lundi 8 avril 2019

Sabre nu, festin nu et piment doux

- Paprika (パプリカ, Papurika) de Kon Satoshi, 2006.
  J'ai pensé à l'Age d'or et au Chien andalou de Bunuel, à moins que ce ne soit à Alice au pays des merveilles... Les dialogues sont contaminés par l'écriture automatique ou les cadavres exquis. Il nous souvient aussi bien sûr de Miyazaki, du Voyage particulièrement. Twin Peaks refait surface un peu également... On ne comprend pas tout, mais ce n'est pas grave, on rêve et on cauchemarde, par procuration.


  Le rapprochement avec le surréalisme, je ne suis pas le seul à l'avoir fait. Il faut dire que c'est patent :


  La bande son participe à l'effet de parade carnavalesque grouillante, survoltée, dysharmonique, onirique, hypnotique, obsessionnelle.


- Sanjuro (椿三十郎, Tsubaki Sanjūrō) de Kurosawa Akira, 1962.
  Mifune Toshiro, Shimura Takashi et geyser de sang. Les neuf samouraïs et le ronin crado. Simple, drôle et trépidant, on kiffe.

Attention ! gaucher contrariant.

- Le Garde du corps (用心棒, Yōjinbō) de Kurosawa Akira, 1961.
  Mifune Toshiro, Shimura Takashi et méchant passage à tabac du héros. Premier épisode avec le ronin crado trentenaire, il n'y en a eu que deux à ma connaissance. J'ai vu le I après le II. Celui-là, qui sent fort sa série B, est moins léché que celui-ci. Mais je n'ai pu m'empêcher de penser aux westerns spaghettis de Sergio Leone avec le Républicain, là, j'ai un trou, celui qui creuse, ce qui est quand même une analogie positive.


- Le Festin nu (Naked Lunch) de David Cronenberg, 1991.
  Bon, ça reste du Cronenberg, avec des êtres et des choses qui se métamorphosent en choses et êtres visqueux, gluants, rouges, roses ou blancs cadavre, tumescents et turgescents (je ne connais pas la différence mais j'aime bien les deux mots, le deuxième rajoutant encore à l'impression de bébête malhounnête), sécrétant, suintant, exsudant voir franchement éjaculant par les orifices et muqueuses les plus divers. Ici, on a droit à des cafards géants qui parlent à l'aide d'un gros cerveau-anus sur le dos, des centipèdes (insectes semi-aquatiques du Brésil) et leur viande, et des espèces d'allien humanoïdes blancs et glabres, nus (ce sont peut-être eux, le festin...), dotés de multiples appendices sur la tête d'où gicle parfois du sperme que les protagonistes du film consomment comme drogue avec délectation, désespoir et épouvante. On ne s'ennuie pas parce que c'est assez rigolo, toutes ces hallucinations, d'autant qu'elles viennent de la beat generation qui avait une défonce plutôt créative (ce qui n'empêche pas le héros de vivre un cauchemar d'angoisse).

  Deux remarques :

  - Le personnage principal, qui représente, malgré la fiction, un peu beaucoup l'auteur du roman, William Burroughs, disons-le, soyons littéraires ; ce personnage, donc, William « Bill » Lee, est joué par... Peter Weller, incroyable ! Un acteur dont j'ignorais jusqu'au nom et qui m'instruis en me distrayant deux fois en deux semaines, puisque c'est aussi ce Peter Weller qui incarne Robocop, que j'évoquais ici même. Les deux rôles n'ont rien à voir, si ce n'est le thème de la métamorphose. Cronenberg y a-t-il pensé en choisissant cet acteur ?...

  - La musique est du... légendaire et libre jazzman Ornette Coleman ! Rien que pour ça j'étais heureux de téter du spectacle en contemplant ce film ! Il fait partie de mon panthéon ! Son sax free accompagne, des States à l'Afrique du Nord, tous les délires de ces personnages qui, après s'être shootés à la poudre anti-cafards, se tapent des fix de viande noire de centipède en poudre, avant de finir par tailler des pipes aux appendices crâniens des mugwumps dont le sperme défonce bien comme il faut !


Écoutons Ornette ! On a même la BO intégrale ici.


  Ma dernière actu ciné.

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