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lundi 1 février 2021

Eloigné dans une représentation

Que suis-je ?
- Mort d'un soldat loyaliste, photographie du reporter engagé Robert Capa ;
- Mort d'un milicien, image du photographe de guerre antifasciste hongrois Endre Erno Friedmann ;
- La mort d'un travailleur luttant contre le capital sur le front de Cordoba ;
- La mort du militant anarcho-syndicaliste Federico Borrell Garcia, tué le 5 septembre 1936 ;
- L'objet de multiples controverses sur une éventuelle mise en scène, le lieu, la personne... ;
- Une oeuvre d'art ;
- Un objet de spéculation ;
- Un tirage de presse adjugé 75 000 euros à François Pinault, 27ème fortune mondiale et collectionneur d'art, en janvier 2020 dans une salle parisienne de la multinationale de vente aux enchères Southeby's ;
- La propiété d'un ancien grand patron du luxe, connu pour la liquidation féroce de nombreuses entreprises et des licenciements massifs à la clé ;
- Un aide-mémoire pour faire revivre ce moment tragique mais magnifique au cours duquel le peuple en armes sut faire trembler le bourgeois en collectivisant une grande part de l'économie ;
- Une idée et des extraits chipés par un blogueur sans scrupule au journal du reconfinement du syndicat du bâtiment SUB-CNT.

lundi 23 février 2015

Jouons un peu avec l'islam

Un jambon – beurre – cornichons sera offert à l’ami qui découvrira l’auteur des lignes ci-dessous, quelle que soit sa confession, ou son absence de confession. Attention ! Halte aux procès d’intention ! Le lot gagnant de ce jeu ne fait aucune allusion sarcastique ou autrement malveillante à qui que ce soit. Non. Non ! Monsieur Michel Onfray, les cornichons du sandwich ne font pas référence implicite à l’aigreur de certain philosophe athée postanarchiste. Nous en avons déjà longuement parlé, et il est inutile de me submerger de vos commentaires amers, je vous ai déjà averti que je ne les publierai plus. Usez plutôt votre salive sur l’organe (de presse) de votre ami Franz-Olivier Giesbert, allez à Lagardère, que diable, mais ne venez plus à Wroblewski ! J’ai dit.



Voici le texte, ce n'est pas facile, et attention, des propos peuvent choquer :
« Qu’est-ce que j’ai pu rire, pour moi-même, quand j’ai entendu dire que monsieur Machin et monsieur Truc avaient réussi à quitter la zone rouge en offrant une somme d’argent à la FAI, et qu’avec les marxistes on ne pouvait pas s’entendre. Pour les gens, il n’y avait d’autre explication que le banditisme. Moi je riais : les anarchistes et les mahométans, c’est kif-kif. Nous détestons la subordination, nous ne supportons pas qu’on nous compte, qu’on nous commande et nous oblige à faire quelque chose, qu’on nous dise sans nous consulter : « Fais ceci ou fais cela.» Pas parce que nous refusons de le faire, mais pace que notre amour propre-appelez ça dignité ou honneur- exige une certaine considération. Nous sommes un, et pas plusieurs. Nous sommes grossiers, orgueilleux, arrogants et jaloux, et en même temps simples et polis, sans gros défauts, loyaux ; nous sommes naturellement portés à faire le bien. Nous ne sommes ni immoraux ni déloyaux, notre obscur sens de l’honneur s’accommode avant tout de fidélité. Nous sommes habitués à vivre dans la misère, capitaine. Ainsi nos Espagnols, clairs et valeureux descendants des Arabes et des Berbères. Quand ils sont victorieux, ils n’ont que le butin en tête et il ne leur vient pas à l’idée d’offrir au peuple qu’ils ont vaincu une bonne administration. Pour quoi faire ! Leurs désirs ne vont pas au-delà du pillage, ils ne cherchent pas une place dans le monde, ni à fonder des empires. […] L’anarchisme peut vivre dans la péninsule – ou en Sicile – grâce à son sang africain ; c’est pour ça qu’il persiste. Il devait resurgir le jour où les hommes se retrouveraient sans terre, sans bétail et émigreraient sans leurs outils. « L’humiliation pénètre dans une famille avec la charrue », a dit le Prophète. Et un champ engendre une obligation d'impôt. Et l’impôt « place celui qui le paie dans un état de subordination. C’est une marque ignominieuse ». Ceci est écrit au XIVe siècle, capitaine. Lisez Ibn Khaldûn, capitaine. C’est un écrivain génial, originaire de Séville. Et ceux qui croient que nous vénérons Bakounine ou Sorel se trompent. Si on les laissait, si on nous laissait, nous finirions par vivre comme des Kabyles, dans des républiques démocratiques très petites, sans liens entre elles : une poussière de clans. »



Bravo à Jules, donc, qui a reconnu Max Aub ! C’est extrait du Labyrinthe magique qui, comme son nom ne l’indique pas, est un roman historique qui traite de la guerre d’Espagne. Attention, j’ai bien dit de la guerre. Ceux qui s’intéresseraient à la révolution sociale réellement conduite par les anarchistes, et à l’ébauche, la plus avancée qui fut jamais, d’un pouvoir prolétarien seraient déçus. Les anarchistes y sont présents, certes, mais comme une faction parmi d’autres (phalangistes, staliniens, nationalistes catalans, militaires franquistes et républicains…) de la guerre, pas toujours à leur avantage d’ailleurs. J’ai cru sentir, mais je me trompe peut-être, comme chez le Malraux de l’Espoir, une sympathie pour les staliniens. Il faut dire que Max Aub était plutôt engagé dans les arts, ami de Picasso, il a été conseillé culturel de la République à l'ambassade d'Espagne en France. Le roman est assez conséquent, avec 6 tomes, dont certains sont de vrais pavés. Ils sont construits un peu à la manière d’un scénario cinématographique, une succession de séquences, sans lien, sinon la guerre, et dont parfois les personnages se croisent ; à la Dos Passos, mais en moins parcellaire. Il y pas mal de longueurs, c’est notamment assez verbeux, avec de longs débats oiseux et d’un autre âge entre les personnages. Mais il y aussi de croustillants contes cruels et tragiques, parfois cocasses du fait des retournements du destin pour tel ou tel personnage (même si la fin est souvent une exécution).

L’extrait cité vient du tome 3, Campo de sangre, qui se passe en grande partie à Barcelone en 1938, sous les bombardements franquistes. La scène où cette logorrhée verbale a lieu, se situe après la bataille de Teruel, gagnée avec de lourdes pertes et provisoirement par les républicains. Dans une ambulance, on évacue les blessés. Dans l’une d’elle, Don Leandro, mourant, refait l’histoire de l’Espagne, avec notamment cette théorie pour le moins originale sur la véritable nature de l'anarchisme... Le tome 1 se passe à Barcelone avant et pendant juillet 36. Le 2 à Madrid, en novembre, pendant sa défense acharnée contre les troupes franquistes. Le 4 dans les camps de concentration que la bonne démocratie française réservait aux exilés espagnols comme à ceux de toute l’Europe fuyant les fascismes… Des longueurs donc et pas mal de coquilles dans l’édition, mais historiquement intéressant, et parfois savoureux.

lundi 9 février 2015

Travailler moins pour gagner plus.

«Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. [...]. Cette folie est l’amour du travail , la passion moribonde du travail poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture. [...]. L’Espagne, qui, hélas ! dégénère, peut encore se vanter de posséder moins de fabriques que nous de prisons et de casernes [...]. Pour l ’Espagnol, chez qui l’animal primitif n’est pas atrophié, le travail est le pire des esclavages. » (Lafargue, 2001, pp. 11-14.)


«Le paresseux est un fasciste»
Et ta soeur ?

"Toutes les quinze secondes, un travailleur meurt d'un accident ou d'une maladie liés à son travail. L'effondrement  (plus de mille cent morts) de l'atelier textile du Rana Plaza à Dacca (Bangladesh), le 24 avril 2013, symbolise les conditions d'emploi proches de l'esclavage de nombreux ouvriers dans le monde. Mais on peut également citer, dans les pays du Nord, les suicides à répétitions de salariés de groupes privatisés broyés par une politique manageriale musclée (Orange, Renault, La Poste...)." (Le Diplo, décembre 2014).

"Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !"
Voltaire (gardez-moi de lui aussi).

La grève continue à Paris 8, faites-le savoir, soutenez-les !