jeudi 20 octobre 2022

La dose de Wrobly : vendémiaire 2022 E.C.


   - Walter Benjamin.- Lumières pour enfants (Aufklärung für Kinder) : émissions pour la jeunesse.
   Déjà, Benjamin s'adresse ici à des enfants (sans les prendre pour des niais le moins du monde), et comme ses écrits pour adultes me sont en général assez ardus d'approche, même si j'y prends aussi un grand plaisir dans l'effort, ici c'est vraiment une détente, agréable et instructive. Et enthousiasmante, car contrairement au précédent livre de l'auteur lu et chroniqué ici (Rastelli raconte...), un recueil de contes, nous avons ici de petites chroniques documentaires décrivant, évoquant et dissertant sur... Berlin (mais pas que, les 12 premières chroniques sur 29, bien d'autres surprises vous attendent les enfants !). Berlin, qui, comme vous le savez, est une ville mythique pour moi, pour des raisons familiales, littéraires, historiques, personnelles... Un intérêt non des moindres de ces chroniques berlinoises est qu'elles datent de la fin des années 20 au début des années 30, à savoir quelques années avant la prise de pouvoir des nazis. On aura droit au dialecte berlinois et à la personnalité "grande gueule" et pleine d'humour des habitants de la ville-Etat (avec une référence au Berlin Alexanderplatz d'Alfred Döblin), aux marchands ambulants et marchés du vieux et du nouveau Berlin, au théâtre de marionnettes local, au Berlin démoniaque d'E.T.A Hoffmann, aux souvenirs d'enfance d'un gamin des rues, à des promenades au rayon jouets des grands magasins, à la visite d'une usine métallurgiques de fabrication de machines-outils plus que bicentenaire (incongru pour moi, mais finalement très intéressant...), aux cités-casernes (déjà !), au dessinateur Theodor Hosemann, à une fabrique de laiton (!), etc.
Parc de Treptow le jour de la fête de l'ouverture de la pêche de la presqu'île de Stralauer, de Theodor Hosemann.
Une demi-tonne de bière et un repas simple : c'est la récompense pour les pêcheurs. Auparavant, selon la coutume, ils donnaient les prises de leur pêche au prêtre. C'est le 24 Août, le jour de la Saint-Barthélemy, que la période de fermeture de la pêche prend fin. Ainsi débute en 1574 la tradition du Stralauer Fischzug, qui 300 ans plus tard est devenu une fête populaire avec 70 000 visiteurs. En 1873, la fête fût interdite pour cause de célébrations tapageuses. Depuis lors c'est devenu plus calme sur la presqu'île de Stralau et alentour.


   Tegel, Unter den Linden, Schöneberg, Templehof, Tiergarten, la porte de Brandebourg... autant de termes qui m'évoquent des lieux vus directement ou entendus nommés et imaginés, et qui me donnent envie d'y retourner. Si ça se fait un jour, je réemprunterai ce livre pour l'emmener comme guide.

   - Lois McMaster Bujold.- Cetaganda.
   Détente agréable, ici aussi, grâce à la générosité persévérante de mon pote de l'aïkido qui m'avait prêté le volume I de la saga Vorkosigan cet été. Je commence donc le volume II. Je trouve cette rentrée et cet automne particulièrement déprimants (guerre, désastre écologique, fascistes, capitalistes toujours plus en roue libre et pépouzes, saloperies éructées par leurs larbins médiatiques, petits chefs toujours à fond dans leur rôle... je devrais être remonté pour combattre mais j'ai peu de force vitale, je suis démotivé, me sens vieux et ai à moitié la crève. Du coup ça me fait du bien ce pur divertissement, j'oublie un peu toute cette merde, un opium du peuple doux... Je retrouve avec plaisir mon héros nain bossu fragile comme le verre (Miles Vorkosigan), sa petite famille de grands aristos moyennâgeux par son père et de républicains techno-ravis de la crèche par sa mère, et ses amis. Le space opera laisse de plus en plus place à des intrigues policières, sur des planètes contrastées. Ici on a chouravé la clé de la banque génétique des Hauts, la haute aristocratie de la planète impériale Cetaganda, banque via laquelle ils se reproduisent en eugénistes accomplis, sans contact grands dégoûtants ! Et on veut faire accuser Miles, dont le père est premier ministre de la planète, impériale également mais plus brute de décoffrage, où on copule encore en vrai, Barrayar, ennemie héréditaire de Cetaganda, au risque (calculé ?) de créer un incident diplomatique qui mettrait le feu aux poudres... On se laisse porter comme dans une de ces bulles flottantes dans lesquelles s'enferment et se déplacent les plus que belles Hautes cetagandanes.