lundi 29 juin 2015

Triste vie

Depuis l’expulsion de La Chapelle le 2 juin dernier, réfugiés et migrants subissent une répression particulièrement féroce de la part de la police, de la ville de Paris et de sa préfecture. Expulsion après expulsion, la rage grandit et la solidarité s’organise. Suivi du mouvement des réfugié-e-s de La Chapelle et mise à jour régulière des infos...

vendredi 26 juin 2015

Buffet froid

« Il est couché sur le sol, tassé sur lui-même. Très seul. Très mort. »
Raymond Chandler.- La Grande fenêtre.
« Nulle carotide ne palpite là. Nulle vie ne se manifeste. Rien, rien du tout. Sa peau est glacée. »
Chandler Raymond.- La Grande fenêtre.

Hier matin, Amilcar est mort. C’était mon compagnon des mauvais jours* de 16 ans, la présence constante et comblante de mon sentiment d’étrangeté en ce monde. Né le 1er mai 1999, jour de la lutte des prolétaires internationalistes contre le travail, et c’était ma fierté. Trente ans après moi, dix ans avant mon fils. Personnalité bloquée sur l’enfance, il est resté longtemps ce fou virevoltant adepte des cabrioles et acrobaties les plus simiesques. Sa petite taille accentuait ce sentiment de jeunesse éternelle. C’était aussi comme ses semblables un petit moteur vivant massant, et diffusant les ondes aptent à m’apaiser dans cet effet de désert qu’aucun doudou ethanolique, benzodiazépinesque, téachesséé ou du même syle ne devait désormais venir anesthésier.

Amilcar veillant sur son dîner.

Puis il a vieilli d’un seul coup. Hier matin je l’ai trouvé au plus mal. Un couple de septuagénaires emmenant leur bichon pour un vaccin m’a fait profité de sa voiture. Pendant que Mimi agonisait dans de grandes souffrances sous mes caresses à l’arrière (de la voiture, dans cette situation j'ai préféré plutôt lui caresser la tête), ces gens là tapaient sur les grévistes du jour avec rires rageurs et impétueuses descriptions de leurs méfaits vus à la télé. J’eusse aimé à ce moment être doté d’un automatique pour abréger les souffrances de ces deux là en leur logeant une balle dans la nuque - car je ne conçois pas qu’on puisse à ce point trahir sa classe et se faire les valets zélés de tous caïds, despotes et flics contre des rebelles toujours vaincus qui plus est, qu’on ait atteint ce degré d’intoxication au poison médiatique sans une grande blessure intérieure, une profonde détresse** – et du petit être qui se tordait sous mes doigts. Amilcar est mort sur le trajet, avant notre arrivée chez l'euthanasieur. Il repose dans un charmant vieux jardin, non loin d’autres amis disparus.

Encore un stalinien me direz-vous, devenu libéral certes, mais n'est-ce pas la suite logique ? Planification, despotisme économique, dispositifs préventifs, flics, prisons et généraux. L'apparatchik se grime en chef d'entreprise, et vice versa, selon les aléas de sa carrière, voilà tout. C'est bien sûr le poème de Prévert qui résonne avec mon état du moment, même si l'interprétation ne me laisse, malgré tout et entre autre par nostalgie, pas indifférent non plus.

Ciao l’arsouille !

*Et des bons aussi, soyons honnête.
**Le chagrin me fait exagérer, je les remercie pour la course,et leur fais amende honorable dans le cas très improbable où ils arriveraient jusqu'à ce blog.

lundi 22 juin 2015

Nos grands anciens aussi...

"N'avez-vous pas lu sur le fronton de ce temple de la Liberté élevé par la Révolution ces mots mystérieux et terribles : Liberté, Égalité, Fraternité ? Ne savez-vous pas et ne sentez-vous pas que ces mots signifient la destruction totale du présent ordre politique et social ? N'avez-vous jamais entendu parler des tempêtes de la Révolution ? Ne savez-vous pas que Napoléon, ce prétendu vainqueur des principes démocratiques, a, en digne fils de la Révolution, répandu par toute l'Europe, de sa main victorieuse, ces principes égalitaires ?"
Michel Bakounine, La Réaction en Allemagne, 1842.

Je ne l'ai pas lu, mais si il est aussi hilarant que A year in the Merde, satire de la France par un anglais passant sont temps à marcher dans des crottes de chien à Paris lors d'une mission dans cette ville, idéal pour entretenir son anglais en se bidonnant, si celui-là est aussi drôle dis-je, alors je vous le conseille.

C'est vrai qu'à lire les poèmes de Victore Hugo, le Rouge et le noir de Stendhal, la Semaine sainte (excellent ! va falloir que j'arrête de dire du bien des oeuvres d'Aragon, ça va devenir louche...), à voir et entendre la Tosca de Puccini, on pourrait se dire que Napoléon est plutôt sympathique, à emmerder cette poire de Louis XVIII, tous ces tas de merde dans des bas de soie de monarchistes et d'aristos européens, et les sbires du pape. Mais c'est comme si on tissait des lauriers au général Sissi de hacher menu ces bigots obscurantistes et phallocrates de frères musulmans. Bonaparte était avant tout le bras armé de la réaction, il a commencé sous le Directoire à achever les derniers soubresauts du mouvement populaire révolutionnaire, puis a continué son oeuvre césarienne sur les champs de bataille européens en réduisant en purée sanguinolente son véritable ennemi, le peuple.
Je me souviens de Cavanna dans une émission de télé quand j'étais gosse, qui asséna aux yeux scandalisés de ce courtisan chauvin de Max Gallo je crois, ces termes jubilatoires même si le point Godwin avait été pulvérisé dans un anachronisme brut de décoffrage : "Napoléon = SS".
A la décharge de Bakou ci-dessus, il était jeune encore, pas trente ans, moi à cet âge je sortais tout juste de ma crise d'adolescence.

jeudi 18 juin 2015

On sèmera

«C’est pourquoi l’amour n’est identique qu’avec la raison, mais non avec la foi : car comme la raison, l’amour est de nature libre, universelle, alors que la foi est étroite et limitée».
Ludwig Feuerbach, l'Essence du christianisme (il n'en a plus pour longtemps, avec le pic pétrolier tout ça...).

Patricia Petibon - On s'aimera, de Léo Ferré

"Oui, à nous seuls, qu’on appelle ennemis de la religion chrétienne, à nous seuls il est réservé et même il nous est fait le devoir suprême de pratiquer effectivement l’amour, ce commandement suprême du Christ et cette unique essence du véritable christianisme, même dans les combats les plus brûlants."
Michel Bakounine, la Réaction en Allemagne (rien à voir avec le Hareng de Bismarck).

Au vu de la vidéo ci-dessus, je reste résolument bakouninien.

lundi 15 juin 2015

Yondan

« “Tu ne vaux pas mieux qu’un animal, m’avait-il dit, tu n’es qu’un bout de néant humain.” Telle fut la première phrase qu’il m’adressa, et […] il me semble entendre encore ces mots dans la bouche du maître : Tu ne vaux pas mieux qu’un animal. Si tu restes où tu es, tu seras mort avant la fin de l’hiver. Si tu viens avec moi, je t’apprendrai à voler.
- Personne peut voler, m’sieu, répliquai-je. Y a que les oiseaux qui volent, et j’suis pas un oiseau, c’est sûr ! »
Paul Auster.- Mr. Vertigo

Merci à maître Ueshiba.

Le 14 juin 2014, lévitation de niveau 4.

vendredi 12 juin 2015

Le côté clair-obscur de la Force

Que les délicats se rassurent, il y aura aussi des orgies de nuances.
Marcel Moreau

Et mon mal est délicieux
Guillaume Apollinaire

Les Poteaux de l'émission et du blog Dans l'herbe tendre avaient eu la gentillesse voici quelques temps de publier un petit balbutiement de ma part à propos des reprises de Verlaine par Ferré et Debussy. Comme j'aime beaucoup le pauvre Lélian, le monégasque et le pote de jeunesse de Satie, je remets ça.
Déjà, je tiens à dire que je considère les trois albums de Léo reprenant les poèmes de Baudelaire, Verlaine / Rimbaud, et Aragon (même si je n'ai aucune sympathie pour la guépéou), comme des chefs d'oeuvres aptes à me faire venir les larmes aux yeux les jours de fatigue où mes résistances de mâle sont affaiblies. Idem pour certains poèmes d'Apollinaire (par exemple Marie, cité ci-dessus). Par contre, je ne parviens pas à retrouver sur Youtube les versions du vinyl Verlaine / Rimbaud que j'avais à 20 ans, et celles que j'ai trouvées, que ce soit pour "Il pleure dans mon coeur" ou pour celle que vous pourrez visionner plus bas, me déçoivent et me frustrent un peu. D'autre part, je sais que tout le mérite ne revient pas au chanteur pour cette aspect de son oeuvre, mais que sa compagne d'alors, Madeleine, y était pour beaucoup.

Clair de lune

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.

Paul Verlaine, Fêtes galantes


Bonjour tristesse ! donc, encore une fois. Mais quelle tristesse voluptueuse. A croire que la beauté fait naître ce sentiment, mais une beauté lunaire, rien à voir avec la robuste joie que nous éprouvons aux rudes travaux des champs quand le soleil frappe nos nuques enflammées, ou avec l'exaltation solaire qui nous prend parfois au haut de l'échafaudage. Il est vrai qu'ici la tristesse est masquée, elle prend les oripeaux de cette joie presque obligatoire de nos jours. Mais la nature reprend le dessus, les oiseaux rêvent, les jets d'eau sanglotent d'extase. Je crois que "Vôtre âme" s'adresse à Verlaine lui-même, le garçon étant assez égocentrique et friand d'apitoiement sur soi, ça me rappelle quelqu'un à une époque : est-ce pour cela que j'éprouve de la tendresse pour lui ? Son âme est un paysage choisi, où une voluptueuse et esthétique tristesse se masque derrière la fête, la musique, la danse, et pourquoi pas les orgies d'alcool auxquelles s'adonnait Paul. Pourquoi cette tristesse fondamentale ? On ne sait, elle est cosmique, métaphysique ("ce mal est sans raison"), peut-être le sentiment de l'impermanence que le ciel nocturne évoque. Certainement un sentiment d'exil face à l'ineffable harmonie pressentie mais toujours fuyante de ces bonnes heures où "la sève est du champagne et vous monte à la tête" Rimbaud... Peut-être par l'intuition que derrière cette harmonie, il y a des carnages (lire absolument la nouvelle de Dino Buzatti : "Douce nuit", dans le recueil Le K).


La version de Gabriel Ferré

"Nous avons fait des clairs de lune
Pour nos palais et nos statues
Qu’importe à présent qu’on nous tue
Les nuits tomberont une à une
La Chine s’est mise en Commune
Nous avons fait des clairs de lune"
Louis Aragon

Ecoutable ici par Philippe Léotard, mais je préfère la version de Ferré , un pur diamant. Les clairs de lune, les statues, le temps qui passe. Même si les généraux aux 40 médailles ne m'ont jamais fait vibrer. Pour la petite histoire, Jean Ferrat, plutôt compagnon de route, comme Aragon, et ayant également repris quelques uns de ses poèmes, engagea une polémique avec Ferré en chantant "Je ne chante pas pour passe le temps". Il accusait ainsi l'anar Ferré de petite bourgeoisie se tirant sur la nouille en chantant des chansons pour s'aider à vivre, alors que lui chantait pour accomplir les consignes du Parti, illustrant par là ce que dénonçait Benjamin Péret dans Le Déshonneur des poètes, et Vaneigem dans le Traité : « Ceux qui parlent de révolution et de lutte de classes sans se référer explicitement à la vie quotidienne, sans comprendre ce qu'il y a de subversif dans l'amour et de positif dans le refus des contraintes, ceux-là ont dans la bouche un cadavre. » Cela dit je trouve aussi les chansons de Ferrat magnifiques, comme quoi, et on revient au thème de cet article, c'est pas tout noir, c'est pas tout blanc (rouge en l'occurrence).

La version de Claude Debussy

Une autre interprétation du poème de Verlaine m'est venue en y réfléchissant. N'y a-t-il pas un lien avec sa bisexualité. Les masques et les poses que prennent les homos dans un monde qui leur est hostile, pour participer à la fête quand même, ne pas être ostracisés, vouloir s'y croire soi-même à sa place et heureux d'ailleurs. Et puis non, ça ne fonctionne pas, difficile de jouer les Arlequins quand on se sent le coeur d'une Colombine, de jouer les bourdons quand, comme le baron de Charlus dans Sodome et Gomorrhe, on se sent comme la fleur épanouissant ses trésors de parfums et de couleurs dans l'attente du polinisateur qui viendra la féconder. Ce double jeu, crée la mélancolie. Et ces fêtes nocturnes dans la nature peuvent évoquer certains lieux de rendez-vous hétérodoxes, aussi. Quand à la lune, son potentiel symbolique n'a, à ce jour, toujours pas été épuisé, surtout dans le cadre d'une étude sur celui qui, avec Arthur Rimbaud, écrivit le fameux Sonnet du trou du cul.

En prime la version de Léo Fauré

Mais las ! Cessons de nous poser ces questions de femmelons (comme dirait le très sympathique Pierre-Joseph Proudhon). De toute façon, aujourd'hui, avec la pollution du ciel nocturne, ou pollution lumineuse, terminé les nuits au clair de lune. Idem pour les états d'âmes qui vont avec. Souriants et bronzés dans le monde d'Areva.

A moins qu'on puisse se retrouver, les amis, dans un désert d’Atacama plébéien et poétique...

mercredi 10 juin 2015

J'ai moins peur II

Le militant Pierre Stambul, de l’UJFP, a été interpellé par le Raid à cause d'un hacker

09 juin 2015 |  Par Louise Fessard et Pierre Puchot
Selon le préfet de police de Marseille, le militant a été victime d'un « canular très bien monté » par un « hacker ». Pierre Stambul compte déposer plainte, notamment contre la police.
 « Le Raid a débarqué au domicile de notre camarade Pierre Stambul », s'alarme l’Union juive française pour la paix (UJFP), dans un texte publié sur son site internet mardi 9 juin 2015. « Les forces de police ont utilisé le protocole pour neutralisation de terroriste retranché armé, poursuit le communiqué. Faisant évidemment chou blanc, le Raid n’en a pas moins appelé la police nationale qui a emmené Pierre menotté. » Selon le préfet de police de Marseille, Laurent Nunez, joint par Mediapart, le militant marseillais, co-président de l’Union juive française pour la paix, a été victime d'un « canular très bien monté » par un « hacker » pour l'instant encore non identifié.
Que s'est-il passé exactement ? Fils d’un résistant et rescapé du célèbre groupe Manouchian, Pierre Stambul, âgé de 65 ans, raconte ainsi son interpellation, joint au téléphone à Mediapart mardi en début d’après-midi : « Lundi à 23h, j’ai reçu un coup de téléphone sur ma ligne fixe, qui est dans l’annuaire. J’ai décroché, on a raccroché. C’est comme ça que le Hacker Ulcan a pu pirater ma ligne (sur sa page facebook, Ulcan dément, NDLR). Il a ensuite téléphoné avec ma ligne à la police, en disant que j’avais tué ma femme, que j’étais armé et que je tirais sur tout ce qui bougeait. Mardi, à 3h50 du matin, le Raid a enfoncé les portes du lotissement où j’habite, plaqué au passage au sol le fils de mon voisin. Je suis sorti en disant : "Monsieur Stambul ? C’est moi." Les hommes du Raid m’ont mis au sol très violemment, me frappant à la mâchoire. J’ai été menotté pendant plus d’une heure, alors que la femme que j’étais censé avoir tué était à deux mètres. Ils ont ensuite passé le relais au commissariat de police du huitième arrondissement de Marseille, qui a attendu trois heures pour m’entendre, et qui a encore attendu trois heures après cela pour me relâcher, autour de 11h30. 7 heures de garde à vue pour un motif dont ils aurait pu vérifier l’inanité en deux minutes, et qui ressemblait qui plus est à trois autres aggressions du même type qui ont déjà eu lieu. »
« Il y a deux mois, poursuit en effet Pierre Stambul, encore très choqué, il y a eu exactement la même agression que celle que j’ai subie, contre l’autre co-président de l’UJFP, Jean-Guy Greilsamer, arrêté également chez lui suite à un canular. Deux autres militants en ont également fait les frais. C’est toujours Ulcan, hacker confirmé, et la police se laisse encore prendre au piège, c’est scandaleux. Et croyez-moi, vu la violence des policiers, un homme encore plus âgé que moi y serait resté. »
Pour lui, son arrestation est directement liée au contexte international : « Depuis quelques jours, il y a une campagne folle en Israël, qui a peur de la campagne BDS [boycott, désinvestissement, sanction, lire notre enquête ici], et tous les jours nous recevons des menaces, relayées par le site JSSnews et par la ligue de défense juive, qui parle de l’“immonde Stambul”. » Pierre Stambul ne compte pas en rester là, et annonce qu’il portera plainte dans les jours qui suivent contre le comportement de la police, de même que l’UJFP. Pierre Stambul devait participer ce mardi soir à une réunion à Toulouse, organisée par l’UJFP et le comité Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) pour dénoncer l'occupation par Israël de la Cisjordanie.
« Dans la nuit, le commissariat du 9e arrondissement de Marseille, je crois, a reçu un appel d'un dénommé Pierre Stambul affirmant qu'il venait de tuer sa femme, explique de son côté Laurent Nunez, le préfet de police de Marseille. Il a laissé ses coordonnées. Les policiers ont procédé à un contre-appel au numéro indiqué, et l'homme a répondu en répétant qu'il avait tué sa femme, qu'elle avait un trou dans la tête et qu'il tirerait sur tout le monde. » Selon le préfet, les policiers ont eu recours à l'antenne marseillaise du Raid pour se rendre sur place vers 4h30 du matin. « Ils ont trouvé Pierre Stambul et sa femme vivante et l'ont placé en garde à vue pour dénonciation mensongère, car ils ont cru qu'il était à l'origine de l'appel », poursuit Laurent Nunez. Le militant a été libéré « vers 10h30 ».
Le préfet de police de Marseille indique avoir appelé l'UJFP pour présenter ses excuses pour cette « mauvaise interprétation » des policiers. Il souligne que le canular était « très bien monté », la technique du contre-appel étant « très étonnante ». « Cela ressemble beaucoup au mode opératoire de Grégory Chelli [le vrai nom d'Ulcan - ndlr] et nous avons demandé à M. Stambul de déposer plainte », dit Laurent Nunez. Grégory Chelli, alias Ulcan, est un hacker franco-israélien déjà visé par plus d'une demi-douzaine de procédures pour des faits assez graves. Fin octobre 2014, le hacker a été arrêté et placé en garde à vue, puis relâché après 48 heures d'interrogatoire par les policiers d'Ashdod (Israël), où il réside. L’ambassade d’Israël en France venait de publier un communiqué assurant aux autorités françaises leur volonté de coopérer dans le traitement judiciaire de cette affaire, même si les deux pays ne disposent d'aucune convention d'extradition.
Adepte des canulars et autres impostures téléphoniques de mauvais goût, Grégory Chelli avait notamment fait croire aux parents d’un journaliste de Rue89 dont un article lui avait déplu que leur fils était mort, au début du mois d’août 2014. Puis dans le même registre, Ulcan s’était ensuite fait passer pour Pierre Haski, cofondateur de Rue89, en faisant croire à la police qu’il venait de tuer sa compagne, et en provoquant – là encore – une intervention policière nocturne et traumatisante au domicile du journaliste. La même chose était arrivée voilà quelques jours au négationniste Robert Faurisson. Les conséquences graves de ces impostures avaient conduit le ministère de l’intérieur à alerter tous les commissariats, les incitant à la prudence en cas d’appel suspect, en recourant notamment à la procédure du contre-appel. Ce qui n'a manifestement pas suffi ici.

mardi 9 juin 2015

Y a pas de sot métier...

"A ce propos, je ne résiste pas au plaisir de vous narrer ce bout de promenade en taxi que Louis Rego et moi vécûmes ensemble il y a quelques jours. Le chauffeur était une forte femme bien proprette d'une quarantaine d'années. Près de la place de la Concorde, une petite Fiat pilotée par une jolie bourgeoise (on a le droit de dire que les bourgeoises sont jolies avec Mitterrand ?). Enfin, une jolie bourgeoise un peu distraite nous fit une toute petite queue de tout petit poisson. Aussitôt, notre conductrice entra dans une colère apocalyptique, et tout en poursuivant la fautive dans l'espoir vain de la faire chuter dans la Seine, elle nous fit juges, Luis et moi, de sa désapprobation catégorique, tout en baissant violemment sa vitre afin que la coupable n'en manquât pas une miette. «Va donc, eh connasse, dit cette dame. Non, mais vous avez vu cette connasse ! Ça va pas la tête, eh connasse ! Ah, dis don', a s'croyent tout permis ces connasses avec leur MLF! Non, mais c'est pas des conneries, depuis qu'elles sont libérées, elles ont perdu leur féminité ces connasses ! » Et la dame conclut, comme pour nous achever : « Et je sais de quoi que j'cause, ça fait quinze ans que je vis avec une bonne femme.»"
Pierre Desproges.

... y a que des sottes gens !




lundi 8 juin 2015

J'ai moins peur

« - Non, il n’y a pas de tribunaux infaillibles, et, de très bonne foi d’ailleurs, des juges militaires [on pourrait dire aujourd’hui «antiterroristes» - note du blogueur ] peuvent, plus que tous les autres, condamner un innocent. Voilà ce que les bas politiciens ne veulent pas comprendre ; voilà pourquoi ils sont infâmes. Je ne trouve pas, voyez-vous, d’expression qui représente suffisamment le mépris et le dégoût qu’ils m’inspirent. Si vous en trouvez une, employez-la. Je vous en serai reconnaissant.
[…]
- Quelles peuvent être, d’après vous, les conséquences du vote d’hier ?
- Mais aucune, me répond-il en descendant l’escalier. Nos députés sont des pantins qui s’agitent dans le vide. Le vent emporte leurs paroles. Ils n’empêcheront pas plus la vérité de continuer sa route que les nuages dont le ciel est obscurci n’empêchent la clarté du jour d’arriver jusqu’à nous. […] Ces votes n’auront d’autres résultat que de donner une satisfaction momentanée à la presse immonde, à la presse affamée de scandales, chez laquelle le souci du tirage remplace les convictions, à la presse qui affole la France et travaille à sa décomposition. »
L’Aurore, 6 décembre 1897. Interview d’Emile Zola par Philippe Dubois.

Avec un grand courage et à une écrasante majorité, nos représentants ont voté mardi 5 mai la loi sur le renseignement.

"Mais ces mauvaises heures étaient à peine tragiques au prix de celles que j’ai connues pendant deux semaines, dans la salle des témoins et dans la salle d’audience. Jamais je n’ai plus douloureusement senti combien les hommes sont presque tous des étrangers les uns pour les autres et qu’il y a entre certains êtres d’irréductibles antinomies, des hostilités farouches et irrémédiables qui ne peuvent prendre fin que par l’écrasement de l’ennemi : j’ai compris la guillotine, la fusillade et les guerres civiles et ce qu’il y a de défense personnelle au fond de toute révolte."
Pierre Quillard. « Impressions d’un témoin. » La Revue blanche, 1er mars 1898.

La nouvelle loi sur le renseignement nous protège des méchants...

... qui seront pistés jusque dans leurs tanières, tapies dans l'ombre, avec leurs femelles et leur progéniture.

"Or, en ceste propre saison, estoit un procès pendent en la court […] la controverse estoit si haulte et difficile en droict que la court de Parlement n'y entendoit que le hault alemant. Dont, par le commandement du roy, furent assemblez quatre les plus sçavans et les plus gras de tous les parlemens de France, ensemble le Grand Conseil, et tous les principaulx regens des universitez, non seulement de France, mais aussi d'Angleterre et Italie […]. Ainsi assemblez, par l'espace de quarente et six sepmaines n'y avoyent sceu mordre ny entendre le cas au net pour le mettre en droict en façon quelconques, dont ilz estoyent si desptiz qu'ilz se conchioyent de honte villainement."
François Rabelais.- Pantagruel.

Toi aussi, comme moi, aie confiance en la justice de ton pays !

vendredi 5 juin 2015

Ile déserte II et village

Bon, le week-end sera chaud. Alors on se remet une dose de Dolphy / Little et les autres. Du très bon, rien d'autre à dire. Ne cherchez pas de lien de causalité entre la première et la deuxième phrase de ce post, il n'y en a pas.


Le morceau s'appelle Number eight, ça m'évoque ça :


qui m'évoque ça :


Bon, on peut aller loin comme ça. Ca devient freudien. Alors...

Bonjour chez vous !

jeudi 4 juin 2015

Jouons un peu iconiquement


Qui est ce personnage (je ne parle pas du guignol venu se foutre pile devant mon objectif au moment où je prenais la photo, ces touristes, quelle plaie, c'est comme des sauterelles, mais du bronze derrière) ?

- Darth Sidious ;
- Darth Maul ;
- mon pote Samir, petit négociant de résine à Villiers-le-Bel ;
- Torquemada ;
- Giordano Bruno ;
- Ignace de Loyola ;
- le moine camembert.

Par la même occasion, dans quelle ville cette photo a-t-elle été prise ?
Que la force soit avec vous.

mardi 2 juin 2015

Une historiette de Walery*


Février 2015. Ce midi, assemblée générale, appelée par le collectif des bas salaires, essentiellement des femmes, en grève depuis un mois déjà. Au fil des palabres, Stravoula appelle les volontaires à se réunir en fin d'AG pour mettre au point les modalités techniques des futures actions. 13 heures, l'AG se disperse. Fatima et Nora commencent à s'éloigner. Soraya les interpelle :
- Eh ! Oh ! on se réunit pour les actions là !
- Oui, mais là on va manger, il est 13 heures passées, on a faim, rétorque Fatima.
Et Soraya, gouailleuse et taquine :
- Comment ? Alors pendant le ramadan tu manges pas pendant un mois, et là tu peux pas attendre une demi-heure pour l'AG ?


Pour la petite histoire (c'est le cas de le dire), cette lutte héroïque s'est soldée par une défaite, mais, comme le disait Karl Liebknecht, paroles que j'affectionne particulièrement, "il y a des défaites qui sont des victoires, et des victoires plus honteuses que des défaites".

* J'espère que le Tenancier ne m'en voudra pas d'avoir emprunté espièglement le titre de sa célèbre et savoureuse rubrique. Qu'il soit ici remercié.