lundi 30 janvier 2017

Sacqueboute IX


   Malheureusement c'est raté ! Le tableau de Franz Stöber représentant les funérailles de Beethoven, mort le 26 mars 1827, à Vienne, est trop petit, on ne voit pas bien les détails et les personnages. Ce qui enlève toute pertinence à sa présence dans cette rubrique. Je peux réparer ça en vous assurant, libre à vous de me croire ou pas, que précédant le cercueil dans le convoi, à peu près au milieu de la partie gauche de l'image, marchent quatre (ou six) trombonistes, eh oui ! Bon, comme ce post est un flop pour le trombone, on peut toujours faire un jeu.

   Il y a des hommes portant des chandeliers autour du cercueil. L'un d'entre eux a eu sa petite notoriété, sauras-tu trouver de qui il s'agit (pour les forts en histoire de la musique classique, j'avoue que je n'aurais par moi-même jamais résolu cette énigme) ? Un indice ? Blanche était la chair du poisson que Jacques et ses frères apprêtèrent après le lui avoir pris.

   On peut en faire un second, plus raccord avec les lecteurs de ce blog.

   Romain Rolland a dit : « Jamais Empereur d’Autriche n’eut de funérailles telles que Beethoven. » Sauras-tu me donner une approximation du nombre de personnes ayant suivies les dépouilles suivantes (pas de Ouiki ou autre triche du même style sinon c'est pas drôle) ?

   - Ludwig van Beethoven : .............

   - Jules Vallès : .............

   - Victor Hugo : .............

   - Renaud Séchan : .............


   Et puis, comme on aime le grand Ludwig, et que sa magnifique sonate dite Clair de lune (1801) adoucit vraiment les moeurs par sa mélancolie romantique langoureuse (en tout cas le premier mouvement), nous allons l'écouter ici. Attention, le son est crescendo, au début la grand musique lunaire qui préfigura tant de nocturnes du XIXème siècle est imperceptible.


   Pour finir, bouclons la boucle avec un autre grand alité.



Joueurs de sacque-boute précédents :

- Treme

vendredi 27 janvier 2017

Racialisme

   Imaginons une planète située à proximité d'une étoile ou d'un soleil dont elle reçoit de la chaleur par le rayonnement infrarouge. Cette planète est peuplée de deux espèces de pâquerettes en compétition l'une avec l'autre : d'un côté, des blanches qui réfléchissent la chaleur (comme la glace ou la neige) ; de l'autre, des noires qui l'absorbent. Supposons maintenant que les pâquerettes blanches se reproduisent plus rapidement que les noires et finissent par recouvrir la quasi-totalité de la planète. En toute logique, la réflexion de la chaleur va refroidir la planète, la température va descendre au-dessous d'un niveau critique, et inévitablement entraîner la mort des pâquerettes blanches. Tout cet espace libéré va favoriser le développement des pâquerettes noires, qui, à leur tour, vont se reproduire très vite. Les noires vont tapisser la quasi-totalité de la planète et la réchauffer par absorption de la chaleur. Au bout d'un certain temps, l'élévation de la température va devenir critique, au point de provoquer la mort des noires.

   Il est possible de tracer la courbe de croissance de ces deux espèces de pâquerettes, ainsi que la courbe de décroissance de chacune au profit de l'autre. La courbe de température permet également de comprendre le phénomène : lors de la prolifération des blanches, la température descend au-dessous de zéro, par exemple ; elle passe au-dessus de 60°C lorsque les noires se multiplient. Progressivement, une sorte de damier conduisant à la répartition régulière de zones peuplées de pâquerettes blanches et de pâquerettes noires va à la fois réfléchir et absorber la chaleur, créant un équilibre en aboutissant à une température moyenne stable. 

Joël de Rosnay.- Je cherche à comprendre.

Sacré damier !

mercredi 25 janvier 2017

Sacqueboute VIII : Treme

Treme

   Je suis sûr que plus d'un visiteur de ce blog a visionné et apprécié l'excellente série télé américaine, il y en a, The Wire, qui décrit de manière réaliste les mœurs de la ville de Baltimore, des dockers syndiqués aux journalistes, des enfants des écoles aux SDF, des politiciens aux milieux d'affaires, et aussi et surtout, genre et médium oblige, des dealers des cités aux flics qui les pistent. Une série géniale, je trouve, qui m'avait été conseillée par JBB d'A11, désormais marseillais, mais que je remercie de nouveau ici.

   Eh bien mercredi dernier, un autre J, un Julien cette fois-ci, m'a demandé, à la fin de mon cours d'orchestre (son rejeton est trompettiste), si je connaissais la série Treme. Je ne connaissais pas et je me suis dit "encore une de ces séries à la con il m'emmerde". Puis il a enchaîné en m'informant que c'était de David Simon, le créateur de The Wire. Là j'ai sursauté, et j'ai commencé à ouvrir mes étiquettes.

   Cela se passe à la Nouvelle Orléans, et un des personnages principaux, joué d'ailleurs par l'acteur jouant le flic pote de Mc Nullty dans The Wire, celui qui n'arrête pas de le chambrer et de prendre des cuites avec lui au bar, ou dans un terrain vague sur le capot de leur bagnole, en jetant les canettes de bière par terre, c'est du propre ; un des personnages, donc, celui-ci, y joue du trombone ! Eh oui !

The Wire

   J'ai vu aussi que le flic plus âgé bricoleur de The Wire a délégué l'acteur qui l'incarnait dans cette fiction également.

   J'avoue que je n'ai pas encore vu ces saisons, ni entendu leurs cuivres. Mais le peu que m'en a dit Julien et les extraits visionnés sur les site ad hoc me donnent bougrement envie de m'y mettre, un jour que j'aurai le temps !




Joueurs de sacque-boute précédents :

lundi 23 janvier 2017

Il est bon


   Enfin il y a la catégorie des croyants amoureux. C'est la moins nombreuse, la plus aimable, mais non la moins dangereuse. Lorsque la société, fatiguée des mensonges des uns et de la cruauté des autres, semble vouloir se dégoûter d'une religion qui produit tant de misère et d'horreurs, on lui montre quelque saint homme simple, bon, borné, et à son aspect sympathique, vénérable, les suspicions et les rancunes tombent. Ces hommes sont très rares ; aussi les chefs des Eglises les apprécient-ils beaucoup, et savent ordinairement en tirer un excellent usage. C'est ainsi qu'à l'époque où les persécutions cruelles des Jésuites contre les protestants, les Vaudois, ensanglantaient la Savoie, il y avait dans l'ordre même des Jésuites, en Suisse, un évêque, un saint homme, François de Sales, dont le coeur débordant d'amour fit beaucoup plus de conversions que toutes les cruautés de l'Eglise.

Michel Bakounine ( La Théologie politique de Mazzini et l'Internationale, 1871).

vendredi 20 janvier 2017

La dose de Wrobly : nivôse 2016-2017 ère commune


   - Amoros Miguel.- Les Situationnistes et l'anarchie. Quand je suis monté à la capitale après mon bachot, un peu plus de dix-neuf ans après la révolution manquée qui faillit renverser l'histoire, je m'étonnai auprès des mes aînés, de l'absence des anarchistes en mai 68, malgré l'esprit libertaire soufflant sur les évènements et les drapeaux noirs flottant dans les manifs et sur les barricades. Ils m'expliquèrent qu'à l'époque, comme la troisième république avait ses "Jules", l'anarchisme officiel était sous la coupe d'un triumvir de "Maurice", dont l'individu dominant émargeait avec conviction à un syndicat jaune dont il était le chauffeur du secrétaire général. Ce triumvir et ses troupes, propriétaires de l'Association pour l'étude, etc., elle même propriétaire de la F.A., pour ne pas la citer, et de ses oeuvres, s'occupaient essentiellement à préserver leurs possessions du complot marxiste qu'ils voyaient partout, et que représentait notamment toute tentative d'actualiser la critique et de tremper la théorie anarchiste dans l'insurrection qui venait. Bref, ils se repliaient sur eux-mêmes, refusaient toute nouveauté et se préservaient ainsi de tout ce bazar révolutionnaire. Je cite de mémoire, je n'ai pas vécu cela, je n'étais par né. Le livre montre qu'à côté de cela de nombreux dissidents, de l'intérieur et de l'extérieur, et des groupes actifs, existaient (Groupe libertaire de Ménilmontant, Makhno de Rennes, Sysiphe, GAR, Nanterre, l'Internationale Anarchiste...), et qu'ils se sont plus ou moins rapprochés de l'I.S.. On y retrouve aussi des personnages bien barrés et sympatoches (enfin, vu de loin et rétrospectivement en tout cas), comme Jacques Le Glou. Cet ouvrage de Miguel Amoros est passionnant, parce qu'il répond à mes questions (il serait temps), en confirmant ce que mes vieux amis perdus de vue ou morts me disaient, et en approfondissant la question. Cependant il ne se contente pas de critiquer une certaine fossilisation du mouvement, mais, anarchiste lui même, il démontre que les critiques de Debord et des situs (par exemple l'équation anarchisme = idéologie, que je ne comprenais pas bien quand je lisais l'I.S., et qui me désolait, moi qui me sentais anar, équation vérifiée par la tendance conservatrice évoquée plus haut, mais qui est loin de résumer l'épopée libertaire dans sa totalité - par ailleurs l'auteur définit clairement et à plusieurs reprise le terme "idéologie" quand il est sous la plume de Marx, puis de Debord, ce qui est bienvenu pour quelqu'un de limité comme bibi, ne faisant pas partie de l'avant garde) - que les critiques de Debord et des situs, donc, étaient schématiques, parcellaires et parfois fausses.

   Extraits, dans le désordre :


"Toutefois, le pire de tout n'était pas la bureaucratisation pseudo-libertaire, mais les conditions dans lesquelles celle-ci se développait, comme devait l'expliquer plus tard Debord à un scissionniste : " Si, pour vous, le côté inacceptable de la F.A. c'était surtout ou uniquement des propriétaires qui la dominaient légalement - on sait bien que la scission n'a rien reproduit de pareil -, pour nous c'était surtout le confusionnisme, le mélange des inconciliables, le manque de rigueur intellectuelle et même d'honnêteté dans l'information..."

 [...]

Les trois sous idéologies soeurs définissaient plus qu'un mouvement, un milieu ou se perdaient les méthodes révolutionnaires, l'ennemi de classe et l'histoire elle-même.
   "
Toute la tactique de ce mouvement devenu milieu tient à se faire une place au soleil de la "culture". Et Camus et Brassens collaborent avec les fantômes de Barcelone et de Cronstadt. L'anarchisme obtient ainsi une position respectable dans les souvenirs du vieux monde. Tout est récupéré, sauf Ravachol qu'on a relégué au grand-guignol. Ainsi être anarchiste, c'est aller à l'école. Les maîtres ne manquent pas, la fin de l'anarchie ne serait plus que la reconnaissance de l'autorité de ses souvenirs. Milieu veut dire aussi absence des extrêmes, absence tout court. Le milieu anarchiste n'a pas d'histoire, c'est le clos et le statique. Il se nourrit de lui-même". (Brochure Prolégomènes à un premier manifeste pour une Internationale anarchiste, Groupe libertaire de Ménilmontant, mais 1967.) [...]


A d'autres moments et dans d'autres lieux où la situation révolutionnaire voyait le retour des idées de l'anarchisme pratique, il n'y eut pas de "doctrine", mais une théorie de la révolution : à Morelos avec le mouvement libertaire de Zapata, dans le sud de l'Ukraine avec les soviets paysans et la Makhnovchtchina, ou dans la guerre révolutionnaire espagnole avec les milices et les collectivités. Le mouvement n'a pas été vaincu par ses carences théoriques ni par ses tactiques fantaisistes, mais par la force des armes. Une plus grande lucidité stratégique n'aurait pas modifié ce résultat.

   La thèse 93 déclare que les anarchistes
[...] - voir La Société du spectacle de Guy Debord (note du blogueur) -. Si Debord se référait à l'exemple de l'exil espagnol, à celui de l'anarchisme "légaliste" de 1890-1910 dénoncé par Darien et démoli par Libertad, ou au plus récent de la F.A., il avait raison ; mais pas dans tous les autres cas. L'équation "anarchisme égale idéologie" est fausse. N'oublions pas ce que " la partie non vaincue du mouvement vaincu" sur le plan théorique doit à l'anarchisme et l'importance pour la révolution des grandes vérités exprimées au bon moment, non par des idéologues médiocres, mais par de rudes orateurs, comme Durruti, Maroto, Makhno. Assimiler la critique de l'anarchisme à une critique de l'idéologie revient à privilégier le rôle des idéologues par rapport à tout autre facteur historique. Tant qu'un mouvement anarchiste socialement engagé a existé, les idéologues n'ont jamais formé un pouvoir séparé. De plus, nous pourrions difficilement qualifier d'idéologues des penseurs ou des propagandistes comme Anselmo Lorenzo, Ricardo Flores Magon, Rudolf Rocker, Alexander Berkman ou Gustav Landauer. [...]


En effet, la jeunesse, naguère largement identifiée à la subversion prolétarienne, a cessé d'exprimer la radicalité dès lors que, la course de vitesse entre le pouvoir et les révolutionnaires pour un usage émancipateur des nouvelles techniques ayant été définitivement perdue par ces derniers, elle a cru trouver réponse à son mal de vivre, du moins dans son expression de masse, dans les prothèses offertes par la technologie, affublant d'un masque juvénile la misère humaine de tous. George Orwell a écrit, avec sa lucidité coutumière : "Confrontées à un choix entre le servage et l'insécurité économique, les masses, dans tous les pays, choisiraient sans doute carrément le servage, en tout ca si on lui attribuait un autre nom" ("La révolte intellectuelle", Ecrits politiques (1928-1949), éditions Agone). Pour adapter cette réflexion à notre époque, cet "autre nom" est tout trouvé : on hésitera seulement entre "technologie", "développement" et "progrès", selon que l'on mettra l'accent sur la cause, l'effet ou le processus, ou encore sur l'idéologie. Disons que le progressisme est bien la croyance dominante dans un monde sans progrès humain, le soupir "sursocialisé" de la créature opprimée..." (Préface).

   Je précise que j'ai acheté ce livre à Publico, où je suis toujours accueilli très sympathiquement par Laurent, que je remercie encore.


   - Bakounine Michel.- La Liberté. Après ce retour sur un temps pas si ancien même si les moins de 55 ans... etc., un petit coup de grands anciens. Une compil' (j'ai l'impression qu'on dit medley quand on est progressiste, aujourd'hui...). C'est toujours bon de le lire, même si on n'est pas toujours d'accord (sont côté hégélien, par exemple, et puis 150 ans ont passé). Le petit plus de ce livre : le préfacier développe la thèse que Bakounine est marxiste (de fait, il est hégélien, bon, jusque là, on tique, mais on veut bien concéder ce point de vue...), puis qu'il est un précurseur de Lénine et de Mao, sanctifiés soient leurs noms majestueux ! Et cette thèse a pour but de réhabiliter le colosse russe migrant, trop méconnu et incompris à l'époque. En 1965. Merveilleuses années 60 !

   - Simenon Georges.- Le Chien jaune. Dialectique oblige, qui dit anarchie, dit flics. Commissaire en l'occurrence, le Maigret d’antan, d’une morale personnelle ronronnante de petit-bourgeois pantouflard. Troisième lecture de celui-ci, non qu'il m'ait particulièrement plu, les hasards des bouquins qui me tombent sous les mains, je ne me rappelle d'ailleurs jamais d'une lecture sur l'autre du dénouement. L'ambiance, comme d'habitude, est le point fort. Et puis je connais un peu Concarneau, arpenté quelques fois. En 1932, à l'époque du roman, les rues n'étaient même pas pavées, c'était de la terre, donc de la boue. Comme le temps passe !

mercredi 18 janvier 2017

Ça caille

Au moment où le gouvernement prolonge de 6 mois l’état d'urgence, organisations signataires constatent une multiplication des interventions policières pour démanteler les campements et les bidonvilles des personnes en grandes difficultés sociales sans que des solutions à la hauteur des besoins ne leurs soient proposées, particulièrement celui d'être hébergé.

Elles dénoncent les expulsions sauvages pratiquées par le Préfet de Seine Saint Denis, sans aucune mise à l'abri des 83 habitants expulsés de leur immeuble du 168 avenue du président Wilson, mais aussi de nombreuses familles de la Plaine St Denis, et dernièrement du bidonville des Roms des Joncheroles.

Elles dénoncent le démantèlement, sur le terre plein de l'avenue du Président Wilson, des campements des migrants et des habitants expulsés du 168. Ces expulsions à répétition bafouent les droits humains élémentaires.

Elles dénoncent la situation d'accueil -plutôt de non accueil- des migrants en France et en région parisienne, qui aboutit à jeter dans une précarité plus grande des personnes ayant déjà subi et fui les guerres, les tortures, les famines et ce au mépris des lois françaises, des directives européennes, des conventions internationales et des droits fondamentaux qui y sont rattachés.

Elles dénoncent le traitement policier de ces situations par les traques, les rafles, les déplacements, les destructions de camps et de bidonvilles, les humiliations, les expulsions.

Elles exigent que les droits et la dignité de toutes les personnes soient respectées et particulièrement celui d'avoir un toit pour se protéger et protéger sa famille, mais aussi la liberté d'installation et de circulation, la régularisation des sans-papiers, la fermeture de tous les lieux d'enfermement.



La Plèbe écoute tout le temps :

Jeudi 19 janvier 2017 : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : La partition de Léonard Bernstein, West Side Story. De nombreux jazzmen ont repris les thèmes de cette œuvre. Vous découvrirez de purs bijoux et d'autres aventures plus déglinguées. Soyez à l'écoute.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date (Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les semaines disponibles.

lundi 16 janvier 2017

Sacqueboute VII

   J'avoue que celui-ci je ne le connaissais pas, et que je le connais peu. Je l'ai découvert dans un mauvais lieu, ou on me transmit ce réjouissant article même s'il est issu d'un journal télé, mêlant à nouveau un peu jazz et politique, ça devient rare.




"Quant au tromboniste Craig Harris, son ensemble de quarante improvisateurs a pour nom Breathe, en écho au « I can't breathe » (« Je ne peux pas respirer ») hurlé par Eric Garner en 2014, tandis qu'un policier new-yorlais l'étranglait – il mourra à l'hôpital."



Joueurs de sacque-boute précédents :

vendredi 13 janvier 2017

Détournement de mineur

    Quand le beau Serge cite Marcel Aymé.


   Allez, pour vous faire plaisir, sur le même débat mais concernant d'autres disciplines, un petit jeu.

   Quel autre cracheur dans la soupe a dit :

   "J’ai bien trop de respect pour l’art littéraire pour considérer que le roman policier en fasse partie à quelque degré que ce soit. C’est une industrie, et rien de plus." ?

mercredi 11 janvier 2017

Sacqueboute VI

      Je me suis laissé dire que notre cher Higelin venait de sortir un nouvel album, dont le titre fait référence à son bel âge de 75 ans. Je ne l’ai pas écouté encore. Mais cela m’a donné envie de rendre hommage ici à la fameuse tromboniste Mona Lisa Klaxon, connue, outre pour son jeu funky du tonnerre de Zeus et sa complicité avec le grand Jacques, pour sa liaison avec le célèbre et néanmoins facétieux King Kong.

      J’ai parlé dans un précédent Sacqueboute de mes deux premières K7 de jazz (une de Stan Getz et l’autre de Gerry Mulligan). Ma première K7 de chanson (mais en fait c’était celle de mon frère, je m’en rends compte à l’instant, c’est fou ce que l’on est prompt à réviser ses souvenirs, moi j’avais eu…, je n’ose le dire… Bon, mais vous ne rigolez pas OK ? C’était un cadeau de maman. Francis Lalanne), cette première K7 de chanson française donc était la bombe énergétique déjantée et déhanchée Higelin à Mogador. Un vrai bonheur dont on ne se lasse pas. C’est là que j’ai rencontré Mona Lisa.

La version studio. Je n'ai malheureusement pas trouvé la version live de Mogador. De 75 à 75, comme le temps passe !

Joueurs de sacque-boute précédents :

lundi 9 janvier 2017

Jouons un peu avec les copains des autres

   Qui est le personnage, plutôt bon zigue et boute-en-train, décrit et dialoguant (monologuant ?) dans les extraits ci-dessous ? Et qui tient la plume ? Saurez-vous le découvrir les copains ?
   Sous la mienne, de plume, le nom du personnage en question a été remplacé par celui de Titi Voyou
   C'est, évidemment, hyper fastoche, et je me suis donné beaucoup de mal pour pas grand chose, mais je suis un peu sec, en ce moment...


C'est alors qu'habillé d'un imperméable flasque et d'un pantalon effrangé, ruiné, ses gants de motocycliste pendus au cou, un bidon d'essence à la main, ses épaules cuirassières ployant un peu sous le poids de ses ruminations, Titi Voyou déboucha dans le boudoir et dit :
   "
Salut, les hommes ! Vous avez lu ça, les journaux, ils nous balancent un drôle de bignolage, une fanfare au caillé noir qui baratine l'enfer dans les petites têtes du trèpe qu'avant six mois, oui, mes vaches, avant six mois, les tinettes à Lebrun, elles dégorgeront du sang frais et de la fricassée et du mutilô et vas-y Durand, mes tripes d'un côté, mes gambilles de l'autre, Löwenstein à Valparaiso et marrez-vous bien, la merde qui monte, plus d'hommes, plus de Francecaille, un derniner glouglou, un joli glouglou bien merdeux, fini, plus question. En attendant, sus aux barbares, sonnez clairons, emballez mes osses et plantez un saule."
   
Vouyou prit respiration. Cependant le barbiflore se levait, s'inclinait à se casser la barbe et disait d'une voix soyeuse :
   "
Monsieur Voyou. Je suis heureux de. J'aime tant ce que vous faites, j'adore, je raffole. Un dynamisme. Un nuancement. Un farouchisme. Ah ! la gueule de ça. Mais je vous demande pardon. Richard Eutrope. Poète. Je suis Richard Eutrope.
   - Je suis heureux, encore que confus, dit Voyou avec cérémonie et la voix biseautée. Vous travaillez dans l'anémie ?"

[...]

   "L'oeil viceloque, chez la femme en fleur, ça se tolère toujours bien, fit observer Voyou. Elles ont de l'arrondi, des rappels de croupe dans le minois, avec du mystère d'entre-deux. Là-dedans, l'oeil vicieux se trouve niché, il tombe à sa place. Mais chez l'homme, même un jeunot comme Boquillard, la luisance salace, c'est pas regardable. Ça manque d'accords, l'oeil est tout seul. C'est ce qui me fait honte quand je sors avec Popaul ou avec Fauchois. Ces fumiers-là..."
   Paul et Fauchois se mirent à l'injurier, à lui rappeler les livres orduriers qu'il avait écrits, ce grand dégoûtant.
Voyou raconta une aventure qui venait d'arriver dans son dispensaire de banlieue : un accouchement avec déchirure : le chirurgien, un jeune, un apprenti barbier un peu myope, avait recousu jusqu'à l'anus inclus ; la malade se plaignait de ne pas aller, etc. etc.

[...]

   "Chez toi, c'est plus fréquentable, dit Voyou à Gen Paul. J'ai rien contre les barbes, mais si tu te mets à recevoir des poètes parfumés, des pisseurs de queue de cerise, où qu'on va ? C'est le courant d'air avec l'Académie. Ton Richard Eutrope, je connais ça ; c'est du poète classique, surclassique, archiacadémique : le renifleur de coco, l'esthète à médème, avec des complexes et des petites moiteurs de pédoque, le versicule dévirgulé à velléité musicale et philosocoque, quel charme qu'il a, ma chère, et profond, la vache, comment qu'il vous baratine les contraires dans son verbe taillé en pointe, communo en diable et anarcho comme grand papa, chanteur de la désespérance du rien, kierkegaardien de la semaine prochaine, et les mondes s'affrontent dans mon coeur boudeur comme en 1900, et je dis oui en plein, et non par la bande, et mes fesses dans mon subconscient. Paul, t'es qu'un vilain, une vicieuse. Si t'avais le respect de nos génies, t'essaierais pas de nous faire gamberger dans ta tôle avec des poètes anémiques."


   Paul se révoltait, se secouait comme un sanglier, et tentait d'éclater entre deux respirations, mais Titi le fermait à coup de verbe. A la fin :
   "
Bon Dieu ! Mais qu'est-ce que tu viens me bonnir, avec tes anémies ?"

[...]


Titi le prit très mal. Il y eut des gueulements qui s'entendirent jusque dans l'avenue.

[...]

   Le cor anglais récita un de ses poèmes. Paul s'apprêtait à n'y rien comprendre, mais le poème était facilement intelligible.
   "
Ça a l'air moins tarte que j'aurais cru, convint-il. Je vas quand même prévenir Titi."
   Paul sortit sur le pas de sa porte et siffla dans ses doigts. La tête de
Voyou apparut à une fenêtre de l'autre côté de l'avenue. Cinq minutes plus tard, il était dans l'atelier . Mis au fait, il prit un air sérieux, son air de médecin, et après avoir tâté le pouls à Boquillard, dit en lui tapotant la joue :
   "
Ce sera peut-être rien, mais c'est quand même à surveiller. T'as de bonnes selles ? Et la nuit, comment que tu dors, la nuit ?
   - Ça dépend. Y a des nuits, je fais qu'un somme. D'autres nuits, je ferme pas l'oeil, mais c'est parce que j'écris des vers.
   - Je vois ce que c'est : le tœnia métrophage avec résonances interglandulardes. Voilà mon traitement : trente alexandrins à la fin de chaque repas. Ton tœnia, tu l'auras à l'indigestion. Maintenant, sors-nous ta chansonnette."

[...]



Voyou prédisait pour la fin de l'été des catastrophes, des guerres puantes, des famines, des coulées d'abcès monstrueux crevant sur le monde, et prenait le ministre à témoin :
   "
Ah ! ma vache, une drôle de biglouse, qu'on va se tailler, du cinéac à péripéties avec une belle fin bien amenée. Comment qu'on va l'avoir dans le train, ma vache, et sans se dérangemane..."
   Le ministre d'Agriculture était un peu surpris. Dans une moment d'accalmie relative, il se pencha sur Villeboeuf pour lui dire :
   "
Curieux homme, ce M. Voyou ! Mais pourquoi m'appelle-t-il toujours "ma vache" ?"


[...]

Des voix s'élevèrent pour réclamer au barbiflore de leur réciter un de ses poèmes. [...] Au dernier assaut mené par Titi, il ne résista plus.


[...]

   "
Dans ce machin là, commenta Voyou, après avoir laissé durer un silence cruel, il y a une profondeur terrible. A entendre, comme ça, on croirait que c'est de la frime de chicandier, des petites vapeurs de nib de poouic, mais faut pas s'y fier. Moi qui suis connaisseur comme pas un, j'entrevois là-dessous un monde de sous-entendus. Y a de l'allusion qui fait penser, du je-ne-sais-quoi vertical qui vous vertigine dans la tronche, et de l'insidieux, et de la troublance, et de la métagnostique affreuse. Mais ces fumiers là, ils comprennent pas la beauté. Visoquez-moi ça si ça ronfle. Ces hommes là, c'est du béotien et de l'épiceloque. Mais bougez-pas, mes vaches, moi, la poésie, je vas vous la faire entrer dans la terrine. Boquillard, à ton tour. File leur un bon coup de poésie, à ces truands là.

[...]

Titi Voyou, lui, était debout au milieu du boudoir et tenait le barbiflard sous ses regards flamboyants. Soudain, il se rua sur le malheureux et, d'un seul coup, lui arracha la barbe. Après quoi, il lui arracha cruellement la tête, puis les bras, les jambes. Et le tronc, il se mit à le déchirer. 



   Bravo aux participants ! Il s’agit bien de notre grand écrivain L.-F. Céline. Grand écrivain et grand rebelle, qui eut le courage de critiquer vertement, de vilipender même, j’ose le dire, le réformisme et l’excessive indulgence du régime nazi envers les populations israélites, entre autres. Contre toutes les religions, Céline luttait infatigablement contre les sectes, comme celle des « jansénistes », par exemple (authentique). Comme tous les anarchistes bien burnés, il a été jalousé par la racaille gauchiste, qui le taxa honteusement d’islamophobie je crois, enfin d’un de ces qualificatifs stigmatisant confusionnistes sans fondements.

Le réformisme et le laxisme n’ont jamais su trouver grâce aux yeux de notre personnage mystère.

   On trouve dans la nouvelle Avenue Junot quelques personnages quand même moins terrifiants et plus sympathiques, par exemple ici, un habitué de l'herbe tendre :

   "Mac Orlan, qu'un hasard avait enlevé à Saint-Cyr-sur-Morin et déposé chez Paul, considérait l'atelier avec moins de rancune que d'attendrissement. Il se souvenait de l'avoir habité vingt-cinq ans plus tôt et d'y avoir vécu des jours difficiles. Avec Daragnès, il parlait du temps d'avant 1914 et des amis dispersés."


   Et aussi un ami blogueur, qui se reconnaîtra peut-être :

   "Dans l'avenue Junot, M. Letort faisait les cent pas. Il avait maintenant une fort belle barbe où fleurissait un sourire d'optimisme et il venait de s'acheter un parapluie neuf avec lequel il faisait d'allègres moulinets. En voyant Adélaïde caracoler sur l'abside dans les bras d'un jeune homme rasé de frais, il sentit son coeur s'endeuiller. Sa barbe lui parut un ornement dérisoire, une misérable chose vaine."

   Ah ! Adélaïde !

jeudi 5 janvier 2017

Sacqueboute V

   Vous connaissez tous ce tube inter-planétaire :


   Et bien, contrairement à l'idée reçue, son compositeur n'est pas Duke Ellington, mais bien l'un de ses trombonistes Juan Tizol.


   J'attire votre attention sur le fait que Tizol joue ici du trombone à pistons, ce qui est assez rare, et un peu facile, je trouve (qu'il dit, le virtuose du pet foireux via embouchure et pavillon (votre serviteur) !).

 ANECDOTE DE DERNIERE MINUTE : CHARLIE MINGUS A ESSAYE DE TUER JUAN TIZOL.

   On sait, ou pas, que Charlie Mingus est entré dans l'orchestre de Duke Ellington, mais qu' n'y est resté que deux ou trois mois. Il y eut à cette occasion une dispute entre Juan Tizol et lui. C'était dans un théatre, Mingus a pris une hache et a couru après Tizol. La raison en était, et ce n'est pas à la gloire de notre tromboniste portoricain, que celui-ci avait balancé un truc plus ou moins raciste au contrebassiste, et là, ce n'est pas passé du tout. Ellington a dit qu'il préférait se séparer de Charlie Mingus (qui rejoua pourtant avec lui après). Cela dit Mingus était coutumier de ce comportement un peu brutal, puisqu'il a fait, pour d'autres raisons, sauter deux dents à Jimmy Knepper, autre tromboniste décidément, qui fera peut-être un jour l'objet de cette rubrique qui sait ? et qui en a beaucoup voulu au violent contrebassiste ; et qu'il a failli se prendre un coup de couteau du saxophoniste Jacky McLean qu'il venait, lui aussi, de cogner.

   Ambiance.


Joueurs de sacque-boute précédents :


La Plèbe écoute tout le temps :

Jeudi 5 janvier 2017 : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : Pour ouvrir le bal, le consultant spécialiste de la contrebasse Jaques Vidal viendra pour commenter la carrière météorique de Jimmy Blanton, ce contrebassiste que Duke avait embauché au début des années 40. En espérant qu'il n'y aura pas de problèmes techniques cette fois-ci.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date (Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les semaines disponibles.

Lundi soir 9 janvier 2017 : Dans l'herbe tendre (chanson française). Thème du mois : la bouffe.

lundi 2 janvier 2017

A history of violence II

     Bon, le paradoxe continue... La dernière fois que je suis allé au théatre, c'était au cinéma. Et là que je vais au théatre, c'est pour y voir un film, de Luchino Visconti...

     Après les bains de sang entre Capulet et Montaigu : l'incendie du Reichstag, les autodafés, Dachau, la Nuit des longs couteaux. Le tout vu du point de vue de la famille Krupp (des Dassault allemands de l'époque, nommés Essenbeck dans le scénario du film / pièce). Un grand choc, un grand malaise, mais un grand moment. Avec les stars de la Comédie française (Podalydès, Galienne...), avec même parfois leurs kikis. 


     Du coup, je me dis que je deviens accro à cette vieille maison. Je dois m'embourgeoiser, m'encroûter dans l'académisme (enfin, les mises en scène des deux pièces que j'ai vues me paraissent plutôt post-modernes, moi qui m'y connais peu en théâtre vivant - je ne parle pas de lire les Petits classiques, bien entendu, dont je suis très friand et habitué -).

     Bof, je préfère encore ça qu'avoir un smartphone, et vu que ma copine ne possède qu'un vieux téléviseur à écran non plat (on dit à tube cathodique ?) que je ne regarde pas sauf rare dévédé, je me dis que la balance de mes péchés devrait s'équilibrer. 


     Ah ! j'oubliais et de ma part ça semblerait poussif, parce que j'ai du mal à y croire, peut-être un coup de blues passager. Alors je vous fais suivre :