mercredi 11 novembre 2020

L'art de la litote

   Nouvelle étape au XIXe siècle : l'instruction du peuple devint une nécessité économique. Le capitalisme triomphant institua donc l'école publique qui fut, elle aussi, durant une période du moins, adaptée aux buts spéciaux qui l'avaient fait naître. Il ne s'agissait point, au fond - et quels que fussent les théories et les discours des universitaires idéalistes - d'élever le peuple, mais de le préparer à remplir avec plus de rationnelle efficience les besognes nouvelles que le machinisme allait lui imposer. Lire, écrire, compter, devenaient les techniques de base sans lesquelles le prolétaire n'était qu'un ouvrier médiocre. Et, dans le même temps, les rudiments de la littérature, d'enseignements géographique, historique, scientifique et moral devaient parfaire l'adaptation de l'individu au cadre étroit de son nouveau destin économique.
   Cette adaptation était à peu près parfaite dans la période 1890-1914. Le peuple lui-même était apparemment satisfait et même quelque peu fier d'une école qui faisait de se fils des "savants". Les philosophes exaltaient les vertus de la raison et de la science, ces nouveaux dieux ; la patrie semblait solidement cimentée et les marchands de tout poil faisaient en toute sécurité de bonnes affaires.
   Le charme fut pourtant rompu et l'escroquerie macabre de 1914-1918 y contribua largement.
Célestin Freinet.- Pour l'école du peuple.

- Très surfait finalement, leur capitalisme. Ça a fait un flop.
- Oui, je suis déçu, déçu, déçu !
- Les vertus de la raison et de la science, qu'ils disaient, faire de nos fils des savants, qu'ils disaient !
- Lol ! ça a fait long feu...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Y a un tour de parole !