Cet immense cinéaste, grand sensible, franc beuveur, sévère fêtard d'Ozu est mort trop tôt d'un cancer en 1963 à 60 ans.
Comme mon aimable lectorat l'a constaté, ce blog tourne un peu au ralenti depuis quelques temps. Cadences infernales au tapin, épisode pandémique changeant le ronron des habitudes, temps de loisir de plus en plus consacré à la musique, moindre enthousiasme, émulation des échanges avec les amis blogueurs se réduisant comme peau de chagrin, perte de foi progressive, face à la catastrophe, en la venue effective de la plèbe révolutionnaire rédemptrice, dégoût pour les écrans, les GAFAM et le numérique s'amplifiant... un peu de tout ça. Bref, en conséquence, ma séquence liée au cinéma de Yasujiro Ozu, dont j'avais entamé et ai poursuivi un "cycle", comme ils disaient à la télé de mon enfance quand ils passaient un certain nombre de films d'un même réalisateur, commencée début 2021, est restée en suspend. Je n'ai cependant pas chômé pendant ces quelques mois puisque j'ai pu visonner les films suivants, avec un grand plaisir, une grande sérénité, des émotions douces me mouillant les yeux, mais aussi du rire bon enfant, un attachement à tous ses acteurs fétiches, teinté de sentiment amoureux pour ses actrices, notamment Setsuko Hara, comme je l'avais évoqué ici, un émerveillement esthétique constant à la contemplation de toutes ces verticales et horizontales à raz de tatami des intérieurs japonais ciselés comme des estampes, pour peu que qu'une estampe puisse être ciselée. Pas de violence, sauf rare exception, quasiment pas d'action, pas de méchanceté ni d'intrigues perverses (ça fait du bien !), des conflits, certes, liés notamment aux traditions et à la résistance des femmes face au patriarcat, mais le tout sans excès ni voies de fait, ce sont des sentiments qui sont délicatement mis en scène, suggérés par presque rien. Ce "rien" ("mu") inscrit sur la tombe d'Ozu, évoquant certes la tristesse de l'impermanence de toute chose et de la perte continue qu'est la vie, mais aussi, replacé dans le grand océan de celle-ci, étant la définition même de la vie à laquelle chaque être tient tant. Sans ces petits riens, il n'y aurait rien.
• 1929 : J'ai été diplômé, mais... (大学は出たけれど, Daigaku wa deta keredo)
• 1931 : Le Chœur de Tokyo (東京の合唱, Tōkyō no kōrasu)
• 1932 : Où sont les rêves de jeunesse ? (青春の夢いまいづこ, Seishun no yume ima izuko)
• 1933 : Une femme de Tokyo (東京の女, Tōkyō no onna)
• 1934 : Histoire d'herbes flottantes (浮草物語, Ukikusa monogatari)
• 1935 : Une auberge à Tokyo (東京の宿, Tōkyō no yado)
• 1936 : Le Fils unique (一人息子, Hitori musuko)
• 1942 : Il était un père (父ありき, Chichi ariki)
L'acteur fétiche de chez fétiche d'Ozu, plus encore que l'actrice Setsuko Hara, Chishu Ryu, qui pourtant se considérait lui-même comme un comédien médiocre. Il est présent dans quasi tous les films du maître. Sa particularité : très tôt, jeune, il n'y joua que des rôles de vieux hommes.
• 1947 : Récit d'un propriétaire (長屋紳士録, Nagaya shinshiroku)
• 1951 : Été précoce (麦秋, Bakushū)
• 1952 : Le Goût du riz au thé vert (お茶漬の味, Ochazuke no aji)
• 1956 : Printemps précoce (早春, Soshun)
• 1957 : Crépuscule à Tokyo (東京暮色, Tōkyō boshoku)
• 1958 : Fleurs d'équinoxe (彼岸花, Higanbana)
• 1960 : Fin d'automne (秋日和, Akibiyori)
• 1962 : Le Goût du saké (秋刀魚の味, Sanma no aji)
• 1951 : Été précoce (麦秋, Bakushū)
• 1952 : Le Goût du riz au thé vert (お茶漬の味, Ochazuke no aji)
• 1956 : Printemps précoce (早春, Soshun)
• 1957 : Crépuscule à Tokyo (東京暮色, Tōkyō boshoku)
• 1958 : Fleurs d'équinoxe (彼岸花, Higanbana)
• 1960 : Fin d'automne (秋日和, Akibiyori)
• 1962 : Le Goût du saké (秋刀魚の味, Sanma no aji)
Les bars d'Ozu, tellement feutrés, intimes, confortables, qu'on voudrait y être.
Bon je continue à ta lire mais si je suis le seul, c'est un peu frustrant !
RépondreSupprimerC'est pas zobligé de lire mes conneries, en ce moment je ne force pas trop intellectuellement !
RépondreSupprimerOn est deux alors ;-)
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