vendredi 21 décembre 2018

La dose de Wrobly : frimaire 2018 EC


- Marcel Aymée.- La Mouche bleue.

   Une apologie (en fait une satire féroce, vous m'aurez compris) de l'entreprise étasunienne de 1957, d'une troublante actualité en France de nos jours. Et puis du cocufiage et des chambres d'hôtel aux portes communicantes. Pas ce que j'ai aimé le plus du pote Marcel...

 On n'entend plus parler de cet excellent Graeme Allwright avec son accent si attachant, toute mon enfance en allée aussi, tiens, misère de misère !

- Reischauer Edwin O..- Histoire du Japon et des Japonais.
   Déstabilisé en profondeur par la déferlante jaune, Wroblewski, après avoir enfermé dans son placard sucre, fayots, lentilles, sardines et sauciflards, a décidé de chercher à comprendre.


- Regard sur le Japon : illustré.

   Pour terminer Wroblewski désirait vous souhaiter un joyeux Noël sur des rythmes endiablés nippo-afro-cubains, ou bien cubo-nippo-africains, peut-être affreux nippés cubistes finalement...


   Et un petit jeu : que doit Cuba au Japon ?

   Allez, bonne hibernation ou agitation, selon vos goûts et vos couleurs !

vendredi 14 décembre 2018

Un trompettiste est mort

   Et il avait mon âge, 49 balais (il avait même six mois et demi de moins que moi). Mais ça, vous vous en foutez. En plus il n'était même pas shooté ou alcoolisé plus que ça, comme beaucoup de ses collègues, juste sous dialyse depuis trop longtemps.

   Un trompettiste de jazz très classique, ici sur la reprise de Charlie Parker Now's the time, thème qui fit l'objet du deuxième post de ce blog, c'est déjà si vieux !

   Il a aussi fait partie de la poignée de musiciens qui a révolutionné la musique des années 2000 en inventant la Nu Soul.

   Pour ma part, je compte bien l'écouter et le réécouter. Malgré notre quasi gémellité, je le connaissais peu (quoique je l'ai peut-être vu en concert gratos au parc floral de Vincennes, mais ça date, et je n'étais pas assez formé pour l'apprécier). Dommage.

mardi 11 décembre 2018

France éternelle !

   On s'attendait à passer une nouvelle période glauque d'orgie consumériste, d'illuminations nucléaires et d'holocauste animal géant dans une atmosphère toujours aussi délétère, au propre (si l'on peut dire) et au figuré. Un peu avant la triste période, voilà que des astiqueurs de volant, le genre de mecs qui sécrètent comme des boucs en rut derrière toi à l'idée de te doubler à la prochaine occas', en te collant au pare-choc, parce que toi, même si t'es pas macroniste, 80 km/h, ça te va parfaitement ; voilà que ce blaireau, chef d'entreprise possédant désormais des pneus neige pour le prochain épisode dans 15 ans, on ne lui fait pas, à lui, et il n'est pas question qu'il ne puisse passer prendre sa maîtresse de la moitié de son âge et du tiers de son monde au premier flocon ; voilà que le français démerdârd, loufiat anti-assistés et pour l'éradication de ces "priviliégiés" de fonctionnaires, devenant le patron rêvé au volant de son bolide, enfin puissant dans sa concurrence libre et non faussée, même s'il noierait bien dans sa baignoire toute réglementation routière entravant sa frénésie ; voilà que tous ceux-là se rebiffent, ces villageois gaulois qui sont chez eux dans la start-up France au si joli logo. Et les médias les ont à la bonne, parce que, d'après les commentaires attrapés ici ou là (je n'écoute pas les médias), ils en sont tout excités de ce nouveau happening marketing de marque Gilet Jaune (encore plus con que Je suis Charlie, fallait le faire), tellement plus sexy (pour eux) que ces puent la sueur de cheminots, ces zonards hostiles au droit de zadistes, ou ces m'as-tu-vu de solidaires avec les migrants, entre autres. Ils en sécrètent aussi, du coup, les médias, d'autant plus que tout ça c'est grâce à Zuckerberg !

   Bof, pour ma part je m'apprêtais à faire le mort et le gros dos, comme pour toutes les coupes du monde, jeux olympiques, bonnets rouges ou élections. Un mauvais moment à passer sous la couette, voilà tout.

   Et bien non ! voilà pas tout : d'après les copains (je le répète, je contemple peu de terminaux mainstream, peux pas), ce beauf absolu, adepte de bagnole, de télé et de tiercé (j'en suis conscient, cette citation fait un peu vieillotte aujourd'hui), se révèle finalement un fier et généreux émeutier (ça, on ne peut pas le lui enlever, chapeau ! sacrément déter' ! courageux ! solidaire !), n'est pas forcément le branloteur d'embrayage que les premières revendications pouvaient nous laisser imaginer, et si des "on est chez nous" en sont, ils sont minoritaires. C'est des pauvres contre les riches, et ça nous fait passer un joyeux Noël, avec les illuminations qui vont bien ! On fait solennellement amende honorable aux gilets jaunes, on pense aux mille prisonniers, aux gueules cassées et aux estropiés par les lâches bleus casqués et bottés de la république ou les chiens baqueux, on prie fort pour que le petit Noël du Jésus du patronat de l'Elysée et de son monde soit aussi leur Passion, ce sera toujours ça de pris, on prie aussi pour que les GJ ne finissent pas par nous faire voir 5 étoiles, et on se passe quelques chansons en hommage à tous les colonisés de la start-up nation, intérieurs et extérieurs.

Hommage aux colonisés intérieurs des campagnes et des provinces.

Hommage aux ex-colonisés de l'extérieur, actuels colonisés de l'intérieur en banlieue.

 Hommage aux colonisés extérieurs de l'outre-mer.

vendredi 7 décembre 2018

Et si on parlait d'amour...

   Ceux qui considèrent l'acte d'amour comme une chose honteuse, ah !, les pauvres gens, et comme je les plains. Je les vois tout rougissant d'être au monde et qui se détournent avec dégoût de leur père et de leur mère...
Han Ryner (cité dans le n° 15 de L'En-Dehors).


   On ne peut concevoir qu'il y ait quelque chose de malsain en soi à contempler la représentation de l'accouplement de deux êtres ou des caresses qu'ils se prodiguent. Ce n'est pas plus malsain que de contempler un tableau représentant un laboureur qui ensemence un champ, ou des vendangeurs à la besogne. Ce qui est malsain, c'est le préjugé qui veut que ces représentations se colportent sous le manteau, se transmettent à la dérobée.
Ernest Armand.- L'Initiation individualiste anarchiste.

Wroblewski (à gauche) sur le point de recevoir le baiser individualiste anarchiste.

   Lorsque l'amour naît entre deux individus et qu'ils s'unissent l'un à l'autre, ils n'y sont pas portés par le désir d'avoir des enfants, mais par sympathie ou par passion l'un pour l'autre, attraction qui trouve sa réalisation normale dans le coït. Autre chose est le désir des conjoints d'avoir des enfants : il se développe en général plus tard et dépend de la réflexion ; ce n'est par conséquent ni un besoin, ni un instinct...
   Le but du coït n'est, en aucune façon, uniquement d'engendrer des enfants [...].
Dr Nystrom.

Wroblewski et sa camarade amoureuse du moment, ainsi qu'un autre couple d'en dehors, s'adonnant à la copulation non-conceptionnelle.

mardi 4 décembre 2018

Métamorphoses

- Docteur Jekyll et M. Hyde (1941) de Victor Fleming.

La magnifique Ingrid Bergman, en prendra plein la gueule

   Ajoutez que les rares fois où Watt entrevoyait Monsieur Knott, il ne l'entrevoyait pas clairement, mais comme dans une glace, une glace sans tain, une fenêtre à l'est le matin, une fenêtre à l'ouest le soir.
   Ajoutez que la forme que Watt entrevoyait parfois, dans le vestibule, dans le jardin, était rarement la même d'une entrevision à l'autre, mais variait tellement, à en croire les yeux de Watt, en corpulence, taille, teint et même chevelure, et bien sûr dans sa façon de circuler, et de rester sur place, que Watt ne l'aurait jamais crue la même, s'il n'avait sur que c'était Monsieur Knott.
   Watt n'avait jamais entendu Monsieur Knott non plus, entendu parler s'entend, ou rire, ou pleurer. Mais une fois il crut l'entendre dire, Cui ! Cui ! à un petit oiseau, et une autre fois il l'entendit faire un bruit étrange, PLOPF PLOPF Plopf Plopf plopf plop plo pl. Cela se passa parmi les fleurs.


- Rashōmon (1950) d'Akira Kurosawa.

Ici aussi, là encore, comme dans la vie, c'est la femme qui déguste et trinque le plus.

Car tout ce que je sais au sujet de Monsieur Knott, et de tout ce qui touchait à Monsieur Knott, et au sujet de Watt, et de tout ce qui touchait à Watt, c'est de Watt que je le tiens, et de Watt seul. Et si je n'ai pas l'air d'en savoir long au sujet de Monsieur Knott, et de Watt, et de tout ce qui touchait à eux, c'est parce que Watt n'en savait pas long, sur ces sujets, ou qu'il préférait ne pas le dire. Mais il m'assura à l'époque, quand il commença à dévider son histoire, qu'il me dirait tout, et puis plus tard, quelques années plus tard, quand il eut fini de la dévider, qu'il m'avait tout dit. Et l'ayant cru à l'époque, et puis plus tard, je n'avais qu'à continuer, l'histoire depuis longtemps dévidée, et Watt disparu. Non qu'il y eût la moindre preuve permettant d'assurer que Watt avait dit en effet tout ce qu'il savait, sur ces sujets, ou même qu'il s'était proposé de le faire, et cela pour la bonne raison que moi je ne savais rien, sur ces sujets, en dehors de ce que Watt voulait bien me dire. Car Erskine, Arsene, Walter, Vincent et les autres avaient tous disparu, bien avant mon entrée en scène. Non que Vincent, Walter, Arsene et Erskine eussent pu dire quoi que ce soit au sujet de Watt, sauf peut-être Arsene un peu, et Erskine un peu plus, loin de là. Mais ils auraient pu dire quelque chose au sujet de Monsieur Knott. Alors nous aurions eu le Monsieur Knott d'Erskine, et le Monsieur Knott d'Arsène, et le Monsieur Knott de Walter, et le Monsieur Knott de Vincent, à mettre en regard avec le Monsieur Knott de Watt. Ce qui aurait été un exercice plein d'intérêt. Mais ils avaient tous disparu, bien avant ma parution.
   Cela ne veut pas dire que Watt n'ait pu omettre certaines choses qui étaient arrivées, ou qui avaient existé, ou en rajouter d'autres qui n'étaient jamais arrivées, ou qui n'avaient jamais existé. Il a déjà été fait état du mal qu'éprouvait Watt à distinguer entre ce qui arrivait et ce qui n'arrivait pas, entre ce qui existait et ce qui n'existait pas, dans la maison de Monsieur Knott. Et Watt ne faisait aucun mystère, dans ses conversation avec moi, de ce que maintes choses présentées comme étant arrivées, dans la maison de Monsieur Knott, et naturellement sur ses terres, n'étaient peut-être jamais arrivées du tout, ou étaient peut-être arrivées tout autrement, et que maintes choses présentées comme ayant existé, ou plutôt comme n'ayant jamais existé, car celles-ci étaient les plus marquantes, n'avaient peut-être jamais existé du tout, ou plutôt avaient existé tout le temps. Mais cela mis à part, il est difficile à quelqu'un comme Watt de raconter une longue histoire comme celle de Watt sans omettre certaines choses, et sans en rajouter d'autres. Et cela ne veut pas dire non plus que moi je n'aie pu omettre certaines choses que Watt m'avait dites, ou en rajouter d'autres que Watt ne m'avait jamais dites, malgré tout le soin que je prenais de tout noter sur le champ, dans mon petit calepin. Il est si difficile s'agissant d'une longue histoire comme l'histoire de Watt, malgré tout le soin qu'on prend à tout noter sur-le-champ, dans son petit calepin, de ne pas omettre certaines choses qui furent dites, et de ne pas en rajouter d'autres qui ne furent jamais dites, jamais jamais dites du tout.

   Mes deux dernières actu ciné.

   Textes de Samuel Beckett dans Watt.