mercredi 22 avril 2015

Les fleurs de Baltimore

Elle aurait eu cent ans le 7 avril. Plus jeune que ma grand-mère, qu'était d'quatorze, morte le 28 février dernier. Ca fait drôle.


Ecoutez, et regardez (ci-dessus) avec quels yeux elle dévisage son ami Lester Young, et retrouvez foi en la tendresse infinie dans ce monde de l'Economie proliférante.


"Frères humains qui après nous vivez, n'ayez les coeurs contre nous endurcis !..."


Omar, un agent économique subalterne peu obéissant, racketteur d'entrepreneurs de grande distribution de drogue, le style un peu bandit social, le mec sympa quoi. Un des multiples personnages de cette géniale série qui radiographie la Métropole, du bas en haut de la pyramide. Merci à JBB de feu Article 11 (le journal) de me l'avoir fait connaître.

jeudi 16 avril 2015

Jouons un peu avec un papa et une maman

Je constate que beaucoup de textes littéraires sont en ligne. L'avantage est de permettre de les copier / coller et fait gagner le temps du recopiage sur clavier. Mais pour les jeux c'est embêtant, trop facile ! Alors même consigne, essayez sans utiliser le moteur.

Voici donc trois extraits de textes sur l'éducation des enfants, la paternité, la maternité, qui pourront être utiles à tout bon père de famille. Sauras-tu trouver leur auteur ? Les accompagnent trois illustrations, tu dois certainement déjà avoir trouvé de quelles oeuvres elles sont tirées, gentil érudit qui fréquente ce blog ! Allez, on se lance ! Un sac de bille piqué à mon fils à cet effet hier matin pour l'heureux vainqueur (à partager en cas d'ex aequo).

Texte 1 :

Les Vallin étaient à table, en train de manger avec lenteur des tranches de pain qu'ils frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre piqué au couteau, dans une assiette entre eux deux. M. d'Hubières recommença ses propositions, mais avec plus d'insinuations, de précautions oratoires, d'astuce. Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus ; mais quand ils apprirent qu'ils auraient cent francs par mois, ils se considérèrent, se consultant de l'oeil, très ébranlés. Ils gardèrent longtemps le silence, torturés, hésitants. La femme enfin demanda :
- Qué qu't'en dis, l'homme ?
Il prononça d'un ton sentencieux :
- J'dis qu'c'est point méprisable.
Alors Mme d'Hubières, qui tremblait d'angoisse, leur parla de l'avenir du petit, de son bonheur, et de tout l'argent qu'il pourrait leur donner plus tard.
Le paysan demanda :
- C'te rente de douze cents francs, ce s'ra promis d'vant l'notaire ?
M. d'Hubières répondit :
- Mais certainement, dès demain.
La fermière, qui méditait, reprit :
- Cent francs par mois, c'est point suffisant pour nous priver du p'tit ; ça travaillera dans quéqu'z'ans ct'éfant ; i nous faut cent vingt francs.
Mme d'Hubières trépignant d'impatience, les accorda tout de suite ; et, comme elle voulait enlever l'enfant, elle donna cent francs en cadeau pendant que son mari faisait un écrit. Le maire et un voisin, appelés aussitôt, servirent de témoins complaisants.
Et le jeune femme, radieuse, emporta le marmot hurlant, comme on emporte un bibelot désiré d'un magasin.

Sans papier originaire du Caucase ayant effectué deux GPA en échange d'une carte de résident de 6 mois se demandant s'il n'y a pas une arnaque quelque part


Texte 2 :

Il consulta sa montre.
– Plus que dix minutes ! Mon Dieu comme le temps passe rapidement ! J’ai mis aussi du pain d’épices dans ta malle, entre tes chaussettes de laine. Ménage-le… ne le donne pas à tout le monde ; tu seras bien heureux, peut-être, à un moment donné, de l’avoir sous la main. Enfin… Et ce Père Jésuite ?… qui sait ?
Il soupira longuement et ne prononça plus un mot, sinon pour demander de temps à autre :
– Et ton billet ?… As-tu ton billet ?… C’est un billet de première classe. Ne le perds pas.
Ou bien :
– Surtout, ne te penche pas aux portières… Un accident est tôt arrivé… Dans mon journal, il y en a tous les jours !…
Sébastien pleurait. Il sentait ce qu’il y avait de tendresse maladroite et vive cachée sous ces phrases banales, décousues, dont le ridicule lui était cher. Jamais il n’avait vu son père ainsi. S’il eût osé, il se fût jeté dans ses bras, il l’eût supplié de laisser là le train, le Jésuite, la Bretagne, les fils de princes, et de s’en retourner, tous les deux, dans la boutique, où ils seraient très heureux à s’aimer. Lui aussi, il se mettrait en manches de chemise, il aurait un tablier de cotonnade, et il irait chez les clients, compterait les cadenas, pèserait les clous. Quelle joie de revoir la rivière, les images renversées des peupliers, les mouvantes chevelures des roseaux !… Et ses camarades retrouvés !… Et ses promenades avec Marguerite, le jeudi ! Et les champs et les fleurs, et les parties de marelle, sur la grand-place !… Les minutes s’envolèrent douloureuses.

[...]

– Mon Révérend Père… C’est un père… je suis un père… un père qui… Certainement, je ne m’attendais pas, comme ça !… le grand honneur !… Et puis le soir, dans une gare, on ne voit pas bien…
Il s’empêtrait. Les mots s’étranglaient dans sa gorge. Le train allait repartir. Il embrassa gauchement son fils qui pleurait toujours, chercha une phrase décisive et, n’en trouvant pas, il bredouilla, la raison égarée, la bouche tordue de grimaces :
– Je suis content… bien content de vous avoir vu… Et sa pauvre mère eût été bien… contente… de… de… faire votre connaissance.
À peine s’il s’aperçut que Sébastien était monté dans le wagon avec le Jésuite, que le train s’était remis en marche, avait disparu, laissant la voie vide. La tête découverte, le chapeau à la main, M. Roch demeura longtemps, à la même place, sur le quai, redevenu désert. Il saluait toujours, et toujours répétait :
– Bien contente… bien contente…
Il fallut l’intervention du chef de gare pour qu’il se décidât à partir. De son trouble, de son chagrin, de cette émotion sincère qui en avait fait, tout à l’heure, une créature humaine et sensible, il ne lui restait plus que l’irritant dépit d’avoir manqué son discours, dans une occasion unique. Mécontent de cette aventure, un peu honteux de lui-même, il rentra. Il ne pensait déjà plus à son fils dont l’image disparaissait sous celle du Jésuite ; et il se disait :
– Ces Jésuites !… Quelle puissance !… Il m’a reconnu, celui-là… C’est incroyable !… Ils reconnaissent les gens qu’ils n’ont jamais vus… Quelle organisation !

Parents de gauche ayant fait jouer leur réseau pour mettre leur fils dans un bon collège, parce que celui de la carte scolaire était envahi par des "anti-laïques", pas le top pour viser Sciences Po ou HEC.


Texte 3 :

« Je t'ai déjà dit que tu faisais trop de bruit en mangeant ta soupe… Regarde ton père… »
Elle quêta une approbation du père qui finit par se décider :
« C’est vrai, dit-il, tu auras bientôt treize ans, et tu ne sais pas encore te servir rationnellement d’une cuiller. Est-ce que tu m’entends faire du bruit, moi ?
D’un signe de tête, Antoine convint que son père mangeait sa soupe sans bruit. L’idée de sa distinction inclina Rigault à la bonté et le retint sur la pente des objurgations et des homélies. Il avait d’ailleurs d’autres soucis.
« Ce que ton père te dit là est pour ton bien, dit Juliette avec une douceur perfide.
- Naturellement, approuva Rigault, pour ton bien.
- Pour ton bien et pour ton avenir !"
Malgré l’inquiétude qui lui rongeait le cœur, Rigault paru s’éveiller, et son regard s’anima. L’avenir de son fils était un sujet presque douloureux, mais qu’on ne lui proposait jamais en vain. Il en parlait avec une sollicitude rageuse, tourmenté par ses ambitions paternelles, humilié aussi à la pensée qu’un jour son fils lui serait peut-être supérieur par le prix de ses complets, se demandant s’il oserait bien faire des placements d’argent, sans le consulter, et s’en irritant par avance.

"Non, Janine, n'insiste pas, j'ai la bénédiction du secrétaire général du Grand Orient, plutôt en méchoui que de te laisser le mettre chez les jésuites !"

Ile déserte

Fantastique ! tout simplement. 2ème morceau de l'album "Far Cry" d'Eric Dolphy, 1960 : Ode to Charlie Parker. Eric Dolphy (ici à la flûte), mort à 36 ans d'un diabète mal diagnostiqué, évidemment ; Booker Little, mort beaucoup trop tôt également (23 ans), mais qui a eu le temps quand même de donner toute la mesure de son génie (trompette); Jaki Byard, compositeur du titre (piano) ; Ron Carter, dont on a déjà parlé (contrebasse); le grand Roy Haynes, toujours vivant ! (batterie). Tout l'album est une perle.


Merci aux Dédés, et à leurs fusiques molle pour fous les tous !

lundi 13 avril 2015

Un dentifrice pour les sans dents

Un autre de mes cousins, Tzvetan (ses dents sont briquées au bicarbonate) :

Il meurt, comme sa famille, comme son espèce, grâce à une industrie qui apporte plein de points de croissance : la palme. Si c'était le seul méfait de l'industrie de la palme ! Si la palme était la seule industrie nuisible ! Que peut-on y faire ? Je n'ai pas la solution pour que la révolution advienne, je tâtonne, comme la personne ordinaire que je suis. Suis prêt à aider pour l'expropriation, la socialisation et l'auto-organisation passionnelle de nos subsistances à venir. Open.

Cependant à mon petit niveau il m'arrive de m'amuser à réduire ma collaboration à la dévastation de toute vie par la vie du Capital. Par exemple, saviez-vous que l'huile de palme ne se trouve pas seulement dans le Nutella, ni même seulement dans quasiment toute la bouffe industrielle, on la trouve aussi dans les produits de "beauté", d'hygiène, les savons, shampoings, dentifrices...

Voilà pourquoi je vous propose la recette du dentifrice que je confectionne moi-même et que j'utilise. A part l'huile de palme, quelles sont mes motivations, sachant qu'elles n'empêcheront pas Tzvetan et les autres de disparaître ?

- je n'ai pas prêté allégence à U, n'ai pas la carte Leclerc, ne suis pas fidèle à Auchan, suis pris de nausées chez Casino, et ne pense qu'à prendre la tangente au Carrefour, vomissant indifféremment les Arnauld, Naouri, Mulliez, Edouard, leurs compères et leur classe. Moins j'achète chez eux, mieux je me sens dans ma peau ;

- je me revendique du mouvement ouvrier, j'y tiens beaucoup, mais à part branlotter une souris ou tourner les pages d'un livre, je suis handicapé de mes dix doigts. Cette création de dentifrice est un peu comme mon oeuvre ;

- la qualité du lavage de mes dents, tout simplement, quand vous verrez le résultat vous en serez jaloux.

Voici donc la recette du...

Dentifrice du Chat de Cheshire :

- bicarbonate de soude : 20 g
- argile blanche surfine : 20 g
- sel de mer : 5 g (1 cuiller à café)
- HE de citron : 4 gouttes
- HE de Tea Tree : 2 gouttes
- pot hermétique

Mélanger l'argile, le sel et le bicarbonate de soude. Ajouter les huiles essentielles goutte par goutte, en mélangeant bien la préparation entre chaque goutte. Mettre dans un pot hermétique. Avant chaque utilisation, humidifier la brosse à dents et la tremper dans la poudre puis brosser les dents comme d'habitude. Pour un dentifrice vert, au parfum polaire, on remplacera l'argile blanche par de l'argile verte et l'HE de citron par 2 gouttes d'HE de menthe.
Le goût est très surprenant au début car très salé mais, une fois que l'on s'en sert et que l'on voit les résultats sur les dents, on n'en utilise plus d'autres :

Pas d'inquiétude les amis, la légère noirceur des dents du bas est due à l'abus de sauce au soja (bio, des environs de Fukushima, la bouteille sert aussi de veilleuse pour mon fils).

mercredi 8 avril 2015

Un cousin

Encore des obscurs et sans-grades passés par la trappe de l'histoire. Dommage.




Merci à Yves de m'avoir permis de retrouver la trace de ce bon vieux Jan !

Ajout du 16/04/2015 :
Suite à l'insupportable intrusion autoritaire de la pub sur une vidéo issue pourtant d'un organisme que je pensais public, j'ai substitué le concert à Antibes de 63 par un extrait uniquement sonore avec photo d'album. Néanmoins, vous pouvez voir la vidéo initiale ici, sur le site de l'INA.