mercredi 3 mai 2017

Du nouveau sur Zola

      La revue scientifique américaine New Reader vient de publier des manuscrits inédits du Germinal de Zola, que celui-ci aurait écartés de l'ouvrage définitif. C'est l'arrière petit fils d'une soubrette de l'illustre écrivain et humaniste, dont le grand père avait émigré en Amérique pour y trouver un emploi chez un marchand de vin de Boston, qui a retrouvé ce précieux document, au milieu de chaudes lettres d'amour dont nous tairons la teneur, dans une grande caisse du grenier du siège social de la grande entreprise d'importation de Bourgueil distillé par radiations que dirige aujourd'hui le descendant du pionnier.

      Nous savons que le jeune journaliste Zola, arriviste avant tout, répandit sur les charniers de la Commune son flot d'ignominies, vomit son eau forte sur les insurgés vaincus et assassinés. Certes, il se rattrapa par un courageux humanisme lors de l'Affaire que tout le monde connait, quelques trente ans après. Pour cela, pour ce vaillant combat qu'il mena sur sa vieillesse contre nationalistes, jésuites, antisémites, militaristes et autres ganaches galonnées, tel un frère Jean des Entommeures déchaîné contre les hordes picrocholines, on peut lui savoir gré, peut-être lui pardonner. Mais il reste malgré cela un écrivain qui, sous des dehors progressistes, a toujours dépeint la classe ouvrière comme un amas de brutes avinées, malpropres et violentes. Le roman Germinal en est un exemple.

      Ces manuscrits perdus et retrouvés, montrent un paroxysme dans le préjugé anti-ouvrier de l'écrivain bourgeois : nous y voyons des mineurs querelleurs, envieux, puérils, grossiers, de mauvaise foi, et, pour couronner le tout, d'une culture plutôt au ras des paquerettes. Peut-être est-ce cette charge par trop exagérée qui poussa le grand gazé à faire don de cette esquisse, modeste brouillon pour lui, mais si précieux souvenir pour elle, à son ancillaire maîtresse.

      Je vous les livre en exclusivité ici, une traduction par mes soins en français d'une traduction du français en anglais, vous excuserez les quelques erreurs possiblement éparses au fil du texte.  Comme il s'agit d'un premier jet que le grand homme envoya à sa femme de chambre pour qu'elle lui dise ce qu'elle en pensait, le texte est resté sous forme de dialogue, non encore rédigé narrativement.

Malgré son ridicule appendice pileux de hipster, Emile a consacré son oeuvre au paupérisme, et une partie cachée de sa vie à honorer la dignité des gens de condition servile, pour qui il ressentait une réelle tendresse.

      Littérature.

     Mineur 1 : Me parle point sur ce ton, salaud de menteur !
     Lantier : Sale porc, t'as vraiment rien à foutre dans cette mine.
     Mineur 1 : Gros con de snobinard ! Tu te crois si malin !
     Contremaître : Vous vlà encore en train de vous battre, putain ! Arrêtez donc ou je vous carre cette pioche dans la gueule ! Qu'est-ce qui s'est passé ?
     Mineur 1 : C'est lui qui a commencé.
     Contremaître : J'm'en contrefous, de qui a commencé. C'est à quel propos ?
     Lantier : Ben, il prétend que le putain de traité d'Utrecht c'était en 1713.
     Mineur 1 : Et j'ai foutrement raison !
     Lantier : Foutrement tort ! Il a été ratifié en février 1714.
     Mineur 1 : Il bluffe. Il te manque une case, Lantier. Tu dis n'importe quoi.
     Contremaître : Il a raison, Lantier,. Le traité a été ratifié en septembre 1713. Toute cette foutue mine sait ça. Relis ton Trevelyan, page 468.
     Mineur 2 : Il pendait au putain de traité de Westphalie.
     Lantier : T'es en train d'insinuer que je fais pas la différence entre la putain de guerre de Succession d'Espagne et la putain de guerre de Trente Ans ?
     Mineur 2 : Tu ferais même pas la différence entre la bataille de Borodino et le cul d'un tigre.
     (Ils commencent à se battre)
     Contremaître : Arrêtez ça ! Arrêtez ça ! J'en ai ras le casque de vos putains de bagarres ! Quand c'est pas le foutu traité d'Utrecht, c'est le foutu théorème binomial ! On n'est pas dans la salle des doyens du Collège de France, ici putain ! On est à la mine !
     Mineur 3 : Hé, contremaître, tu peux régler queuquechose ? Maheu dit qu'on trouve l'abaque entre les triglyphes des frises de l'entablement des temples doriques classiques.
    Contremaître : Espèce de gros abruti, Maheu, ça c'est la métope. L'abaque, l'est entre l'architrave et l'échine dans le Capitole.
     Maheu : Putain de menteur !
 
     Nous espérons que cette précieuse découverte fera faire un bond aux études zoliennes.

4 commentaires:

  1. Réponses
    1. Wroblewski : Ben, il prétend que le putain d'extrait de Zola c'est du Monty Python ou du Yanne.
      Mineur 1 : Et il a foutrement raison !
      Wroblewski : Foutrement tort ! Pourquoi que ce serait pas du Allais, ou du Desproges, eh ! face de balai !
      Mineur 1 : Tu bluffes. Il te manque une case, Wrob. Tu dis n'importe quoi.
      Contremaître : Il a raison, Wrob,. Ce dialogue d'hommes est des Python. Toute cette foutue mine sait ça. Relis ton Grand livre des Monty Python.

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  2. Zola, dans son "Paris" parle des anarchistes de façon assez bienveillante...

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    1. Merci CHROUM, je ne l'ai pas lu celui-là, pourtant dans ma jeunesse je me suis farci pas mal des Rougon en poche.
      Je suis taquin dans mon post, mais en vérité, Germinal, j'ai adoré, et pas seulement pour le personnage de Souvarine. Ça a été un grand choc pour l'adolescent que j'étais et que je suis resté tardivement, comme Notre-Dame de Paris, le Comte de Monte-Cristo, l'Ile mystérieuse (etc., etc.)...

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