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dimanche 7 juin 2020

Les livres qu'on aimerait lire ou relire II

Foyer d'infection statique ou bouillon de culture dynamique ?

   Après le confinement on aimerait partir en vacances. Au pays basque par exemple :


   Ou au Portugal :

- Mailer Phil.- Portugal, la révolution manquée.- Les Nuits rouges, 2019.
- Raquel Valera.- Un peuple en révolution : Portugal 1974-1975.- Agone, 2018.

   Ou n'importe où en Europe :

- Zweig Stefan.- Le Monde d'hier : souvenirs d'un Européen.

Stefan Zweig avala le véronal avec Lotte, sa compagne, le 22 février 1942, à Petrópolis, qui n'est pas en Europe !

   Bref, fuir la start-up nation :

- Coeurderoy Ernest.- Jours d'exil (1849-1855).- Héros-Limite.

   Ou alors je reste à la cité :

- Collet Victor.- Nanterre, du bidonville à la cité.- Agone, 2019.


   Et je kiffe la life devant mes terminaux, connecté par tous les orifices :


- Biagini Cédric / Marcolini Patrick.- Divertir pour dominer 2.- L'Echappée, 2019.

lundi 25 mars 2019

No border

"[...] il vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place".
Jean-Luc Mélenchon.


  Autant vous le dire tout de suite, mais vous avez sans doute pu le constater si vous suivez un peu ce blog, le Vladimir Ilitch, cette girouette dictatoriale qui s'est servi des anars et des soviets pour mieux les faire liquider, et qui a contribué à transformer l'espoir révolutionnaire international en bruits de bottes et camps de travail, on peut pas trop le blairer ici. Mais comme son statut d'homme providentiel lui venait aussi de son aptitude à dire tout et son contraire, il a parfois pu exprimer des propos qui pourraient figurer en exergue de La Plèbe. Par exemple ceux-ci, découverts par hasard dans un journal de gauche (faut bien s'informer un petit peu de temps en temps).


  A propos des frontières et des progressistes qui les préconisent :
  "Nous pensons que l'on ne peut pas être internationaliste et en même temps favorable à de telles restrictions... De tels socialistes sont en réalité des chauvins."
1915.

  Et :
  "Il ne fait aucun doute que seule la pauvreté extrême peut contraindre les gens à abandonner leur terre natale, et que les capitalistes exploitent les travailleurs immigrés de la plus honteuse des manières. Mais seuls les réactionnaires peuvent refuser de voir la signification progressiste de cette migration moderne des nations. Le capitalisme attire les masses de travailleurs du monde entier. Il brise les barrières et les préjugés nationaux, et il unit les travailleurs de tous les pays."
1913.

  Mélenchon, qui a peut-être au demeurant le mérite de la franchise, n'a qu'à aller se faire cuire un œuf, à condition que la poule vive en plein air libre de ses mouvements, avec sa xénophobie et son nationalisme de gauche.

mardi 10 juillet 2018

Et moi, et moi, et moi...


Hey Joe
Si on parlait, hein, mais de quoi ?
Hey Joe
L'Aquarius, les exilés
Tu t'en fous de tout ça
Comme tu dis, la vie
C'est le métro à six heures,
Et chacun pour soi

Hey ! Joe !

lundi 16 avril 2018

Nous on veut pas dubliner

   Déjà, ce matin, alors que le réveil a recommencé ses tortures, j'apprends par texto que mon lieu de travail est contre l'attente de certains de nouveau bloqué sévèrement par de jeunes grévistes déter' que je salue ici bien bas. J'en profite pour relayer l'appel du Mouvement Inter Maternelles Indépendant, un peu tard malheureusement pour le rendez-vous de 6 heures...

   Quant aux pleureur(se)s nous couvrant de jérémiades depuis quinze jours, personnels aliénés pourtant les premiers à tirer au flanc en règle générale et à en foutre le moins possible, cadres administratifs zélés dans leur rôle d'application des basses œuvres de leurs supérieurs, étudiants affolés (mais ceux-ci, il faudrait leur expliquer) ou francs réacs, syndicats jaunes, je les invite dores et déjà à foncer chez l'épicemard et enfermer dans leurs placards fayots, lentilles, sardines et sauciflards !


   En attendant, nous, on essaye de se rendre utile, même si on n'est pas des foudres de guerre, c'est peut-être pour cela même qu'on prend des pseudos fantasmatiques et qu'on admire tant les boutefeux de sédition (à venir un post sur Durrutti d'ailleurs, enfin, si les évènements ne nous laissent que ces faibles passe-temps numériques sous la dent). Alors on est allé soutenir les exilés occupant les locaux de l'université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis depuis peut-être, oh ! oui, ça doit bien faire deux mois, a priori maintenant. Ils se sont rassemblés devant la préfecture de Bobigny pour demander leur réintégration dans dans l'espèce humaine puisque malheureusement, la moindre existence digne aujourd'hui est suspendue à la possession de papiers.






   Ils ont écrit au préfet le 8 avril pour demander un rendez-vous. Celui-ci a demandé à un stagiaire de leur répondre par une note de synthèse du cadre juridique des régularisations, toutes obligatoirement individuelles, sauf exception à laquelle il est suggéré aux exilés de ne pas rêver une seule seconde. La lettre est arrivée le 11 via la présidence de la fac. A la fin, une petit ligne invite les sautes frontières ayant traversé tant d'horreurs pour arriver jusqu'ici, à venir de leur plein gré se présenter pour être raccompagnés dans leur pays d'origine.





   Aux cris de Nous on veut des papiers, nous on veut pas dubliner !, de Descends, Pierre-André, nous refiler des papiers ! ou Des papiers pour tous les exilés ! (à peu de chose près et de mémoire), les réfugiés et leurs soutiens internationalistes ou simplement humains ont tenu quelques discours, traduits en arabe et en tigrinya, je crois (une langue d'Ethiopie). J'étais encore transporté d'admiration, moi qui depuis le collège n'ai cessé de rêver au bi, tri ou poli-linguisme, sans faire ce qu'il faut pour bien sûr, j'étais à l'époque muet et aller à l'étranger parler était pour moi qui ne communiquais déjà pas dans ma langue maternelle une gageure que les bistros et l'éthanol qu'on y consomme on contribué à me faire oublier. Moi qui, depuis, lit dans le texte et potasse toujours anglais et allemand en espérant un jour... qui me suis mis à l'Italien grâce à une Assimil trouvé chez George (mon ancien libraire)... De voir ces jeunes militants traduire du tigrinya en français et vice versa, pour des œuvres on ne plus utiles et fraternelles qui plus est, ça me rend malade de jalousie bienveillante. Ca me redonne envie de me mettre à l'arabe, cette magnifique deuxième langue de France, ou au japonais, langue d'un pays que j'ai souvent rencontré dans mes activités et relations. Dommage que George ait fermé, j'aurais bien pu trouver une Assimil de ces deux langues dans sa caverne...





   Bref, ensuite tout le petit rassemblement a voulu aller s'assurer au guichet de la préfecture que le sens de la lettre était bien une fin de non recevoir. Nous avons été arrêtés à l'entrée par les plantons un peu hallucinés, mais pas trop agressifs. Cette place s'appelle Jean Moulin. Il me semble que ce préfet est mort torturé par la police d'un régime dont le racisme d'Etat était la vertu cardinale. Un désobéissant, quoi. Bon, il y a eu Sétif dès mai 45, montrant une certaine continuité finalement, mais Moulin, lui, était déjà mort, on ne peut pas lui reprocher d'avoir cautionné cela. Donc, au vu du zèle de l'administration à appliquer strictement des lois et règlements déniant à certains êtres humains des droits supérieurs ou égaux à ceux d'un chien, et ordonnant à ses serviteurs de mener ces hommes-là à une mort quasi certaine en les "rapatriant", pourquoi ne pas rebaptiser cette place du nom de l'irréprochable fonctionnaire Adolf Eichmann, finalement ? A creuser.

Au centre, l’écœurant étendard du racisme d'Etat.


Cynique ironie.

   Après avoir raccompagné jusqu'à la fac deux collègues rencontrées là-bas (il y en avait une poignée), m'être faufilé jusqu'aux pénates des exilés pour leur refiler le sac de sucre, d'huiles et de sauce tomate que j'avais pris au U avant de partir (j'ai payé, je vous l'ai dit, je ne suis pas vraiment un héros...), je suis rentré bien ragaillardi par cette journée de solidarité, en me disant, peut-être contre toute évidence, que peut-être un changement va advenir, qui nous fera sortir de la brume... 


vendredi 2 février 2018

Joyeusetés de l'exil

Au peuple français, aux étudiant.e.s, à celles et ceux qui dorment dans la rue, aux personnes solidaires, aux personnes torturées par le règlement Dublin.

Nous sommes des exilé.e.s du monde entier, des dubliné.e.s, des réfugié.e.s statutaires à la rue. Nous sommes débouté.e.s de l’asile, nous venons de traverser la mer, nous sommes des mineurs sans papiers. Nous occupons l’Université Paris 8 depuis le 30 janvier 2018. Pourquoi avons-nous du faire cette action ? Ces derniers mois, la France a déporté de nombreuses personnes. Nombre d’entre nous se sont suicidé. Il y a trois mois, un ami sous le coup du règlement de Dublin, déprimé, s’est allongé sur les rails d’un train qui l’a percuté. Il y a dix jours à Calais, la police a frappé et gazé des éxilé.e.s dormant dans la rue. Un jeune a eu la moitié du visage arrachée par un tir policier. Un ami qui avait rendez-vous à la préfecture y a été arrêté et mis en centre de rétention administrative (CRA), avant d’être déporté en Italie. La police française a ses gyrophares, ses sirènes et ses gaz, mais ni foi ni loi.

Ce que le système d’immigration français attend de nous, ce sont nos empreintes, pas nous. L’arbitraire et l’aléatoire sont notre quotidien, à l’OFPRA, à la CNDA, à la préfecture. À l’issue des démarches, certain.e.s sont refusé.e.s, d’autres dubliné.e.s indéfiniment, assigné.e.s à résidence, déporté.e.s, et ce sans aucune logique.


Nous revendiquons les choses suivantes :
- Des papiers pour tou.te.s
- Des logements décents et pérennes
- Pouvoir apprendre le français et continuer nos études
- La fin des refus au Dispositif d’Evaluation des Mineurs Isolés Etrangers (DEMIE)
- L’arrêt immédiat des déportations vers tous les pays, en Europe comme ailleurs.

Nous attendons de tou.te.s les exilé.e.s qu’ils et elles luttent partout en France contre l’oppression et l’injustice et contre les pratiques de la police dans la rue.
A la population française : vous qui avez fait cette révolution que l’on étudie dans les livres d’histoires, reprenez-la ! Nous remercions la population de son soutien, qui, contrairement à son gouvernement, nous montre sa solidarité.
L’administration de la fac utilise la carotte et le bâton dans les négociations. Les un.e.s disent qu’ils vont nous donner un autre endroit dans la fac, les autres nous menacent à mots couverts de faire entrer la police. Nous demandons aux étudiant.e.s et aux professeur.e.s de l’Université Paris 8 de nous soutenir dans nos revendications. Nous les remercions et leur demandons de rester totalement avec nous, jusqu’au bout. Nous nous joignons à la lutte des étudiants sans-papiers de l’Université.
À nos ami.e.s mort.e.s en traversant la mer,
À nos ami.e.s suicidé.e.s,
À nos ami.e.s mort.e.s à cause des frontières,
À nos ami.e.s mort.e.s dans le désert,
À nos amies violées en Libye,
Nous ne vous oublions pas.

Les migrant.e.s de Paris 8

vendredi 6 octobre 2017

Solidaire des délinquants solidaires des délinquants solidaires

      Un bordel comme tout le monde le sait, c'est une maison de prostitution. Le patron de cette maison, tout dictionnaire vous le confirmera, est le macron. Quand cette maison de prostitution prend la dimension d'une nation, ce nom commun prend une majuscule. Ainsi, le patron du bordel France n'est autre que le Macron.

     Ce dernier vient de confisquer et de falsifier (son larbin de com' doit avoir quelques lettres piochées dans Trivial pursuit) le sens de propos du stupéfiant philosophe Baruch Spinoza, comme vous le savez, pour salir ceux des galériens spoliés par les voyous de son espèce qui, joyeusement, relèvent la tête et combattent ses exactions avec courage. C'est pourquoi nous diffusons ci-dessous ces petits films qui débutent par le portrait du grand philosophe hideusement racketté par le hareng junior portant si beau le costume et le maquillage de sa clique.

     A noter qu'on y voit aussi une des figures tutélaires de ce blog, la sister Emma Goldman.





     La suite et le vif du sujet ici.

vendredi 2 juin 2017

Jouons un peu avec les migrants

      Apparemment y a plus de migrants... Enfin je ne sais pas, je ne regarde pas la télévision, ni la radio ou l'internet dominant, mais il me semble que, comme les drogués, cette catégorie de personnes souffrantes qui défraya la chronique entre haine et compassion ont disparu des gazettes et autres médias. Pourtant, plusieurs dizaines de migrants sont morts noyés mercredi en huit, dont beaucoup de très jeunes enfants, après être tombés d’une embarcation surchargée au large de la Libye où la tension monte entre humanitaires et garde-côtes libyens. Mais il faut croire que le spectacle doit se renouveler, pour que le show goes on, et il faudra peut-être attendre, après le gros morceau des présidentielles, que le festival de Cannes, Roland-Garros et les législatives soient passés pour qu'on en entende reparler. 

      A la Plèbe, par contre, on lâche pas le morceau. Alors on va vous parler d'Ali. Ali est un jeune syrien ayant fuit la guerre et les persécutions. Son périple dans la Méditerranée en quête d'un port pour poser son lourd bagage est digne des plus rocambolesques romans d'aventure, n'était la souffrance, la peur et la mort qui, dans son cas, n'étaient pas une combinaison d'images crées par l'imagination et de caractères d'imprimerie noircissant une page blanche. Il a bien voulu nous raconter son périple de saute frontière damné de la terre, d'éternel Caïn des mers rejeté sans cesse de rive en rive, loin de l'hospitalité et de la possibilité de trouver un bout de terre, un terrain, un lieu, une maison, une autonomie, des liens d'amitié.

      Voici, en résumé, les différentes étapes qu'il a suivies, à partir de son premier appareillage en Méditerranée, depuis les côtes de Turquie.

     1- Il est donc parti de Turquie, embarquant dans une coque de noix surpeuplée au sud du détroit des Dardanelles, espérant rejoindre une petite île de la mer ionienne ou des membres de sa famille, partis avant lui, l'attendaient. L'embarcation est parvenue à doubler le cap Malée, extrême pointe du Péloponnèse sans trop d'encombres, malgré les affres que vous imaginez. Mais là, un vent de tempête les entraîne, les détournant de leur erre, à l'ouest, vers l'inconnu, bien au delà du golfe de Corinthe et de la mer ionienne... 


     2- Paf ! Le voilà jeté à Djerba, au sud-est de la Tunisie. Il y rencontre des mangeurs d'all inclusive, prolos + sans conscience des pays riches venant oublier leurs humiliations de 11 mois en se gavant au soleil dans les anciennes colonies ou autres pays sous tutelle de la finance internationale qui les presse de s'intégrer dans l'Economie en étranglant leurs populations. Mais c'est moins cher. Ali y bosse pour survivre quelque mois comme soutier à la plonge, au ménage et comme serveur.

Djerba

      3- Prêt pour un autre départ, il embarque sur un nouveau bateau de type gonflable. Débarquement en catastrophe dans un pays de volcan : les Champs Phlégréens, sur le golfe de Pouzzoles (Golfo di Pozzuoli), sur la façade nord-ouest de la baie de Naples. Il y travaille comme saisonnier sous l’œil d'une police vexatoire et d'une mafia avide et brutale.

Vue sur la baie de Naples. Une Margherita offerte à qui découvrira l'origine de cette photo.
 
     4- Nouveau départ sur un petit bateau de pêche moyennant finances. Le capitaine se jugeant sous-payé en cours de route, les dépose à Stromboli, dans l'archipel des Lipari. Rien de notable ne lui arrive sinon un vent violent tout le long de son court séjour sur cette île.

Une des îles éoliennes, ou Lipari.


     5- Il repart sur un grand voilier de plaisance sur lequel il a réussi à se faire embaucher comme homme de peine. Direction la Sardaigne, Porto Pozzo, sur la côte des bouches de Bonifacio, où il échappe de peu à une ratonnade par une équipe de joueurs de rugby éméchés en villégiature.


     6- Il s'échappe, seul, sur le canot de sauvetage du voilier de ses employeurs, avec lequel il parvient à retourner en Italie, à mi chemin du golfe de Naples et de l'embouchure du Tibre, au bord de la mer Tyrrhénienne, au sud du Latium, exactement au pied du mont Circé. Il vivra ici une orageuse histoire d'amour avec une éleveuse du cru envoûtante et dominatrice, qui l'aima d'un amour possessif et ardent. Un jour qu'il était parti marcher pour faire le point dans sa tête, il s'est endormi près du lac Averne, sur cette même baie de Naples, et il rêva que tous ses compagnons de voyages morts noyés étaient là, et lui reprochaient de ne pas rejoindre les siens.

Le lac Averne

     7- Il prend donc congé de son hôtesse et embarque dans un chalutier à la pêche à la sardine au large de la presqu'île de Sorrente.

     8- Pris dans une tempête, décidément, le bateau manque de s'écraser sur un récif juste avant d'échapper de peu à un tourbillon géant, de part et d'autre du détroit de Messine.


     9- Jeté en Sicile, il y passe trois mois à se faire dorer au soleil, vivant d'expédients. Puis il repart encore, sur un esquif, espérant en voyant s'éloigner les deux amers du détroit séparant Vulcano de Lipari, dans les îles éoliennes de nouveau, que cette fois il pourra se rapprocher de sa famille en mer ionienne.

     10- Ce n'est évidemment pas ce qui s'est passé. Dans le but de fuir des garde-côtes, il met cap à l'ouest, à l'opposé de sa destination. Le moteur tombe en panne, les courants l'emportent... sur le bord africain du détroit de Gibraltar ! Il vit dans des campements plusieurs mois encore au pied du mont Atlas. Là encore il connait une idylle torride et clandestine avec une veuve. La femme voulait le garder, il devait partir. Re-départ naval. 

Là, pour rester dans nos habitudes de lecture de carte, je ferais faire un quart de tour horaire à celle-ci.


     11- C'est presque la fin de son parcours du combattant, finalement tout sourit à la nouvelle embarcation, vents, courants, absence d'avarie. En quelques jours il accoste à Corfou ! La chance s'y trouve encore, loi des séries, il rencontre des membres d'une association d'aide aux migrants qui prennent soin de lui et lui permettent de se reposer et de reprendre des forces sur cette île que plus d'un assujetti social comme moi rêverait de fréquenter quelques semaines. 
 
Corfou

     12- Grâce à ces nouveaux amis, il peut rembarquer en sécurité et se diriger au sud, vers la petite île de Zanthe, ou il retrouvera sa femme, son fils et d'autres proches qui, en l'attente imminente du statut de réfugié, et encore grâce à l'aide d'associatifs de l'hospitalité, participent à une coopérative textile bio à base de laine de caprin. Ici se termine son périple. Jusqu'à quand ? Tout ce que je lui souhaite, c'est de ne pas venir au pays des macrons. Un caprin oui, un macron non !

Enfin Zanthe, fin du voyage...

    Conclusion : les migrants sont des héros, et nous devrions les accueillir comme tels, les bras ouverts.

    Mais, au fait, en rédigeant ce périple de damné de la terre, le nom du voyageur malgré lui a été changé, ainsi que quelques détails de son épopée. Sauras-tu corriger tout cela ? Allez ! Un indice quand même : il ne s'agit pas de Panaït Istrati.

lundi 21 novembre 2016

Fuocoammare


      Entre la vie à la Tom Sawyer d’un jeune garçon sur sa petite île (Lampedusa, 20.2 km², 205 km de la Sicile, 167.2 km de la Tunisie) et l’enfer dantesque des damnés de la terre : leurs deux lignes de vie, de survie ou de mort ne se croiseront jamais. Ici, on se dit que l’armée, si ses missions n’étaient toujours que celles-ci (sauver les naufragés), pourrait paraître sympathique, et ne serait par conséquent plus l'armée. Mais c’est sans compter sur la lâcheté, l’avidité et l’indifférence à la souffrance humaine des Etats et de leurs politiciens, qui, ne participant pas financièrement à cette opération initiée par l’Italie (Mare Nostrum) en précipitèrent la fin. L’opération Triton qui lui a succédé, consistant à faire du cabotage près des côtes (alors que Mare Nostrum allait repêcher en haute mer à des dizaines de miles), n’ayant pas son ampleur, et étant d’ailleurs sous la coupe de Frontex, dont le but est la protection des frontières de l’Europe forteresse, pas le sauvetage de vies humaines.

      Nous on est bien sûr pour qu'on efface toutes les lignes par terre. Mais quand on pense que la plupart de ces migrants entrent dans le cadre de la définition du réfugié de la convention de Genève de 1951, convention signée par de nombreux Etats européens dont la France, et que par conséquents ils devraient être transportés dans de bonnes conditions par avion ou bateau vers les pays d'accueil au lieu de subir cet enfer, on se dit que le mot "légalité" doit énormément faire rire dans les couloirs des ministères. Les 100 000 migrants sauvés en moins d'un an par Mare Nostrum équivaudront donc à autant de morts supplémentaires les années suivantes. Et c'est maintenant la Turquie qui fera le tri entre bons réfugiés et mauvais, avec retour direct chez Erdogan en cas de passage clandestin.

     Quant à moi, n'étant pas consommateur des nouvelles à la TSF, j'ai été choqué par les cadavres du film : ce ne sont pas des comédiens ; ce n'est pas un coup des Quat'z'arts non plus.

"Dal tuo stellato soglio", du Mosé in Egitto (Moïse en Egypte) de Rossini

Ma dernière actu ciné.

Ah ! et pour finir, un blog excellent sur le sujet.

lundi 5 octobre 2015

Deux "cause toujours", deux causes, toujours.

« Ce peuple old school se voit marginalisé alors que les marges deviennent le souci français prioritaire, avec grandes messes cathodiques de fraternité avec les populations étrangères accueillies devant les caméras du 20 heures. »
Michel Onfray, compilateur à succès et amuseur médiatique bas normand et du front.

Des marges

A ceux qui consentent à vivre gras dans la France asservie, je dirai : « Il ne vous appartient pas de blasphémer la proscription ! Non, toute la science n’est pas dans vos bibliothèques et vos académies aux vieilles senteurs ; non, tout le bien-être n’est pas dans vos spéculations fiévreuses ; non, tout art, toute inspiration, toute poésie, toute action, toute beauté, toute littérature, tout progrès, tout bonheur, vous ne les avez pas confisqués. Non, toute la découverte et toute la révolution ne sont pas en France. L’humanité, la mère féconde, n’a pas fait de nation immortelle au détriment des autres ; son cœur bat pour tous les enfants de son amour. L’exil centuple la vie de l’homme en lui donnant l’humanité pour patrie. Les vrais exilés, sur cette terre, ce sont ceux qui ne peuvent sortir de chez eux qu’avec la permission de leur maître et sur un passeport signé de sa main. »
Ernest Coeurderoy

Tous les mardis du mois d’octobre, les 6, 13, 20 et 27, vous êtes attendus au métro Ménilmontant (Paris 20e), entre 18h30 et 20 h, pour une collecte en solidarité avec les migrant.e.s. Ils sont environ 600 à squatter le lycée Jean Quarré, rue Guillaume Budé dans le 19e, et les besoins sont énormes : matelas, couvertures, draps, duvets, tapis de sol, produits d’hygiène, nourriture, matériel de ménage, fournitures scolaires et livres d’alphabétisation, sac à dos, tickets de métro, torches, piles cintres portants, matériel de cuisine.


« Si une tribu en Amazonie souhaite garder son identité on l’applaudit, si ce sont les Français on les stigmatise… »
Arno Klarsfeld, baveux mal-comprenant et illettré.

Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs ; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et de l’homme – tous appartiennent à la même famille.
Seattle.

[…] trop dépendants de la page imprimée […] Vous feriez mieux de vous tourner vers le grand livre de la nature… Car enfin, soyons sérieux : vous pensez bien que si vous prenez vos livres et les étendez tous sous le soleil en laissant pendant quelque temps, la pluie, la neige et les insectes accomplir leur œuvre, il n’en restera plus rien. Tandis que notre mère, la Terre, nous a fourni, à vous comme à moi, la possibilité d’étudier à l’université de la nature les forêts, les rivières, les montagnes, et les animaux dont nous faisons partie.
Tatanga Mani, Indien Stoney


La répartition moyenne de leur temps de « travail », toutes activités comprises, dépasse à peine trois heures par jour… Premières sociétés de loisir, premières sociétés d’abondance, telles sont les sociétés à l’âge de pierre.
Marshall Sahlins

Le mépris des Yanomami pour le travail et leur désintérêt pour un progrès technologique est tel, qu’on peut légitimement parler à leur propos d’une société de refus du travail.
Pierre Clastres

[…] ils ont été unanimes à décrire la belle apparence des indiens, la bonne santé de leurs nombreux enfants, l’abondance et la variété de leurs ressources alimentaires… alors que nul, loin de là, ne travaillait à temps complet.
Pierre Clastres

[…] des gaillards pleins de santé, qui préféraient s’attifer comme des femmes de peintures et de plumes, plutôt que de transpirer dans leurs jardins (où rien ne manquait). Des gens donc qui délibérément ignoraient qu’il fallait gagner son pain à la sueur de son front.
Marianne Mahn-Lot

lundi 28 septembre 2015

Désert et jungle


   Les frontières n’existent pas. Elles existent moins encore que tant de ces choses dont nous dissertons à longueur de conversation et que nul n’a jamais vues : la société, la France, le temps, ou le concept de fleur. Il y a des mers, pour certaines presque infranchissables. Il y a des cols, des montagnes escarpées, des lacs dont les rives se perdent à l’horizon, il y a des déserts aussi, toujours habités, étrangement habités, les déserts ;

Les oiseaux de proie sont leurs principaux prédateurs.

                                                                il y a des langues et des histoires, des traditions et des liens de parenté, d’amitié. Mais il n’y a pas de frontières. C’est pourquoi il faut un tel appareillage pour attester leur existence contre toute évidence. Des miradors, des barbelés, des guérites et des passeports, des hommes en uniformes et désormais aussi des scanners, des drones, des capteurs, des miracles de technologie infrarouge, des caméras inventées juste pour les surveiller, les frontières – ces fictions impératives.

Bye-bye Saint-Eloi.

Les poulets sont leurs principaux prédateurs.

jeudi 24 septembre 2015

Quatre mois après

"Il y avait à Paris, dans le quartier de la Chapelle, un pauvre Arabe du nom d’Abd el Martin et on l’appelait Abdel tout court, ou le Crouïa, ou l’Arbi, ou le Biquemuche, ou encore Bique à poux, parce qu’il avait, en effet, des poux. […]


Appuyé sur le manche de son balai, le patron regardait l’Arabe avaler un café tiède et se laissait aller à méditer tout haut : « Pour celui qui veut bien réfléchir, disait-il, on est peu de chose. Je vois par exemple toi. Qu’est-ce que tu es ? de la pourriture. D’où tu deviens ? on n’en sait rien. A quoi tu sers ? J’en causais une fois au coiffeur et c’est bien ce qu’on disait ensemble, que jamais le gouvernement ne devrait tolérer une pareille vermine sur le territoire, à plus forte raison dans une ville comme Paris qui est le cœur de la France. Je ne suis pas contre l’étranger, au contraire, mais j’estime néanmoins qu’il y a des limites. Et d’abord, tu viendrais à disparaître, fusillé, ou n’importe quoi, qui est-ce qui le saurait ? personne. Je dirais peut-être à Mme Alceste : « Tiens, on ne voit plus le Crouïa qui buvait du vinaigre. » Et puis c’est tout. Et dans quinze jours, je t’aurais sûrement oublié. C’est bien la preuve que tu es moins que rien. […]

Sale temps pour les diabétiques.

Les deux inspecteurs entrèrent dans l’impasse à la première heure du matin. L’un était un jeune homme portant chapeau mou sur l’oreille et un imperméable dont il nouait la ceinture avec une coquette négligence. L’autre, M. Ernest, était d’une tournure plus classique. Trapu, moustachu, avec des épaules de tueur et d’énormes mollets qui imprimaient aux jambes du pantalon une forte courbure, il portait le chapeau melon et le pardessus noir d’une coupe ministérielle.
[…]
A l’entrée de la rue Pajol, Abdel, jetant un dernier regard en arrière, eut un mouvement des épaules et parut avoir encore une velléité de fuite. Avec une agilité qu’on n’eût pas attendue de son âge et de sa corpulence, M. Ernest le botta au revers de la capote, d’une double détente, sûre et puissante, qui lui tira un gémissement. Sur le trottoir, une vieille femme qui promenait son chien, eut un geste de pitié et de protestation.
« Avec ces animaux-là, lui dit l’inspecteur, il faut ça. Ils ne comprennent rien d’autres. »
Marcel Aymé.- Derrière chez Martin, 1938.

Des précisions ici

« Entre le 2 juin et le 29 juillet, les réfugiés de la Chapelle ont subi pas moins de dix évacuations par les forces de l’ordre. La première est l’expulsion du camp sous le métro aérien à La Chapelle. C’est le début de leur errance dans le 18ème. Durant deux mois, les camps sont évacués les uns après les autres, sans solution pérenne, jusqu’au 29 juillet et l’évacuation définitive de la Halle Pajol. Le 30 juillet, les locaux de Ni Putes Ni Soumises sont occupés, et le lendemain, c’est au collège désaffecté Guillaume Budé (19ème) que les migrants se réfugient. Ils y sont toujours. »
Siné mensuel n° 45 – septembre 2015.

Enfin, je ne suis pas les nouvelles au jour le jour, je ne lis que des mensuels et des blogs, n'écoute que des radios libres et ne contemple pas la TV, mais je crois bien qu'ils n’y sont plus non plus, arrêtez-moi si je me trompe.

mardi 22 septembre 2015

Bientôt la trève


En attendant, des gardes qui expulsent, des décideurs qui le leur ordonnent, des Bidochons décomplexés, serviles aux puissants, impitoyables aux miséreux, qui piaffent, et moi, et moi, et moi... (tiens, encore un Jacques, mais celui-là ne doit pas être dans le besoin, rassurons-nous). Bon, malgré tout, on va essayer de pas faire une tête d'enterrement...