vendredi 29 juillet 2016

Cure de déconnexion

    Wroblewski, ici en compagnie de son sensei à Venise, part en cure de déconnexion pendant un mois.

En fait il s'agit des hauts de Pontoise (95), mais on peut rêver...

   Préservez vos cerveaux des micro-ondes (je sais, en France ça va être difficile, le progrès innovant à couvert tout le territoire des antennes relais ; ainsi, même les résistants aux téléphones portables et à la Wi Fi auront leur tumeur ou leur Alzheimer comme les autres ; mais ma voisine Yamina m'a écrit du bled et là-bas il paraît qu'il y a encore des campagnes sans réseau, bon plan ! Malheureusement pour moi ce ne sera pas pour cette année, mais ça me laisse le temps de peaufiner mon berbère marocain et mon arabe), de la télé (ça c'est toute l'année, mais pour ceux qui ont des lardons à qui ils n'ont pas eu la force d'interdire totalement la Lumière bleue, profitez de la trêve estivale pour vous comporter enfin en dictateur anti-bourrage de crâne impérial : pas de ça pendant la cure !) ; et ne lisez pas de journaux, sauf exceptions que vous devez connaître à peu près si vous êtes un fidèle de La plèbe (à ce propos une publicité est cachée dans la photo ci-dessus, saurez-vous la retrouver ? Achetez le numéro d'été, il est excellent, avec des nouvelles et des quizz, vraiment réussis, et prouve s'il en était besoin une fois de plus que, quand le patron n'est plus là, on fait encore mieux sans lui !).

En congés payés (merci les grévistes !), lisez plutôt des livres ! Photo empruntée à Acrimed.

   Profitons des ces vacances d'écrans pour une remise en forme car la rentrée doit être chaude ! Nous sommes déjà appelés à marcher derrières les barreaux et leurs matons en septembre, fourbissons nos mollets ! A moins qu'on trouve le moyen de faire éclater tout ça !... Prenons-le temps d'y méditer.

La mer ? La montagne ? Un peu surfait : vive la campagne !
Ici stage de réoccupation de la forêt de Bure .

mardi 26 juillet 2016

Encore Billy

    Mais celui-ci n’est pas américain .

    Ville occupée par les corps de police anti-manifestants, coups de matraques, casques, boucliers, jeunes courageux s’en allant les affronter au marteau, puis fuyant leur chasse à cour, arrestations « musclées » et sanglantes, gardes à vue, comparutions immédiates, solidarité, grève, attroupements de travailleurs en colère, jaunes, prolos rebelles vomissant les jaunes, gouvernement inflexible méprisant les prolos , guerre de classe… Mouvement contre la Loi "Travaille !" ?

    Non, car d’autres éléments entrent en ligne de compte : l’Angleterre, 1984, Thatcher, une grève reconductible et reconduite jusqu’à la victoire (qui sera en l’occurrence une défaite), des mineurs essentiellement, et de la danse classique.



    Sur toile de fonds historique, et lardon-compatible, drôle et émouvant. Une fois de plus les mirettes de W., dont la sénilité sentimentale bakouninienne est désormais connue de tous, se sont embuées dans l’obscurité complice.


   C'est bon d'avoir une actu ciné aussi actuelle.

samedi 23 juillet 2016

Que de chemin depuis Pif !

  "Patrick Drahi (SFR, Altice) et Xavier Niel (Free, Iliad), qui, ils y a quinze ans, n’étaient même pas millionnaires, occupent les 7e et 10e places de ce palmarès des milliardaires bien de chez nous. Grâce aux bénéfices de la téléphonie mobile et de l’Internet, dont la rentabilité brute dépasse les 40 %, ils ont pu amasser chacun plus de 7 milliards d’euros. Ce qui ne peut que réjouir leurs généreux abonnés.
[…]
Dans la France de 2016, pour devenir riche à milliards, mieux vaut profiter d’une rente comme Internet et la téléphonie mobile, ou vendre en grande surface."
Le Canard enchaîné du 13/07/2016.

Allô, c’est moi. J’suis dans le bus. J’arrive. A tout de suite.

[…]

  Ecoutons Denis Marsacq, du laboratoire Sources d’énergie miniatures du CEA-Grenoble, sous-traitant de Nokia dans la recherche sur les minipiles à combustible pour portable, lors d’une conférence à la FNAC : « Bien sûr, ces piles coûteront plus cher que le rechargement d’un téléphone sur une prise électrique, mais nous ciblons les adolescents, qui sont immatures et moins rationnels, et nous pensons qu’ils accrocheront au sans-fil total ».
  Souvenons-nous : ne pas seulement s’adapter à ce que le marché semble demander. Et attaquer les jeunes, assez gogos pour se laisser fourguer Britney Spears en sonnerie et le téléphone détecteur d’amour et de mensonges (vendu par KTS en Corée, pour l’instant). Chers jouvenceaux, vous plaît-il d’être la cible dans le viseur des dealers de gadgets ? Voyez le mépris dans lequel ils tiennent vos dix-sept ans, agitant sous votre nez leur pacotille électronique comme de la verroterie pour sauvages. Contre quoi troquez-vous votre autonomie, votre santé et votre argent de poche ? Un téléphone.
  A votre décharge, vous avez peu connu le monde sans portable. Vos aînés, eux, […].

Enfance en danger...*

  C’est ainsi que vos collègues s’esclaffent. Et Mallein, le sociologue jaune, de qualifier les drogués de gadgets de « visionnaires », et les réfractaires de «conformistes ». Orwell nous l’avait bien dit : L’Artificiel c’est le Naturel. La Consommation c’est la Réflexion. L’Autonomie c’est l’Aliénation.
  De même que dans 1984 l’histoire est réécrite chaque jour, on ne saura bientôt plus qu’il existait un temps où l’on ne s’appelait pas pour se dire qu’on arrivait. Comme on ne sait plus aujourd’hui qu’il a existé un temps où l’on ne s’appelait pas du tout. Où l’on frappait à la porte des gens pour leur parler.

Vi1 2m1 c tro top

[…]

   Pourquoi aurions-nous besoin d’une médiation électronique pour communiquer si ce n’est pour nous adapter à un monde qui atomise chacun de nous et morcelle nos vies ? […]
  Supposé renforcer les liens avec les proches, le portable permet à coup sûr d’éviter le contact avec des inconnus. Voyez ces zombies en transit rivés à leurs SMS, certains d’éviter ainsi le regard de leurs voisins de bus. Et ces urbains égarés, accrochés à leur portable pour se faire guider à distance plutôt que de demander leur chemin à des gens. Grâce à leur « kit » de téléguidage, comprenant indicateur des rues et récepteur GPS, ils suivent les instructions de la machine greffée à leur oreille. Qu’un individu s’avise de les accoster de vive voix et ils appelleront bientôt au secours.
[…]

... parents mobilisés !*

 Le téléphone mobile prospère sur le marché de la peur. Les ados le disent : leurs parents les équipent massivement pour « se rassurer ». Sans doute les opérateurs ont-ils raisons d’attribuer leur succès à la crainte « d’un monde potentiellement hostile », et sans doute ont-ils quelque intérêt à aggraver cette hostilité du milieu avec leurs services toujours plus aliénants. Peur de l’agression, de la chute en montagne, de l’enlèvement, sur lesquelles ils jouent avec délectation. Plus banalement, ce qui terrifie nos contemporains, c’est simplement le sel de la vie, le hasard et l’imprévu, qui n’ont pas leur place dans une existence aseptisée, planifiée, calibrée. Marchandises sur tapis roulants, les individus de ce monde-là n’ont pas vocation à quitter la voie qui leur est tracée, et le portable est le meilleur outil pour les accoutumer à rentrer dans les cases. Et à rester dans leur bulle, qui leur procure désormais le nécessaire pour vire pleinement leur autisme : diffusion de musique (téléphones « baladeurs » [...]), et bientôt la télé. « Le Conseil supérieur de l’audiovisuel vient en effet d’accorder des fréquences aux trois opérateurs afin de tester la diffusion massive de la télé sur le portable ». Avec la télé mobile, les décideurs n’auront plus grand souci à se faire. Le temps de cerveau disponible de leurs « administrés » ne risque définitivement plus de se consacrer à la réflexion, sans parler de contestation. Un troupeau de zombis connectés sur les séries américaines et la pub, juste interrompues par quelques coups de fil (T’es où ?-Ben, devant la télé, où veux-tu que je sois ?) : voilà qui est simple à manœuvrer.
[…]

Allô, j’suis dans le rayon, là. Je prends quoi comme café, en poudre ou en grain ?

Pièces et Main d'Oeuvre.- Le téléphone portable, gadget de destruction massive.

Deux collègues sympas en pleine discussion... avec leurs oreillettes respectives.

* Ces deux photos sont des compositions. Les jeunes et plus matures personnes y figurant ont gentiment accepté de se prêter à cette mise en scène à ma demande. Qu'elles en soient ici remerciées.

mardi 19 juillet 2016

Mes mots rares en cage

Après avoir eu le bonheur d'être publié sur le défunt Article 11 papier, mes chevilles ont sacrément gonflé. J'ai donc proposé trois grilles au mensuel CQFD. Le copain chargé de la récolte des contributions a d'abord déploré que le numéro de l'été dernier venait d'être bouclé ; pour ma deuxième proposition il m'a gentiment écrit qu'il m'informerait quand elle serait publiée ; ma troisième tentative n'a pas obtenu de réponse. Et moi qui tremblait déjà de fierté à l'idée d'appeler ma mère pour lui crier : "Maman ! maman ! ton fiston est dans le journal ! ça y est, terminé la lose, ton Vava va désormais jouer dans la cour des grands !" Cela dit, vu la teneur de plus en plus haute, passionnante et fournie du journal, je comprends tout à fait qu'ils n'aient ni la place, ni l'envie de publier des mots croisés qui sentent par trop l'amateurisme. Moi qui suis un abonné de longue date, et malgré mon dépit amoureux, je vous incite donc à lire, faire lire, vous abonner à cet excellent journal, libre, léger d'argent mais riche en contenu.

L'ami Tenancier avait eu aussi la gentillesse de publier une de mes grilles. Et puis, les fluctuations de la vie de chacun ont fait que nous nous sommes un peu perdus de vue. Il m'avait proposé une formation pour trouver le moyen d'afficher un tel document sur mon blog, ça n'a pu se faire, mais suite à ma dernière déception, j'ai bidouillé sans trop y croire, et puis voilà le résultat. C'est un peu petit, pas très joli, mais je suis quand même content de mes progrès. Si ça vous tente, à vous de jouer ! Vous pouvez aussi me proposer vos grilles... 

Les chiffres arabes correspondent aux horizontales, les capitales au verticales. Donnez vos propositions en commentaires le cas échant, je tâcherais de remplir la grille à la mimine au fil de l'eau.

Viel spass !



lundi 18 juillet 2016

Un Tom Sawyer de série glauque


Un mélange entre Alice au pays des merveilles, La Nuit du chasseur et David Lynch (je préciserais Twin Peaks) ai-je lu quelque part à propos de ce film. Et c'est tout à fait ça. Très beau, mais vénéneux et terrifiant sans une goutte de sang (ah ! si pardon, il y a le crapaud). On y voit Viggo Mortensen tout jeunôt, ça fait bizarre aussi. Testé sur un enfant de 7 ans, vu que c'est l'histoire d'un enfant de 8 ans on pouvait penser... mais c'est plutôt à éviter si on veut dormir la nuit.

Ma dernière actu ciné.

vendredi 8 juillet 2016

Jouons un peu avec les complots ésotériques qui viennent

"Que l’on conspire contre l’oppression, soit en grand, soit en petit, secrètement ou à découvert, dans cent mille conciliabules ou dans un seul, peu nous importe, pourvu que l’on conspire, et que désormais les remords et les transes accompagnent tous les momens des oppresseurs."
Gracchus Babeuf

    Ainsi donc nous avons vécu hier soir le retour à l’apolitisme : éructations testostéronées des deux sexes (comme dans les rangs policiers, les copines font de grands progrès, mais avouons que le couillu reste quand même ultra-majoritaire chez les nuisibles) et épileptiques coups de trompes à complexe micropénien (klaxons). Comme je le disais à ma compagne, pour enterrer la révolte, à tous les coups le gouvernement, aidé en cela par l’Union européenne, qui, pour la paix des affaires et la loi d’airain de l’économie souhaite également pacifier tout pays du cercle d’influence agité du moment, à tous les coups le gouvernement a soudoyé l’équipe d’Allemagne pour qu’elle perde. Et devinez ce que m'apprend ma jeune collègue Wafa à 10 heures ce matin ? La "France" a gagné contre l'"Allemagne" ! Eh, comme politologue je me place un peu là !

   Bref, le cycle des manifs en cage et check-points semble s’arrêter. Tant mieux, remarquez, moi, ça me déprimait vraiment. Surtout vu les fêtes des premières. Mardi j’y suis allé quand même (quoi faire d’autre ? aller bosser, un jour de grève ? j’ai du mal à m’y résoudre), j’ai même transité par un rendez-vous donné sur Démosphère pour manifester hors-cage, place de la Sorbonne : point d'insurgé et truffé de flics. Alors j’ai rejoint la Place d’Italie où j’ai pu me faire peloter par un jeunot en uniforme, dommage que je ne sois ni homo ni maso. N’ayant jamais réussi à m’intégrer dans une bande, je le regrette et n’en tire aucune gloriole avec la posture "moi je suis vraiment libre, je n’appartiens à aucun conglomérat", genre dès qu’on est plus de quatre etc., non, je suis trop timide voilà tout : je suis comme un cheveu sur la soupe en AG, ne sait pas où mettre mes mains en piquet, quand et pourquoi parler en réu..., bref, n’ayant jamais réussi malgré mon désir à m’intégrer (sauf bien sûr à mon groupe d’anciens ivrognes, mais c’est autre chose), j’ai varié mes positions dans les manifs, tantôt avec des potes (j'en ai quand même quelques-uns) dans le mini-cortège CNT (peu de différence avec le côté plan-plan - ballons - sono hurlante - slogans étiques habituel ; les ballons en moins) ; tantôt là où la houle nous menait avec une collègue musulmane et cédétiste, je me souviens que c'était un des rares jours très chaud et qu'elle n'a pas voulu boire à ma bouteille, je n'ai pas compris tout de suite, carême oblige, mais ça ne l'a pas empêché d'aller jusqu'au bout, fortiche ! (mais rassurez-vous, cette infâmie, l’appartenance à la CFDT, c’est un hasard pour elle, parce qu’elle a été défendue par ce syndicat jaune dans une boîte, et que par reconnaissance elle a adhéré, mais elle est de toutes les grèves, et on est bien les deux seuls dans ce cas dans mon service) ; bises à toi Nora ;


ou bien encore avec les collègues syndiqués d'un pote aïkidoka et CGT-Air France, qui était aux premières lignes lors du sketch de la chemise ; il m’a d’ailleurs expliqué, et je vous en dirai peut-être plus un jour, que ce sketch était un coup monté de la direction, ils en ont les preuves et attaquent avec en justice... on verra le résultat, c'est le pot de terre contre le pot de fer comme d'hab... Bisous Marcel. Et puis dans la manif de tête, ça c’est quand j’étais tout seul mais que, paradoxalement, je me sentais légion, et là, beaucoup d’émotion, de joie, de sentiment de force, nul maux de pieds, pas plus de sentiment de longueur, et bien sûr également coups de stress et d'adrénaline, et larmes.

   Cet été, je pense que cette intensité insurrectionnelle qui va désormais durer et s’amplifier, va se décentraliser, vers Bure, Nantes, et ailleurs, peut-être même Paris et sa région. Mais désormais, vu le pli fasciste qu’à pris la gestion de tout branle-bas de combat révolutionnaire ou simplement de contestation de l’Etat et du capitalisme, nos rendez-vous devront être codés. Internet, les textos, tout ça, c’est lu en temps réel par la DGSI et les autres barbouzes. Nous pouvons dores et déjà abandonner ces technologies désuètes et polluantes, et devons trouver d'autres moyens de nous transmettre les lieux, jours, horaires... de blocage, de charivari, ou autre. C’est pourquoi vous trouverez ci-dessous l'appel à nos prochaines actions, crypté comme on avait dit. Il faut lire entre les lignes, mais je penses que ce sera clair pour tous ceux qui souffrent et veulent jouir, plèbe des ateliers, des bagnes, des cités etc., qui sont venus à la dernière réunion de chiffrage. Surtout les aminches, ne laissez pas trainer la clé de déchiffrement. Et puis comme c'est l'été, un petit jeu* malgré tout : où, chez qui, sur quel média, le directoire secret insurrectionnel a-t-il été chercher ces phrases supports de notre alphabet ésotérique ?


Voici l'appel :

Bains de gros thé pour grains de beauté sans trop de bengué.

L'enfant qui tête est un souffleur de chair chaude et n'aime pas le chou-fleur de serre chaude.

Si je te donne un sou, me donneras-tu une paire de ciseaux ?

On demande des moustiques domestiques (demi-stock) pour la cure d'azote sur la côte d'azur. 

Inceste ou passion de famille, à coups trop tirés.

Esquivons les ecchymoses des esquimaux aux mots exquis.

Avez-vous déjà mis la moëlle de l'épée dans le poêle de l'aimée ?

Parmi nos articles de quincaillerie paresseuse, nous recommandons le robinet qui s'arrête de couler quand on ne l'écoute pas.

L'aspirant habite Javel et moi j'avais l'habite en spirale.

A vous de jouer compagnons ! et on se retrouve sur le terrain !

* Niveau du jeu : facile, voir trop facile, à peine un jeu, à ce point là, comme dans le post précédent. 

La solution, pas ma dernière, mais une récente actu ciné.

mercredi 6 juillet 2016

Un américain




Pour faire écho à l'émission Dans l'herbe tendre de lundi, dont le thème était Les Amériques, voici une chanson géniale consacrée à un américain gaucher (?), bandit a priori sympathique par sa guerre aux banques et aux sherifs, et sa liberté galopante, même si je ne connais pas sa biographie exacte, notamment celle de Jack Spicer (qui n'a même pas sa fiche Wikipedia !) dont on entend des extraits en anglais ici. Si vous avez des infos sur cette bio du Kid et son auteur, je suis preneur.

Pour rester dans la radio, on peut écouter une interview de l'excellent chanteur, guitariste et boeufer Rodolphe Burger sur radio Nuit Debout.

Et pour rester dans la chanson, un petit jeu. Un auteur-compositeur-interprète se cache dans cet extrait de la vie de William Harrison Bonney, sauras-tu le découvrir ?

lundi 4 juillet 2016

Sabotage !

Est-ce que quelqu'un peut me dire pourquoi tous mes petits gadgets de droite ont été refoulés tout en bas ?

Emile Pouget, 1860-1931

Et pourquoi ne puis-je plus visualiser mes articles plus anciens, vous le savez, vous ?...

Je ne peux plus non plus cliquer sur le titre d'un article pour ouvrir celui-ci et les commentaires...

Je ne comprends pas, je ne suis pourtant pas un foudre de guerre radical, un leader d'opinions dangereuse, juste un branleur qui s'emmerde au bureau, qui aspire à un monde plus fun, prêt à donner quelques coups de pompes à un ennemi à terre pour aider à l'IQV, certes, mais sans réelle consistance, alors pourquoi la DGSI m'a plombé mon blog à moi ?...

Merci de votre aide si vous avez des tuyaux !

Wroblewski milite

Pendant que le sel de la terre affronte les milices du Capital, Wrobly travaille au corps la France profonde. Témoignage.

    L’ « Euro » de balle au pied peut avoir des conséquences étonnantes, et peut-être que le parti de la révolution en pourrait tirer quelques avantages tactiques s’il parvenait à détourner les comportements induits par ce dispositif contre-insurrectionnel et réhausseur du taux de profit. Il y a peu, lors d’un repas de famille, j’entendis, le nez dans mon assiette, qu’on souhaitait que cette fois, tous les joueurs de l’équipe de France chantassent La Marseillaise, comme les autres équipes, je veux bien qu’il y ait des noirs dedans, mais quand même. Moi qui suis resté silencieux pendant quasiment 8 ans dans ce type de circonstances pour ne pas me fâcher avec les parents d’une personne qui m’est chère, je ne sais pourquoi, à ce moment m, sur ce sujet s, qui avait d’ailleurs déjà été évoqué quelques temps auparavant, quand j’avais appris que la personne qui ne se lève pas au son de l’hymne chauvin français (donc moi, mais mes hôtes l’ignoraient à ce moment-là) est un con, à ce moment m donc, je n’y tins plus, articulai : "qu'un sang impur abreuve nos sillons" (en bout de table : "comment ?"), déclarai que La Marseillaise, même en reggae, ça m’avait toujours fait dégueuler et que la figure du Dupont-la-Joie avec son béret sur le crâne et sa baguette sous le bras, j’avais toujours appris que c’était la honte. On me dit que j’étais français. Je répondis que je n’avais pas le choix. On scanda : si ! Je répliquai calmement que non, administrativement j’étais français, que je ne l’avais pas choisi. Je sentis qu’on avait envie, mais qu’on n’osa pas, me sommer de quitter cette France que je n’aimais pas, sale bougnoule, retourne donc dans ton pays ! A moi, né à Enghien-les-Bains d’un père morvandiau et d’une mère valdoisienne. Bon, il est vrai que j’ai un grand-père suisse allemand, mais comme bicot, vous avouerez qu'on fait mieux. J’ai néanmoins pris la mesure de la solitude que j'eusse pu ressentir si j’avais été plus bronzé…


    Je n’ai pas eu le temps de dire que le statut d’apatride m’irait complètement, s’il n’était synonyme de suppression de tout droit humain et animal. Comme ça renâclait en bout de table, j’enfonçai le clou en affirmant que, décidément, j’avais toujours chié sur La Marseillaise et que ce ne serait pas demain la veille que je ferais autrement. A l'extrême gauche du banquet nauséabond, on me lança que c’était bien malheureux d’avoir tant de membres de sa famille morts pour la France et d’entendre dire des choses pareilles, et de plus près, toujours à ma senestre, qu’avoir été envoyé en Algérie tuer des arabes et constater une pareille ingratitude était innommable. Je répliquai à la première intervenante que je me battrai jusqu’au bout pour que ça ne se reproduise pas, ces "morts pour la France", sans avoir le temps d’exprimer l’évidence que ces nombreux héros et martyrs ayant pullulé dans la famille dite devaient plutôt avoir rendu l'âme pour les industriels et les marchands de canons ; ou que s’il s’agissait de la deuxième guerre mondiale, ces vies sacrifiées l'avaient été soit contre la barbarie fasciste et nazie, pour la liberté, soit pour les idéaux du maréchal Pétain, non pour la France, cette baudruche vide de sens en tant que concept, puisqu’elle ne désigne qu’un territoire, une région, une province de la terre sur laquelle des antagonismes et des visions du monde irréconciliables s’opposent (j’ajoutais que ceux qui profitent de moi en France sont mes ennemis et que ceux qui souffrent à l’étranger sont mes amis). A l’adepte éventuel (mais là je suis méchant, je n’en sais rien) de la corvée de bois et de la gégène coloniale, j’expliquai, apaisant, qu’il avait été obligé, forcé, qu’il n’avait pas eu le choix, qu’on l’avait envoyé au casse pipe. Continuai en revendiquant être contre. En réponse, j’entendis, de cette personne que je vouvoie (l’ancien d’Algérie), que de toute façon j’étais contre tout, « même le travail ! » (ça j’ai pas relevé, pas le temps, mais cette accusation s’explique par les nombreux jours de grèves accumulés par moi ces derniers temps) : « Faux ! » répliquai-je « je suis pour la fraternité entre les peuples ».


   A ce moment de terrible tension dramatique, un petit jeune homme de 6 ans, ennuyé et peut-être apeuré par la tournure que prenais ce paisible repas de famille, cria : « j’comprends rien ! ». Un silence, que je brisai en lui répondant, pédagogue, « c’est une chanson qui dit de tuer des gens, c’est pas bien ». Ma gauche de rétorquer, mais là ma mémoire est approximative, je vous transmets le sens général avec mes propres mots : « mais les autres (les chanteurs d’autres hymnes nationaux), ils l'aiment, eux, leur pays, et ils vont nous la mettre profond ». Je m’enflammai en assenant que j’étais évidemment contre tous les chauvinismes, tous les patriotismes, tous les nationalismes.
    J’aurais pu aussi dire à mes contradicteurs que La Marseillaise était à l’origine une chansons révolutionnaire, et que, eux qui pleurnichent ad libitum sur le sort de Marie-Antoinette traitée plus bas que terre par ces monstres sanguinaires de régicides révolutionnaires, une once de cohésion la leur aurait fait honnir, autant que moi mais pour des raisons inverses. D’ailleurs, je suis toujours émerveillé de l’inversion totale du sens et des connotations liés à l'hymne tricolore et au terme « patriote » qui s'est dessinée au cours du XIXème siècle, en s’éloignant de la révolution française. A l’époque, pour les réactionnaires, le patriote, c’était le casseur, le gréviste d’aujourd’hui, l’internationaliste. Tout le contraire d'un para.


   Ainsi de ces deux citations :

  "Quels sont ceux qui se vantent d’être les patriotes de 89 ? Ce sont ces hommes qui ont ouvert la carrière de malheurs et de crimes que nous parcourons depuis cinq années ; ce sont eux qui sont responsable du sang qui a coulé, de toutes les victimes qui ont péri sur l’échafaud, de tous les forfaits qui ont souillé la France."
On dirait du Apathie, c’est d’un folliculaire royaliste vers 1795.

   "Nous ne cesserons de poursuivre les factieux, les anarchistes, tous ceux qui depuis cinq ans ont couvert la France de deuil et de carnage. Nous foulerons aux pieds leurs cadavres, ou ils danseront leur infâme Marseillaise sur notre tombeau."
Fillon ? Valls ? Fourest ? Non, le même la même année.


  Terminons par un texte du grand Babeuf en son Tribun du Peuple, qui prouve que l’anarchiste, lui, n’a jamais changé de camp et que le mot qui le désigne n’a rien perdu, ni de son charme ni de son éclat, si ce n’est le retournement du stigmate et son assomption par ceux-là même qu’il était censé insulter :
  "«Voilà ces hommes adorateurs de l’anarchie, et qui voudroient révolutionner toujours !... »
   On sait bien que c’est ce que va nous dire le directoire exécutif, qui prétendra, sans doute, nous avoir absolument confondu avec cette demi-phrase. […]
   Ce mot d’anarchistes, usé sous Lafayette, usé sous Louis XVI, usé sous la Gironde, se reproduit maintenant avec une scandaleuse affectation. Il doit être familier à toutes les cours, nous le savons."