Quelques jours après mon post sur Ferrer à Bruxelles, la violence fanatique s'est déchaînée dans cette ville plutôt bonne enfant. J'y ai donc réfléchi à deux fois avant de poster cet article sur la statuaire politiquement proche de la Plèbe, craignant, par un scrupule superstitieux, provoquer d'autres carnages. Et puis non ! Ne nous laissons pas gagner par l'irrationnel, c'est ce qu'"ils" veulent, et faisons preuve de courage en résistant, comme nos glorieux anciens. Je suis donc allé à un concert de jazz la semaine dernière et je publie aujourd'hui ce défi au mauvais sort. Il se présentera sous la forme de quelques sculptures ayant défrayé la chronique en leur temps :
Le retour de Charles Fourier
"Le lundi 10 mars 1969, à 19 heures, au moment même donc où commençait une « grève générale » d’avertissement soigneusement limitée á 24 heures par l’ensemble des bureaucraties syndicales, la statue de Charles Fourier était remise, place Clichy, sur son socle, resté vide depuis que les nazis en avaient enlevé sa première version. Une plaque gravée à la base de la statue en disait l’origine : « En hommage à Charles Fourier, les barricadiers de la rue Guy-Lussac ». Jamais encore la technique du détournement n’avait touché un tel domaine.
La police s’avisa peu après de sa présence, et laissa une garde autour d’elle durant toute la journée du lendemain. Elle fut enlevée à l’aube du surlendemain par les services techniques de la Préfecture.
Un commando d’une vingtaine « d’inconnus », comme disait Le Monde du 13 mars, avait suffi à couvrir toute l’opération, qui dura un quart d’heure. D’après un témoin, cité par France-Soir du 13, « huit jeunes gens d’une vingtaine d’années sont venus le déposer à l’aide de madriers. Une jolie performance si l’on sait qu’il n’a pas fallu moins de 30 gardiens de la paix et d’une grue pour remettre, le lendemain, le socle à nu. »
Et L’Aurore, pour une fois véridique faisait remarquer que la chose était notable car « les enragés ne rendent pas tant d’hommages »."
L’Internationale situationniste #12
Le petit paysan de Gentioux, qui, non content d'être confisqué par des associations à la naphtaline et des élus autoritaires protégés des anti-militaristes conséquents par leur chère maréchaussée, ici, comme tant d'autres, voit son hommage photographique gâché par un de ces couillons de touristes venant accomplir ses mômeries entre mon objectif et l’œuvre immortelle.
"Voyons donc quels sont les principes de notre nouvelle association. Elle s’appelle Ligue de la paix et de la liberté. C’est déjà beaucoup ; par là nous nous distinguons de tous ceux qui veulent et qui cherchent la paix à tout prix, même au prix de la liberté et de l’humaine dignité. Nous nous distinguons aussi de la société anglaise de la paix qui, faisant abstraction de toute politique, s’imagine qu’avec l’organisation actuelle des Etats en Europe la paix est possible. Contrairement à ces tendances ultra-pacifiques des sociétés parisienne et anglaise, notre Ligue proclame qu’elle ne croit à la paix et qu’elle ne la désire que sous la condition suprême de la liberté. […]
Cette justice si universelle et qui pourtant, grâce aux envahissements de la force et aux influences religieuses, n’a jamais encore prévalu, ni dans le monde politique, ni dans le monde juridique, ni dans le monde économique, doit servir de base au monde nouveau. Sans elle point de liberté, point de république, point de prospérité, point de paix !"
Michel Bakounine.
Notre ami Balzac qui, bien que monarchiste, nous a bien fait rêver d’aventures, quand on arpentait sa Comédie et Paris, avec la croyance que, à un coin de rue, on pourrait rencontrer un Vautrin qui nous dévierait du droit chemin, un des Treize qui nous coopterait dans un rocambolesque complot, ou une fille aux yeux d’or... ! Malheureusement, sortie de la diégèse et des bitures, la vie sous la normalisation capitaliste et high-tech semble bien avoir réduit la possibilité d'aventure comme peau de chagrin, enfin pour ceux qui ne souffrent ou ne meurent pas en Méditerranée, sous les bombes, les verrous, de faim, sans soins, dans des hangars de "plein air" ou aux abattoirs… Il est vrai que la lutte pour la survie face au totalitarisme bureaucratique-marchand relève d'une forme, morbide mais néanmoins réelle d'aventure, ne serait-ce que par l'ingestion de la soupe fécale appelée poulet de chair, la fouille de poubelle pour trouver un croûton, ou la dégustation d'un yaourt périmé depuis trois semaine que monsieur Jean-Charles Naouri ou un autre de ces philanthropes réalistes à bien voulu nous vendre à prix réduit. Je ne pense pas non plus à l'aventure que le fric permet. Mais à l'aventure des rencontres, du partage, de la gratuité, de la création, des nobles combats... Vous me direz, il faudrait pouvoir se secouer un peu et les plus dynamiques d'entre nous font quand même de beaux vrais voyages (on m'a narré récemment un chouette bout de chemin avec les zapatistes mexicains, mais pas besoin d'aller si loin, le bocage nantais ou certaines récentes batailles lycéennes bergsoniennes sont finalement la preuve que l'aventure n'est pas morte), pas forcément au bout de la nuit. Il suffit parfois de ramasser un pavé pour que, d'un coup, l'aventure soit de nouveau au coin de la rue... Et puis, pour revenir à Balzac lui-même, il avait un côté bohème et un caractère cocasse avec ses dettes, son addiction au café, sa passion dévorante d’écrire et ses amours malheureuses, qui me le rendent finalement symapthique.
En ce qui concerne la sculpture, on se souvient, en tout cas on vous le rappelle, que le Balzac de Rodin a scindé la France en deux, déchaînant haines et passions, de la même manière que l’affaire Dreyfus au même moment, et sur la même ligne de front : les dreyfusards, la gauche et les libertaires étaient plutôt pour, les nationalistes, cléricaux et autres réactionnaires franchement contre. Ca a chauffé. Zola s’en est mêlé, défendant Rodin comme il défendait Dreyfus. Zola que nous vomissons quand, petit journaleux arriviste, il crache sur les vaincus de la Commune, verrue ! Mais qui malgré tout, à eu une évolution pour ainsi dire inverse de celle de Renaud Séchan, et qui s’est un peu rattrapé lors de cette sombre Affaire. Quand à Rodin, ce petit chef d’entreprise à l’idéologie de chef d’entreprise, il ne s’est pas mouillé, refusant de s’engager pour soutenir celui qui l’avait défendu, n’ayant pas d’opinion sur la culpabilité de Dreyfus, préférant continuer d’exploiter ses nombreux tâcherons et profiter de ses commandes d’Etat pour fignoler son plan de carrière. Cependant, comme nous l’avons constaté plusieurs fois ici, le génie, la grâce artistique dépassent souvent la mesquinerie des individus qu’ils traversent, et ce Balzac a une sacrée gueule, comme l’œuvre collective estampillée Rodin est souvent sublimissime.
A suivre, peut-être...
Michel Bakounine.
Le Balzac de Rodin
Notre ami Balzac qui, bien que monarchiste, nous a bien fait rêver d’aventures, quand on arpentait sa Comédie et Paris, avec la croyance que, à un coin de rue, on pourrait rencontrer un Vautrin qui nous dévierait du droit chemin, un des Treize qui nous coopterait dans un rocambolesque complot, ou une fille aux yeux d’or... ! Malheureusement, sortie de la diégèse et des bitures, la vie sous la normalisation capitaliste et high-tech semble bien avoir réduit la possibilité d'aventure comme peau de chagrin, enfin pour ceux qui ne souffrent ou ne meurent pas en Méditerranée, sous les bombes, les verrous, de faim, sans soins, dans des hangars de "plein air" ou aux abattoirs… Il est vrai que la lutte pour la survie face au totalitarisme bureaucratique-marchand relève d'une forme, morbide mais néanmoins réelle d'aventure, ne serait-ce que par l'ingestion de la soupe fécale appelée poulet de chair, la fouille de poubelle pour trouver un croûton, ou la dégustation d'un yaourt périmé depuis trois semaine que monsieur Jean-Charles Naouri ou un autre de ces philanthropes réalistes à bien voulu nous vendre à prix réduit. Je ne pense pas non plus à l'aventure que le fric permet. Mais à l'aventure des rencontres, du partage, de la gratuité, de la création, des nobles combats... Vous me direz, il faudrait pouvoir se secouer un peu et les plus dynamiques d'entre nous font quand même de beaux vrais voyages (on m'a narré récemment un chouette bout de chemin avec les zapatistes mexicains, mais pas besoin d'aller si loin, le bocage nantais ou certaines récentes batailles lycéennes bergsoniennes sont finalement la preuve que l'aventure n'est pas morte), pas forcément au bout de la nuit. Il suffit parfois de ramasser un pavé pour que, d'un coup, l'aventure soit de nouveau au coin de la rue... Et puis, pour revenir à Balzac lui-même, il avait un côté bohème et un caractère cocasse avec ses dettes, son addiction au café, sa passion dévorante d’écrire et ses amours malheureuses, qui me le rendent finalement symapthique.
En ce qui concerne la sculpture, on se souvient, en tout cas on vous le rappelle, que le Balzac de Rodin a scindé la France en deux, déchaînant haines et passions, de la même manière que l’affaire Dreyfus au même moment, et sur la même ligne de front : les dreyfusards, la gauche et les libertaires étaient plutôt pour, les nationalistes, cléricaux et autres réactionnaires franchement contre. Ca a chauffé. Zola s’en est mêlé, défendant Rodin comme il défendait Dreyfus. Zola que nous vomissons quand, petit journaleux arriviste, il crache sur les vaincus de la Commune, verrue ! Mais qui malgré tout, à eu une évolution pour ainsi dire inverse de celle de Renaud Séchan, et qui s’est un peu rattrapé lors de cette sombre Affaire. Quand à Rodin, ce petit chef d’entreprise à l’idéologie de chef d’entreprise, il ne s’est pas mouillé, refusant de s’engager pour soutenir celui qui l’avait défendu, n’ayant pas d’opinion sur la culpabilité de Dreyfus, préférant continuer d’exploiter ses nombreux tâcherons et profiter de ses commandes d’Etat pour fignoler son plan de carrière. Cependant, comme nous l’avons constaté plusieurs fois ici, le génie, la grâce artistique dépassent souvent la mesquinerie des individus qu’ils traversent, et ce Balzac a une sacrée gueule, comme l’œuvre collective estampillée Rodin est souvent sublimissime.
A suivre, peut-être...
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