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vendredi 5 avril 2019

Polichinelle

  J'ai un peu écouté Stravinsky car je suis jaloux des oreilles bien exercées qui parviennent à trouver ineffable la musique contemporaine du XXème siècle, française, russe, ou même roumaine. Et un des morceaux que j'ai vraiment trouvé magnifique, enthousiasmant, est Pulcinella.


  Las ! Pour les musiciens initiés, je ne dirai pas snobs, car ce n'est pas parce que je suis limité que je dois critiquer ceux qui sont supérieurs à moi en compréhension et en aptitude à ressentir ; pour les grands initiés, donc, ce Pulcinella est un ballet néo-classique ! Oui, vous avez bien lu, néo-classique, c'est-à-dire que c'est la honte ! Les musicos avant-gardistes de son époque, comme Schönberg, le chambraient et le critiquaient vertement justement parce qu'il avait osé composer des pièces aux belles mélodies, qu'un Jojo en gilet jaune pourrait aimer facilement. Pour comprendre ce sentiment de trahison des amateurs de musique plus coriace, il faut rappeler que Stravinsky était des leurs. Il raconte dans une interview que, quand il composait le Sacre du printemps en Suisse dans les années 10, un jeune garçon qui jouait dans la cour s'était mis à crier : "C'est faux, ! c'est faux !". "Pour lui, c'était faux", rigole Igor, "mais pas pour moi !". Et il a bien raison ! Mais à mon niveau, je suis bien content qu'il ait aussi fait du néo-classique.

  Je vous copie ci-dessous un texte que m'a envoyé l'Orchestre de Paris, c'est toujours intéressant. Ce texte parle du ballet Petrouchka. Petrouchka, a priori, signifie, si j'ai bien tout compris, Polichinelle en russe, de même que Pulcinella en italien. Mais ce second Polichinelle est en revanche bien dans le style plus ardu et rugueux à l'oreille du Stravisnsky du Sacre (dont la création au théâtre des Champs-Élysées à Paris, le 29 mai 1913 provoqua, rappelons le, un scandale artistique comparable à la non moins célèbre bataille d'Hernani en 1830). C'est pourquoi il nécessite, pour moi en tout cas, de multiples écoutes pour en découvrir les joyaux et finir par le kiffer un jour.

Poupées russes

Créé en 1911 au Théâtre du Châtelet par les Ballets russes, Petrouchka de Stravinski est construit autour d’un personnage fort. De l’Italie à la Russie, en passant par la France, ses racines sont multiples… Explorons son "arbre généalogique" !

Les cousins éloignés

Premier cousin : Arlequin, dont l’origine, discutée, remonterait aux pièces latines. Les comédiens masqués de la Commedia dell'arte – le théâtre populaire italien du XVIe siècle - le révèlent : originaire de Bergame en Lombardie, il est paresseux, fourbe, séducteur et change rapidement d’opinion. Par la suite, à ses talents de mime s’ajouteront ceux d’acrobate. Agile aussi, physiquement tout comme dans ses relations, Polichinelle (Pulcinella en italien), représentant au départ les Napolitains, est également bon vivant et coureur de jupons. Demi-masque noir, nez crochu et costume blanc sont ses attributs ! La version française est une marionnette bossue à gros sabots et à la voix stridente, qu’on retrouve dans le théâtre de Guignol. La version anglaise de Polichinelle s’appelle Punch ; en Russie, on l’appelle… Petrouchka.


Le Polichinelle russe

Dans le ballet de Stravinski, Petrouchka évolue au sein d’une fête populaire russe. D’abord simple pantin sans vie aux côté de deux autres - la Poupée et le Maure -, il se met à danser grâce au pouvoir d’un inquiétant magicien. Il s’éprend de la Poupée, qui lui préfère le Maure, les deux pantins masculins se battent et Petrouchka meurt. Son esprit finira par hanter le magicien. Pierrot, qui emprunte son costume blanc à Polichinelle, est en quelque sorte l’équivalent français de Petrouchka. Ils sont tous deux mis à l’écart de la société, parce qu’ils sont idiots, laids, solitaires ou maladroits et sont chacun au cœur d’un trio amoureux (Colombine et Arlequin pour Pierrot). L’incarnation de Petrouchka par le célèbre danseur Nijinsky devient un marqueur pour d’autres artistes à la fois tristes et drôles du XXe siècle comme Jerry Lewis ou Charlie Chaplin.


Une plus large palette

Dans la Commedia dell'arte, faire rire était central, notamment par l’imitation ou des gestes grotesques. Au XXe siècle, les clowns et mimes gagnent en profondeur et expriment par le seul moyen du corps, des situations, des émotions. C’est le cas du mime Marceau (1923 – 2007) dont le jeu est empreint de poésie et de sensibilité. Avec son "Charlot" émouvant et malicieux, Charlie Chaplin (1889 – 1977) est également un héritier de ces personnages : dans Charlot garçon de café ou Charlot vagabond, il est soumis aux injustices de la société et adresse à la caméra des regards tantôt emplis de tristesse, tantôt moqueurs.

vendredi 7 juillet 2017

Ca gratte

Tissu d’invraisemblances, de niaiseries et d’absurdités… Voilà ce qu’une faction littéraire prétend substituer à Athalie et à Mérope…
L’académicien Viennet.

[...] mais vos opinions sur la musique moderne et sur l'art en général, je vous conseille de ne les utiliser qu'en suppositoire.
Michel Audiard.

   C’est vrai qu’on la connait mal, et qu’on en entend pis que pendre. Ça ressemble beaucoup à du préjugé. Moi-même je m’en suis longtemps désintéressé, surtout quand j’entendais Ferré railler Boulez. J’avais bien entendu dire quelque part qu’il ne fallait pas écouter cela comme on écoute une musique mélodique et/ou harmonique et/ou rythmique, mais plutôt comme des bruits créateurs d’ambiance, comme une musique de film efficace dont on n’imagine pas qu’elle est contemporaine quand elle colle à l’action, ou comme d'utopiques créations d’urbanisme unitaire à la situ (l'anti-musique d'ascenseur, même si on connaît la puissance de récupération de l'Empire, à même de recycler et de réutiliser à son profit y compris les idées ou formes nées à l'origine dans le but de lui faire mordre la poussière), ça n’allait pas très loin. Jusqu’au jour où j’ai découvert Olivier Messiaen sur une radio libre qu’on ne pouvait soupçonner ni de mysticisme catholique, ni d’avoir un ministre ou deux à la boutonnière. Le premier disque que j’ai écouté était « Des canyons aux étoiles » : outre que ce titre venait toucher mon besoin de nature grandiose dans ce monde vitrifié, bétonné, plastifié, pixellisé, ce monde de tapissiers comme dirait Robert Dehoux, les sons à l’intérieur (avec cette machine à vent, extraordinaire) m’ont ravi. Par la suite j’ai écouté des choses qui grattaient un peu plus, certaines dans lesquelles je ne suis pas parvenu à entrer encore. Mais j’ai pris le virus, ça m’intéresse, et j’ai envie d’en découvrir plus, d’approfondir, de trouver ce truc qui fait que certains aiment ça.

   Voici un petit film que j’ai pris sur Framasphère, un réseau social issu du courant du logiciel libre, pas encore Marc Zuckerbergisé, en opposition avec les géants de la com, l’hégémonie croissante de ces multinationales, de ces réseaux sociaux imposés, ces formes de médiatisation aux ordres.

mercredi 15 février 2017

Sacqueboute X

   Bon, alors là, on touche des sommets dans l'ouverture d'esprit du comité de rédaction de La Plèbe. Car nous entrons aujourd'hui dans le monde mystérieux de la musique contemporaine. Pour ma part (W.W.) j'ai quand même un peu de mal, même si j'ai bien compris que l'intérêt de cette musique ne se trouve pas dans la mélodie, ou l'harmonie, ni même dans le rythme endiablé, le swing, voir le groove, mais dans les bruits ou sons qui créent des ambiances, des atmosphères. On s'en rend compte en prêtant attention à certaines B.O. de films, notamment angoissants : c'est souvent du Tzimmm ! Dong ! Biiing ! Tuuuuutuuut... Prrrouêêt !, et ça le fait à donf' quand le couteau de boucher approche du sein blanc de la jeune fille en fleur nue sous la douche (vous aussi, vous pensez à Psychose). En simple écoute, et par esprit de recherche, je me suis pourtant arrêté à Olivier Messiaen, qui parfois m'étonne, parfois me fait sourire (alors que toute ça musique est inspirée par sa foi dans le demi-dieu appelé Jésus-Christ) quelques fois me laisse désemparé, d'autres enfin finissent par me les briser menu.


   Ici on a donc un tromboniste qui fait des trucs vachtement bizarre avec son appareil, je voudrais pas dire, ça semble presque malsain au premier abord. Il y fourre pas son zob, mais à un moment je me suis demandé si c'était pas ce qu'il s'apprêtait à faire. Avec son comparse à la machette et au tuyau en caoutchouc, on dirait deux bon pépères gentiment séniles à la salle de jeu de la maison de retraite.

   Sachez que son nom est Vinko Globokar, et que chez les connaisseurs facétieux on l'appelle "Gros bocal".

   Je ne pourrais pas en dire beaucoup plus, et je demande pardon si mes propos ont pu paraître manquer de respect à ce certainement excellent musicien. En ce qui concerne l'agrément que l'on peut trouver à une telle musique, à vous de juger, et de prendre votre plaisir comme vous l'entendez.

Priviouzlyonne Sacqueboute :

- Treme

La Plèbe écoute tout le temps :

Jeudi 16 février 2017 : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : Exploration du superbe coffret MPS d'Oscar Peterson en solo, duo et trio, enregistré dans l'intimité par le millionnaire et amateur éclairé, Hans Brunner-Schwer. Une promenade lumineuse avec un pianiste au sommet de son art. Par ailleurs, peu de gens connaissaient l'attrait d'Oscar pour la lutherie électronique. Voici un petit film totalement hallucinant autour de sa collection privée d'instruments électroniques divers. Le plus étonnant est qu'il n'a jamais utilisé sur scène ou en studio le moindre synthé. Incroyable.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date (Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les semaines disponibles.