J'ai lu les Histoires extraordinaires et les Nouvelles histoires extraordinaires plusieurs fois quand j'étais jeune ado. J'en ai de bons souvenirs. C'était des Folio qui traînaient à la maison. Mais du coup j'avais une vision de l'auteur, Poe, conforme à la légende qu'en avait créé, dans ses préfaces, le traducteur, pour pouvoir s'annexer un autre poète maudit, un semblable, un frère. Ce traducteur de la plupart des contes, et qui le reste aujourd'hui dans toutes les rééditions, est bien sûr Charles Baudelaire. En fait, si Poe était peut-être bien alcoolique, en tout cas quelques indices de sa biographie peuvent le laisser penser, il était bien moins destroy que Baudelaire et son premier éditeur américain (de Poe), R. W. Griswold, un vrai salopard qui le détestait et ne cessa de la calomnier, se sont plus à le décrire. "C'est ici la première mention de l'opium à propos de Poe
; c'est la contribution personnelle de Baudelaire au mythe. Car nul chercheur n'a jamais découvert la moindre trace de drogue dans la vie de Poe, si ce n'est cette unique dose de laudanum prise - pour se suicider ou calmer une rage de dents, nul ne le sait. Je dis bien laudanum, inoffensif ingrédient de tant de médicaments au XIXème siècle. L'opiomanie d'Edgar Poe, cautionnée par d'insouciantes thèses de médecine, est née d'un rêve de Baudelaire. La mode a fait le reste." Claude Richard dans l’introduction.
Je relis donc tous les contes, mais dans leur ordre de parution, et sans la classification baudelairienne en Histoires extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires, etc. Il y en a plein d'inédits pour moi, car je n'avais pas lu les Histoires grotesques et sérieuses, non plus que les Aventures d'Arthur Gordon Pym. Les traduction restent de Baudelaire. Il y a aussi des poèmes traduits par Mallarmé. D'autres traducteurs interviennent aussi pour les inédits.
Je relis donc tous les contes, mais dans leur ordre de parution, et sans la classification baudelairienne en Histoires extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires, etc. Il y en a plein d'inédits pour moi, car je n'avais pas lu les Histoires grotesques et sérieuses, non plus que les Aventures d'Arthur Gordon Pym. Les traduction restent de Baudelaire. Il y a aussi des poèmes traduits par Mallarmé. D'autres traducteurs interviennent aussi pour les inédits.
Un régal et des souvenirs en perspective !
René Magritte.- La Reproduction interdite. Sur la cheminée : Les Aventures d'Arthur Gordon Pym
- Georges Simenon.- La Guinguette à deux sous.
"Qu'est-ce qui provoqua le tour de clef ? Maigret eût été bien en peine de le dire. Peut-être la mollesse du soir, la petite maison blanche avec ses deux fenêtres lumineuses et le contraste avec cette invasion carnavalesque ?"
Le déclic provoquant un éveil soudain à la réalité profonde et sensible d'une situation, une fusion avec une ambiance, un peu comme celui qui se produit via l'ingestion de la madeleine de Proust ressuscitant par une telle illumination la connaissance intime et totale, même si fugace, supérieure à celle du simple intellect et des sens, un monde révolu d'affects, ce déclic, donc, Simenon le désigne par la métaphore "tour de clé", ce qui peut résonner bien sinistrement quand ce phénomène se produit dans la vie d'un commissaire de police. Mais au-delà du prétexte flicard des Maigret, et tout en appréciant le petit jeu du Whodunit, c'est avant tout la création d'une atmosphère qui nous fait apprécier ces petits romans. Après, qui était le gus jeté dans le canal Saint-Martin, et qui était son tueur, ça reste quand même un peu anecdotique.
Le déclic provoquant un éveil soudain à la réalité profonde et sensible d'une situation, une fusion avec une ambiance, un peu comme celui qui se produit via l'ingestion de la madeleine de Proust ressuscitant par une telle illumination la connaissance intime et totale, même si fugace, supérieure à celle du simple intellect et des sens, un monde révolu d'affects, ce déclic, donc, Simenon le désigne par la métaphore "tour de clé", ce qui peut résonner bien sinistrement quand ce phénomène se produit dans la vie d'un commissaire de police. Mais au-delà du prétexte flicard des Maigret, et tout en appréciant le petit jeu du Whodunit, c'est avant tout la création d'une atmosphère qui nous fait apprécier ces petits romans. Après, qui était le gus jeté dans le canal Saint-Martin, et qui était son tueur, ça reste quand même un peu anecdotique.
Mon livre d'actualité du mois. Hein ? Ça a 25 ans ? Enfin un peu moins, le livre étant sorti quelques années après les révoltes de 2007. Oh ! là ! là ! Comme le temps passe ! Alors un souvenir : à l'époque, en 2007, j'habitais encore Paris intra muros, porte d'Asnières, dans un appartement de la ville de Paris, avec mes deux chats. Puis j'ai rencontré la Dulcinée avec qui je vis encore aujourd'hui et dont j'ai eu un fils. Celle-ci habitait Ecouen, dans le 95, où je vis aussi depuis 24 ans. Observons une carte : Ecouen est limitrophe de Villiers-le-Bel. Plus petit bourgeois, même s'il y a aussi quelques quartiers populaires, ainsi que des zones pavillonnaires à Villiers-le-Bel. Un soir de 2007, nous rentrions chez elle de Paris, on alternait pour se voir chez l'un ou chez l'autre. J'avais suivi de loin l'actualité comme d'habitude, et j'étais peut-être moins politisé à ce moment d'une nouvelle rencontre qui allait peut-être mettre fin à mes 20 ans de célibat depuis ma majorité. Et puis depuis 10 ans j'avais aussi un peu décroché des préoccupations révolutionnaires frustrées pour sauver ma peau en apprenant à mettre un pas devant l'autre dans la vie sans faire usage d'alcool. C'était la nuit, je me suis trompé de chemin je crois et voilà-t-y pas qu'on se retrouve face à des insurgés en plein milieu de la route ! "Merde !" m'exclamai-je en me remémorant les homicides policiers et la révolte consécutive, il ne manquerait plus qu'ils nous prennent pour des flics, ou qu'en colère ils ne fassent pas la différence, nous retournant la bagnole et y foutant le feu. Ce serait vraiment trop con, sur un malentendu, de se retrouver dans une fâcheuse situation. Bon, j'ai un peu flippé mais finalement il n'y a pas eu de problème, j'ai fait demi tour et on a retrouvé le chemin d'Ecouen. Mais j'avais rencontré l'Histoire, sans le faire exprès, comme Fabrice à Waterloo !
Ce livre raconte les révoltes consécutives à la mort des deux jeunes percutés par un voiture de police, et aussi et surtout la féroce répression qui s'en est suivie, avec témoins sous X rémunérés pour pouvoir emmurer sans aucune preuve de jeunes insoumis des cités beauvillésoises.
Ce livre raconte les révoltes consécutives à la mort des deux jeunes percutés par un voiture de police, et aussi et surtout la féroce répression qui s'en est suivie, avec témoins sous X rémunérés pour pouvoir emmurer sans aucune preuve de jeunes insoumis des cités beauvillésoises.
- Me Jacques Bonzon.- L'Internationale financière II : l'Asie.- 1922.
"Ainsi notre seconde étape nous a menés jusqu'aux terres jadis fabuleuses, au Fleuve Jaune, où sont les cormorans. Mais la Finance qu'elle nous a montrée, offre-t-elle des traits nouveaux ?
N'est-ce pas déjà celle que nous avions vue en Europe ? Partout la même avidité, la même imprudence, la même inconscience. En détroussant les peuples, elle les exaspère. Et l'entrechoc des ces peuples, c'est son œuvre. Peu lui importe si l'une des ses Banques est gérée par des fripons, que leur écharpe sénatoriale assure de l'impunité. La Finance exploite l'idéalisme, et ce nom de Patrie qu'elle prétend vénérer : à la France de payer les friponneries de ses Financiers et de ses Parlementaires.
Cependant le nuage des haines exaspérées s'étend sur le Monde."
De Me Jacques Bonzon j'avais lu Les Emprunts russes, deux fois, le 13 décembre 2009 et le 22 septembre 2011. Un auteur dont les essais sont précieux pour comprendre les grands enjeux de notre société et les tourmentes de notre monde contemporain.
N'est-ce pas déjà celle que nous avions vue en Europe ? Partout la même avidité, la même imprudence, la même inconscience. En détroussant les peuples, elle les exaspère. Et l'entrechoc des ces peuples, c'est son œuvre. Peu lui importe si l'une des ses Banques est gérée par des fripons, que leur écharpe sénatoriale assure de l'impunité. La Finance exploite l'idéalisme, et ce nom de Patrie qu'elle prétend vénérer : à la France de payer les friponneries de ses Financiers et de ses Parlementaires.
Cependant le nuage des haines exaspérées s'étend sur le Monde."
De Me Jacques Bonzon j'avais lu Les Emprunts russes, deux fois, le 13 décembre 2009 et le 22 septembre 2011. Un auteur dont les essais sont précieux pour comprendre les grands enjeux de notre société et les tourmentes de notre monde contemporain.
Mort de Marat : version B.
Indignation, union sacrée et résistance de la classe politique face à l'entrée des radicalisés de la NUPES au palais Bourbon, un précédent historique :
L’élection de Jean-Paul Marat prit, tout de suite, les proportions d'un scandale. Ceux qui allaient être appelés à siéger dans la même Assemblée se sentirent déshonorés de ce voisinage. Ils étaient tous, même les plus avancés, des bourgeois d'allure et de formation et des parlementaires d'inclination chez qui le souvenir des séances royales, vieux tout juste de trois ans et demi, maintenait une tradition de correction et de discipline. Prêts à s'entre déchirer, ils entendaient ne s'envoyer à la mort qu'en des harangues académiques. Marat, lui, c'était la rue ! Personne ne semble plus se souvenir qu'il fut naguère un médecin notoire, un candidat à l'Académie des Sciences, aussi mondain que beaucoup d’autres. Il vit désormais comme un rustre, il en a pris les allures et le débraillé qu'un peu de démagogie lui fait peut-être exagérer à dessein ; sa violence continue déferle en invectives sur les gens et les institutions. On ne fraie pas avec un homme pareil. Sa présence même attente à la majesté de la loi qui se se substitue d'office - et quasi dans les mêmes formes - à celle du souverain détrôné.
Même la députation parisienne, dont certains soutinrent sa candidature pour les besoins de leur propre campagne électorale, tient en suspicion ce réprouvé. Son manque de tenue répugne à Robespierre. Danton en redoute la clairvoyance et la probité aux violences populacières ! Avant qu'il n'ai siégé, la presse de droite et du centre en demande l'invalidation au nom de l'ordre public. Il lui répond avec sa coutumière fureur ; dénonce les traîtres qu'un mode inepte de scrutin a envoyé à la Convention nationale ; s'indigne que le Manège ait été choisi comme salle, avec ses tribunes étroites, à peine capables de contenir 300 auditeurs, quand il en aurait fallu des milliers, prêts à "lapider" les mandataires infidèles !
Ça fait rêver ! On est content d'en connaître un peu plus sur Marat, qui nous est plutôt sympathique (Babeuf le considérait comme un authentique révolutionnaire, ami de la liberté et de l'égalité, et surtout Michel Onfray lui a craché dessus un livre de son venin falsificateur et haineux, que je n'ai pas lu), même si le gus est un peu violent (on ne cautionne pas les lynchages, ni les exécutions sommaires de prisonniers, ni même la peine de mort en général - sauf peut-être pour certains généraux - que ses écrits irascibles auraient provoqués...), mais l'on n'a pas lu non l'Ami du peuple pour savoir si Jean-Paul a réellement appelé aux massacres de septembre 1992, où aristocrates, simples suspects de traîtrise comme prisonniers de droits communs (souteneurs, prostituées, faux monnayeurs...) ont été exterminés par la foule...
A noter que ce livre est édité aux éditions Rieder, où officiait Marcel Martinet, et qui ont publié notamment Madeleine Vivan, Tristan Rémy, Lucien Bourgeois et Panaït Istrati !
A noter que ce livre est édité aux éditions Rieder, où officiait Marcel Martinet, et qui ont publié notamment Madeleine Vivan, Tristan Rémy, Lucien Bourgeois et Panaït Istrati !
Si Gracchus Babeuf, et sa Conjuration des Egaux, le dit, alors c'est vrai : Marat était un révolutionnaire !
RépondreSupprimerLes Aventures d'Arthur Gordon Pym, j'ai le souvenir d'un truc un peu comme le Bateau Ivre d'Arthur Rimbaud ... ?!
Merci !
RépondreSupprimerPour en savoir plus sur Marat avec des documents d'époque, des études d'historiens et des commentaires du créateur du site qui est plutôt du côté des égaux (avec la liberté), j'ai trouvé ces pages qui me passionnent d'autant plus que je viens de lire ce petit livre sur la vie militante de l'"ami du peuple".
Quant aux Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket je ne les ai pas encore lues, je me suis lancé encore dans un pavé de 1 600 pages (ces œuvres de Poe), avec plein de notes à chaque pages ! Mais heureusement le conte en question n'est qu'à la page 205, j'y arrive bientôt. Je vous dirai donc si ça ressemble au Bateau ivre.
On peut aussi lire l'hommage de Maxime Lisbonne, communard, à Jean-Paul ici.
RépondreSupprimerQuant à l'Ami du peuple original, celui de Marat, on peut le lire là (665 numéros de 1789 à 1792 !) !
je vais lire tout ça !
RépondreSupprimerLes Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket est finalement plutôt un roman d'aventures (maritimes et navigatrices, certes), présenté d'ailleurs comme un véritable journal de navigation par un narrateur qui serait l'auteur, certains s'y sont même laissés prendre à l'époque (1837-1838), qu'un poème. L'œuvre est même au départ un pastiche, voire une parodie (Poe a beaucoup utilisé cette forme satirique au début de sa carrière) du genre récit maritime. Réaliste notamment dans les détails techniques de navigation, même s'il y a des épisodes de rêveries, de rêve, de cauchemar. On est plus près de Moby Dick de Melville (qui s'en est clairement inspiré) que du Bateau ivre de Rimbaud. J'ai pensé aussi à l'Ile au trésor de Stevenson, et Typhon de Conrad. Des psychanalystes ont vu dans ce roman une longue métaphore autobiographique de la recherche perpétuelle de sa mère (morte de tuberculose quand il avait deux ans et qu’il a vue sur son lit de mort) par Poe. D’ailleurs le nom « Arthur Gordon Pym » ressemble par sa structure à celui d’« Edgar Allan Poe ». Mais pour moi c’est surtout un roman d’aventures qui tient en haleine d’un bout à l’autre, avec mutineries, massacres, anthropophagie, bateaux fantômes aux corps putréfiés, souffrances de la faim et de la soif, tempêtes destructrices, espoirs et désespoirs de salut par d’autres embarcations, mais aussi exploration de l’Antarctique, de ses îles et de sa faune (qu’on massacre aussi, en toute bonne conscience). La fin s’oriente vers le fantastique.
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