vendredi 28 septembre 2018

Un peu d'humour

   Comme je ne regarde pas la télé, je ne connaissais pas cette humoriste. On me l'a faite connaître. Je me reconnais bien dans le "nazi", le "psycho-rigide", désignant toute personne essayant d'accorder avec un minimum de logique et d'intensité ce qu'il aime et ce qu'il gerbe avec ce qu'il vit. Dans mon milieu humaniste aux idées avancées on dit aussi "ayatollah". Quand j'essaye de manger moins de viande, par exemple, quand j'arrête l'aspirateur pour me remettre gaiment au balai ou quand il ne me viendrait pas plus à l'idée de perdre 5 mn de vie devant une chaîne de télé que de pénétrer dans un Apple store ou un Mac Donald sans barre de fer, orphelin que je suis qui plus est et circonstance aggravante, de téléphone intelligent. "Accorder les valeurs et la vie", ou "la théorie et la pratique", j'en parle évidemment très humblement, et si je m'y essaye c'est plus par défaut qu'avec l'intensité sus-évoquée, j'ai toujours été petits bras et je suis loin d'y parvenir. Mais d'ailleurs, si c'était le cas, il n'y aurait besoin ni de se mettre la rate au court bouillon, ni de contribuer timidement à envisager une révolution : les greffés de l'écran pourraient végéter d'un côté, et nous courir les bois giboyeux en joyeuses communautés libertaires sans crainte des tuniques bleues, des sicarios ou des pluies nucléaires... J'ai bien aimé aussi le passage sur les Roms, et aussi celui sur l'Arabe, cette exception françaises dans le système de strates des immigrés exposés chacun à leur tour à la haine et au mépris.

   Mais cessons d'être sinistres, fendons-nous un peu la gueule !


mardi 25 septembre 2018

La ZAD, la lionne libre.

    Marcel Aymé se réfère ici à la tradition régionale de la maison dite "en bois de lune", que l'on retrouve curieusement, de nos jours, en Colombie, à Medellin. On appelle ainsi "invasions" des "terrains municipaux sur lesquels s'installent, sans autorisation, les nouveaux arrivants en ville, y construisant en une nuit le plus possible de «maisons»" (Le Monde diplomatique, avril 1996, p.9).

Michel Lécureur

    Autour d'une table brinquebalante au lieu dit Le Maquis, la discussion court sur les gecedonku turcs, des bidonvilles installés illégalement en une nuit, la loi ne s'appliquant pas entre le coucher du soleil et le matin. Ces auto-constructions forment des quartiers entiers, qui témoignent de la combativité d'habitants n'ayant plus rien à perdre, sauf leur logis du jour.
   Dans son roman Contes de la montagne d'ordures, Latife Tekin raconte que l'un de ces gecedonku a été 37 fois détruit par les autorités et remonté opiniâtrement pendant 37 nuits suivantes. Jusqu'à ce que les bulldozers et les officiels lâchent l'affaire. Belle victoire littéraire de la ténacité et de la taule de fortune.

Nicolas de la Casinière



   Les entours de la maison étaient jonchés de briques, de tuiles, de morceaux de bois et de débris de toutes sortes. Arsène eut la coquetterie de déblayer les abords de la façade, mais il dut se mettre seul à la besogne. Urbain ne prenait même pas garde à lui et semblait avoir oublié sa présence. Sans cesse, il sortait de sa maison pour en faire le tour, y rentrait, arpentait les deux pièces, ne se lassant pas d'ouvrir et de fermer les fenêtres. Arsène dut l'appeler trois fois pour qu'il consentît à venir se réchauffer d'un coup d'eau de vie. Pressé de retourner à sa maison, il avala son tord-boyau comme on expédie une corvée. Pour sa part, il ne sentait ni le froid, ni la fatigue et piaffait d'impatience.
    "Attendez donc, lui dit Arsène. La maison, ce n'est pas tout. Il faut penser aussi au reste qui ne se fera pas dans une nuit."
   Arsène se mit à parler jardin, clôture, basse-cour, porcherie. Urbain, devenu attentif, opinait en silence.
   "Quand vous serez chez vous, ce n'est pas l'ouvrage qui vous manquera. A l'automne qui vient, je vous en vois déjà sur les bras. Je demanderai à ma mère de vous laisser le champ des Jacriaux. Vous en serez de labourer avant de faire vos semailles. Cet hiver, vous n'arrêterez pas non plus."
    A la pensée de tout ce travail qui l'attendait, Urbain sentait son cœur s'élargir. Il lui semblait voir fleurir sa maison.
   "Maintenant, si vous voulez, on va s'en aller prévenir Voiturier. Je crois qu'on ferait bien de fermer la maison, hein ?
   - C'est ce que je pensais aussi", dit Urbain.
   Il entra encore une fois dans la maison pour se donner la joie de tirer les persiennes. En sortant, il ferma la porte à double tour et, après avoir ôté la clé de la serrure, hésita sur ce qu'il convenait d'en faire. Arsène l'attendait sur la route et adressait un signe d'amitié à Juliette, apparue sur le pas de la porte. Le vieux se décida à mettre la clé dans sa poche et eut un large sourire. Sur la route, il se retourna vingt fois pour voir sa maison. La distance rendait plus sensible le changement qu'elle introduisait dans un paysage familier. Lorsqu'elle eut cessé d'être visible, il saisit le bras d'Arsène et se mit à le serrer. Il ne pensait plus à sa maison, mais au grand bonheur qu'il avait cru perdre et que l'aube lui rendait. Soudain, il sentit la fatigue du travail de la nuit peser à ses épaules et dans tous ses membres. Il lui sembla porter encore un fardeau et sa haute taille se voûta un peu. Posant la main sur l'épaule d'Arsène, il s'y appuya lourdement et goûta la joie de cet abandon.


    Voiturier était seul dans la cuisine de la ferme où il achevait de se raser en face d'un miroir pendu à l'espagnolette de la fenêtre. Sa fille et ses domestiques, profitant du dimanche, étaient encore au lit. Pour lui, l'heure du matin était la plus redoutable, celle où ses angoisses métaphysiques, dépouillant toutes espèces solides, flottaient dans sa conscience comme des pâleurs de linceul et des tranches de ciel froid. Dieu, incorporel, ayant déposé jusqu'à sa barbe, n'était qu'une volonté sourde sans chemins de prière ni paliers de pitié. C'était l'heure blanche et glacée où la Vierge et les saints intercesseurs, fichés sous une chape d'aube, regardaient durcir les crimes des pécheurs dans l'horreur boréale de l'église paroissiale. Voiturier sentait des nébuleuses et des éternités dériver dans sa tête. L'infinité de Dieu, de sa colère et de son indifférence, lui donnait la gueule de bois. Et la Laïcité ne répondait plus. Sur la photo suspendue au mur de la cuisine, le visage ordinairement si expressif du député de l'arrondissement se fermait, sa barbe noire semblait être en poils de balai. Soudain, le maire se tourna vers lui, le rasoir en l'air, et murmura :"A la fin, moi, j'en ai plein le dos !" Il revint à sa barbe, mais en essuyant son rasoir, il se tourna encore un coup : "Avec vos conneries, vous finirez par me faire tout manquer." Et une troisième fois : "Vous m'emmerdez, monsieur Flagousse. C'est moi qui vous le dit." Dans la cour, un coq se mit à chanter. Voiturier, qui attaquait les derniers piquants de sa barbe, devint très pâle et le rasoir trembla sur sa gorge. Il alla se planter devant la photo et, joignant les mains, s'humilia d'une voix mourante : "Monsieur le député, monsieur le député." L'arrivée d'Arsène et d'Urbain fut pour lui la délivrance. L'horloge de son univers se remettait en marche. Il se porta au-devant d'eux avec un sourire cordial. Quant à la maison d'Urbain, il était informé depuis la veille, mais par courtoisie, pour leur laisser le plaisir de l'étonner, il feignit de ne rien savoir et Arsène lui en sut gré.
    "On est du matin pour venir vous dire le bonjour, mais comme je disais tout à l'heure, Faustin, il commence sa journée avec les oiseaux.
   - Toujours levé pour les amis, c'est bien ce qui est de vrai. Entrez donc, vous prendrez la goutte."
   Il précéda les visiteurs dans la cuisine et mis des verres sur la table. Arsène, par savoir-vivre, ne se pressait pas de venir au fait. Ils échangèrent des nouvelles de leurs familles et parlèrent longuement de la moisson. Voiturier disait n'en avoir jamais vu d'aussi belle. Les épis étaient lourds comme des balles de plomb. Avec l'été qu'il avait fait, ce n'était guère étonnant. Été sec et pourtant des pluies comme à Dieu demandées.
   "Et la chance qu'on a, c'est qu'il n'a pas fait le même temps partout. Je lisais ça hier dans le journal, ailleurs, ils ont eu trop de pluie. Le blé restera cher quand même. Cette année, on n'aura pas eu à se plaindre. Même pour rentrer la moisson, on aura eu le temps rêvé. Si ça continue, je suis d'avoir fini dans moins d'une semaine.
   C'est comme chez nous, dit Arsène, on peut dire que la moisson n'aura pas traîné.
    - Avec des garçons comme ceux de la Louise, je me doute que la besogne doit marcher. Et quand il y a besoin, vous avez Urbain pour vous en remontrer.
   - Je n'en fais pas plus qu'à ma taille, protesta modestement Urbain.
   - Urbain, vous savez comme il est, dit Arsène. Il n'a jamais su faire les comptes de ses peines et sur la besogne, toujours allant. Si on l'écoutait, aux journées, il faudrait coudre des rallonges. Tiens, pendant que j'y pense, puisqu'on est de causer, je crois qu'Urbain aurait auquoi à vous dire."


    Voiturier joua l'étonnement et haussa les sourcils, l'air intrigué. Urbain ne put s'empêcher de sourire en pensant qu'il allait bien l'étonner.
   "C'est pour te dire que je viens de me faire une maison.
   - Une maison ?" dit Voiturier, et ses yeux s'écarquillaient.
   Voyant ses yeux ronds, le vieux se mit à pouffer, d'un petit rire entrecoupé et maladroit qui avait perdu l'habitude de passer.
   "Oui, cette nuit, sur un communal, je me suis fait ma maison. A la Reveuillée, si tu vois. Juste avant le soleil on a eu fini.
    - Nom de Dieu ! éclata Voiturier. Si jamais je me serais douté de ça ! Une maison sur les communaux ! Vous m'en faites de beaux, tous les deux ! Me laisser causer pour me garder le coup de la maison ! J'avais bon air, moi ! Tiens, allons voir ça !"
   Voiturier passa un paletot et alla prévenir sa fille qu'il sortait. Urbain ne tenait pas en place. Il ne sentait plus la fatigue et aurait trouvé naturel que le maire se mît à courir. Il était 6 heures du matin. Le village commençait à secouer sa rosée dans une lumière de vin blanc. Dans les cours des fermes, des hommes traînaient lentement leurs sabots. Des meuglements sortaient d'une écurie. Derrière une vitre apparaissait le visage d'un enfant triste et pensif, accablé par l'obligation dominicale de se débarbouiller au savon et peut-être de se laver les pieds. Voiturier avait perdu son entrain. La marche lui donnait la sensation de l'écoulement de son destin et il lui semblait à chaque pas descendre un degré de l'enfer. Chemin faisant, il entretint Arsène du mariage de sa fille. Sans rien dire de désobligeant à l'égard de Beuillat, il en parlait en hochant la tête, avec une mine dégoûtée. Urbain, qui marchait à côté de lui, n'entendait pas la conversation et regardait le bout de la route, impatient de voir surgir sa maison. Ils y furent en même temps que Victor qui les avait vu venir et accourait de la ferme. Cette fois, l'étonnement de Voiturier fut à peine forcé.
   "Tu m'avais parlé d'une maison, mais c'est un château ! après ça vous viendrez me dire que les miracles n'existent pas."
   Il fit le tour de la maison, affectant de tâter les murs et de s'assurer qu'on ne l'abusait pas, mais ne trouvant que prétexte à s'extasier. Victor, qui était venu pour attiser la rancune d'Urbain, eut l'esprit de comprendre que la situation était retournée. Le visage du vieux brillait de joie et de fierté. On ne pouvait douter qu'Arsène eût gagné la partie. Victor, après s'être contraint aux compliments, ne put résister au désir de prendre une modeste revanche.
   "Maintenant, dit-il, voyons le dedans du château."
   Le dedans était loin d'être fini. Il restait à faire les plafonds, les planchers, à maçonner la cheminée, à couvrir les murs, à les peindre. La visite ne pouvait manquer d'être décevante. Mais Voiturier fut parfait jusqu'au bout et s'excusa sur ce qu'il était attendu chez lui.
    "Ce sera pour une autre fois, déclara-t-il. Maintenant que j'ai vu ce qu'il fallait voir, je peux m'en aller. Pour ton jardin, comme le communal n'est pas grand, tu peux le prendre dans son entier. Ce n'est pas de se garder une langue de terrain qui ferait profit à la commune." 


vendredi 21 septembre 2018

La dose de Wrobly : fructifor 2018 EC


   - Thierry Jonquet.- Le Pauvre nouveau est arrivé.

   Jonquet s'amuse !


   - Naomi Klein.- La Stratégie du choc.

   A la lecture de ce livre j'ai reçu un énorme choc. En un éclair j'ai été transporté dix ans en arrière en train d'écouter Mermet ! Plus sérieusement, la lecture de ce pavé écrit dans un style limpide procure à la fois souffrance (les victoires à répétitions de ces ordures de Chicago boys dans le monde entier), et le plaisir d'avancer dans un puzzle : le puzzle de l'histoire du monde à la louche de chouïa avant ma naissance à ma pré-quarantaine, tellement lacunaire dans mon esprit qui durant toutes ces années parfois difficiles n'a pas compris grand chose, des dictatures d'Amérique latine (Chili, Argentine...) à la Bolivie des 80's, de l'Indonésie de Suharto à la Chine de la place Tian'anmen, de la Pologne de Solidarnosc à l'Afrique du sud de Mandela, des vilenies de Thatcher jusqu'à l'oligarchie russe, l'Irak, les tortures de Guantanamo, l'ouragan ultra-libéral (l'auteure explique que le terme de "corporatisme" colle plus exactement à cette idéologie) qui dévasta la Nouvelle-Orléans... j'en passe évidemment. Tout cela vu sous l'angle de la croisade ultra-libérale (corporatiste) initiée par ce petit chancre fondamentaliste de Milton Friedman. Évidemment la charge de madame Klein est très orientée sur la version libérale du capitalisme, et on la sent plutôt indulgente pour tous les avatars du capitalisme d’État, du keynesianisme, de la planification technocratique, du nationalisme de gauche, du développementalisme extractiviste ou de la social-démocratie. Mais ce n'est pas grave, ce bouquin m'a apporté de grandes lumières.

Le film ici. Merci à Dror du blog Entre les Oreilles.


   - Julien Gracq.- Un balcon en forêt.

   Il faisait partie de ces écrivains que je ne connais pas, mais dont le nom résonne en moi comme du cristal, m'évoquant vaguement de purs ciseleurs littéraires. Il y en a quelques uns, surtout de la deuxième partie du XXème siècle, dont le prénom et le patron me font cet effet. Je crois bien que c'est parce que je les ai entendus prononcer par mon père enfant, adolescent, jeune adulte... Étant plutôt has been en littérature, et indifférent en général envers la littérature pour la littérature - il faut qu'il y ait dans les livres que je lis un ferment faisant gonfler en moi le désir de vivre, donc de changer la vie et de transformer le monde -, je suis plutôt nul en grands écrivains de cette époque, même si la poésie sonore de certains de leurs noms et les réminiscences qu'elles éveillent m'attirent quand même parfois comme le nectaire l'abeille.

   Je n'ai pas été déçu ici. Certes, c'est de la Littérature, d'une écriture sculptée au millimètre, travaillée en orfèvre. Les descriptions (surtout de paysages, montagnes, forêts, vallée...) s'enchaînent aux métaphores (souvent maritimes), avec une richesse et une précision de vocabulaire parfois fatigantes pour un autodidacte comme moi. L'argument : c'est la "drôle de guerre", les troupes s'emmerdent dans la Meuse, et le "héros" est muté dans une cabane au-dessus d'un blockhaus avec trois hommes au plus profond d'une forêt profonde de l'Ardenne, près de la frontière belge, comme dans une île déserte, le pied intégral. Et les jours et les saisons se suivent avec, d'abord insidieux, puis obsédant, le sentiment que ça va pas tarder à péter... Ça m'a rappelé, même si ça n'a pas grand chose à voir, ici on pourrait presque penser à une fiction inspirée par des faits autobiographiques alors que l'objet de ma réminiscence est une pure parabole philosophique, au Désert des Tartares de Dino Buzzati... Dans les deux ouvrages, on attend la guerre, on attend l'ennemi, ça devient une obsession, et rien ne se passe... J'ai eu aussi un flash de L'Etranger de Camus, en terminant le roman.

   Donc, merci papa. Car en plus j'ai découvert en page intérieur du livre sa signature, et vue la date du livre, il ne devait pas être bien vieux, peut-être vingt-cinq ans de moins que moi aujourd'hui, il ne devait même pas avoir encore contribué à me concevoir...


   - Henri Cartier-Bresson / Michel Bakounine.- Un autre futur.


Après ces bonnes feuilles, La Plèbe vous souhaite un bel automne, malgré tous les fachos et les libéraux, et la fin des oiseaux, des insectes et des lombrics.


mardi 18 septembre 2018

Sacqueboute XXXVIII : Moon Hooch


Il paraît que ces joyeux drilles sont végans. Encore un rude coup pour la propagande viandarde qui assène d'un ton très docte et supérieur que sans viande, pas de protéines, et sans protéines, l'homme est réduit à l'état de moule. A moins que ces musicos aient remplacé la bidoche par la coke... Ça me décevrait, et invaliderait mon argument, c'est pourquoi j'aime à me les représenter abstèmes, comme Jules Durand avec la pillave. Éclatez-vous bien ! 




Priviouslillonne Sacqueboute :

Raymond Katarzynski
Albert Mangelsdorff
Christiane Bopp
Honoré Dutrey
Viscosity
Fred Wesley
Dave Lambert
Roswell Rudd
Curtis Fowlkes
Melba Liston
La Flûte aux trombones
La Femme tronc
Journal intime
Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
Carl Fontana
Animaux
Trombone Shorty
Cinéma
Feu
Le Canadian Brass
Local Brass Quintet
Buddy Morrow
Bones Apart
J.J. Johnson
Lawrence Brown
Vinko Globokar
Les funérailles de Beethoven
Treme
Craig Harris
Mona Lisa Klaxon
Juan Tizol
Bob Brookmeyer
Daniel Zimmerman
Frank Rosolino
Rico Rodriguez
Kid Ory

vendredi 14 septembre 2018

De la voie ferrée à l'harmonieuse voie

   Bon, j'imagine bien que l'aïkido, cette discipline malgré tout relativement confidentielle, n'intéresse pas foule de mes légions de lecteurs. De plus Christian Tissier n'est pas mon professeur. Si j'ai fait un, peut-être deux stages avec lui, c'est bien le bout du monde, c'est le cas de le dire en l’occurrence d'ailleurs, car lui y est parti à 18 ans, au bout du monde. Je reconnais évidemment son expertise, j'aurais bonne mine à faire la fine bouche, petit yondan de banlieue que je suis, et je reconnais également qu'il est pour une immense part artisan de l'aïkido français tel qu'il existe aujourd’hui, cohérent et d'une haute technicité, même si la discipline reste encore divisée en deux fédérations, plus quelques gourous se tirant la bourre autour. Mais cela dit je ne suis pas un de ses fans inconditionnels comme il y en a tant, peut-être est-ce uniquement hasard de rencontre...

   Pourtant, j'ai eu envie d'encastrer cet entretien ici. Il me parait passionnant pour les aficionados de l'art qui me sert de médicament depuis 21 ans maintenant, son histoire, son sens. Mais ce qui m'a surtout réjoui et impressionné, c'est l'aventure de ce jeune homme, fils d'ouvriers, qui, négligeant les trois jours (pour les plus jeunes de mes myriades de lecteurs, aussi nombreux que les grains de sables de 1000 Gange, les trois jours étaient la convocation au service militaire, à l'époque de papy), prend le transsibérien pour ensuite passer du pays qui liquida les soviets à celui du soleil levant, comme Bakounine. Tintin au pays de l'aïkido. Cette épopée, moi qui suis timide et casanier, qui n'ai guère quitté ma basse cour, et dont l'avenir, à 18 ans, allait essentiellement être calé, les dix années suivantes, sur les zincs des bistros les plus cradingues, ça me fait rêver, forcément.

   Évidemment, en 68, d'autres aventuriers vivaient des journées au cours desquelles la martialité était réenchassée dans la vie, classe contre classe et aspirations libertaires contre société sclérosée et autoritaire. Aventures moins individuelles, tous ensemble ouais !... ouais ! Grève sauvage générale remplaçant odyssée à distance orthodromique conséquente ; mobilité entre barricades et barres de bourres certainement plus dangereuses que sur tatami où quand même rares sont les blessés. Mais il faut de tout pour faire un monde, nous n'avons pas tous le même substrat culturel, éthique, passionnel, et finalement, l'exil rimbaldien de cet adolescent qui ne vendit pas d'armes mais produisit des hectolitres de sueurs à en manipuler des artefacts en bois, à la découverte de l'autre, vierge et ouvert comme une nouvelle page de blog, peut aussi être un enseignement inspirant.

   Il y a 7 vidéos plus une intro. Sur les 7 vidéos, le générique est en anglais, mais ne vous inquiétez pas, l'entretien est dans la langue de Bossuet.

   Bonne progression sur la voie inégalée les amis.




   La suite sur YT, tu sais faire, jeune pousse, à toi d'attaquer !

mardi 11 septembre 2018

Séquence démission

Grand mélodrame dans la presse : départ de Nicolas Hulot du gouvernement.

Idée de rapprochement chipée à Jean-Marie Laclavetine dans le dernier Siné mensuel, en kiosque.

Les faits :

- la Fondation de "l'homme idéaliste face aux puissants lobbys" est grassement soutenue par EDF (EPR de Flamanville, centrale de Fessenheim...) ;

- Veolia (recyclage des déchets...) y siège au conseil d'administration tout en lui déversant 200 000 € par an ;

- l'émission télé de monsieur Hulot a été longtemps sponsorisée par le chimiquier Rhône-Poulenc.

Bonnes vacances Nicolas.

Quant à nous, qui ne sommes rien, essayons plutôt de nous rapprocher de la lutte contre le centre d'enfouissement de Bure, contre Europacity sur le Triangle de Gonesse, ou autres combats vécus, autonomes, d'action directe, garantis sans politiciens, liés à des multinationales pollueuses ou pas, avec au cœur le désir de zad partout.

jeudi 6 septembre 2018

Déboires d'un esprit fort en vacances.

   Je ne vais pas vous mentir, j'ai pris quelques jours de villégiature. On ne peut pas être en permanence sur le front des idées avancées sans parfois ressentir le besoin de mettre à la voile, et de tirer quelques bords sur l'étendue de nos belles provinces, loin de la métropole délétère, Babylone moderne ou la pensée rationaliste est plus qu'à son tour souillée par des hordes toujours plus combatives d'adeptes de l'obscurantisme, pas toujours bien de chez nous qui plus est. J'ai donc mis le cap vers le littoral ouest, mais finalement j'ai été assez déçu et pour le moins incommodé par la rusticité de ses habitants et de leur mode de vie.


   Du reste, on ne saurait imaginer à quel point d'ingénuité, de superstition, pour ne pas dire plus, en sont restés les gens de mer.


    N'ai-je point entendu, entendu de mes propres oreilles, à Concarneau, un brave homme de pêcheur m'affirmer sans rire que le va-et-vient des marées n'était dû qu'à l'influence de la lune, oui, vous avez bien lu !


   Tous les efforts que je fis pour détromper ce naïf furent en pure perte.
   Q'est-ce que la lune venait faire là-dedans ? m'acharnais-je à lui demander. On ne s'attendait guère à voir la lune en cette affaire. Je ne sais pas si cette bizarre croyance, qui doit remonter aux vieux druides, est répandue chez tous les marins français, mais en Bretagne et en particulier à Concarneau, elle est admise comme parole d'évangile, et si d'aventure vous essayez de démontrer leur erreur à ces nigauds, ils vous feront comme à moi, ils vous traiteront de vieil imbécile...


Merci au blog Entre les oreilles pour les idées de vidéos musicales, à Alphonse Allais et surtout à M. Francisque Sarcey.

Et un pour finir un petit jeu, l'esprit le plus scientifique a aussi besoin des ses divertissements : le roman d'un célébrissime auteur de polars se déroule à Concarneau. Lequel ?