jeudi 28 mai 2015

C'est bien la vérité ça nous le savons

"Une section […] vient de se signaler en demandant que ceux […] qui portent l’habit simple et les cheveux plats soient chassés des places. Tout présage le prompt et complet retour des messieurs. Quelle folie aussi à nous d’avoir voulu singer et les mœurs et l’extérieur des anciennes Républiques. Peut-on avoir le sens commun avec une tête noire ? On sait que Cicéron et Brutus, avec leur costume tout naturel, étaient des imbéciles et des lâches. Une République, pour être solidement établie, doit être bien poudrée ; et dans ces temps de malheurs, où le pain manque et se vend dans bien des endroits trente sols la livre, la France ne peut cependant pas se dispenser, si elle en est requise, de consacrer le quart des farines pour blanchir la nuque de l’importante et innombrable bureaucratie ; parce qu’on sent combien d’inconvénients peuvent naître de ce que les administrateurs, leurs commis et jusqu’au dernier carabin d’une administration n’ait pas un ton différent de celui du Peuple, qui puisse en imposer, marquer la distance, et faire paraitre capable. Barbiers aristocrates ? Ne pleurez plus, l’empire de la frisure est bientôt reconquis ; la législation de la perruque va être mise à l’ordre du jour, et bientôt vous lirez joyeusement, de concert avec tous les autres artisans de luxe : Avis au public : « Le premier titre que devra désormais produire tout aspirant à une place sera de se présenter le chef enfariné […]. »"
Gracchus Babeuf.
Les manifestants de droite enrichissent Bernard Arnault, et désespèrent le Rana plaza, ce qui est dans l'ordre des choses

Mode et radicalité ! Eternel dilemme ! J'en parlais déjà ici. Et combien de fois n’ai-je pas sollicité la rubrique « Tendances et savoir-vivre » du regretté journal Article 11, torturé soudain par un doute vestimentaire avant de me rendre en manif sauvage, où d’un doute éthique, quand ma cagoule ou mon casque intégral étaient dûment payés, avec de l’argent lâchement gagné par un travail salarié, double obéissance donc aux lois de l’économie, avec contribution à l’engraissage de mon employeur, et d’entrepreneurs du textile et/ou de matériel moto ? Les copains d’A11 m’ont toujours encouragé, rapport au premier scrupule, l’esthétique, d’opposer à l’extravagant costume, aux fringues de marque de la jeunesse dorée, la simplicité du costume sans cravate, sans gants, (ou alors de protection pour l'allumé/lancé/retourné/entassé ou contre l'identification) bref, le style sans-culottes : cheveux plats, pantalon droit et blouse.
Mais attendu que l'industrie textile, qu'elle soit pour rupin ou pour purotin, enrichit l'oligarchie en réduisant des femmes et des enfants à l'esclavage, quelle solution ?
Il y a bien le nudisme révolutionnaire d'Ernest Armand, moi je suis plutôt pour, mais quand ça pèle ?... Si vous avez des idées...

Les manifestants de gauche enrichissent Gérard Mulliez, et désespèrent le Rana Plaza, ce qui est plutôt contre nature

Cela dit :

Si un habit simple convient bien au prolétaire anarcho-autonome, malgré les quelques réserves d'ordre éthique évoquées plus haut, cela ne signifie pas que nous ne devions jamais sacrifier à une certaine hygiène. Et je suis parmi les bien-pensants, les politiquement corrects, les modérés, oui ! je n'ai pas honte de l'avouer sur cette tribune que je me suis offerte, qui pensent qu’une douche hebdomadaire pourrait apporter beaucoup de cette douceur de vivre du quotidien sans laquelle notre révolution resterait bien austère, bien ascétique, bien terne. Or, comment se laver sans enrichir les marchands de savon, qui farcissent ceux-ci d’huile de palme, dont l’industrie est un crime contre Pachamama et tous mes potes animaux et une source de destruction de communautés vivrières et de progression de l’esclavage ?
La solution est là, après mon dentifrice du Chat de Cheshire :
ma recette de savon maison.

La saponification des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes

Pour cela il faut être un expert en mathématiques : 137 g de soude (NaOH) pour 1000 g d'huile d'olive. Pour ma part j'ai fait des manips avec 500 g d'huile d'olive, donc... 68 g de soude (en pastilles, se trouve en grande surface ou magasin de bricolage). On arrondit toujours un peu en bas pour la soude. La soude est à introduire petit à petit dans de l'eau (environ 100 ml). Cette étape est délicate car la soude, en se dissolvant dans l'eau, produit de la chaleur, il faut être très vigilant(e). Une fois la soude complètement dissoute, il faut mélanger cette solution à l'huile ; on peut préalablement faire chauffer l'huile (à 60°C environ). Le mieux est de faire le mélange au mixeur (5 minutes environ), ou par défaut dans un récipient en agitant très vigoureusement pendant 20 minutes environ. Le temps de réaction varie suivant de nombreux paramètres. Au cours de l'agitation/mixage le mélange va devenir opaque : c'est la saponification qui fait son travail. C'est quand on arrive à une sorte de crème anglaise que c'est finit. Ensuite, il suffit de mouler ce mélange (moules en silicone, anciennes barquettes de beurre etc...). Laisser reposer 4 à 6 semaines. Pendant ce temps la soude va continuer de réagir avec l'huile pour que la réaction soit complète. Le savon va aussi sécher et sera près à l'emploi une fois qu'il aura durci. Vous pouvez le démouler en cours de séchage pour accélérer le processus. Facile ! Le savon mousse peu, il a une agréable odeur d'huile d'olive. Attention toutefois, la soude est un produit dangereux (notamment pour les yeux). Il faut la manipuler avec précaution et surtout être vigilant aux proportions des ingrédients lors du mélange : un manque d'huile fera un savon caustique (fortement basique) qui risque fort de vous épiler en même temps que de vous laver. Plus sérieusement, manipulez avec des lunettes, une blouse et des gants et ouvrez régulièrement le récipient quand vous agitez pour dégazer. Si vous avez de la soude sur vous, pas de panique, rincez abondamment sous l'eau et il n'y aura pas de problème. Afin d'ajouter un peu de fun, on peut rajouter au savon des huiles essentielles, par exemple, juste avant le moulage. C'est ce que j'ai fait ce week-end pour ma deuxième tournée !

Pour terminer, j'ajouterais que ces savons servent aussi bien pour le corps que pour les cheveux. Je pense que le "shampoing" est une invention de publicitaires zélés à freiner la déturgescence tendancielle du taux de profit.

Enjoy !

jeudi 21 mai 2015

Jouons un peu avec le socialisme

« A une époque où le socialisme existe et progresse rapidement sur un tiers du globe, à un instant de l’histoire où l’aspiration à la société sans classe s’étend dans le reste du monde, l’on ne peut s’étonner des succès de prestige d’un précurseur de la transformation révolutionnaire de la société, auquel nous devons partie de nos rêves, de nos luttes, de nos formulations. […] »

De Thierry Mandon à propos de François Hollande ? C’est vrai que mardi 19 mai il n’y avait pas classe… Ca fait pas trop rêver… Mais non, le socialisme dont parle cette introduction à des textes du « précurseur » en question est celui de Brejnev, ses bureaucrates, ses généraux, ses flics, ses bagnes, son industrie militaire, son programme spatial, son industrie lourde qui bouffe les doigts à l’acide et casse les corps, sa hiérarchie, sa discipline comme chez l’ennemi capitaliste, mais soyons réaliste, c’est pas parce qu’on vit au pays du « plus grand bien commun possible » qu’il faut pas se sortir les doigts du cul. Sans compter que Brejnev est sans doute l'un des hommes les plus décorés de l'Histoire. Il affichait une quarantaine de décorations à son uniforme. Ce chiffre dépasse les 120 en y incluant les décorations étrangères. Il y a vraiment des personnes dont l’aveuglement, ou la duplicité (et il en reste encore) plongent dans des abîmes de perplexité… Bref, ça fait pas tellement rêver non plus et on se dit que ce précurseur, au secours !


Et pourtant : "Par manière de succès paradoxal, on vit aussi en 1968, sur les murs de quelques universités, la reproduction à la craie de formules xxxxxxistes aux fins suspectes d'opposer l'utopie pré-marxiste aux certitudes du socialisme scientifique." Certitudes du socialisme scientifique !

Mais citons-le enfin ce précurseur qu'on s'arrache, et convenons que ses propos sont en légère contradiction avec le socialisme ci-dessus référencé :
« Loin de nous cette pusillanimité qui nous ferait croire que nous ne pouvons rien par nous-même et qu’il nous faut toujours avec nous des gouvernants. Les gouvernants ne font des révolutions que pour gouverner. Nous en voulons enfin une, pour assurer à jamais le bonheur du peuple par la vraie démocratie. […] c’est pour du pain, l’aisance et la liberté que nous nous échauffons. Ne nous laissons pas donner le change. »
Et notre introducteur de commenter, un peu désolé mais toujours très professionnel :
« On ne peut s’empêcher de rapprocher cette vision des choses de certaines formes gauchistes, égalitaristes et anarchisantes qui ont accompagné la crise du capitalisme contemporain dans les années 60 de notre siècle. »
Et encore :
« … réaliser l’égalité sociale, mais conserver les vieilles formes de la production et des échanges [là notre introducteur n’évoque pas les rapports marchands, la monnaie, le travail, la hiérarchie… toutes choses que la paradis de Brejnev avait heureusement conservées, mais l’absence d’un esprit propre à faire advenir énergies fossiles, nucléaire, cybernétique, bio-technologie, industrie lourde, numérique, taylorisme, fordisme, toyotisme, stakhanovisme… tous progrès que les grands successeurs de notre précurseur selon notre introducteur ont su développer avec brio. Note du blogueur]. Ce second point de vue, qui correspond d’ailleurs de nos jours à une vision capitularde et étriquée de la lutte pour le socialisme, pénétra jusqu’aux alentours de 1900 dans la conscience populaire, donnant aliment aux propagandes anarchistes ou réactionnaires. Il n’est pas sûr que tout en ait disparu. »

Bien vu Charlie ! Aujourd’hui les opposants au développement techno-scientiste sont toujours là parce que, que ce soit celui des capitalistes libéraux ou celui des capitalistes d’Etat que tu chéris (ah ! le délicieux smog pékinois !), ils mutilent Pachamama, donnent des troubles respiratoires à mon fils, et nous interdisent de courir les bois pendant qu’on est d’une manière ou d’une autre enchaîné au dispositif industriel et gestionnaire.

Mais il n’en est pas moins vrai que l’écrivant qualifié de précurseur; là-haut, malgré les tâtonnements de sa recherche et de son action, en fut un du communisme digne de ce nom, forcément libertaire. Et il est vrai également que nous lui « devons partie de nos rêves, de nos luttes, de nos formulations ». J'éprouve pour lui une grande tendresse, ai plaisir à le lire, me passionne pour la période qu'il vécut et dont il fut acteur.

De qui s’agit-il ?

Bravo à George et à Jules, qui ont trouvé ailleurs avec un peu d'aide. Il s'agissait de Gracchus Babeuf, 1760-1797.

lundi 18 mai 2015

Classification du monde vivant

Confronté aux catégories qu’on nous sert à longueur de médias, certaines à prétentions scientifiques (portées par des économistes, des sociologues, des politologues, des géographes, des historiens, des géopoliticiens, des statisticiens, etc. etc….), toutes à prétention rationnelle et logique, je me pose des questions épistémologiques. Mais ces catégories spectaculaires, semblant être la manifestation directe de structures non définies préalablement, ou en tout cas biaisées, ont un effet stérilisant pour une recherche-action critique, ce qui est plutôt bath, ras-le-bol de la critique, qu'on nous laisse en paix sucer le lait concentré sucré numérique ! Ne cherchons plus à comprendre pourquoi ou comment ce monde est invivable en tentant d'élaborer une théorie explicite. Contentons-nous de taxinomier, de classifier, comme la presse libre d'expression sait si bien le faire. Dire que les éléments de l'ensemble social peuvent être classés, c'est formuler sur ces éléments l'hypothèse la plus faible qui soit, et là se situe la part des humains puisque la complexité, il y a des ordinateurs pour ça. Des catalogues donc, des inventaires, avec des affects liés aux éléments qui les constituent. Ainsi et entre autres des catégories distinctives, opposées ou mises en regard suivantes, même si pour certaines, quand une majorité d’éléments de l’une opprime ou discrimine une majorité d’éléments de l’autre, elles pourraient retrouver une certaine pertinence dangereuse si elles venaient à tomber entre des mains trop malines pour leur bien si tant est que des mains puissent être malines (ces catégories seront associées à un astérisque) :
citoyen / casseur, usager / gréviste, antibloqueurs / preneurs d'otage, braves gens / racailles, terroriste / non terroriste / anti-terroriste*, travailleur / chômeur / SDF / rom / sans papier, public / privé, allemand / français / grec / algérien / suisse / tunisien / malien / chinois..., noir* / blanc* / arabe* / rouge, homme* / femme*, ville / campagne, juif / chrétien / musulman / athée / bouddhiste, capitalisme financier / productif / d'Etat / économies alternatives / libéral / régulateur...
Dès lors, me passionnant plutôt pour les sciences naturelles que sociales, je suis en train de rédiger une thèse impliquant la refonte totale des classifications d'icelles, en m'inspirant un peu (je suis old school que voulez-vous) de ce qui se faisait avant Linné. Ainsi, je pense tenir quelque chose qui pourra faire date dans le champ de la connaissance pré-transhumaine, la classification du monde animal selon ce premier critère : ceux qui se grattent / ceux qui ne se grattent pas. Voici donc les résultats de mes balbutiements de recherche concernant la première catégorie :

Le kangourou se gratte (les noms pourront être changés selon les résultats ultérieurs de mes recherches).

Le chat se gratte.

Gare à celui-là ! Il se gratte aussi !


Eh oui ! Le dada se gratte également !


Désolé pour le flou, j'ai eu du mal à surprendre un spécimen. Le chien a ainsi échappé de peu à la deuxième catégorie, celle des animaux qui ne se grattent pas.

L'espèce de vache à grande corne là, se gratte.

Gratouille ! gratouille ! Cha fait du bien cha !


Bon,l'avorton pré-transhumain se gratte encore, nous sommes bien forcés d'en convenir.




Un chagrin, je constate que tous mes specimens recouvrent l'ancienne catégorie des mammifères. Aussi j'invite mes nombreux lecteurs, aussi passionnés qu'érudits, à me fournir s'il en existe des exemples d'oiseaux se grattant, ce ne devrait pas être difficile. De reptiles. Plus ardu, de poissons se grattant. De crustacés, mollusques. Je paye un artichaut frit à l'huile d'olive à celui qui me trouve insectes, acariens, amibes, paramécies, protozoaires, virus, bactéries soulageant leurs démangeaisons par frottement.

mardi 12 mai 2015

Prise en main de l'habitat urbain

"L'idéologie dominante est l'idéologie de la classe dominante."
Qu'a le masque (de mémoire).


"«C'est comme je disais ce matin à l'apéritif au capitaine de gendarmerie : on perd son temps à vous plaindre parce que vous n’êtes pas intéressants. Il y a du monde qui vient me parler des taudis de la Malleboine et de la misère en trois tomes de volume. Mais moi, je leur réponds : « Cause à l’autre. » Oui, voilà ce que je leur réponds, parce que moi, je m’intéresse d’abord et surtout à l’ouvrier sérieux. Et alors là, écoute bien ce que je te dis : l’ouvrier sérieux, à l’heure qu’il est actuellement, il n’habite pas à la Malleboine. L’ouvrier sérieux, pendant la bonne époque, il s’est mis de l’argent de côté et il s’est construit une petite maison dans les faubourgs avec un jardin autour, et à présent, il ne vous connaît plus. Et le dimanche, qu’est-ce qui arrive ? C’est que quand il promène sa famille, on dirait un fonctionnaire aux écritures. Alors, oui, des ouvriers comme ça, qui cherchent à s’élever, je veux. J’en ai des fois qui viennent à la maison, à l’occasion d’une sortie entre amis ou d’une réunion syndicale. Eh bien, avec eux, jamais un ennui, jamais. La correction même, ils sont.»
[…]
Trésor, mélancolique, s’éloigna en pensant à ces hommes des faubourgs, anciens compagnons de la Malleboine, qui avaient aujourd’hui maison et jardin, et qui se conduisaient dans l’établissement de Léonard comme des gens du monde. Il songeait surtout aux familles demeurées dans le quartier et qui rêvaient peut-être d’émigrer à un bout de la ville ; qui n’habitaient les sombres rues de la Malleboine que contraints par la nécessité. Trésor se sentit moins heureux.
[…]
« Ton copain, demanda Trésor, il s’appelle comment ?
- Antoine », dit Antoine.
Cette fois, Trésor fut très satisfait. […] Il leva les bras en l’air en regardant ses mains comme du fond d’un puits et c’était une façon de dire qu’Antoine habitait sans doute dans la ville haute.
« Route de Paris, répondit Buq. Un peu plus loin que le pont du chemin de fer.
- Alors comme ça, tu as ta maison à toi avec un jardin ? »
- Antoine confirma d’un signe de tête, et, croyant discerner quelque ironie dans cette réflexion, il devint rouge. Trésor s’en aperçut et voulut le mettre à l’aise.
- « Tout le monde ne peut pas habiter au même endroit, fit-il observer. Dans la ville haute, il y a des statues. C’est bien aussi. »"
Marcel Aymé.- Le Moulin de la Sourdine


"Le Français est plus que tout autre le dépossédé, le misérable. Sa haine de l’étranger se fond avec sa haine de soi comme étranger . Sa jalousie mêlée d’effroi pour les « cités » ne dit que son ressentiment pour tout ce qu’il a perdu. Il ne peut s’empêcher d’envier ces quartiers dits de « relégation » où persistent encore un peu d’une vie commune, quelques liens entre les êtres, quelques solidarités non étatiques, une économie informelle, une organisation qui ne s’est pas encore détachée de ceux qui s’organisent."
Comité invisible.- L'Insurrection qui vient.

samedi 9 mai 2015

Deux chanteuses et une revue

On en a découvert des choses cette semaine ! Qu'on aimerait avoir le temps d'approfondir !
Déjà, deux chanteuses excellentes :

Kathleen Ferrier



Née le 22 avril 1912 à Preston (Lancashire) en Angleterre et morte à Londres le 8 octobre 1953, à 41 ans. C'est une contralto dramatique, c'est à dire qu'elle a une voix grave, ample et sombre, au timbre chaud et rond. Ce type de voix est extrêmement rare. Anglaise, elle a acquis une renommée internationale grâce à la scène, aux concerts et à ses enregistrements. Son répertoire s'étendait de la chanson folklorique et de la ballade populaire aux œuvres classiques de Bach, de Brahms, de Mahler et d'Elgar. Sa mort, causée au sommet de sa gloire par un cancer, a consterné le monde de la musique et le grand public, qui ne connaissait pas la nature de sa maladie. Fille du directeur d'une école de village du Lancashire, Ferrier se révèle une jeune pianiste talentueuse et gagne de nombreux concours de piano pour amateurs pendant qu'elle travaille comme téléphoniste au General Post Office. S'emmerdant dans son mariage, elle continue la musique, se fait remarquer et recruter pour de nombreux concerts et devient célèbre, pas vraiment une Callas, plus discrète, moins scandaleuse, mais tout aussi attachante et grande artiste. Elle continue de chanter malgré son cancer, presque jusqu'à la fin. Elle émeut profondément, notamment par ses interprétations des dernières oeuvres de Mahler, Le Chant de la terre et Kindertotenlieder (Mahler avait perdu sa fille juste avant d'écrire ce morceau, et Kathleen ne pouvait avoir d'enfants, ce qui rend si poignant cette composition et cette interprétation). Un documentaire de Diane Perelsztejn, narré par Marthe Keller (que j'ai revue aussi cette semaine dans un film sur la légende d'une star du cinéma, Fedora, de Billy Wilder, divine !) trouvable sur le net a été réalisé sur elle à l'occasion du centenaire de sa naissance.

Et Angel, chanteuse de Generation Decline




J'en sais moins sur elle, mais sa voix est tout aussi étrange et envoûtante. On n'aime pas trop lever la jambe, on est plutôt du genre plancher des vaches, mais là on avoue qu'on frisait un peu l'épilepsie du genou.

Et puis on s'est fait vendre ça par Mickaël Correia, de CQFD et de ça :

Le thème du numéro est le textile, mais Mickaël m'a déçu, car même si le voile est évoqué, il semble que la menace de la jupe longue islamique pour notre République soit passée sous silence...

samedi 2 mai 2015

Unissons-nous fougueusement derechef !

Notre unité nationale a du plomb dans l'aile, elle se délite, s'étiole. Soyons honnêtes, elle part en sucette et puis c’est tout ! Encore hier, premier de ce mois, en allant acheter le muguet, j’ai entendu des méchants, des jaloux, des ratés, prendre à partie les meilleurs d’entre nous, entrepreneurs (sans qui notre pays ne serait qu’un désert, c'est ce qu'ils veulent ?), banquiers, macrons, élus, cadres dirigeants et hauts fonctionnaires. Ils l’ouvraient moins sur notre belle police, pas fous, tiennent à la vie, quoique j’ai cru entendre quand même ce sommet d’idiotie au milieu de leurs éructations : « A bas l’Etat, les flics et les patrons ». Ces agents de discorde essayent de remettre au goût du jour cette vieille chimère de « lutte des classes », à laquelle ils ne croient pas eux-mêmes, soyez en sûr, mais avec laquelle ils pensent encore pouvoir dévoyer nos compatriotes.

                         France, pays fleuri, aux douces traditions, aux attentions charmantes.

Heureusement en France nous avons la bonne humeur française et l’humour gaulois. Un humour sans arrière-pensée, sans haine, sans politique (il y a des professionnels pour ça), la bonne vieille farce bien de chez nous. Puissions-nous faire front, face à ces fauteurs de division, face à leur rictus haineux, rions, amis ! Rions, bon sang ! Rions français ! Rions France !

Je vous propose ce petit strip.

Charlie* à la plage de Marseille.





MDR !!! LOL !!! Je profite du peu de souffle que me laissent mes crampes à l'estomac et spasmes d'hilarité pour vous souhaiter un joyeux printemps fleuri dans notre doux pays, chers compatriotes ! Et n'oubliez pas : serrons nos rangs !

*Le nom a été changé pour ne pas heurter les plus patriotes d’entre nous.

Dieu a un beau cul

Pour faire le lien avec le thème de la prochaine émission de Dans l'herbe tendre, voici une petite et amusante histoire de censure. C'est à propos de ce Jugement dernier (1541), qui recouvre la totalité du mur du fond de la chapelle Sixtine, chez le pape, un quai de métro aux heures de pointe soit dit en passant. L'auteur en est Michel-Ange, sculpteur à qui Paul III demanda de faire de la peinture, ça commençait mal, c'était pas son job. Je précise que ce Michel-Ange n'a rien à voir avec Mickey-Mouse, dont les dessins faisaient la joie ineffable et quasi exclusive d'un voisin du pape, Benito Mussolini, le premier à reconnaître le Vatican comme Etat indépendant de droit depuis l'unité italienne, soit dit en passant.

            Si je me souviens bien, Apollon entouré de tout un tas de gens terrorisés par sa puissance impérieuse

En 1535, le pape Paul III commande à Michel-Ange une immense fresque pour orner le mur de l’autel de la Chapelle Sixtine. Avant même qu’elle soit achevée, cette œuvre est déjà violemment critiquée. "Même un tenancier de bordel fermerait les yeux pour ne pas voir cet obscène établissement de bains !" s’exclame l'écrivain Pierre l'Arétin. Et pour cause : les quatre cents personnages qui y figurent, parmi lesquels des saints et le Christ, sont représentés complètement nus. Un jour, le Pape vient s'enquérir de l'avancée des travaux auprès de Michel-Ange accompagné de son maitre de cérémonie, le cardinal Biagio da Cesena. Ce dernier se scandalise de cette nudité devant Michel-Ange et compare l'oeuvre à une "scène des bains publics et des auberges". Rancunier mais non sans humour, Michel-Ange s’amuse alors à reprendre les traits du cardinal pour représenter Minos, démon juge des Enfers, qu’il dote d’oreilles d’âne et autour duquel vient s’enrouler un serpent qui lui mord le sexe.

Malgré les demandes insistantes du cardinal, Michel-Ange refusera de recouvrir ses personnages et s’obstinera à les représenter en tenue d’Adam.

Le pape,admirateur de Michel-Ange prendra soin de ne pas s'impliquer. Un an à peine après la mort de l’immense artiste, un archevêque chargera Daniele da Volterra d’habiller les personnages de la fresque. Le peintre toscan limitera ses retouches à des voiles légers (que vous pouvez voir sur le tableau en vous rapprochant). Hélas ! ayant rajouté des braghe (culottes) Daniel de Volerra recevra et conservera pour toujours le surnom de "peintre des culottes", ce qui ruinera sa carrière définitivement. Pour gagner du temps j'ai repris pas mal de termes de ce site : http://artly.fr/Newsletters/Jugement_dernier_l.html


Pour terminer je voudrais citer l'Eternel dans la Genèse, au moment où il sépare le jour de la nuit, l'ombre de la lumière : "Avez-vous remarqué que j'avais un beau cul ?"

                                          Michel-Ange.- Plafond Sixtine, détail.