vendredi 12 avril 2019

Un cap en plus

  J'avais passé le cap des 27 ans, celui des 31, et des 46. Je viens de franchir, le 29 mars dernier, la frontière du demi siècle.

  Comme je l'avais évoqué ici, le trompettiste Roy Hargrove n'a pas eu cette belle longévité, qui est mort à 49 ans. Les reins.

  Dans un autre genre, mais appréciable aussi quand on est plutôt éclectique comme bibi, j'ai appris la disparition discrète de Keith Flint, membre danseur et parfois chanteur du groupe de musique électronique The Prodigy. Il avait mon âge également, l'année érotique, mais n'a pas eu le temps de devenir quinqua. C'est la corde qui l'a eu le 4 mars dernier.

On le voit là plus porté par le public, avec des vigiles au cul quand même, que dansant sur scène.

Rest in peace Keith !

  Bon, ben voilà voilà, on s'accroche, on survit, on va essayer de tenir encore un peu. Mais déjà là, c'est pas mal, quand on voit tous les amis fauchés à la fleur de l'âge.


  Dernière minute : Je viens d'apprendre ici la mort de Jimmy Gladiator. C'est encore un peu de ma jeunesse qui pâlit. Je le fréquentais à sa période fin Hôtel Ouistiti début Au libre olibrius, deux de ses fanzines anarcho-surréalistes. J'étais dans ma période bien imbibée mais je tenais encore debout, c'était pas la fin du processus. On se rencontrait avec sa petite cour (ce n'est pas méchant) dans un bar en face du Gibus, à République, pour causer des fanzines, de tout, de rien, et déconner à bloc. Je me souviens d'un scandale à la mode surréaliste que nous fîmes avec lui, à Beaubourg, quand nous avons piqueniqué au beau milieu d'une conférence de surréalistes établis, encroûtés, fétichisés dans l'industrie culturelle (je ne pourrai pas vous donner plus de précisions sur ces querelles, j'allais participer au charivari sans trop me renseigner, je faisais confiance au bon (mauvais ?) esprit de Jimmy et de ses potes !). J'ai rencontré de belles personnes dans son entourage, comme le peintre anarchiste et grand compagnon de biture Jacques Metz, disparu depuis quelques années déjà, et l'auteur du livre Finir la révolution, très sympathique copain de l'époque retrouvé il y a peu par hasard dans la défunte librairie de notre ami George. J'ai fréquenté aussi une japonaise d'Osaka, rencontrée lors de ces réunions, Yaeko, guide touristique en France, perdue de vue depuis longtemps, mais qui a participé à mon lien involontaire et discret mais présent depuis l'enfance et jamais démenti, avec le Japon. Je me souviens croiser Jimmy en fin de manif en 95, en retard que nous étions sur le cortège en bons amateurs de bières, lui en franc jouisseur, moi en obsessionnel compulsif. De bons moments de camaraderie. En revanche, j'ai une petite tristesse en repensant aux propos hostiles et sarcastiques qu'avait écrits un rédacteur du petit et artisanal canard anar l'Arbre est dans la graine, auquel je participais alors (c'était l'époque du légendaire Mordicus, et du bar La Bonne descente). Je participais mais je n'ai pas eu le courage ni l'énergie ni la sobriété tout simplement de dire à ce rédacteur que Jimmy était un pote et que ça me dérangeait, ces propos. J'ai cru voir dans son regard, après la parution et qu'il ait dû prendre connaissance de l'article, lui qui nous lisait et nous considérait comme des amis, un sentiment blessé, de trahison. Je n'ai jamais su si j'avais rêvé, surinterprété avec ma culpabilité... J'ai fait comme de rien n'était, à jeun j'étais du genre muet dans ma jeunesse, et le temps a passé, je l'ai perdu de vue, j'avais mon fond à toucher et un bon coup de talons à redonner tout au fond, avec les années de remontée consécutives. Je regrette aujourd'hui de ne pas l'avoir revu, juste pour lui faire amende honorable.

  Salut l'olibrius !

6 commentaires:

  1. Oui ! c'est ça CHROUM, on a dû s'y croiser !

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  2. Et nous aussi, peut-être, Wrob.

    Fun et raï pour Jimmy auront lieu mardi 16 avril à 11 h au cimetière des Grands Champs de Poissy, à 40 mn de Paris par le RER A et trois arrêts de bus.
    Tristesse.

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  3. Fun et raï, ça vous va très bien ça, à Jimmy et à vous, c'est vrai qu'il était, comme vous, un as du calembour et autres jeux de mots !

    Merci pour l'info, mais je ne pourrai être présent. Prenez Poissy, permutez le P avec un R, et vous m'aurez localisé à cette heure-là ce jour-ci.

    Amitiés.

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  4. Hé bien nous nous retrouverons à quelques un.e.s à l'ouest tandis que tu vaqueras au nord, ça laisse toujours espérer un passage au nord-ouest !

    Blague à part, je me souviens de cette facilité déconcertante de Jimmy à éructer des calembours tonitruants mais toujours très élaborés, et au vrai, c'est après l'avoir rencontré que j'ai définitivement cessé de me montrer timide en ce domaine…

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  5. Quel dommage que nous ne nous soyons pas rencontrés à l'époque !

    A bientôt !

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