vendredi 20 novembre 2020

La dose de Wrobly : brumaire 2020 EC

- Célestin Freinet.- Pour l'école du peuple.
INVARIANT n° 4 :
Nul - l'enfant pas plus que l'adulte - n'aime être commandé d'autorité.
[...]
INVARIANT n° 6 :
(découlant des précédents)
Nul n'aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C'est la contrainte qui est paralysante.

- Georges Simenon.- Au rendez-vous des Terre-Neuvas.
   Seulement Maigret avait hâte d'être ailleurs ! Et il y avait ce nez ! Et une certaine emphase de petit-bourgeois qui s'écoute parler. [...] On sentait trop la boutique de Quimper, les discussions ayant précédé le départ, les cancans des voisins.[...] Et Maigret, en la regardant, l'imaginait telle qu'elle serait dix ans plus tard, avec les mêmes traits que son père, un air un peu sévère, bien fait pour en imposer aux clients du magasin. [...] Il aperçut sur son seuil un marchand de cordages. C'était un homme jeune encore, très grand, qui commençait à prendre du ventre. [...] Et l'homme [...] ne reconnut pas Maigret qui, d'ailleurs, hâta le pas, détourna la tête et esquissa une drôle de moue.

   Un chouette polar, dans la continuité de mon intégrale Maigret, bien glauque, qui pourtant se déroule en juin dans une station balnéaire, Fécamp (c'était avant que les centrales nucléaires envahissent la Normandie, interdisant par là toute tentation romantique associée à cette belle mais condamnée région). Une critique : la femme fatale, prostituée, est trop caricaturale, l'auteur insiste trop sur sa vulgarité, sa gouaille, son toupet, un peu à la Arletty. Du coup je ne suis pas du tout parvenu à l'imaginer et à la ressentir comme femme fatale, vénéneuse, ensorcelant et rendant quasi fous deux ou trois bonshommes de la fiction.
- Marcel Aymé.- Vagabondages.
   Marcel Aymé (avec les défauts que nous lui connaissons et ses amitiés nauséabondes) avait pourtant découvert très en avance pourquoi la France du COVID 19 se révélait la féconde matrice d'une certaine catégorie de rebelles que nous vomissons ici - un nom à la mode revient souvent chez les critiques révolutionnaires libertaires-égalitaires (mon parti de coeur et d'esprit même si, malheureusement, fort peu d'action), et je le cite pour paraître à la page même si je ne sais pas c'est qui et ne l'ai jamais entendu beugler : Ivan Rioufol, par exemple. Mais il y en a d'autres. Voici leur motivation essentielle : 

Il était pour [...] le respect des libertés qui permettent aux personnes fortunées de jouir tranquillement de leurs biens et prérogatives. (Article Aristophane). 

   Pour finir confessons que tout cela est du réchauffé, j'ai déjà lu la plupart de ces articles. Mais je me suis juré de râcler les fonds de tiroirs de ma bibliothèque de près d'attache concernant Marcel, je le fais donc, fidèle en cela à ma maniaquerie légendaire. 
 
 - Choderlos de Laclos.- Poésies.
   Le poème dont vous trouverez un extrait ci-dessous, irrita la comtesse Du Barry (Jeanne Bécu, la dernière favorite du roi Louis XV de 1768 à 1774, guillotinée le 8 décembre 1793 à Paris) car elle se sentait visée (voir la fin du morceau choisi). Mais l'épitre dans son ensemble est un éloge des amours roturières (Brassens n'est pas loin), ou, pour être honnête, plutôt ancillaires, ou prostituaires... : de nos jours nous devons réviser le lecture de nos écrivains libertins favoris à l'aune de la prise de conscience qu'apporte le féminisme, "Balance ton porc", l'exposition des violences de genre et autres féminicides, la critique du système prostitutionnel... et c'est une très bonne chose. Mais parfois j'aime à rêver, moi qui n'ai plus aucune activité de ce type, que ces amours furent parfois partagées, respectueuses de chacun(e)s, librement désirées sans arrière pensée d'obéissance, de survie, de protection... 

Mais Margot a de si beaux yeux
Qu'un seul de ses regards vaut mieux
Que fortune, esprit et naissance.

[...]
Non, l'aimable enfant de Cythère
Craint peu de se mésallier :
Souvent pour l'amoureux mystère,
Ce Dieu, dans ces goûts roturiers,
Donne le pas à la Bergère,
En dépit des seize quartiers.
Eh ! qui sait ce qu'à ma maîtresse...
Garde l'avenir incertain ?
Laissez la devenir catin
Et bientôt son heureuse adresse
Saura corriger le Destin.




NECROLOGIE
 
Discret hommages à deux écrivains plutôt chers à ce blog et morts récemment. Comme d'habitude, ne lisant que des mensuels sur arbres morts, et ne sacrifiant pas aux chaînes en continu et sites d'info et d'intox de l'oligarchie, je suis un peu en retard. Une des particularités de ces deux écrivains est que je n'ai rien lu d'eux, mais j'en ai chié entendu parler.

- Michel Ragon : 24 juin 1924, Marseille - 14 février 2020, Suresnes.
A priori, comme pour notre ami Jimmy Gladiator, les ratichons ont confisqués et se sont attribués son cadavre, puisqu'on l'enterra à l'église Sainte Eustache à Paris.

- David Graeber : 12 février 1961, New York - 2 septembre 2020, Venise.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Y a un tour de parole !