer.

Des extraits et des reformulations du livre de Jonathan Safran Foer : Faut-il manger les animaux ? ont été utilisés pour cet article.

lundi 18 janvier 2016

Joyeuse fête !

Un compagnon nous envoie ses voeux, nous nous empressons de les transmettre à notre lectorat.

   Lorsque l’on a coupé la tête du roi louis XVI, le 21 Janvier 1793, il n’y a que 223 ans, on a coupé la tête de Dieu. Durant l’ancien régime, le pouvoir temporel (Potestas), et sa hiérarchie de gouvernement des hommes et des choses, devait son maintien et sa reproduction transgénérationnelle non seulement au rapport de force combiné des armes et de l’administration, mais aussi à la sacralisation de sa prétendue légitimité garantie par la bénédiction du pouvoir spirituel (Auctoritas), représenté par l’église. Couper la tête du roi, fut aussi un acte symbolique d’affirmation d’une séparation entre pouvoir temporel et spirituel… qui devait se poursuivre 112 ans après par la séparation de l’église et de l’état, affirmant un peu plus la laïcité publique. Cependant, preuve, de l’inaccomplissement social de cette laïcité, le maintien du pouvoir temporel sous la forme de la hiérarchie de l’Etat, fut la garantie par et pour la classe bourgeoise dominante de sa protection, en dépit de toute légitimation par le sacre du divin… Une voie ouverte au développement du capitalisme moderne... Une Potestas d’Etat libérée, par la mort du divin, de toute tutelle spirituelle, mais garantie par une Auctoritas, non divine, fondée par une morale de droits de l’homme ayant gravé dans son marbre les éléments textuels devant légitimer la permanence de la domination bourgeoise.

Quel bonheur de revoir ainsi la place de la Concorde : on n’y trouve plus [...] les colonnes précipitées d’une fourmilière d’esclaves motorisés (Guy Debord en son Panégyrique) !

   Cependant, la mort du divin sacré, non restaurable autrement que par l’alliance de la force des armes et de la manipulation obscurantiste et sectaire, rend totalement injustifié et illégitime l’exploitation du travail et la domination politique, le capitalisme et l’Etat !

   Pas plus que n’était justifiable et légitime le maintien de cette guillotine, dont souffrit finalement bien plus le peuple que la noblesse et la bourgeoisie, et qui heureusement a été mise au musée, avec l’abolition de la peine de mort !

   La déclaration universelle des droits de l’homme, dans sa version bourgeoise, reproduisant d’une façon laïcisée la justification monothéique créée par les hommes du maintien et de la reproduction entre générations du patrimoine privatif au dépend du collectif, du patriarcat sexiste et homophobe, et du droit absolu de disposer de la nature et des espèces animales (ce dont on perçoit scientifiquement les limites aujourd’hui !)…, doit être sévèrement critiquée. Mais non dans son aspiration fondamentale, plutôt dans son insuffisance, son inaccomplissement, en affirmant et postulant que ni l’exploitation du travail humain, ni la propriété privée des moyens collectifs de production et de distribution, d’intérêt public, ne sont des droits de l’homme !

Deux cents grenadiers ont en quelques heures dressé l'obélisque de Louqsor sur sa base ; suppose-t-on qu'un seul homme, en deux cents jours, en serait venu à bout ? écrira Proudhon 47 ans après, utilisant cette place, qu'un autre tyran dota du monument que nous connaissons, comme lieu de son exemple du principe de force collective.

   Si nous ne souhaitons plus le retour des guillotines populistes et démagogiques, nous pensons que 223 ans, long à l’échelle d’une vie, cela reste très bref à l’échelle de l’histoire. L’AIT, Association Internationale des Travailleurs, n’a-t-elle pas elle-même que 152 ans ? Et seulement 93 ans, pour sa forme la plus aboutie, celle de l’anarcho-syndicalisme ! Ainsi l’émergence historique moderne, dans sa précision politique et économique, d’une volonté humaine individuelle et collective, d’accomplir l’œuvre majeure d’une société solidaire, égalitaire et libertaire, réactive cette nostalgie pré-antique, dont les radicaux transgénérationnels puisent dans les profondeurs de cet âge d’or péri-néolithique comme dans une matrice mémorielle aux racines de notre humanité. Une nostalgie radicale réactivée, pendant des siècles d’ancien régime, lors de ces fêtes populaires des fous et autres saturnales, en défiant les églises, qui s’efforçaient de les réprimer sans jamais parvenir à les réduire ! Une nostalgie radicale qui n’en est pas moins, dans sa forme moderne, qu’à ses balbutiements…

   Qui oserait penser et formuler que l’aspiration révolutionnaire la plus radicale, dans sa modernité, sa profondeur et sa volonté d’accomplissement, puise son inspiration, par ses racines, tant dans la réalité que dans le réel, à la source de la nostalgie inconsciente des traditions les plus anciennes, en opposition à ces fausses traditions fondées par les colonisations de religions et de dominations d’Etat, aliénant les corps et leurs pensées ?

Lui ne nous a jamais soûlé de fumée.

   Dieu est mort, et les religions sont, au regard des savoirs et connaissances, tant dans l’infiniment petit, dans l’espace immense, que dans l’histoire de la terre et de l’évolution des espèces, condamnées par l’histoire à venir ! Dans cette époque troublée de chaos capitaliste mondial, il est logique que les religieux se cabrent à l’extrême, dans leurs pires expression violentes et oppressives ! Pour croire et infliger leur sens, mais aussi se maintenir coûte que coûte, ils peuvent nuire pendant quelques décennies encore, ce qui est long à l’échelle d’une vie humaine, mais dérisoire en regard de l’histoire humaine et de la vie ! Mais ces religions vouant un culte à ce Dieu créé par les hommes eux-même, à l’image de leurs dominants, et qui même sous couvert d’un vernis humaniste usurpé et antérieur de par la nature sociable de l’humain, ne sont là que pour justifier la reproduction de l’exploitation économique de l’humain et de la nature, sont de toute façon condamnées à mourir par l’histoire à venir ! Dieu est mort, mais son cadavre pourrissant et exposé à tous vents nous empoisonne. Alors qu’on l’enterre !!!

   Pas plus que l’aspiration au droit humain individuel, détournée par la partie bourgeoise de la république, ne peut remettre en cause l’aspiration à la chose publique combinée à celle de la reconnaissance du droit de l’individu, pas plus l’abominable détournement reproductif des structures hiérarchisées du monothéisme expérimenté en URSS et en Chine ne peut remettre en cause les aspirations, complémentaires et indissociables, à la liberté et l’égalité rendues possibles par la solidarité instituée !

Lui n'a jamais fait arrêter personne avec une lettre de cachet (ce que notre bon exécutif non-exécuté actuel, 223 ans après, peut de nouveau quasiment accomplir ad libitum, grâce à l'état d'urgence).

   Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, et prenons vigoureusement nos distances d’avec tous ces crétins et autres idiots utiles, gauchistes et fachos identitaires, tous manipulateurs du communautarisme régressif, pour affirmer, de façon universelle, que la seule transformation restant à accomplir, sur les fondements de ce qui est acquis, reste la résolution et l’accomplissement laïc de la question sociale ! Par le pouvoir temporel de la république démocratique directe, fédérative, internationale et sociale dans le monde entier, et, en l’absence du divin, par l’Auctoritas de l’éthique anarchiste constituée et des savoirs en constructions permanentes… Pour substituer le gouvernement des hommes par l’administration humaines des choses, dans le respect des espaces naturels et des ressources, pour la satisfaction solidaire des besoins de chacun-e en fonction des capacités de chacun-e.

Meilleurs vœux de réussites à tous nos ami-e-s qui, dans le monde, oeuvrent, en conscience ou non, dans ce sens !

Pour le 21 janvier, la tête de veau n'est plus obligatoire.

BOUCHEES A LA REINE VEGETALIENNES

Pour 8 bouchées :

* 8 feuilletés végétaliens pour bouchées à la reine (trouvés à Leader Price)
* 170 gr de champignons de Paris frais épluchés & émincés
* 1 petit oignon émincé
* 2 CS d'huile
* 3 pincées d'ail en poudre
* 1 belle pincée de noix de muscade moulue
* 1 cub'or 1/2 écrasé ou son équivalent en sel
* poivre
* 300 ml de lait végétal (ici, lait de soja)
* 25 gr de maïzena
* 200 gr de tofu asiatique coupés en petits cubes
* 40 gr de quinoa cru ou 110 gr de quinoa cuit
* 2 cc de vin blanc (facultatif)

****

Si vous n'avez pas de restant de quinoa, rincer abondamment et faites cuire dans de l'eau bouillante 40 gr de ce fabuleux taboulé des incas cru jusqu'à ce que le petit germe blanc sorte et que la graine soit translucide. Mettre de côté.

Dans un saladier, dissoudre la maïzena dans le lait végétal, ajouter les cub'or écrasés ou le sel, la noix de muscade, l'ail et le poivre. Réserver.

Dans une grande poêle anti-adhésive, faites revenir avec 2 CS d'huile, les champignons et les oignons afin de les attendrir puis ajoutez les cubes de tofu jusqu'à ce que ces derniers commencent à dorer.

Ajoutez alors lait végétal + maïzena et remuez avec une grosse cuiller jusqu'à ce que le mélange épaississe et là vous stoppez touuuuuut. En fin de cuisson, si vous le désirez, rajoutez le vin blanc. Vérifier l'assaisonnement.

Préchauffer le four th° 6.

Sortez vos croûtes feuilletées et creusez légèrement avec un couteau pointu pour sortir le petit chapeau.

Remplir les bouchées de farce végétalienne, poser le petit chapeau par dessus et faire réchauffer 10/15 mn (vérifier en plongeant la lame d'un couteau dans la farce, si elle ressort chaude, c'est tout bon).

Si les croûtes dorent un peu trop vite, couvrir de papier aluminium et poursuivre la cuisson.

Merci au blog blog Vegansfields, à qui j’ai emprunté cette recette.

Bon appétit, joyeuse fête et heureux 21 janvier les amis !

vendredi 9 octobre 2015

Vers une gastronomie hétérodoxe

« Si les Asmats sont des adorateurs du sperme, c’est parce qu’il a le même goût que la cervelle humaine. »
Jean-Pierre Dutilleux

C'est par la littérature, une fois n'est pas coutume, que j'ai nimbé le végétalisme d'attraits et de mystère. Plus précisément la lecture de Brouillard au pont de Tolbiac, de Léo Malet (et plus tard l'adaptation BD de Tardi). A un moment, l'enquête mène Nestor Burma (il me semble, je l'ai lu plusieurs fois, mais c'était entre 18 et 28 ans, ça commence à dater) au "foyer végétalien", où il y avait des anarchistes, avec un sulfureux parfum de bande à Bonnot et d'"en-dehors". C'était la mouise, la dèche, ambiance de série noire avant l'heure, ça donnait froid, pas dans le dos, mais aux pieds et au bout des doigts. Des anars et des végétaliens, il ne m'en fallait pourtant pas plus pour me faire rêver. Par la suite, à la recherche d'émotions et de rencontres qui n'ont finalement tourné qu'autour de l'éthylisme, j'ai arpenté Paris en tous coins, j'ai fait mes dérives urbaines comme d'autres avaient fait leurs classes, inspiré par la lecture de l'intégrale de l'I.S. (merci à Jacques qui me prêta ces exemplaires noirs de goudron et à l'odeur de jus de chique, ce qui ne leur donnait que plus de charme), en suivant des itinéraires aléatoirement planifiés sur la base des Nouveaux mystères de Paris, par arrondissement. A chaque étape je buvais un verre au troquet, comme Nestor, et je finissais toujours dans l'un d'eux d'où je ne décollais plus jusqu'à ce que mon état fut complètement avancé.


Pour en revenir au végétalisme, j'avais bien sûr depuis l'enfance une sympathie naturelle pour mes frères et sœurs animaux et leur regard si profond, si doux, si intelligent, si sensible, et j'ai toujours désapprouvé la torture, les camps de concentration, l'enfermement, le meurtre et l'extermination. Mais quoi, un biftèque dans une assiette, ça n'a rien à voir avec un animal, c'est de la viande.

L'amitié, oui, la ferme des 1000 vaches, non !

Peut-être réveillerai-je le végéphobe qui sommeille en chacun de nous. En effet, à l'instar du musulman, le végétar/lien provoque souvent des réactions d'intolérance épidermique. La comparaison s'arrêtera là, le musulman mange du mouton. Mais les images phobiques peuvent parfois se rejoindre, et faire vibrer, qui sait, les mêmes peurs ancestrales enfouies dans notre inconscient collectif. Par exemple :

- la barbe : le végétarien est souvent représenté avec une barbe fournie dans les comédies pré-cyniques et proto-beaufs avec Christian Clavier. Souvent, des morceaux de nourriture se mèlent à sa barbe : laitue, tofu (ah ! le tofu ! quelle rigolade ! j'en ris encore!), bette ou brocoli, lentille ou grain de riz, à moins qu'il ne s'agisse de jus de fraise. La barbe, le système pileux, à l'heure où, des lycéennes jusqu'aux cougars, la vulve de fillette est de rigueur si on veut éviter les hauts le coeur ; à l'heure où même les forts des Halles s'épilent sous les bras ! Vagin denté ou verge paternelle punitive, cette jungle pileuse menaçante rasée sur la terre comme au menton par une espèce dégénérée, cette noire broussaille castratrice, c'est le loup des contes de fées, l'ogre au couteau entre les dents pour le musulman ; le tendre orang-outang ou le puissant gorille trop câlin à la Brassens, pour le végétarien ;

- l'ayatollah : aujourd'hui, dès qu'une personne souhaite mettre en adéquation, si modestement que ce soit, sa sensibilité, ou ses valeurs avec sa vie, sa praxis, qu'elle décide de vivre avec un peu d'intensité, c'est un ayatollah (encore la barbe ; exit les coups de mentons glabres de Mussolini, ou les moustaches de styles variés à la Hitler, Staline ou Pinochet : la phobie pileuse progresse) ;

- on va m'empêcher de manger mon biftèque / mon boudin : je ne nie pas qu'il y ait des enthousiasmes intolérants chez certains anti-spécistes. Cela dit j'avais lu un argument anti-anti-spéciste un peu spécieux dans un magazine libertaire. De mémoire et à la louche : « les végés veulent nous interdire notre plaisir, et c'est inadmissible, parce qu'il est question de plaisir, une de nos valeurs cardinales ». Mais Marc Dutroux aurait très bien pu utiliser cet argument dans sa partie, ou Netanyahu dans la sienne. Evidemment je ne mets pas sur le même plan des enfants humains, ou palestiniens, et des animaux, je pense qu'on doit malgré tout garder un sentiment de préférence pour sa propre espèce, mais est-ce que ça autorise, juste pour le plaisir, les atrocités sur les autres ?

- l'ascète (en contrepoint du puissant gorille), les interdis alimentaires, la tristesse, la peine à jouir : mais les végétariens ont au contraire l'opportunité de re-découvrir une variété alimentaire immense, que l'imposition économique et politique de la norme du tout bidoche à réduit au morceau de chair sanguinolente sous cellophane (ou à ses substituts ovariens ou laitiers) : pour ne pas être carencé, il faut manger de tout, et pour que ce soit fun, retrouver tous les légumes, céréales, fruits, légumineux oubliés ou quasi étouffés sous le boisseau agro-industriel et le brevetage du vivant ; et mille manières d'apprêter tout ça, avec curiosité et imagination. Je crois, je suis même certain, bien sûr dans la limite des nécessités d'un quotidien soumis à la routine du travail ou à la misère des minimas sociaux dans le meilleur des cas, que le végé est un hédoniste (voyez les lotophages de l'Odyssée) ;

- le terroriste : pour ça, voyez L'Armée des 12 singes de Terry Gilliam, excellent, comme tout ce que fait Terry Gilliam d'ailleurs.



Cela dit, je ne suis pas végétalien. Ni même végétarien. J'essaye au quotidien de suivre un régime végétalien. Mais quand c'est trop compliqué socialement (invitations, restaurants, sandwichs, petits extras renforçant l'intimité du cercle familial), et ajouté à la tentation liée à une vie omnivore depuis l'enfance, je consomme. Je ne suis pas un pur dans ce domaine et il m'arrive même de dévorer, avec concupiscence et une contrition plus que légère et transitoire, des grecs, en me foutant du jus et de la moutarde plein le nez, les joues et le menton, la moitié du visage luisant comme au bon vieux temps des fougueux cunnilingus, il faudrait que je m'y remette, ce serait moins cruel et meilleur pour la santé. Mais vous savez ce que c'est, passé un certain âge on finit par se dire que y a pas photo, la bouffe c'est meilleur que la baise, surtout quand on mange plus tard que l'heure habituelle. Ce n'est pas le mieux que je puisse faire, j'en ai l'intuition.


Cependant, comme je m'intéresse (littérairement, éthiquement et par sensibilité, donc) au végétalisme, plutôt que d'être dans le moins, dans une perspective de perte, de deuil, de sevrage, d'interdit, je me place dans une vision hédoniste, et je fais des recettes. C'est pourquoi je vous propose pour ce mois d'octobre :

Le goût du petit pain d'épices à l'orange et aux amandes

Cuisson : 45 à 50 mn

Ingrédients :
- 125 g de farine de blé
- 125 g de farine de seigle
- 150 g de sucre roux
- 4 CS de sirop d'orange
- 1 CS d'anis vert moulu
- 1 CS bombée de bicarbonate de soude
- 1 CS rase de canelle
- 1 pincée de mélange "'4 épices"
- 240 ml de lait végétal (ici lait d'avoine)
- 2 CS de lamelles d'orange confite, coupées en petits morceaux
- 40 gr d'amandes, coupées chacune en trois.

J'avoue que je le préférais à ce stade... J'aurais dû me le taper à la cuiller à soupe.

Préparation :
Préchauffer le four th° 5/6 (env. 180 °) Mélanger les épices, le sucre, les farines et le bicarbonate ensemble. Ajouter le lait végétal et le sirop d'orange. Bien mélanger. Enfin, donner un dernier tour de cuiller en ajoutant morceaux d'oranges confites et amandes.
Mettre du papier sulfurisé dans un moule à cake (ou bien margariner le moule) et cuire 45 /50 mn, la pointe d'un couteau devant ressortir propre du pain d'épice.


La prochaine fois : crumble aux pommes.