vendredi 28 avril 2017

Sacqueboute XV

      Je les ai vus dans une belle salle de banquet - devant la magnifique cheminée monumentale on s'y serait cru à s'empiffrer avec les mains cernés par les trouvères - d'un petit château Renaissance d'une petite ville de banlieue parisienne. Peu après ils partaient pour le Japon participer à un concours d'interprétation, attention, pas de technique, l'interprétation suppose qu'on prenne plaisir à jouer. Pour faire ton sur ton ils ont commencé par un morceau du XVIème siècle (qui comportait un passage de "diminution", ce qui, quatre siècles plus tard s'appellera "improvisation" dans le jazz) ; et puis le concert a été plus varié, avec pas mal de créations contemporaines pour quintet de cuivre, mais aussi musique de film, opéra, jazz, valse, latino, etc.

      Comme j'ai beaucoup aimé, je leur fais un peu de pub. Ah ! ce sont des élèves du conservatoire national de musique, ils doivent avoir une quinzaine d'années de pratique derrière eux, en raison de 8 à 10 heures par jour depuis quelques temps quand même. Ça calme l'apprenti tromboniste que je suis.

 On commence par verser sa petite larme avec Nessum Dorma, du Turandot de Puccini. On pense à la dernière interprétation de Pavarotti, qui, même si elle fut donnée dans le cadre d'une grande messe d'auto-glorification et d'intégration de l'Empire, n'en est pas moins poignante, tant l'artiste, se sachant malade, donne tout.

Celui-là, on le connait plutôt à la guitare. Mais saviez-vous qu'Albeniz l'avait composé pour le piano ?

Un petit ragtime sous forme de gag.

Passage obligé par un bon vieux baroque ('n'roll) du tonnerre.

Et pour finir (d'autres sur YT), un clin d'oeil à Juan Tizel.

     Rigolo : nous autres, trombonistes et trompettistes, pour évacuer l'eau due à la condensation de nos tuyaux, nous soufflons dedans après avoir ouvert une petite trappe. Le tubiste, avec son tube à rallonge, doit avoir de sérieuses notions de plomberie, afin d'en démonter certaines parties par où l'eau pourra sortir ! J'ai appris quelque chose, je croyais que ce que nous évacuions ainsi était de la salive, et je me disais, "ça parait pas mais qu'est-ce qu'on bave, c'est un peu dégoûtant." Mais non, ce qui dégoutte, c'est de l'H2O, tout simplement.


 Priviouslillonne Sacqueboute :
- Treme

mardi 25 avril 2017

La dose de Wrobly : germinal 2017 ère commune


- Maximilien Robespierre.- Ecrits.
      Moi Robespierre, d'un côté je le voyais comme un politicien, au mieux "la surface de projection d’une certaine impuissance de gauche face au cours du monde", au pire un apprenti dictateur qui, même s'il s'opposait radicalement aux aristos et à la frange la plus féroce de l'accaparement bourgeois, n'en était pas moins, puisque parlementaire, ministre, juge... passé du côté obscur du pouvoir séparé, capitalisé, et donc du côté des saigneurs du peuple turbulent et des plus révolutionnaires en son sein : répression du mouvement populaire, raccourcissement de Hébert et des hébertistes (d'après le livre cependant, il était souffrant et alité à ce moment là, donc ce ne serait pas lui, mais son pote Saint-Just et les autres), de Cloots, etc. Bref, pour faire court (!) des anars de l'époque. Évidemment, je n'attends rien d'un politicien, même s'il est bon, puisque mon désir, justement, est de vivre avec les êtres directement, en parfaite égalité et liberté, deux mots que Robespierre avait plein la bouche d'ailleurs, sans être dépossédé au profit de spécialistes qui nous gouvernent, nous maternent ou nous punissent, quand bien même ces spécialistes seraient authentiquement au service du "peuple", et non de la bourgeoisie libérale ou bureaucratique.
     Mais il y avait cette chanson, qui me retenait de ressentir envers l'illustre picard la haine que tous les réactionnaires de toutes les époques lui vouaient (haine qui inhibait bien également mes sentiments de détestation, mais pas trop, ayant cru comprendre de l'étude de toutes les révolutions, que les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis, loin de là) :

Vive Robespierre et vive Cambronne je suis anarchiss' parfaitement, (c'est moi qui souligne)
Vive l'anarchie j'révolutionne et puis à bas l'gouvernement...

      Et puis, Babeuf, même s'il fut thermidorien au début, un thermidorien "de gauche" évidemment, parce qu'il était foncièrement contre toute dictature et contre la peine de mort (comme Robespierre d'ailleurs, eh oui !), est finalement revenu sur son opinion, et a tenté sous la Convention thermidorienne et le Directoire de rallier les jacobins robespierristes à sa cause. En fait, Robespierre, en bon névrosé (c'est moi qui interprète), était conscient de la contradiction indépassable entre le fait d'avoir un Etat fort prétendant défendre la liberté du peuple de ses ennemis, et le fait d'avoir un peuple s'insurgeant finalement contre cet Etat qui, forcément, en vient à lui imposer son talon d'acier. Cette contradiction lui était difficilement acceptable, il a essayé de la dépasser. Têtu, il termina étêté.
      Quant à George Sand, elle eut les mots qu'on trouvera ci-dessous, mais venant d'une bourgeoise qui voyait avec satisfaction les communards se faire fusiller, cela convainc peut être moins que cela pourrait...
      Il faudra que j'approfondisse. Je sais qu'Eric Hazan a commis un livre il y a peu où il réhabilite l'homme qu'il admire. Mais je reste de l'avis de Claude Guillon (voir dans les liens sur la marge de droite : La révolution et nous), que quand même, un guillotineur reste un guillotineur, même s'il y en eut de pire et de moins bien intentionnés, et qu'on préfère quand même les non-guillotineurs aux guillotineurs.
      J'avais un peu évoqué le sujet ici, en me servant de l'article d'un collègue passionné par cette période.

Ici habita le chacal Tallien, terroriste et thermidorien, tout pour plaire. Chinon, Indre-et-Loire.

Extrait.

      Robespierre, installé à l'Hôtel-de-Ville, n'avait à cette heure qu'un signe à faire, qu'une signature à apposer au bas d'un appel au peuple de Paris, pour voir toutes les sections se dresser en sa faveur et marcher avec la Commune contre la Convention. Cette signature, il refusa de la donner. Quand enfin il parut s'être laissé convaincre, il était trop tard. Les troupes de la Convention cernaient l'Hôtel-de-Ville dont les portes furent forcées vers deux heures du matin. Un gendarme nommé Merda, pénétrant dans la salle où se trouvait Robespierre, lui brisa la mâchoire d'un coup de pistolet. Tous ceux qui étaient là furent arrêtés.
      Transporté au Comité de Sûreté générale, Maximilien y passa la nuit, couché sur une table. Le lendemain, il fut pansé à l'Hôtel-Dieu et dirigé sur la Conciergerie. Le jour même, il était guillotiné sans jugement. Il avait trente-cinq ans. Ceux qui avaient pris son parti subirent le même sort.

     " ... A quelques exceptions près, les thermidoriens n'obéirent à aucune conviction, à aucun cri de conscience en immolant Robespierre. La plupart d'entre eux le trouvaient trop faible et trop miséricordieux la veille de sa mort, et le lendemain, ils lui attribuèrent leurs propres forfaits pour se rendre populaire. Soyons justes enfin, et ne craignons plus de le dire : Robespierre est le plus grand homme de la Révolution, et l'un des plus grands hommes de l'histoire." (Correspondance de George Sand).

      Bien, maintenant il faut que je me mette en quête des mémoires de Cambronne.



- Marcel Aymé.- En arrière / Les Tiroirs de l'inconnu...
     Je termine les oeuvres romanesques de Marcel Aymée. Bientôt je pourrai dire : "Bon, ça c'est fait !". Cela dit après il me restera ses oeuvres dramatiques, pas piquées des hannetons non plus. Pour les romans et nouvelles, je trouve qu'il baisse un peu sur la fin, mais c'est peut-être moi qui sature, et il lui reste de toute façon de jouissives erres tranquilles, qu'elles soient satiriques, cruelles ou tendres, régulièrement relevées d'humour. Toujours cette petite réticence envers son ouverture de coeur et d'esprit grand angle qui lui a fait, même si ses idées n'avaient rien en commun, donner son amitié à des êtres détestables, et ses textes à des torchons immondes, mais je suis par trop Sainte-Beuvien.

     Mais revenons à l'esprit et au style campagnard de La Jument verte, ça nous donnera l'impression de respirer autre chose que le suffocant smog de nos métropoles : Le malheur est qu'ils ne s'en soient pas tenus là. Un beau jour, la femme à Guste Bonardot, donc l'Eléonore, la fille à Léon Dominé et à l'Esther Micoulin, mariée en premier à Charles Masson qui se trouvait d'être cousin à ma mère puisque le père Masson - Eugène Masson - était le demi-frère de la femme à Jules Blot, la belle Armandine on l'appelait, une Bontemps, de la famille Bontemps, de Saint-Barain, que la cadette des filles, mais j'ai oublié son nom, s'était mariée à un Ragondet, de la Fragneuse, parent - je dis parent, mais ils étaient cousins germains -, cousin donc à Xavier Millet qui était charron à la place où Justin Mignet à aujourd'hui son atelier de bicyclettes. Qu'est-ce que je disais ? (En arrière).

vendredi 21 avril 2017

Sacqueboute XIV

Je n'ai pas écouté une note de jazz depuis que je suis en tournée avec Buddy Morrow, et je n'ai pas fait le moindre progrès.
Rocco Scott LaFaro

Scott s'il te plait, tu pourrais jouer ce qu'il y a marqué sur les partitions.
Buddy Morrow

Bon, il est vrai que les jeunes prodiges (Scott LaFaro est mort à 26 ans dans un accident de voiture, après avoir pas fait moins que révolutionner la contrebasse ; enfoncés Kurt Cobain, Jean-Michel Basquiat, Amy Winehouse et Jésus de Nazareth !) sont souvent cruels et sans pitié pour leurs ainés. Mais il est vrai aussi que la postérité n'a pas gardé grand chose de Buddy Morrow, même Wiki France n'a pas sa bio, c'est dire...

 Alors à vous de juger...




Un peu du jazz à la papa, d'accord.

Ce qui est sûr c'est que lui n'a pas eu le temps de devenir un vieux con.


Priviouslillonne Sacqueboute :
- Treme


Dernière minute :
Je viens d'apprendre la mort de Roland Hénault, alias Guimou de la Tronche, le compagnon de la chanteuse Elisabeth. Ciao l'aminche ! 

mercredi 19 avril 2017

Nouvelles du froncé

Obscur et froncé comme un œillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
[...]
C'est l'olive pâmée, et la flûte caline ;
C'est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !
Arthur Rimbaud

   J'ai déjà évoqué ici et mes petits soucis de santé. Je dois à mes lecteurs de leur faire part des dernières nouvelles de mes inconforts, douleurs ou mieux être, et des variations de moral qui vont avec.

Le dernier scanner de ma fissure. Comme vous le voyez, pas de mieux. Le gastro, grand esthète devant Hippoccrate, s'est écrié, émerveillé : "Misère à poils ! Magnifique ! On dirait un Lucio Fontana !"

   En gros et pour résumer, après deux visites chez le généraliste puis deux mois d'attente pour voir un spécialiste, ce dernier, un cador, me file un traitement de cheval à administrer par les voies naturelles (rassurez-vous, le calibre était adapté à un être humain). Et de m'asséner : "avec ça pendant six semaines, mon gaillard, z'êtes par près d'revenir me voir, c'est moi qui vous l'dis !"

    Six semaine après, je cesse de me mettre tout un tas de truc là où vous savez, et que croyez-vous qu'il advint ? Eh oui : bobo derechef ! 

    Alors comme je sais que nous sommes nombreux, nous autres révolutionnaires d'écrans-claviers, à mener des luttes intrépides, et à récolter plus souvent qu'à notre tour de nos combats de cuisantes blessures, rançon d'un activisme radical, mes doigts usés par la souris en tremblent ! j'ai décidé de vous transmettre la solution que j'ai trouvée pour pallier à l'incurie de la médecine bourgeoise : les équipes d'e-medics ! J'ai ainsi commandé sur ce site underground (discrétion assurée) l'accessoire ci-dessous, qui nous permettra de continuer d'oeuvrer à l'abolition des classes et de l'Etat sans trop souffrir de nos prises de position bien assises.


    Alors pour notre prochaine action, quand nous publierons ce post ou ce commentaire, likerons ce FB, soutiendrons via Paypall telle grève ou tel copain inculpé, signerons telle pétition en ligne ou mettrons dans notre panier quelque libelle aux idées avancées fraichement paru, pensons-y, ne nous asseyons pas sans protection, agissons molletonnés !

"Le monde va changer de base,
Nous ne sommes rien soyons tout !
"

Nécro : Salut mon Samir. Tu t'es excentré de l'existence en t'encastrant dans un poteau, faute d'avoir pu poser le verre. Je te fais amende honorable, si mon amitié avait été plus chaleureuse, moins avare, moins paresseuse, peut-être un autre possible aurait-il pu naître. Mais on ne peut pas maîtriser le destin d'autrui, et ce n'est pas souhaitable. S'il reste quelque chose de nous après le grand saut, j'espère que les AAmis partis les premiers t'ont préparé une belle salle, avec du bon café ! A trop vite, de toute façon.

lundi 17 avril 2017

Jouons un peu avec le CSA

     Aide Wroblewski à éviter les foudres du CSA à une semaine du championnat de France de servitude volontaire. Des militants électoralistes, hostiles au projet de La Plèbe stipulant que, pour être heureux, vraiment, faut plus de gouvernement, ont piraté son serveur et glissé les noms de certains de leurs poulains et/ou de leurs supporteurs dans les lignes du texte ci-dessous, faisant prendre ces joueurs pour ceux de l'olympiade cadre de la scène décrite par le rédacteur (que tu auras à retrouver, lui aussi, si tu le veux bien). Sauras-tu les reconnaître, remettre les bonnes têtes à leurs places respectives, et effectuer un bon choix dans la date ?

     Si tu n'y parviens pas, le CSA risque de mettre à l'amende ton blog préféré, arguant du fait qu'il n'est pas permis de citer le nom d'un des capitaines d'équipe avant la première mi-temps. Ce serait dommage, et les adeptes du parti unique du capitalisme et de l'obéissance seraient trop contents.

     Les modifications sont en gras.

     Alors à toi de jouer !


Il y avait rue du Paon un cabaret qu'on appelait café. Ce café avait une arrière-chambre, aujourd'hui historique. C'était là que se rencontraient parfois à peu près secrètement des hommes tellement puissants et tellement surveillés qu'ils hésitaient à se parler en public. C'était là qu'avait été échangé, le 9 mars 2016, un baiser fameux entre le PS et le MEDEF. [...]
Le 16 avril 2017, trois hommes étaient réunis autour d'une table dans cette arrière-chambre. Leurs chaises ne se touchaient pas ; ils étaient assis chacun à un des côtés de la table, laissant vide le quatrième. Il était environ huit heures du soir ; il faisait jour encore dans la rue [...].


Le premier de ces trois hommes était pâle, jeune, grave, avec les lèvres minces et le regard froid. Il avait dans la joue un tic nerveux qui devait le gêner pour sourire. Il était poudré, ganté, brossé, boutonné ; son habit bleu clair ne faisait pas un pli. Il avait une culotte de nankin, des bas blancs, une haute cravate, un jabot plissé, des souliers à boucles d'argent. Les deux autres hommes étaient, l'un, une espèce de géant, l'autre, une espèce de nain. Le grand, débraillé dans un vaste habit de drap écarlate, le col nu dans une cravate dénouée tombant plus bas que le jabot, la veste ouverte avec des boutons arrachés, était botté de bottes à revers et avait les cheveux tout hérissés, quoiqu'on y vît un reste de coiffure et d'apprêt ; il y avait de la crinière dans sa perruque. Il avait la petite vérole sur la face, une ride de colère entre les sourcils, le pli de la bonté au coin de la bouche, les lèvres épaisses, les dents grandes, un poing de portefaix, l’œil éclatant. Le petit était un homme jaune qui, assis, semblait difforme ; il avait la tête renversée en arrière, les yeux injectés de sang, des plaques livides sur le visage, un mouchoir noué sur ses cheveux gras et plats, pas de front, une bouche énorme et terrible. Il avait un pantalon à pied, des pantoufles, un gilet qui semblait avoir été de satin blanc, et par-dessus ce gilet une rouppe dans les plis de laquelle une ligne dure et droite laissait deviner un poignard.
Le premier de ces hommes s'appelait Mélenchon, le second Macron, le troisième Ruffin.