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vendredi 19 novembre 2021

La dose de Wrobly : brumaire 2021 EC


   Bon, Wroblewski a pu lire un peu plus ce mois-ci. La cause en est qu'il s'est fait voler son sac à dos à Ménilmuche pendant qu'il soufflait dans son trombone lors d'un petit concert à un mini salon de la presse alternative devant une librairie. Dedans il y avait la masse sur l'art japonais qu'il déchiffre péniblement depuis des mois. Il l'avait presque terminé, il en était aux annexes, plus précisément à la liste des musées des quatre grandes îles et peut-être des plus petites. Mais le renard, qui devait en avoir besoin, être à des sortes d'abois, ayant profité de l'attroupement joyeux autour des souffleurs et des frappeurs, a fait disparaître ce volume qui a pris pas mal de temps et d'efforts de concentration à Wrobly, certes, mais qui lui a aussi procuré curiosité et instruction. Le voleur a un peu accéléré les chose. Heureusement c'était l'automne et ses températures plus basses, toutes les laisses portatives du monde moderne, papiers, cartes et passes, fric, clés, étaient dans les poches du blouson du musico du dimanche, et pas dans son sac, comme en été qu'il se balade en tee shirt. Mais il y perdit un K-Way, le bouquin en question, un agenda, et, un peu plus chiant, ses lunettes. Depuis il fait avec des anciennes, et a pris rendes-vous chez l'ophtalmo pour début déccembre. Ca ne l'a pas empêché de bouffer du papier imprimé relié.

- Nanni Balestrini.- Black out.
"le pouvoir d'un côté et les jeunes de l'autre

ce trouble-fête de 1968 n'en finira jamais

tout le monde a essayé de récupérer les jeunes
[...]
tout ce qui en 1968 était encore latent ou indéterminé s'est maintenant radicalisé

sa cohérence révolutionnaire dont on voudrait se débarasser pour rêver en paix
[...]
Fiat craint leur haine pour l'usine
[...]
ce sont surtout les contremaîtres qui sentent sur leur peau leur mépris
[...]
ces jeunes arrivent d'une autre planète a-t-il commenté

pour travailler ils travaillent mais dès que la sirène sonne ils détalent comme des lièvres s'ils peuvent ils se mettent en maladie
ils garaient des camions de location devant le magasin et chargeaient calmement des divans-lits des armoires des frigos des téléviseurs
[...]
qui veut des téléviseurs a crié quelqu'un en découvrant un stock à la lumière faiblarde des bougies ici en haut il y a des guitares et des saxos annonce un autre
[...]
une femme m'a téléphoné pour me dire ils passent dans Bushwick avenue on dirait des buffles

une jeune femme qui s'était présentée sous le nom d'Afreeka Omfrees a dit vraiment c'est quelque chose de merveilleux tout le monde est rassemblé dans les rues il y a une atmosphère de party

une femme de cinquante ans son panier à provision au bras entre dans le magasin en disant aujourd'hui on fait son marché gratis
[...]
un jeune homme deux saxos sous le bras m'a arrêté et m'a dit il y a cinq ans à Brooklyn j'ai été obligé de mettre en gage mon sax et maintenant je vais me remettre à jouer encore"

- Choderlos de Laclos.- Critique littéraire.
   Ah ! les Lumières ! Dommage que ça se soit fini en eau de boudin, c'était quand même un très bon esprit !
   "Les amis de la liberté et de l'égalité apprendront ici avec plaisir que La Pérouse avait, dès 1786, les idées libérales qui n'ont été proclamées ouvertement en France qu'en 1789. Le passage suivant en fournit une preuve frappante : "Quoique les Français, dit-il, fussent les premiers qui, dans ces derniers temps, eussent abordé sur l'île de Mowée, je ne crus pas devoir en prendre possession au nom du roi. Les usages des Européens sont à cet égard complètement ridicules. Les philosophes doivent gémir sans doute, de voir que des hommes, par cela seul qu'ils ont des canons et des baïonnettes, comptent pour rien 60 000 de leurs semblables ; que, sans respect pour leurs droits les plus sacrés, ils regardent comme un objet de conquête une terre que ses habitants ont arrosée de leur sueur et qui, depuis des siècles, sert de tombeau à leurs ancêtres. Ces peuples ont heureusement été connus à une époque où la religion ne servait plus de prétexte à la violence et à la cupidité.""

   Si ils savaient !...

- Sébastien Navarro.- Péage sud.
   Une des plus insolites révolutions sémantiques du XXIème siècle débutant : le jaune, de mouchard patronal, de traître à sa classe, est passé émeutier déter', insurgé rentre-dedans, plèbe à bout bouillant spontanément !

   "- Je travaille de 6 heures du matin à minuit pour un salaire de 1000 balles. J'ai le dos cassé. J'en peux plus. Le matin, je dois être au poste à 5h55. Dès que ça sonne, je dois m'activer. Pas de temps mort. Des heures à transporter des palettes. S'il manque un ou deux mecs, le patron s'en bat les couilles. C'est à moi de boucher les trous. Pour le même salaire évidemment. Je cours partout. Pour le patron c'est tout bénéf. D'ailleurs il a rejoint les foulards rouges*. Mais moi c'est décidé, je le plaque. J'arrête. Je me fous au chômage.

   Au rond point, il n'y a que trois clampins. Dont JP, le gendarme retraité. Je lui parle du texto reçu. Paraît que ça se corse. JP nous affranchit : il y a une AG sur le parking du Lidl. On peut dire que les gilets ont le chic pour trouver les endroits les plus sexy où se réunir : après les ronds-points gazolés, les parkings de supermarché low-cost."

* Ephémère mouvement pro-Macaron.
- Marcel Aymé.- Confidences et propos littéraires.
   "Au fond de notre coeur, nous nous refusons instinctivement à admettre que l'un de nous puisse être jugé par ses semblables revêtus de toges et de peaux de lapin.
   Nous ne croyons ni à leur infaillibilité, ni au pouvoir dont ils sont investis par la société de faire jaillir une vérité même incertaine et tremblotante, et nous avons besoin de faire appel à notre raison pour reconnaître la nécessité des tribunaux dont les sentences, rendues avec majesté, ne sont à tout prendre que des opérations de police du deuxième degré. Du reste, l'expérience confirme souvent, trop souvent, le bien fondé des avertissements que nous prodigue notre instinct.
   [...] on n'a vu aucun procureur, aucun président de cour d'assises confesser publiquement qu'ils avaient sur des données entièrement fausses expédié des innocents au bagne et à la guillotine. A combien s'est-il élevé le nombre de leurs victimes ? Encore ces serviteurs de la justice étaient-ils de bonne foi.
   Mais que dire des juges de la Libération qui condamnèrent par timidité, par veulerie, pour ne pas entrer en conflit avec le nouveau pouvoir ? Il est rare que l'histoire ratifie les condamnations prononcées contre des prévenus politiques. Qui donc, de nos jours, peut songer sans écœurement à la férocité des conseils de guerre de 1871 ?
   Cela dit et considéré, il faut convenir que la peine de mort est une périlleuse aventure pour la justice dont elle compromet sérieusement la majesté sinon l'exercice. Faut-il ajouter qu'elle est encore plus périlleuse pour ceux qui en sont les victimes ?
   L'innocent expédié au bagne peut encore espérer une réparation, mais celui qui meurt sous le couperet ou sous les balles du peloton d'exécution n'a plus à compter que sur le tribunal du jugement dernier. On comprend d'ailleurs mal pourquoi, en France, le mépris public demeure attaché à la profession de bourreau alors que la carrière d'un magistrat ayant obtenu la mort de ses semblables se poursuit dans les honneurs.
   S'il est vrai que le second serve la société, le premier en peut dire autant. Pour ma part je trouve indécent et révoltant qu'un monsieur puisse, le cul sur un fauteuil et sans courir le moindre risque, réclamer avec des effets de manche la mort d'un homme, coupable ou non."
Arts, 25 mars 1959.

- Serge Truffaut.- Les Résistants du jazz.
   Un très beau livre, superbement illustré, et instructif, puisqu'il nous permet de mieux connaître, ou de découvrir, des "mi-moyens" du jazz américain, qui sont aussi de somptueux musicos, dont la biographie est retracée avec une verve parfois polémique, en lien avec le contexte social, géographique, culturel, historique... de leur apparition, du chemin qu'ils ont tracé, de l'héritage qu'ils on laissé : Red Garland, Charlie Rouse, Lee Morgan, Julius Hemphill, Horace Silver, Gerry Mulligan, Mal Waldron, Jackie McLean, Lester Bowie, Johnny Hodges, Hampton Hawes, Dinah Washington, Paul Desmond, Duke Jordan, Sun Ra, Johnny Griffin, Art Blakey, Eddie "Lockjaw" Davis, Gil Evans, Ray Bryant, Don Cherry, Booker Ervin, Donald Byrd, Mary Lou Williams, Rahsaan Roland Kirk, Stanley Turrentine, Shelly Manne, Ben Webster, Zoot Sims, Randy Weston, Buck Clayton, Horace Parlan, Hank Mobley, Roswell Rudd, Max Roach, Art Pepper, Dr John, Cannonball Adderley, Elvin Jones. Quatre pépinières de jazz sont également décrites dans leurs différents apports à la grande fructification de cette musique libertaire, free jazz ou pas : Detroit, Kansas City,...

Comme y a 37 mecs pour 2 nanas, on discrimine positivement.

   "De leur vivant, Billie Holiday, Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan furent célèbres et le demeurent. Dinah Washington, elle, fut populaire et le reste. Dans les ghettos, dans les lieux où les intonations du blues doivent être claires, nettes, que ce soit dans le jazz, le rhythm and blues et autres genres ou sous-genres.
[...]
   Tout au long des années 50, elle va aligner des hits : I Won't Cry Anymore, Come Rain Or Come Shine, Am I Blue ?, My Heart Cries For You, Cry Me A River, All Of Me, Make The Man Love Me et une floppée d'autres titres. Certains ont été arrangés et orchestrés par Quincy Jones. D'autres ont été réalisés en compagnie des poids lourds du bebop comme Max Roach, Clifford Brown Richie Powell et consorts quand elle n'était pas invitée par Count Basie et Duke Ellington.
   Mais voilà, sa gourmandise vocale devait lui jouer un sale tour de la fin des années 1950 à son décès le 14 décembre 1963. Elle fit de la pop, du sirop, du très sirupeux. Elle a enregistré une quantité de pièces noyées par des dizaines de cordes. Non seulement ça, elle fera même du Hank Williams. Tout ça sans jamais, il faut le souligner, gommer les accents du blues.
   Reste que cette déviation vers des genres jugés trop populaires, donc trop vulgaires, par les critiques "branchés" de l'époque devait lui valoir un chapelet de réactions toues formulées à l'enseigne du mépris. on précisera même : le mépris de classe."

- Lawrence Block.- Drôles de coups de canifs.
   Entre deux réunions des AA, Scudder se fait pote avec un boucher (c'est une métaphore, et un surnom), et démasque le tueur gentrifieur, dans un New York ou la spéculation immobilière interdit désormais et de plus en plus aux pauvres la possibilité de se loger. On se croirait à Paris.

vendredi 20 novembre 2020

La dose de Wrobly : brumaire 2020 EC

- Célestin Freinet.- Pour l'école du peuple.
INVARIANT n° 4 :
Nul - l'enfant pas plus que l'adulte - n'aime être commandé d'autorité.
[...]
INVARIANT n° 6 :
(découlant des précédents)
Nul n'aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C'est la contrainte qui est paralysante.

- Georges Simenon.- Au rendez-vous des Terre-Neuvas.
   Seulement Maigret avait hâte d'être ailleurs ! Et il y avait ce nez ! Et une certaine emphase de petit-bourgeois qui s'écoute parler. [...] On sentait trop la boutique de Quimper, les discussions ayant précédé le départ, les cancans des voisins.[...] Et Maigret, en la regardant, l'imaginait telle qu'elle serait dix ans plus tard, avec les mêmes traits que son père, un air un peu sévère, bien fait pour en imposer aux clients du magasin. [...] Il aperçut sur son seuil un marchand de cordages. C'était un homme jeune encore, très grand, qui commençait à prendre du ventre. [...] Et l'homme [...] ne reconnut pas Maigret qui, d'ailleurs, hâta le pas, détourna la tête et esquissa une drôle de moue.

   Un chouette polar, dans la continuité de mon intégrale Maigret, bien glauque, qui pourtant se déroule en juin dans une station balnéaire, Fécamp (c'était avant que les centrales nucléaires envahissent la Normandie, interdisant par là toute tentation romantique associée à cette belle mais condamnée région). Une critique : la femme fatale, prostituée, est trop caricaturale, l'auteur insiste trop sur sa vulgarité, sa gouaille, son toupet, un peu à la Arletty. Du coup je ne suis pas du tout parvenu à l'imaginer et à la ressentir comme femme fatale, vénéneuse, ensorcelant et rendant quasi fous deux ou trois bonshommes de la fiction.
- Marcel Aymé.- Vagabondages.
   Marcel Aymé (avec les défauts que nous lui connaissons et ses amitiés nauséabondes) avait pourtant découvert très en avance pourquoi la France du COVID 19 se révélait la féconde matrice d'une certaine catégorie de rebelles que nous vomissons ici - un nom à la mode revient souvent chez les critiques révolutionnaires libertaires-égalitaires (mon parti de coeur et d'esprit même si, malheureusement, fort peu d'action), et je le cite pour paraître à la page même si je ne sais pas c'est qui et ne l'ai jamais entendu beugler : Ivan Rioufol, par exemple. Mais il y en a d'autres. Voici leur motivation essentielle : 

Il était pour [...] le respect des libertés qui permettent aux personnes fortunées de jouir tranquillement de leurs biens et prérogatives. (Article Aristophane). 

   Pour finir confessons que tout cela est du réchauffé, j'ai déjà lu la plupart de ces articles. Mais je me suis juré de râcler les fonds de tiroirs de ma bibliothèque de près d'attache concernant Marcel, je le fais donc, fidèle en cela à ma maniaquerie légendaire. 
 
 - Choderlos de Laclos.- Poésies.
   Le poème dont vous trouverez un extrait ci-dessous, irrita la comtesse Du Barry (Jeanne Bécu, la dernière favorite du roi Louis XV de 1768 à 1774, guillotinée le 8 décembre 1793 à Paris) car elle se sentait visée (voir la fin du morceau choisi). Mais l'épitre dans son ensemble est un éloge des amours roturières (Brassens n'est pas loin), ou, pour être honnête, plutôt ancillaires, ou prostituaires... : de nos jours nous devons réviser le lecture de nos écrivains libertins favoris à l'aune de la prise de conscience qu'apporte le féminisme, "Balance ton porc", l'exposition des violences de genre et autres féminicides, la critique du système prostitutionnel... et c'est une très bonne chose. Mais parfois j'aime à rêver, moi qui n'ai plus aucune activité de ce type, que ces amours furent parfois partagées, respectueuses de chacun(e)s, librement désirées sans arrière pensée d'obéissance, de survie, de protection... 

Mais Margot a de si beaux yeux
Qu'un seul de ses regards vaut mieux
Que fortune, esprit et naissance.

[...]
Non, l'aimable enfant de Cythère
Craint peu de se mésallier :
Souvent pour l'amoureux mystère,
Ce Dieu, dans ces goûts roturiers,
Donne le pas à la Bergère,
En dépit des seize quartiers.
Eh ! qui sait ce qu'à ma maîtresse...
Garde l'avenir incertain ?
Laissez la devenir catin
Et bientôt son heureuse adresse
Saura corriger le Destin.




NECROLOGIE
 
Discret hommages à deux écrivains plutôt chers à ce blog et morts récemment. Comme d'habitude, ne lisant que des mensuels sur arbres morts, et ne sacrifiant pas aux chaînes en continu et sites d'info et d'intox de l'oligarchie, je suis un peu en retard. Une des particularités de ces deux écrivains est que je n'ai rien lu d'eux, mais j'en ai chié entendu parler.

- Michel Ragon : 24 juin 1924, Marseille - 14 février 2020, Suresnes.
A priori, comme pour notre ami Jimmy Gladiator, les ratichons ont confisqués et se sont attribués son cadavre, puisqu'on l'enterra à l'église Sainte Eustache à Paris.

- David Graeber : 12 février 1961, New York - 2 septembre 2020, Venise.

vendredi 24 août 2018

La dose de Wrobly : thermidor 2018 EC


1- Voltaire.- Les Questions de Zapata : absurdités des prétendues écritures saintes et fausseté du christianisme.

   Rien à voir avec la révolution mexicaine.

Citation : 61° Instruisez-moi pourquoi le Credo, qu'on appelle le Symbole des apôtres, ne fut fait que du temps de Jérôme et et de Rufin [cf. (4) - note du blogueur -], quatre cents ans après les apôtres. Dites-moi pourquoi les premiers Pères de l'Eglise ne citent jamais que les évangiles appelés aujourd'hui apocryphes. N'est-ce pas une preuve évidente que les quatre canoniques n'étaient pas encore faits ?

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (2) et (3).


2- Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut.- L'Art de péter.

Citation : Pisser sans péter, c'est aller à Dieppe sans voir la mer.

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (1) et (3).


3- Choderlos de Laclos.- De l'éducation des femmes.

   De petits essais mineurs, Laclos est homme d'une seule œuvre génialissime. Mais bien que militaire, le gus est fort sympathique dans ces positions : clairement féministe si c'est possible pour un homme, et du côté de Rousseau contre Voltaire, en ce qui concerne l'état de nature, et le choix affectif pour lequel il opte entre l'indien beau, fort, bronzé, libre, heureux et possédant une connaissance totale de son milieu, et le tas de merde dans un bas de soie prétentieux et méchant adulant la civilisation ou l'histoire sinistre de l'oppression et de l'exil. Cela dit j'aime bien Voltaire quand il taquine le curé, il est drôle, convaincant, documenté : cf. (1).

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (1) (2) (6).


4- Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française.- Le Collier rouge.

Il y a une tradition d’insulter longtemps l’académie puis, l’âge venu, d’y quémander une place. Les académiciens sont donc les seuls français qui crachent dans un fauteuil avant de s’y asseoir. Ils ne s’y assoient que pour faire sous eux, il est vrai : le crachat sert d’amorce.
Tony Duvert.

   Encore un académicien, je m'en était déjà farci un il y a deux mois. Mais je ne l'ai pas trouvé trop mal, toutes réserves liées au fait qu'il fasse partie des 40 gâteux mises de côté évidemment, et il est très rapide à lire, ce qui est aussi un avantage. Je l'avais reçu en pub du Cercle Gallimard de l'enseignement : les vieux fichiers ont la vie dure... Mon frangin, qui apparemment connait bien cet écrivain, m'a envoyé la critique suivante, que je me permets de publier ici sachant qu'il ne lit pas mon blog. Il évoque ici ma brochette de lecture de thermidor : "Je n'ai lu que le collier rouge, dernier Rufin pour moi parce qu'autant avant j'aimais bien mais là il a commencé à m'agacer. Dans l'histoire dans l'histoire dans l'histoire, Stefan Zweig fait mieux, dans l'évocation de la grande guerre je préfère Céline et dans le genre histoire de toutous, il n'arrive pas au jarret de London." Assez sympa comme jugement, surtout par les auteurs évoqués, aussi variés que passionnants.

Citations :

- Alors, elle ne vous a pas dit qui était son père.
- Non.
- Elle ne s'en vante pas. Son père, voyez-vous était un juif allemand, proche de cette Rosa Luxembourg qui a été assassinée l'hiver dernier à Berlin. Il était membre de l'Internationale ouvrière. C'était un agitateur et un pacifiste forcené. Il a été arrêté et il est mort à la prison d'Angers. Il paraît qu'il était tuberculeux.

[...] [...]

- Combien de temps êtes-vous donc resté en permission ?
- Deux semaines. C'est bien trop peu. Mais les livres que je n'ai pas pu lire, je les ai emportés.
- Il n'en tient pas beaucoup dans un barda.
- J'en ai pris trois.
- Lesquels ?
Morlac se redressa pour donner les titres, comme s'il annonçait les Evangiles.
- Proudhon,
Philosophie de la misère, Marx, Le 18 Brumaire, et Kropotkine, La Morale anarchiste.

Mots clés : celle que j'préfère / action révolutionnaire internationaliste /

Liens : (5) et (9).


5- Agatha Christie.- Mr Brown.

   Comme vous le savez, je me refais la série, en bouchant les trous éventuels, et dans l'ordre, maniaque dépendant que je suis. Peut-être nostalgie aussi de l'innocence et de la passion émerveillée du grand jardin du Morvan privatisé par un autre aujourd'hui. C'est donc son deuxième.

   Peut-être l'ai-je déjà lu, mais plus le souvenir. En tout cas, petite surprise, ce n'est pas un whodunit, mais plutôt un genre de comédie d'espionnage, et complotiste (travaillisto-bolcheviko-irlandorépublicano-criminel) qui plus est. Ce genre n'est pas le sien, c'est assez mauvais. Évidemment c'est plutôt réac, et même si un personnage concède qu'il y a des révolutionnaires honnêtes, il précise aussitôt que ceux-ci sont les marchepieds des ambitieux despotiques incarnations du mal. Cela dit, même si le terme d'honnêteté reste un peu limité au domaine moral, les anarchistes et autres ultra-gauches pourraient dire avec raison sensiblement la même chose.

Citation :

- [...] Un tel déballage ne manquerai pas de rameuter tous les Travaillistes. Or, un gouvernement travailliste dans la situation actuelle poserait de graves problèmes à l'économie britannique. Mais tout ceci n'est rien à côté du vrai danger.
"Peut-être avez-vous lu ou entendu dire que l'agitation ouvrière actuelle serait commanditée par les bolcheviques ?
Tuppence acquiesça.
- Eh bien c'est exact. L'or bolchevique afflue dans ce pays dans le seul but de déclencher la révolution. Et il existe un homme dont personne ne connaît le vrai nom et qui travaille dans l'ombre, pour son propre compte. Si les bolcheviques sont derrière l'agitation ouvrière, lui, il est derrière les bolcheviques. Nous ignorons qui il est, mais il se fait appeler d'un nom passe-partout, "Brown", et une chose est certaine : c'est le plus génial des criminels de notre époque. Il contrôle une organisation qui fonctionne à merveille, il a des espions partout. Pendant la guerre, toute la propagande pacifiste et défaitiste a été orchestrée et financée par lui.
- C'est un Allemand naturalisé ? demanda Tommy ?
- Pas du tout, j'ai de bonnes raison de croire au contraire qu'il est anglais. Il était pro-Allemand comme il aurait été pro-Boer. [...] Il y a autour de ce projet de traité un point que nous n'avons pas encore éclairci. La menace que nous avons reçue est sans ambiguïté : l'extrême gauche a carrément déclaré que le document était entre ses mains et qu'elle avait l'intention de le rendre public du jour au lendemain. [...] Mais le gouvernement envisage un grand coup pour contrecarre toute menace de grève. [...] Cependant si le projet de traité remonte à la surface, nous somme perdus. L'Angleterre sombrera dans l'anarchie.

Vivement !

Mots clés : celle que j'préfère

Liens : (4).


Pas de jaloux : version métal.

6- J.-B. Jeener.- Les Chemins de l'Amour.

   Extrait de la quatrième de couverture (le plat verso, dirait le Tenancier), à propos de l'auteur, J.-B. Jeener (?) : "Ses fines analyses de l'amour - d'où les tempêtes charnelles ne sont pas exclues - ressortent d'une longue filiation : Laclos [cf. (3), note du blogueur]... Maurois... Chardonne !" Je ne sais pas pour Maurois et Chardonne, mais concernant Laclos, je trouve que le rédacteur de cette apéritive notice exagère un tout petit peu.

Mots clés : y en a pas


7- Lawrence Block.- Les Péchés des pères.

   J'ai décidé de me faire la série des Matt Scudder, il y a longtemps que j'en avais envie, parce que ce détective est alcoolique abstinent et fréquente une association d'anciens buveurs (enfin dans les trois premiers romans il picole encore), et que mon meilleur ami est dans le même cas. Un pote dans ce cas également m'avait raconté un passage d'un volume qui m'avait fait marrer. Scudder je crois, héros et narrateur, devise : "Dans chaque alcoolique il y a un monstre qui sommeille. Et c'est pour ça que les réunions d'Alcooliques Anonymes sont si nécessaires pour eux : elles sont tellement chiantes, que si le monstre se réveille à un moment, il se rendort aussitôt" (de mémoire et par la bande). Bon, c'est du petit polar qui se lit bien, un peu freudien, avec une séquence de baston pour les amateurs de virilité testostéronée, mais rien de transcendant a priori pour le moment.

Mots clés : La grosse pomme

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8- Donald Westlake.- Histoire d'os.

   Je poursuis la série du ténébreux Dortmunder par l'excellentissime Westlake, vous êtes au courant maintenant. Que c'est drôle ! J'en ai profité pour me rencarder sur la géographie de New York, comment c'est foutu, à quoi correspondent ces noms rencontrés des milliers de fois : Broadway, Manhattan, Brooklyn, le Bronx, le Village, le Queens, Central Park, Harlem l'East River, l'Hudson, Long Island, le New Jersey, l'Etat de New york... Depuis le temps... Je commence à situer un peu tout ça maintenant, merci Donald (et aussi Lawrence) et Wiki. Allez, un petit jeu facile, mais auquel je n'aurais pas su répondre il y a trois semaines : quelle est la particularité géographique du Bronx par rapport aux quatre autres arrondissements de New York (Manhattan, Brooklyn, Queens et Staten Island ?

Mots clés : La grosse pomme

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9- Tiburcio Ariza / François Coudray.- Les GARI (Groupes d'Action Révolutionnaires Internationalistes) : 1974, la solidarité en actes.

Quand on exécute au mois de mars
De l'autre côté des Pyrénées
Un anarchiste du Pays basque
Pour lui apprendre à se révolter
Des zigs d'attaque et pleins d'tactique
Nonobstant la bile des bégueules
Par l'rapt, la bombe, l'vol et l'éthique
Du garrot desserrent la sale gueule.

D'après Renaud "I kissed a cop" Séchan.

Mots clés : action révolutionnaire internationaliste

Liens : (4).






mercredi 16 novembre 2016

La dose de Wrobly, brumaire 2016 ère commune

 Il n'y a absolument aucun chinois adepte de kung-fu dans le roman de Chandler.

   - Raymond Chandler.- Fais pas ta rosière !
   Je poursuis ma série des Marlowe, et celui-ci est de la bombe ! La Dame du lac m’avait un peu déçu, les histoires de sosies, où de gens grimés qui se font passer pour d'autres, ça me paraît trop simple, téléphoné et tiré par les cheveux. Quand on a vu Vertigo, difficile d'être satisfait quand le procédé est plus convenu et grossier. Ca m’a fait le même coup avec une autre "Dame", celle en noir, et son parfum, ça m’a gâché un peu le plaisir, (attention si vous n'avez pas lu le roman de Gaston Leroux, ne finissez pas cette phrase, elle est divulgâcheuse) Larsan se faisant passer pour le jeune marié dans l'intimité du couple, c’est pas crédible. Quoique, le coup du sosie dans Monsieur Ripley d’Highsmith est très bien amené, et plausible.
   Mais de toute façon, ce que je préfère dans Marlowe, ce sont ses réparties, leur inventivité, leur humour, leur art de chambrer gentiment mais sûrement. Et puis ses métaphores, toujours inattendues, originales, drôles ou poétiques. L’incontournable scène glauque-onirique sous stupéfiant ou après choc d'objet contondant aussi. Enfin ses coups de théatre en rafale en toute fin de roman, même si on a du mal à suivre. J’aime vraiment bien Chandler.

 Cette scène n'est pas dans le livre non plus. Plutôt qu'un Marlowe, ce film semble un nanar low.

   - Liza Cody.- Sans la tête.
   - Celui-ci non plus, je ne sais pas ce qu’il faisait dans ma bibli (voir ma dose de vendémiaire). Inconnue au bataillon, la Cody. Du diable si je me souviens qui me l’a offert, ou bien si je l’ai trouvé quelque part. En tout cas c’est bof ! bof ! Ca se veut truculent, haut en couleur, grossier, avec une héroïne caricaturale catcheuse vindicative. Dommage, pour une fois que c’est une femme qui mène la danse, mais dans le genre enflure, j’en viens à regretter le Béru de mon enfance, au moins avec lui j'étais assailli de hoquets convulsifs d'hilarité à ne plus pouvoir en reprendre mon souffle. Ici, je m’ennuie. Quant à l’intrigue, elle est aussi étique que la catcheuse est corpulente.


   - André Lorulot.- Méditations et souvenirs d'un prisonnier, 1921.
Une curiosité de 1922 (livre d'époque), faisant une fois de plus le réquisitoire de cet instrument de torture et de dressage qu'est la prison. On y retrouve la trace de grands anciens. Mais dans l'ensemble cela m'a paru un peu fourre tout, inabouti, et un peu gentillet, avec tout le respect que je dois à un compagnon ayant payé de sa personne dans les geôles, ce qui n'est pas mon cas hormis quelques GAV et cellule de dégrisement négligeables.


   - Choderlos de Laclos.- Les Liaisons dangereuses.
   Un classique de chez classique, et qui sent le fagot, comme on les aime. Première lecture, mais on n’ignorait pas l’essentiel de l’intrigue. On a vu un film, celui de Frears. Pas le Valmont de Forman. On a envie.


   - Max Aub.- Campo Francés (Le Labyrinthe magique tome IV).
   Comme je vous l'avais déjà raconté quelque part, après avoir lu les trois pavés fort intéressants, tragiques mais parfois cocasses par les retournements facétieux des destins, même si les conséquences en sont terribles, foisonnants, bouillonnants, un vrai labyrinthe, avec parfois ses longueurs (de longs dialogues idéologiques, par exemple, me paraissant oiseux dans leur désuétude, mais les sociétés des débats, que les polémistes se tirent sur la nouille sur papier, plateau de talk show, réseau social ou en café du commerce m'ont toujours vite lassé) ; après avoir lu les trois pavés des trois premiers tomes, donc, je me suis fait piquer à la portière le tome IV, beaucoup plus svelte que les autres, écrit en dialogues comme un scénar' de ciné, à ma portière, après bris de glace, à un feu rouge à Garges, ou Sarcelles, à la frontière... Enfin, le jeune entrepreneur en voulait à mon sac, il ignorait qu'il venait d'emporter une telle pépite à l'intérieur. Le sujet ? Actuel : la crise des réfugiés, que le pays des droits de l'homme a toujours su régler avec la plus grande hospitalité et fraternité : tout le monde en camp de concentration, allez hop là, et que ça saute, circulez, y a rien à voir ! Sauf que là, les réfugiés étaient espagnols, anarchistes ou républicains, mais aussi, juifs d'Europe centrale et d'ailleurs, communistes, aristocrates, intellectuels... Vous me direz, les espagnols, ils étaient en camp au chaud dans le sud, c'est mieux qu'à Calais. Détrompez-vous, une dame de la bibliothèque à qui je m'étais adressé pour lui annoncer le vol du livre, d'origine espagnole, m'a raconté à cette occasion que son père, n'avait jamais autant souffert que dans son exil en France, notamment du froid, et que la boue et le sang de l'autre côté des Pyrénées c'était de la gnognotte à côté. Bref, après l'avoir commandé à la bibli, j'ai enfin pu lire la fin. En attendant que le tome V soit équipé...



La Plèbe écoute tout le temps :
"MESSAGE AUX AUDITEURS… MESSAGE AUX AUDITEURS…
2016 année de merde, suite…

L'équipe de jazzlib' et radio libertaire tient à s'excuser pour les problèmes techniques irréversibles d'hier soir qui nous ont obligé à annuler l'émission in situ. Nous avons en effet, constaté qu'un appareil nécessaire à la bonne marche de notre émission, était hors service définitivement. Compte-tenu de nos moyens, il était trop tard pour trouver une solution rapide ne pénalisant pas la diffusion.
Il se trouve que je travaille majoritairement avec ma propre discothèque, qui est très fournie, mais dont certains vinyles ne se retrouvent pas en réédition CD. C'était le cas hier soir pour la partie Jimmy Blanton/Duke Ellington, dont une édition italienne introuvable ou quasi.
Nous vous renouvelons nos excuses les plus aplaties, 1mm d'épaisseur au moins, et vous promettons de la reprogrammer le plus rapidement possible dès que nous aurons l'assurance de la remise en état dudit matériel.
J'en profite pour vous dire qu'il existe une souscription de soutien à notre radio disponible sur le site ou à retirer à la librairie Publico rue Amelot dans le 11e. Cette souscription nous sert justement à pourvoir maintenir le minimum nécessaire au rachat ou à la réparation de matériel déficient. Je vous tiens informé dès que j'ai des nouvelles.
Fraterniswing."
Yves JazzLib, le 18/11/2016.
Jeudi 17 novembre : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : nous continuerons à explorer l'œuvre gigantesque du Duke. Nous nous intéresserons à la très courte période pendant laquelle le Duke va embaucher un extraordinaire contrebassiste, sans-doute celui qui va sortir la contrebasse de son rôle d'arrière plan. En effet Jimmy Blanton a fait passer l'instrument définitivement vers la modernité. Pour cette émission, le contrebassiste Jacques Vidal a de nouveau eu la gentillesse d'accepter l'invitation afin de nous éclairer de sa connaissance de l'instrument et de l'histoire du jazz.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date (Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les semaines disponibles.