Extrait d’un manuscrit sauvé par Madame Juliette Drouet, alors que son auteur, menacé d’une arrestation certaine par les sbires du hacheur de parisiens Napoléon le Petit en décembre 1851, avait dû prendre la fuite et s’exiler. Cet auteur, aimé, adoré, admiré, vénéré par cette même Dame Drouet, eut une certaine notoriété pour laquelle l’inspiration, le soutien, les encouragements, la consolation, la tendresse, la sensualité, l'intelligence, le travail de « Juju » furent essentiels.
Repères historiques :
- Coup d’Etat de Napoléon III, décembre 1851 : 400 parisiens saignés ; - Journées de répression de juin 1848, 2ème république : 5000 parisiens occis ;
- Répression de la Commune de Paris, mai 1871, 3ème république : 7500 parisiens abattus.
La grâce séduisante d'une gorge naissante
Un nuage de taffetas cachant ses doux appâts
C'est Juliette Drouet partant pour Guernesey
Où trottent des ânons portant de longs caleçons
Dans la vieille diligence qui sautille en cadence
Elle tire de son corsage un merveilleux message
Et Juliette Drouet plus fraîche qu'un bouquet
Se met à le relire et rougit de plaisir
Près d'elle sur la banquette un argousin la guette
On ne plaisantait pas sous Napoléon III
Mais Juliette Drouet jette au loin le billet
Un chevreau le dévore le pandore s'endort
Mais voici Guernesey, Juliette aux aguets
Aperçoit sur le port la barbe de Victor
Tous les vieux Anglo-Normands sourient en les voyant
Marcher bras dessus, bras dessous se faire les yeux doux
Les petits ânes en caleçon ouvrent de grands yeux ronds
On ne voit pas tous les jours le génie et l'amour
Dans le champ des étoiles une faucille d'or
Juliette s'endort dans les bras de Victor
Une faucille d'or dans le champ des étoiles
Veille jusqu'à l'aurore sur Juliette et Totor
Ricet Barrier.
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