vendredi 13 mai 2016

Shopping et baise et littérature.

A l'heure où les artistes impertinents, l'esprit embrumé par leur indigestion de pognon, embrassent la police, cette police qui assassine ou mutile les jeunes rebelles ou simplement pauvres et moins blancs que blancs ; à l'heure où les intellectuels bourgeois réaffirment leur fidélité indéfectible à leur classe sociale au moment ou leurs hommes liges imposent un renforcement de plus de la prostitution du prolétariat  à celle-ci, il est bon de se pencher sur les nouvelles publications scientifique concernant ce type d'intellectuel reconnu, insolent le cul sur sa chaise, mais féroce et impitoyable dès que la louche de son caviar risque de perdre quelques cm3.

Bourgeois bien nourri, regardez cette trogne, il devait bien aimer le jus de la treille, autant que les petite femmes des Maison ! Ah ! Gaule ! Gaule ! Bon, il aimait moins que les ilotes relèvent la tête...

A la plèbe on a toujours éprouvé de l'antipathie pour Gustave Flaubert. Ca veut pas dire qu'on le boycotte, on a l'esprit ouvert, et personnellement j'ai lu L'Education sentimentale, et peut-être même Bouvard et Pécuchet, mais j'avoue que ça ne m'a absolument pas transcendé et que je n'en ai quasiment gardé aucun souvenir (à part l'apparition, oui et alors ? c'est génial ?). Je n'étais peut-être par prêt, ou dans de bonnes conditions. Et je suis open pour réessayer, voir même lire la Bovary. Ah si ! Pardon, deux textes m'ont vraiment transporté, mais leur thématique est religieuse, on va encore me traiter d'islamo-gauchiste, c'est La Légende de Saint-Julien l'hospitalier, et Hérodias, dans les Trois contes. Un coeur simple m'a profondément ennuyé. Ah ! J'avais oublié Salambô, mais dans la version de Druillet. Druillet + Flaubert, c'est un peu fatigant, mais ça ne m'a pas empêché de nommer ma chatte du nom de la princesse carthaginoise, pauvre petite chérie partie trop tôt. C'est comme ça, maniaque littéraire jusque dans les baptêmes (athées, athées, restez calme !), je ne vous ai pas dit comment s'appelle mon fils, et sans discernement.


Bref, ce n'est pas pour son oeuvre que nous détestons Flaubert, mais parce qu'il a assassiné les communards comme on sait, verbalement bien sûr, en crachant dessus. Il fait partie de ces bourgeois se servant comme piédestal d'une certaine satire de sa propre classe sociale, mais qui dès que le peuple s'émancipe, court derrière la troupe baiser les bas des dominants en criant haro sur les pouilleux ! Bien sûr, on sait bien que des salauds peuvent créer des merveilles, l'exemple bateau étant Céline, ou Aragon. Et on a remarqué que Flaubert est quand même très apprécié, chez les amateurs de livres, mais aussi chez les libertaires, ou d'autres... A votre avis, qui est la première traductrice de gros Gustave en anglais à Londres en 1886 ? Eleanor Marx-Aveling, fille de, oui... papa ! Alors, encore une fois, en toute humilité, on se dit qu'on le relira un jour...


D'autant qu'aujourd'hui, de nouveaux résultats critiques le prouvent, notamment ceux de Julian Barnes (dans Par la fenêtre, Folio), on sait que Flaubert était un précurseur, que dis-je un véritable prophète :

- Un premier indice venant corroborer cette thèse : cette nouvelle en trois ligne de Félix Fénéon (qu'on a à la bonne, lui,  par contre) :

"Delphine Delamare, 27 ans, épouse d'un officier de santé de Ry, se montra trop peu austère. Qui pis est, elle s'endetta. Au désespoir, elle avala du poison". Ca ne vous rappelle rien ? Le synopsis de madame Bovary, oui da ! Mais la chronologie prouve que Flaubert n'a pas pu s'inspirer de ce fait divers là, si nettement tracé par Fénéon. Conclusion : Flaubert visionnaire !

- Et le deuxième et définitif indice : Vous l'ignoriez, Madame Bovary, à l'occasion d'une nouvelle traduction américaine, fut publié en feuilleton par Play Boy. Le livre proposant cette traduction proposait quant à lui  en bandeau publicitaire : The original Desperate Housewives. Et Barnes de conclure : "Si tarte que cela paraisse", la vérité n'est pas si loin. Après tout, conclut-il, c'est "le premier grand roman moderne du genre "shopping-et-baise"".

L'excellente première saison des Desperate housewies, satire grinçante de l'american way of life de la middle class. Après ça va vite se recentrer vers le contraire : un martelage de l'idéologie libérale et bien pensante de la bourgeoisie étasunienne, le fameux shopping-et-baise, quoi.

Un précurseur qu'on vous dit. Mais vous ne nous en voudrez pas si avant de tâter de la Bovary, on se fait d'abord la trilogie de Jules Vallès, qu'on n'a pas encore lue.

Une Chronique de Delfeil de Ton dans Siné mensuel m'a inspiré tout ça. Et ciao à Siné qui, même s'il a souvent dit des bêtises, est toujours resté du bon (mauvais ?) côté de la barricade ! 

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