lundi 27 juin 2016

Reprises des hostilités

   On s'est couché tard hier soir. Dans le pâté ce matin, mais c'était pour la bonne cause, on a entendu de la bonne musique, avec même des reprises comme on les aime quand elles sont réussies.

   Commençons par le retour de notre patriote professionnel, qui, ici, aime les étrangères, avec une reprise de l'excellent San Severino...


... de la chanson de Léo :


   Une autre de l'ami Stéphane, artiste particulièrement pêchu, convivial et drôle, et pas manchot à la six cordes, le type,


empruntée au mal prénommé François, dont la voix eut certainement rejoint le choeur des charivaris actuels et de ses conséquences à court terme, si l'univers n'eut déjà refondu sa vie dans son grand creuset :


   Enfin, une reprise du chanteur catalan Luis Llach par le groupe sympatoche découvert hier, La Rabia. Ah ! Pardon, on me dit dans mon oreillette qu'aucune vidéo n'est trouvable de cette reprise sur le net au stade des compétences informatiques embryonnaires du Directoire secret de La Plèbe. Bon, alors vous aurez droit à Marc Robine, très bien aussi. En français ça s'appelle Le Pieu :


En catalan, L'Estaca :



Voilà, un beau programme en chansons. Salut et fraternité !

vendredi 24 juin 2016

Jouons un peu avec les terroristes

Des fois, face à l’ignominie des héritiers des thermidoriens et autres directeurs fossoyeurs d'une réelle démocratie toujours à construire, et de tous les valets des patriciens aux commandes depuis ce temps-là, on en viendrait presque à trouver certain membre de Comité de salut public sympathique. Mais ce serait trop simple et à coup sûr une tentation du côté obscur : malheureusement, ce dernier faisait raccourcir aussi les sans-culottes les plus épris de liberté et d’égalité, et il ferait certainement  "raccourcir" aujourd'hui (mais arrêtez-moi si je me trompe) nos fiers "casseurs" et zadistes.

Voici donc notre énigme :

Le 14 frimaire an II – 4 décembre 1793, la Convention nationale requiert tous les citoyens de lessiver eux-mêmes leurs bâtiments : « Tous les citoyens, soit propriétaires, soit locataires, [...] sont invités à lessiver eux-mêmes le terrain qui forme la surface de leurs caves, de leurs écuries, bergeries, pressoirs, celliers, remises, étables, ainsi que les décombres de leurs bâtimens »*.
*Jean-Baptiste DUVERGIER, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'Etat..., Paris, A. Guyot, 1934, t. VI, p. 397, article 1.

Pourquoi la Convention nationale requiert-elle, le 14 frimaire an II – 4 décembre 1793, tous les citoyens de lessiver eux-mêmes leurs bâtiments ?

Certes, la Convention montagnarde était plutôt égalitariste, et que chacun participe à l'entretien des lieux de vie, et non plus seulement ta bonniche, pourrait être une réponse satisfaisante. Mais il y en a une autre, en rapport avec cette période troublée. A toi de la trouver, cher sans-culotte !

Quand nous finirons 89 et 93, accomplissant le but de la société qui est le bonheur commun, conformément aux principes sacrés, nous ne pourrons plus exploiter et humilier des bonniches. Va falloir nous sortir les doigts du cul petits et grands révolutionnaires !

Bravo aux deux participants, à Romain qui a trouvé la solution, et à Jules qui colle à l'actualité révolutionnaire.

Voici des précisions, extraites d'un texte fort intéressant quoique de facture universitaire qu'on peut trouver ici :

Enfin, l’extraction du salpêtre a été confiée par la Convention montagnarde et la Commune de Paris à tous les citoyens (42). [...].

Le salpêtre recueilli par les citoyens était payé par la régie des poudres. Le 13 nivôse an II – 2 janvier 1794, le Conseil général de la Commune s’occupe de mettre ce décret en exécution. Une partie des membres propose d’abord de charger les comités révolutionnaires des sections de cette tâche mais, comme le portait la loi, Pache conseille de laisser l’initiative de l’extraction du salpêtre aux citoyens eux-mêmes : « Il n’est pas ici question de salpêtre raffiné, c’est de salpêtre brut qu’il s’agit de trouver, toutes les caves de Paris en sont pleines, il faut que tout se fasse de bon accord : inviter les citoyens à descendre eux-mêmes dans leurs caves, et à y dégager la superficie de la terre ».

Sur la proposition du maire, le Conseil général arrête que chacun de ses membres sera invité dans sa section à engager tous ses concitoyens à extraire le salpêtre de leurs caves et autres lieux et à leur donner à cet effet lecture d’une instruction rédigée par le Comité de salut public.

Ainsi, la Convention montagnarde et le Comité de salut public ont chargé la Commune de Paris et les assemblées générales des quarante-huit sections parisiennes de répartir équitablement entre tous les artisans les fournitures dont l’administration avait besoin pour équiper les armées. Néanmoins, pour être économiquement indépendants, tous les artisans devaient avoir accès directement aux matières premières et aux outils de travail.
(42) Le salpêtre ou nitrate de potassium était l’élément essentiel pour fabriquer de la poudre. Ce dernier pouvait être obtenu en lessivant le sol des habitations.

lundi 20 juin 2016

Moi j'bichais car je les adore

    - […] les fautifs, ce sont les propriétaires, non les fermiers.
   A ces paroles, toutes les faces se tournèrent du côté du konak*.
Costaké dit :
   - Ca va barder… Le Baragan commence à faire flamber ses chardons !


    Nous étions devant l’auberge de Stoïan. Des villageois, loqueteux, hâves, courbaturés, venaient fébrilement l’un après l’autre, et questionnaient en balbutiant. Alors nous nous aperçûmes que cette nouvelle n’était pas le seul événement de la journée, et qu’avec elle, un second gendarme nous tombait sur le nez. Ils étaient présents, naturellement, ces deux piliers de l’oppression, bien nourris, bien vêtus, bien armés, peu loquaces, graves surtout, comme les oreilles de leurs maîtres. Et tout de suite, l’ancien de dire à Costaké :
    - Tu ferais mieux de garder ta langue au chaud, l’ami !
    Puis à l’instituteur :
    - Vous, monsieur Cristea, lisez à l’avenir les journaux chez vous !
    Et aux paysans :
    - Que faites-vous ici ? Retournez à vos foyers ! Les rassemblements sont interdits…
    - Pourquoi ? demanda un homme ; est-ce qu’on a décrété l’état de siège ?
    Le gendarme fonça sur l’audacieux :
   - Ah, tu connais déjà la Constitution ? Viens un peu que je t’apprenne un article que tu ignores !
   - Ce fut un cortège tumultueux qui suivit l’arrêté jusqu’à la mairie, où le paysan passa quand même la nuit à apprendre l’article en question. Mais cet « article » plaida avec une langue de feu, dans le grand procès qui commença sur le champ.

Viens un peu que je t’apprenne un article que tu ignores !

   Le lendemain, très tôt, nous fûmes éveillés par les hurlements du paysan battu, qui, dès qu’on le lâcha, se mit à courir par tout le village en criant :
   - Au secours, hommes bons, au secours ! Ils m’ont tué !
   Tout le monde accourut sur la place de l’auberge, où l’homme s’était écroulé, la tête noire, méconnaissable. Toudoritza lui prodigua des soins. L’aubergiste lui fit avaler un bon verre d’eau de vie. On cherchait du regard les gendarmes. Ils tardèrent plus d’une heure à arriver. Pendant ce temps, le battu se remit un peu et raconta l’affreuse nuit qu’il avait passée à la gendarmerie. Les paysans écoutaient, blêmes. Des femmes pleuraient. Et voici les gendarmes, qui s’approchaient en se dandinant et en ricanant, fusil au dos, revolver à la cuisse.
   - Assassins ! Bourreaux !
   Un silence complet. Les apostrophés, arrêtés au milieu de la foule, essayèrent de découvrir à qui appartenait la voix de femme qui avait proféré ces mots. Ils n’y réussirent pas.
   - Qui est la parchoaura qui insulte ainsi l’autorité ? cria l’ancien gendarme.
   Une bousculade, et une femme se planta devant eux :
   - Moi !
   C’était Stana, les mains sur les hanches, rouge comme le feu, avec un regard de folle et la poitrine haletante. Son ventre énorme s’avançait, pointu, et levait bien haut le devant de la jupe.
   - C’est toi, putain ? fit en marchant vers elle le gendarme furieux.
   - Oui, oui ! Moi. Assassins ! Bourreaux ! C’est moi qui vous dit cela, moi, la putain de votre maître !
   Et avec un ahrr ptiou ! un gros crachat partit de sa bouche, droit dans les yeux du gendarme.


   Au même instant, avec un Sus à eux ! voici le paysan battu qui saute sur le dos du nouveau gendarme et le jette à terre – ce qui fit promptement se retourner son collègue, la main au revolver – mais on ne put plus rien distinguer, car ce ne fut qu’une mêlée sourde, au milieu de laquelle six coups de feu retentirent, et les deux gendarmes restèrent ensanglantés sur la place qui se vida en un clin d’œil.

Panaït Istrati, juste et grand écrivain

Pour être honnête envers nos aimables lecteurs qui souhaiteraient suivre l’exemple des ces damnés de la terre roumains à bout de misère et d’humiliations, précisons tout de même que, après de franches reprises individuelles et collectives au château du seigneur local, suivies de l'incendie canaille de celui-ci (le château, pas le seigneur, bien planqué à Bucarest), sans compter la joyeuse combustion de la mairie, le village sera rayé de la carte par les bombardements de l'armée royale, ne laissant a priori, mis à part notre petit narrateur caché au fond d’une charrette aux chevaux emballés dont le conducteur, comme les rares rescapés des bombes, avait été fini à coup de fusil par la soldatesque vengeresse, ne laissant dis-je donc, aucun survivant.

 Le Baragan

* Konak = château.

jeudi 16 juin 2016

Hommage aux géants de 36 !

   La dernière manif était belle, grande manif, notre dynamique jeunesse ayant poétisé le parcours par l'écrit et la sculpture sur les artères ternes des défilés habituels, permettant au peloton plus réservé de se réjouir de leur créativité au fur et à mesure de l'avancée de la chenille contestataire, de rire de leur humour, de bicher de leurs bravades (deux exemples parmi tant d'autres : "les amis de monsieur Valls vs les amis de monsieur Coupat" et le fulgurant de sagesse juvénile : "baqueux = petites merdes"). La saison insurrectionnelle n'est évidemment pas close et nous fourbissons nos armes pour la prochaine. Mais il est aussi un autre moyen de continuer le début en la saison qui vient : rendre hommage aux "preneurs d'otages" de 36, utiliser les droits qu'ils ont arrachés par la lutte et le bris de vitre, autrement dit partir en congés payés ! Pour vous aider à soutenir les grèves de toujours en vous distrayant, La Plèbe vous propose ici les fiches techniques de deux activités pour toute la famille à mettre en oeuvre sur la plage : le cerf-volant et la gymnastique.

Le cerf-volant
Les images sont intentionnellement floutées pour la sécurité des activistes photographiés

1- Assemblez votre cerf-volant.
2- Placez votre cerf-volant sur le dos, dans le vent, le nez à l'opposé de vous et déroulez les lignes en marchant directement face au vent.


3- Placez-vous en face de votre cerf-volant, bien détendu. Mettez vos mains au niveau de votre poitrine, les bras semi-fléchis. Conservez les bras bien souples et proches de votre corps. Vous perdrez rapidement le contrôle si vous écartez les mains ou si vous levez les bras au-dessus de votre tête.
4- Tirez délicatement sur les lignes, de manière à relever le nez de l'appareil.
5- En conservant le cerf-volant dans cette position, étendez vos bras devant vous à hauteur des épaules.


6- Rapidement, reculez d'un pas en même temps que vous ramenez vigoureusement vos bras en arrière aussi loin que possible. Votre appareil doit alors quitter le sol.
7- Une fois qu'il est en mouvement, gardez vos mains symétriques et à la même distance de votre poitrine et laissez-le monter droit au dessus de votre tête. Attendez qu'il soit assez haut dans le ciel avant de tenter un virage. Cela vous donnera un temps de réaction plus important que si vous êtes proches du sol.

Giotto.- Le Grand cerf-volant.
Louvre, département des peintres balnéaires.

8- Faites-vous plaisir et criez : "Vive les géants de 36 !"


La gymnastique


Sur la plage, on peut commencer par la montée debout par le côté :
1- Le porté place un pied sur la cuisse horizontale du porteur (figure 1).
2- Celui-ci tire vers lui le porté qui met un pied sur son épaule (figure 2).

3- Le porteur tire le porté vers l'avant ; avec ses mains, il bloque les jambes du porté par derrière les genoux (figure 3).
4- Lâcher les jambes quand on sent le porté bien en équilibre.


Ou alors la montée debout arrière :
1- le porteur en station avant, jambe arrière pliée.
2- Le porté saisit par derrière les mains du porteur et pose un pied sur sa jambe arrière, au niveau du mollet sous le genou (figure ci-dessous).
3- Le porteur tire vers l'avant le porté qui pose d'abord un genou, puis un pied sur son épaule (figure ci-dessous).
4- Avec ses mains, il bloque les jambes du porté par derrière les genoux (figure ci-dessous).
5- Lâcher les jambes quand on sent le porté bien en équilibre.

Montée debout des Frères Nicomède, Ombrie ou Latium, deuxième quart du XIIIe siècle
Louvre, département des arts du cirque français et nord-européens 12ème-16ème siècle
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6- Faites-vous plaisir et criez : "Vive les géants de 36 ! Et leurs enfants de 2016 !"

vendredi 10 juin 2016

Tempête sous un crâne radical

Le maire saisit l’occasion d’aller se mêler aux autres buveurs […] il resta presque silencieux, l’air absent et soucieux. En effet, il était très loin d’eux et du café Judet […]. La tragédie antique, la shakespearienne et les drames d’Alexandre Dumas ne proposent que des situations d’une horreur médiocre, comparées à celle où se débattait Voiturier […]. Les vérités éternelles de la religion resplendissaient à ses yeux, et l’apparition […], par un enchaînement logique et inexorable que sa raison saisissait trop bien, ruinait son idéal républicain, anticlérical, et progressiste. Mais lui, adossé à l’enfer, se jurait de lutter contre Dieu pour la République laïque et démocratique aux côtés de son député radical. Comme tous le héros, il connaissait des moments de détresse et de défaillance. Souvent, il avait soif de Jésus, de la sainte Vierge, et enfourchait sa bécane pour aller se jeter aux pieds du Sauveur, baiser la robe de sainte Philomène oou les sandales de saint François-Xavier. Mais sur le chemin, il se reprenait en pensant au triomphe insolent de la clique réactionnaire, au désarroi de ses fidèles électeurs et à sa propre confusion en face de son député qui le regarderait tristement en caressant sa barbe noire. Se résignant alors à un compromis, il allait faire son signe de croix derrière un buisson et se rafraîchissait d’un Ave murmuré les mains jointes, parfois même se recommandant à Dieu et plaidant une cause qu’il savait désespérée. « Mon Dieu, disait-il, ce que j’en fais, c’est pour la justice. » Le soir, chez lui, après dîner, quand les domestiques étaient partis et qu’il se trouvait seul avec sa fille, il retrempait ses résolutions en évoquant les luttes et les humiliations d’autrefois. « Ces cochons-là, ils voulaient nous dominer. De ce temps-là, il n’y en avait que pour la soutane. On n’était pas seulement chez soi. Le curé fourrait son nez partout, jusque sous vos couvertures. Et il emmerdait la mairie et les conseillers, il tenait le maître d’école, le garde champêtre, le cantonnier, le percepteur, le juge de paix. Ceux de la clique avaient tous les droits, et nous, on était de fermer nos gueules. Mais bon Dieu on reverra pas ça. » Il sentait remuer en lui des raisons philosophiques qu’il essayait de faire surgir sous la lampe, mais qui restaient prises dans un bloc informe et n’arrivaient pas à s’exprimer. […] Mais la conscience torturée, l’esprit absorbé par la lutte impie, il voulait au moins avoir la paix dans sa maison.

Spartacus en croix
Bronze
Maison de la Mutualité, Cologne

   Sur la route, les sœurs Moineau passèrent devant le café et les compagnons du maire échangèrent des sourires à la vue de ces trois vieilles filles réputées les plus pieuses de la paroisse. Voiturier, empoignant son verre, prit une mouche qui était en train de s’y noyer et l’éleva en l’air à la façon d’une hostie en récitant : « Agnus Dei, qui tollit peccata mundi miserere nobis. » Pendant qu’il se livrait à cette facétie, son visage devenait livide, ses narines se pinçaient. Le simulacre parut audacieux, mais fit rire. Quoique un peu choqués, les buveurs reconnaissaient dans cette plaisanterie un humour vigilant qui était comme une garantie. Pour Voiturier, il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, mais d’un blasphème proféré délibérément, dont il mesurait les conséquences avec une horreur lucide. Il voyait le glaive du Seigneur pointé sur sa poitrine, et la Vierge, sainte Philomène et saint François-Xavier s’écarter de lui avec dégoût pendant que le diable mettait une chaudière à bouillir sur le feu éternel. Avec un héroïsme surhumain, il choisissait de se damner sans rémission pour rester fidèle à son idéal de laïcité et mériter ainsi l’estime du député de l’arrondissement. « Voiturier, lui dirait le député, vous êtes un martyr de la cause radicale, mais vos souffrance éternelles n’auront pas été inutiles, car c’est avec des lapins de votre espèce qu’on arrivera un jour à foutre les curés à la porte. » Et peut-être qu’il lui ferait avoir la Légion d’honneur. […]

 Spartacus en croix
Bois polychrome.
Salle des séances, Assemblée nationale, Paris

Voiturier passa une nuit atroce […]. Il était en proie à un accès de fureur adorante, de fringale votive, il brûlait d’une soif ardente de dévotion et d’apostasie, mais il sentait peser sur sa conscience trente-cinq ans d’action anti-cléricale et progressiste, et l’ombre du radical barbu, député de la circonscription, avec des yeux pleins de tristesse et de reproche, le regardait suer sur sa couche. 

Marcel Aymé.- La Vouivre

L’abbé de Saint-Férit-Tonquaint de Fammines

jeudi 9 juin 2016

Vincennes n'a jamais existé

« Bientôt on chercherait sur les rives de la Seine si cette ville a existé. »
« L'infâme Isnard » lequel, présidant la Convention girondine en mai 1793, projetait rien de moins que d’« anéantir » Paris, au prétexte des « insurrections » dont cette ville était le foyer. Cité dans Debord, Guy.- Panégyrique, Gallimard, Paris, 1993.

C'était le film Vincennes, l'université perdue, de Virginie Linhart

vendredi 3 juin 2016

La nuit je bous

On m'a vu dans Gare du nord,
Sauter pour fuir les flics,
Crier très fort,
Prendre des coups d'triques.
J'ai fait la course sous les sirènes,
J'ai fait le tour,
J'ai fait le mort.
T'étais pas l'vé.
Pour l'coup des caténaires
J'me suis pas fait prier.
J'étais à fond d'train, déter.
Pour un peu j'étouffais :
Lacrymo.


La nuit je bous,

Je bloque des trains à travers la plaine

La nuit je bous,
Je vis debout.
J'ai sur la tête des maux talés, des gnons
Où subiste encore leur écho,
Où subsite encore leur écho.


Z'ont failli ces fions m'péter la boîte crânienne !
Tout bloquer, c'était mon antienne !
T'as qu'à bosser qu'on m'dit, t'as qu'à bosser...
Rocade par rocade j'ai fait bouchonner tant de trous du cul,
Des kilomètres d'esclaves moroses,
Tout ce beau cirque, à plein d'zigues c'était fait pour plaire,
Bonheur de loulous,
Pas pour bosseurs laids caducs.

La nuit je bous,
Je bloque des trains à travers la plaine.
La nuit je bous,
Z'en voient pas l'bout.
J'ai sur la tête des maux talés, des gnons
Où subiste encore leur écho,
Où subsite encore leur écho.

Allez, après un âpre combat, un peu de glamour