lundi 20 février 2017

La dose de Wrobly : pluviôse 2017 ère commune


- Manuel Devaldès.- Contes d'un rebelle.
On peut en lire un ici.
 

- Les Monty Python.- Le grand livre des Monty Python.


- Christian Signol.- Une si belle école.
Un cadeau. Gentil.


- Régis Jauffret.- Claustria.
Pioché dans le carton de livres mis à ma disposition au siège social du journal Article 11 (en fin de vie à l'époque), par une sympathique jeune personne travaillant par ailleurs aux éditions du Seuil. Rappelons que plusieurs plumes de ce journal, et pas des moindres, oeuvrent désormais occasionnellement dans l'excellent et indispensable journal marseillais CQFD. De St-Denis à Marseille, on pourrait trouver exode plus pénible climatiquement parlant. Bref revenons au livre : glauquissime. J'ai pensé à du Houellebecq (pour la complaisance a but lucratif dans le sordide - cet écrivain, avec d'autres m'as-tu-vu réacs des zarzélettres, a d'ailleurs soutenu Jauffret quand il a eu des problèmes avec l'Autriche, ce qui n'est pas sans faire naître en moi quelques préjugés défavorables envers ce dernier), à du Jonquet (pour la complaisance dans le sinistre à but artistique, cathartique, peut-être éthique - Mygale par exemple -), à Salo aussi, le personnage principal étant un violeur passionné, petit sadique fascisant et familial de capitale de district. Et puis aussi à ce poème de Baudelaire :

Ainsi je voudrais une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
[...]

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !

Ou cette note du même de Fusées : "Une fois il fut demandé devant moi en quoi consistait le plus grand plaisir de l'amour. Quelqu'un répondit naturellement : à recevoir, - et un autre : à se donner. - Celui-ci dit : plaisir d'orgueil ! et celui-là : volupté d'humilité ! Tous ces orduriers parlaient de l'Imitation de J[ésus]-C[hrist]. - Enfin il se trouva un impudent utopiste qui affirma que le plus grand plaisir de l'amour était de former des citoyens pour la patrie./Moi, je dis : la volupté unique et suprême de l'amour gît dans la certitude de faire le mal."

Le problème de Fritzl, le bourreau de ce roman, donc, est d'avoir pris au pied de la lettre de tels fantasmes, et de les avoir appliqués avec méthode : après quelques viols lui ayant attiré de modestes années de prison, il séquestre sa fille pendant 24 ans dans une cave, la violant toutes ces années durant, en obtenant six enfants, dont trois remonteront à la surface pour être élevés par leur grand et belle mère, et trois autres resteront en bas jusqu'à leur découverte par la police. Ah ! j'oubliais, malgré les dénégations de l'auteur en début de livre, cette fiction est inspirée de faits réels, ayant défrayé la chronique en Autriche en 2008.


- Charles Baudelaire.- Les Fleurs du mal.
Relecture à un âge où je n'espère plus faire ce que font les personnages des livres que je lis. Remarquez j'ai bien donné, les paradis artificiels, le spleen, la parodie sordide de sexualité singeant la jouissance supposée d’amours romantiques ou libertines inexistantes et anesthésiant la frustration permanente de la quête pathétique et forcément toujours avortée d’adoption affective d’un égocentrique coincé et pétri par les peurs, aux capacités trop débiles pour la taille de ses fantasmes sommes toutes plutôt convenus. Je crois bien que je suis allé au bout de ce "spleen" là, enfin mon bout, mon fond, évidemment il y en a toujours de plus profonds, sachons rester humbles. Il n'y a, de toute façon, aucun titre de gloire à un tel type de parcours. Mais je ne pense pas avoir démérité du grand censuré de 57 pour délit d'outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs. Je peux me permettre de relire ça en pantoufles. Pourtant, aujourd'hui encore, bien que délivré du cercle infernal de ces obsessions douloureuses et pulsions inassouvies, aujourd'hui que je me satisfais très bien de faire trois repas par jour (avec un bon bouquin pour digérer et une demie heure de musique avant dodo), j'en suis encore en quelques instants fugaces, à envier Baudelaire d'avoir eu une maîtresse comme Jeanne Duval. Déroutante, puissante, sournoise addiction !


- Les Treize morts d'Albert Ayler. Bon, heureusement, mon constat à un instant "t" d'une défaite totale, d'une abdication radicale (qui m'a néanmoins permis de ressusciter, grâce à la fraternité d'abord, puis à une nouvelle conception de la vie et un nouveau lien avec celle-ci différent de celui dans lequel Baudelaire s'enferre progressivement dans Les Fleurs du mal), ne m'a pas fait tomber dans un mysticisme morbide et macabre à la Albert Ayler, bien au contraire. Pourtant Ayler (prononcer "Aïe l'air !", comme la souffrance de simplement respirer) est un de ces musiciens qui m'ont le plus attiré (souvenirs fugaces de jeunesse, "free" écouté par mes potes anars dans les 90's, légende...), que, les connaissant peu en arrivant vers la quarantaine, j'ai eu le plus envie de découvrir (comme Roland Kirk, Frank Zappa, Charlie Haden, Eric Dolphy, Ornette Coleman, Claude Debussy, Igor Stravinsky, Olivier Messiaen... Eric Satie, qui m'était par contre déjà familier, j'avais même joué la première Gymnopédie au piano). Mais pour Ayler, je ne connais toujours quasi rien, et c'est bien le seul. Il faut dire que l'ami Yves, créateur et animateur de l'émission radiophonique Jazzlib' dont je vous fais la promotion deux fois par mois ici, ne l'a jamais passé... Et comme je me repose sur lui pour mon éducation en la matière... Ne l'aime-t-il pas ? Considère-t-il qu'à ce niveau de délire sonore ce n'est plus du jazz ? Bref, toujours est-il que j'ai simplement vaguement entendu parler de la fin tragique du musicien et des conjectures faites sur sa noyade inexpliquée : suicide, accident, meurtre, intervention surnaturelle... Ce livre m'en a appris bien plus. Comme les mousquetaires, ces 13 nouvelles donnant chacune une version de cette mort sont en fait 14. Je crois que ma préférée est celle de Thierry Jonquet, écrivain que j'affectionne particulièrement, tant il me surprend toujours. On y rencontre, au paradis, Adolphe Sax, eh oui ! l'inventeur du saxophone, et Beethoven, Charlie Parker, John Coltrane, Richard Wagner (un peu ostracisé par les autres sauvés de la division des musiciens, il faut le dire)..., et finalement le tant attendu Ayler, qui vient mettre le feu aux séjours délicieux avec son souffle convulsif et ses anches en plastique. Dans une autre nouvelle, très documentée, il apparait que le Prince des ténèbres, Miles Davis himself, jaloux du poulain de Coltrane, ne serait pas pour rien dans l'affaire... Si vous avez d'autres tuyaux...


2 commentaires:

  1. Et le menuet pour un ours, alors ?

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  2. Hi hi ! Oui, c'est vrai, je n'en n'ai pas parlé, mais c'est parce que j'en suis encore au déchiffrage. Je maîtrise mieux la langue de Finkelkrôt que la clé de fa... Peut-être un jour pourrez-vous l'entendre dans ces colonnes...
    Merci de la visite, c'est calme en ce moment...

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