En tant que classe possédant la richesse, ayant reçu avec la richesse l’obligation de dépense fonctionnelle, la bourgeoisie moderne se caractérise par le refus de principe qu’elle oppose à cette obligation. Elle s’est distinguée de l’aristocratie en ce qu’elle n’a consenti à dépenser que pour soi, à l’intérieur d’elle-même, c’est-à-dire en dissimulant ses dépenses, autant que possible, aux yeux des autres classes. Cette forme particulière est due, à l’origine, au développement de sa richesse à l’ombre d’une classe noble plus puissante qu’elle.
La France décore en catimini le prince héritier d’Arabie saoudite de la Légion d’honneur.
A ces conceptions humiliantes de richesse restreinte ont répondu les conceptions rationalistes qu’elle a développées à partir du XVIIe siècle et qui n’ont pas d’autre sens qu’une représentation du monde strictement économique, au sens vulgaire, au sens bourgeois du mot.
Le PDG de PSA Carlos Tavares double son salaire : 5,24 millions d’euros : « Chut ! Go ahead, make my day ! »
La haine de la dépense est la raison d’être et la justification de la bourgeoisie : elle est en même temps le principe de son effroyable hypocrisie. Les bourgeois ont utilisé les prodigalités de la société féodale comme un grief fondamental et, après s’être emparés du pouvoir, ils se sont cru, du fait de leurs habitudes de dissimulation, en état de pratiquer une domination acceptable aux classes pauvres.
Et il est juste de reconnaître que le peuple est incapable des les haïr autant que ses anciens maîtres : dans la mesure où précisément, il est incapable de les aimer, car il leur est impossible de dissimuler, du moins, un visage sordide, si rapace sans noblesse et si affreusement petit que toute vie humaine, à les voir, semble dégradée.
La socialiste serait pressentie pour être présidentiable. Elle pourra alors, si ce n'est déjà fait, profiter du magnifique yacht à propos duquel le petit prédécesseur de Pépère a tant injustement été critiqué.
Et il est juste de reconnaître que le peuple est incapable des les haïr autant que ses anciens maîtres : dans la mesure où précisément, il est incapable de les aimer, car il leur est impossible de dissimuler, du moins, un visage sordide, si rapace sans noblesse et si affreusement petit que toute vie humaine, à les voir, semble dégradée.
Il faut ajouter que l’atténuation de la brutalité des maîtres – qui ne porte d’ailleurs pas tant sur la destruction elle-même que sur les tendances psychologiques à la destruction – correspond à l’atrophie générale des anciens processus somptuaires qui caractérise l’époque moderne.
La lutte de classe devient au contraire la forme la plus grandiose de la dépense sociale lorsqu’elle est reprise et développée, cette fois au compte des ouvriers, avec une ampleur qui menace l’existence même des maîtres.
Georges Bataille.- La Notion de dépense.
La lutte de classe devient au contraire la forme la plus grandiose de la dépense sociale lorsqu’elle est reprise et développée, cette fois au compte des ouvriers, avec une ampleur qui menace l’existence même des maîtres.
quelques lignes "d'espoir" qui datent..
RépondreSupprimerCar,gn'a pas,on est fatigué,
On n'donn pus dans la politique,
Ses pantins noirs et leur chiqué;
On sait qu'tout ça,c'est des "pratiques"
On s'fout d'un Dieu qui, s'il existe,
A sûr'ment dû nous oublier;
Car d'pis l'temps qu'on l'a supplié,
L'aurait pu fair'la vie moins triste!
On a soupé des comédies,
Des moral's, des phizolofies,
L'Homm' doit pus fair'que son plaisir
Et la beauté de ses désirs.
A las barricadas..
Ludwig
Salut Ludwig,
RépondreSupprimerC'est le rictus de Carlos Tavares qui t'a fait penser à Jehan ? En tout cas merci pour cet extrait plein d'espoir, et je me permettrais d'ajouter ceci :
On s’en fout des Idéalisses
Qui su’ not’ râb’ se chamaillaient
Et des z’avocats socialisses
Poilus, gueulards et marseillais !
Repassé par Répu ces derniers temps ?
Le monde ou rien !
oui un vieux "soliloques du pauvre" offert par le tonton comédien..que du bonheur
SupprimerNon pas répu, j'ai l'impression (lointaine) que la récup va dare-dare, plutôt partant sur Saint-denis ou j'ai mes petites habitudes..
"du pain ou la mort"
Ok ! A bientôt !
RépondreSupprimerContinuons le début !
Un grand merci pour ce superbe texte de Bataille, que je ne connaissais pas, et pour ces quelques strophes du bon Rictus. Du baume au coeur.
RépondreSupprimerEt vive la Sociale !
C'est avec plaisir cher Promeneur, et ravi que votre chemin vous ait mené en ces lieux de suave perdition !
RépondreSupprimerEt dans quel ouvrage ce texte de Bataille a-t-il été publié ? Ça donne envie de lire la suite.
RépondreSupprimerDans La Notion de dépense.- Nouvelles éditions Lignes, 2011. C'était à l'origine un article dans la revue marxiste anti-stalinienne de Boris Souvarine La Critique sociale, n° de janvier 1933 (eh ! oui, au même moment, le 30, Adolf Hitler est nommé Chancelier par le Président Hindenburg). La revue avait pris ces distances face à ce texte sur-critique. Un tout petit livre aujourd'hui, mais passionnant, actuel, galvanisant, parfois un peu ardu. Il y reprend les thèse de l'anthropoloque Marcel Mauss sur le don, ou le potlatch, les développe et les adapte à sa sauce !
RépondreSupprimerHug !
Je précise que j'ai trouvé la postface de Francis Marmande de l'édition Lignes passionnante également, mais aussi parfois hilarante.
RépondreSupprimerBataille chez "La critique sociale" ! Voilà qui m'avait échappé. Merci du tuyau, camarade.
RépondreSupprimerOui, oui, on y retrouve aussi son jeune pote Queneau (Raymond), qui y éxécute par exemple le Nizan des Chiens de gardes. Lu ni le le livre ni la critique (en revanche lu les Nouveaux d'Halimi, bien, et vu le film homonyme de Balbastre, pas mal), mais j'aimerais bien voir ça...
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