jeudi 30 août 2018

De Coltrane à Dracula

   Qu'apprends-je ? Chewie, mon chevelu de fiston étant allé voir Hôtel Transylvanie 3 avec sa grand-mère, son oncle m'avertit que la chanson du film est chantée par Camille Bertault. La voici.


   Même si j'avais bien aimé Hôtel Transylvanie, ça commence à me soûler quand les épisodes s'ajoutent les uns aux autres à la Age de glace ou Shrek. Et je suis plutôt doucement agacé par cette propension qu'ont les adultes d'aller voir des dessins animés, ils en sont même presque plus friands que les mômes pour certains. Ça me fait toujours penser à cette phrase de Warren Buffett : "Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais c'est ma classe, celle des riches, qui fait la guerre. Et nous gagnons." Tu m'étonnes, de nos jours, le prolétariat, au lieu d'aller à la réunion du syndicat ou piller une armurerie, selon le degré de radicalité, court voir La Reine des neiges 7. Ewen Cameron peut ranger ses électrodes, Pinochet ses chars d'assaut, Donald Rumsfeld ses frappes chirurgicales, Suharto ou Pot (pas de jaloux, un de droite, un de gauche) leurs massacres ciblés et de masse de même que Bachar el-Assad (rapprochons-nous un peu de l'actualité), les religieux leurs pipes d'opium et tout ce joli monde ranger au grenier leurs kits de torture, la classe potentiellement révolutionnaire, celle qui était censée secouer ses chaînes et cueillir "la fleur vivante" [Marx] rêve de mondes de Disney. Les masses sont infantiles, le peuple a 6 ans d'âge mental.

   Mais je m'égare, peut-être Hôtel Transylvanie 3 est-il un bon film finalement, et puis en ce qui concerne Camille, il faut bien manger. 


   Pourtant la belle avait commencé avec des choses plus corsées, d'une sacrée virtuosité : reprendre au chant des chorus de grands jazzmen, dont le géant Coltrane, un peu dans le style des Double Six. Autant dire que notre nouvelle chanteuse de dessin animé est d'une autre pointure que, je sais pas moi, Vanessa Paradis par exemple (je me rends compte de l'indécence qu'il y a à citer ce produit ici en comparaison, veuillez m'en excuser).


   On avait bien aimé son premier album, de musique à la fois savante et audible, compliquée mais facile d'accès.


   Bon, à part ça vous avez vu Cro Man, de Nick Park ? Il paraît qu'il est chouette. Celui-là j'aimerais bien me le faire. J'en parlerai à Chewie.

vendredi 24 août 2018

La dose de Wrobly : thermidor 2018 EC


1- Voltaire.- Les Questions de Zapata : absurdités des prétendues écritures saintes et fausseté du christianisme.

   Rien à voir avec la révolution mexicaine.

Citation : 61° Instruisez-moi pourquoi le Credo, qu'on appelle le Symbole des apôtres, ne fut fait que du temps de Jérôme et et de Rufin [cf. (4) - note du blogueur -], quatre cents ans après les apôtres. Dites-moi pourquoi les premiers Pères de l'Eglise ne citent jamais que les évangiles appelés aujourd'hui apocryphes. N'est-ce pas une preuve évidente que les quatre canoniques n'étaient pas encore faits ?

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (2) et (3).


2- Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut.- L'Art de péter.

Citation : Pisser sans péter, c'est aller à Dieppe sans voir la mer.

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (1) et (3).


3- Choderlos de Laclos.- De l'éducation des femmes.

   De petits essais mineurs, Laclos est homme d'une seule œuvre génialissime. Mais bien que militaire, le gus est fort sympathique dans ces positions : clairement féministe si c'est possible pour un homme, et du côté de Rousseau contre Voltaire, en ce qui concerne l'état de nature, et le choix affectif pour lequel il opte entre l'indien beau, fort, bronzé, libre, heureux et possédant une connaissance totale de son milieu, et le tas de merde dans un bas de soie prétentieux et méchant adulant la civilisation ou l'histoire sinistre de l'oppression et de l'exil. Cela dit j'aime bien Voltaire quand il taquine le curé, il est drôle, convaincant, documenté : cf. (1).

Mots clés : XVIIIème siècle

Liens : (1) (2) (6).


4- Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française.- Le Collier rouge.

Il y a une tradition d’insulter longtemps l’académie puis, l’âge venu, d’y quémander une place. Les académiciens sont donc les seuls français qui crachent dans un fauteuil avant de s’y asseoir. Ils ne s’y assoient que pour faire sous eux, il est vrai : le crachat sert d’amorce.
Tony Duvert.

   Encore un académicien, je m'en était déjà farci un il y a deux mois. Mais je ne l'ai pas trouvé trop mal, toutes réserves liées au fait qu'il fasse partie des 40 gâteux mises de côté évidemment, et il est très rapide à lire, ce qui est aussi un avantage. Je l'avais reçu en pub du Cercle Gallimard de l'enseignement : les vieux fichiers ont la vie dure... Mon frangin, qui apparemment connait bien cet écrivain, m'a envoyé la critique suivante, que je me permets de publier ici sachant qu'il ne lit pas mon blog. Il évoque ici ma brochette de lecture de thermidor : "Je n'ai lu que le collier rouge, dernier Rufin pour moi parce qu'autant avant j'aimais bien mais là il a commencé à m'agacer. Dans l'histoire dans l'histoire dans l'histoire, Stefan Zweig fait mieux, dans l'évocation de la grande guerre je préfère Céline et dans le genre histoire de toutous, il n'arrive pas au jarret de London." Assez sympa comme jugement, surtout par les auteurs évoqués, aussi variés que passionnants.

Citations :

- Alors, elle ne vous a pas dit qui était son père.
- Non.
- Elle ne s'en vante pas. Son père, voyez-vous était un juif allemand, proche de cette Rosa Luxembourg qui a été assassinée l'hiver dernier à Berlin. Il était membre de l'Internationale ouvrière. C'était un agitateur et un pacifiste forcené. Il a été arrêté et il est mort à la prison d'Angers. Il paraît qu'il était tuberculeux.

[...] [...]

- Combien de temps êtes-vous donc resté en permission ?
- Deux semaines. C'est bien trop peu. Mais les livres que je n'ai pas pu lire, je les ai emportés.
- Il n'en tient pas beaucoup dans un barda.
- J'en ai pris trois.
- Lesquels ?
Morlac se redressa pour donner les titres, comme s'il annonçait les Evangiles.
- Proudhon,
Philosophie de la misère, Marx, Le 18 Brumaire, et Kropotkine, La Morale anarchiste.

Mots clés : celle que j'préfère / action révolutionnaire internationaliste /

Liens : (5) et (9).


5- Agatha Christie.- Mr Brown.

   Comme vous le savez, je me refais la série, en bouchant les trous éventuels, et dans l'ordre, maniaque dépendant que je suis. Peut-être nostalgie aussi de l'innocence et de la passion émerveillée du grand jardin du Morvan privatisé par un autre aujourd'hui. C'est donc son deuxième.

   Peut-être l'ai-je déjà lu, mais plus le souvenir. En tout cas, petite surprise, ce n'est pas un whodunit, mais plutôt un genre de comédie d'espionnage, et complotiste (travaillisto-bolcheviko-irlandorépublicano-criminel) qui plus est. Ce genre n'est pas le sien, c'est assez mauvais. Évidemment c'est plutôt réac, et même si un personnage concède qu'il y a des révolutionnaires honnêtes, il précise aussitôt que ceux-ci sont les marchepieds des ambitieux despotiques incarnations du mal. Cela dit, même si le terme d'honnêteté reste un peu limité au domaine moral, les anarchistes et autres ultra-gauches pourraient dire avec raison sensiblement la même chose.

Citation :

- [...] Un tel déballage ne manquerai pas de rameuter tous les Travaillistes. Or, un gouvernement travailliste dans la situation actuelle poserait de graves problèmes à l'économie britannique. Mais tout ceci n'est rien à côté du vrai danger.
"Peut-être avez-vous lu ou entendu dire que l'agitation ouvrière actuelle serait commanditée par les bolcheviques ?
Tuppence acquiesça.
- Eh bien c'est exact. L'or bolchevique afflue dans ce pays dans le seul but de déclencher la révolution. Et il existe un homme dont personne ne connaît le vrai nom et qui travaille dans l'ombre, pour son propre compte. Si les bolcheviques sont derrière l'agitation ouvrière, lui, il est derrière les bolcheviques. Nous ignorons qui il est, mais il se fait appeler d'un nom passe-partout, "Brown", et une chose est certaine : c'est le plus génial des criminels de notre époque. Il contrôle une organisation qui fonctionne à merveille, il a des espions partout. Pendant la guerre, toute la propagande pacifiste et défaitiste a été orchestrée et financée par lui.
- C'est un Allemand naturalisé ? demanda Tommy ?
- Pas du tout, j'ai de bonnes raison de croire au contraire qu'il est anglais. Il était pro-Allemand comme il aurait été pro-Boer. [...] Il y a autour de ce projet de traité un point que nous n'avons pas encore éclairci. La menace que nous avons reçue est sans ambiguïté : l'extrême gauche a carrément déclaré que le document était entre ses mains et qu'elle avait l'intention de le rendre public du jour au lendemain. [...] Mais le gouvernement envisage un grand coup pour contrecarre toute menace de grève. [...] Cependant si le projet de traité remonte à la surface, nous somme perdus. L'Angleterre sombrera dans l'anarchie.

Vivement !

Mots clés : celle que j'préfère

Liens : (4).


Pas de jaloux : version métal.

6- J.-B. Jeener.- Les Chemins de l'Amour.

   Extrait de la quatrième de couverture (le plat verso, dirait le Tenancier), à propos de l'auteur, J.-B. Jeener (?) : "Ses fines analyses de l'amour - d'où les tempêtes charnelles ne sont pas exclues - ressortent d'une longue filiation : Laclos [cf. (3), note du blogueur]... Maurois... Chardonne !" Je ne sais pas pour Maurois et Chardonne, mais concernant Laclos, je trouve que le rédacteur de cette apéritive notice exagère un tout petit peu.

Mots clés : y en a pas


7- Lawrence Block.- Les Péchés des pères.

   J'ai décidé de me faire la série des Matt Scudder, il y a longtemps que j'en avais envie, parce que ce détective est alcoolique abstinent et fréquente une association d'anciens buveurs (enfin dans les trois premiers romans il picole encore), et que mon meilleur ami est dans le même cas. Un pote dans ce cas également m'avait raconté un passage d'un volume qui m'avait fait marrer. Scudder je crois, héros et narrateur, devise : "Dans chaque alcoolique il y a un monstre qui sommeille. Et c'est pour ça que les réunions d'Alcooliques Anonymes sont si nécessaires pour eux : elles sont tellement chiantes, que si le monstre se réveille à un moment, il se rendort aussitôt" (de mémoire et par la bande). Bon, c'est du petit polar qui se lit bien, un peu freudien, avec une séquence de baston pour les amateurs de virilité testostéronée, mais rien de transcendant a priori pour le moment.

Mots clés : La grosse pomme

Liens : (8).


8- Donald Westlake.- Histoire d'os.

   Je poursuis la série du ténébreux Dortmunder par l'excellentissime Westlake, vous êtes au courant maintenant. Que c'est drôle ! J'en ai profité pour me rencarder sur la géographie de New York, comment c'est foutu, à quoi correspondent ces noms rencontrés des milliers de fois : Broadway, Manhattan, Brooklyn, le Bronx, le Village, le Queens, Central Park, Harlem l'East River, l'Hudson, Long Island, le New Jersey, l'Etat de New york... Depuis le temps... Je commence à situer un peu tout ça maintenant, merci Donald (et aussi Lawrence) et Wiki. Allez, un petit jeu facile, mais auquel je n'aurais pas su répondre il y a trois semaines : quelle est la particularité géographique du Bronx par rapport aux quatre autres arrondissements de New York (Manhattan, Brooklyn, Queens et Staten Island ?

Mots clés : La grosse pomme

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9- Tiburcio Ariza / François Coudray.- Les GARI (Groupes d'Action Révolutionnaires Internationalistes) : 1974, la solidarité en actes.

Quand on exécute au mois de mars
De l'autre côté des Pyrénées
Un anarchiste du Pays basque
Pour lui apprendre à se révolter
Des zigs d'attaque et pleins d'tactique
Nonobstant la bile des bégueules
Par l'rapt, la bombe, l'vol et l'éthique
Du garrot desserrent la sale gueule.

D'après Renaud "I kissed a cop" Séchan.

Mots clés : action révolutionnaire internationaliste

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