vendredi 7 octobre 2016

Sortie des doigts

      Hier, on s'est sorti les doigts des poches, une fois n'est pas coutume. On fait ce qu'on peut pour aider à la grande oeuvre commune, malgré nos petits moyens.

Rappel des faits (inspiré d'un tract CGT) :

      Le 28 avril dernier, l’assemblée générale interprofessionnelle de Saint-Denis organisait une action au port de Gennevilliers dans le cadre du mouvement contre la loi Travaille ! Après cette action, alors que le cortège se rendait à la Bourse du travail de Saint-Denis pour tenir une assemblée générale, les policiers l'en ont empêché en « nassant » et en arrêtant environ 150 manifestant-e-s. Les policiers ont également frappé et placé en garde à vue Nicolas P., cheminot militant à SUD rail, et Nicolas Jounin, ancien enseignant en sociologie de l'université Paris 8 de St-Denis, militant notamment en soutien aux travailleurs sans-papiers.
     Au premier, il est reproché le port d’un Opinel, qu’il utilise quotidiennement au travail, et le refus de donner son empreinte ADN. Le second est accusé de violences sur policier (ce qu’il conteste), sur la base de l'unique témoignage d’un commissaire. Pour faire bonne mesure, le policier qui aurait été battu a eu un jour d’interruption temporaire de travail, autant que notre camarade frappé à la tête et à la hanche.
     Le lendemain de leur interpellation, les deux Nicolas ont refusé la comparution immédiate, cette justice expéditive qui a déjà envoyé de nombreux/ses militant-e-s contre la loi Travaille ! en prison. Ils étaient soutenus par une manifestation de 300 personnes, qui a contribué à leur remise en liberté rapide, alors que la procureure réclamait la détention provisoire contre Nicolas Jounin au nom du « contexte actuel » et du « risque de récidive » !
     Hier 6 octobre a eu lieu leur procès.
     Durant tout le mouvement contre la loi Travaille !, les violences policières, les interdictions de manifester, les cortèges encagés et les interpellations de militant-e-s se sont multipliés. Le but : nous intimider et nous dissuader de protester contre la régression inédite que représente la loi Travaille ! Les procès de manifestant-e-s nous concernent donc toutes et tous, car ils attaquent notre droit d’expression et de manifestation. C’est pourquoi La Plèbe a délégué l'un des siens au rassemblement devant le tribunal de Bobigny d'hier à 12h30 pour soutenir Nicolas P. et Nicolas J. et montrer sa solidarité face à la répression.

     Nous rappelons que Nicolas Jounin était passé le 29 avril dernier sur BFM TV, où il avait été confronté à la servilité agressive d'un larbin médiatique, tout en essayant de faire passer le message d'un refus radical (mais posé) de cette loi, et accessoirement de son monde.

Reportage photo de notre compagnon Walery W. :

Aujourd'hui c'était la fête à Neuneu officielle au bureau. Même si c'est la direction qui décide de tout ce pognon dépensé plutôt que de nous faire des chiottes potables à l'étage, on peut pas dire que c'était pas sympa, les collègues étaient contents, et puis j'ai pu écouter un peu avant de partir la fanfare Tarace Boulba, et vu que je viens de me mettre au trombone, ça m'intéressait doublement. Fanfare que connais depuis bien 25 ans, j'avais même un pote qui jouait de la trompette dedans, apparemment les membres se renouvellent, mais ils jouent toujours un morceau qu'ils jouaient déjà à l'époque, je dois l'avoir en CD quelque part d'ailleurs... 

Cependant, laissant là mon désir de prolétaire (rester au chaud au bureau devant mon terminal, il faisait frisquet, faire un repas complet à la cantine, aller bouquiner un peu à la bibliothèque, ou zoner au milieu des stands de cette foire), je décide de m'adonner au stade suprême de l'aliénation : le militantisme.

Hop ! Après avoir poireauté un peu à la sortie du chagrin pour rejoindre le départ collectif prévu, je pars seul, n'ai vu personne, de toute façon je connais peu de monde. Je prends le métro, sans même resquiller (pas aliéné le type !).

J'étais quand même inquiet de trouver mon chemin  jusqu'au tribunal de Bobigny, je suis d'un naturel anxieux. Et puis paf ! à la sortie de St-Denis Basilique, là, devant moi, un gus avec un fin bâton entouré de tissu rouge ! Pas de doute, c'est un militant. Je le suis. Ils seront finalement quatre, deux hommes, deux femmes, de jeunes profs, que je suivrai discrètement dans le tram. Une demie heure quand même, pas si proche Bobigny. J'aurais voulu faire un reportage sur les contrées traversées, La Courneuve, puis Drancy, mais le tram' était bondé, et je suis encore timide avec mon appareil photo, je n'ose pas prendre quand il y a des gens qui pourraient être gênés ou me prendre pour un zarbi, ou un flic.

Arrivé à Bobigny, j'ai lâché mes guides pour aller faire pipi au Mac Do, pas trouvé de café, en méditant sur le symbole dialectique que constitue le fait que c'est dans une enseigne les plus représentatives du capitalisme mondialisé victorieux que l'on retrouve la gratuité de fonctions élémentaires de la vie. Enfin, faut surveiller quand même le vigile, mais ma couleur de peau me donne plutôt un atout pour accéder à l'urne libératrice. Puis j'ai cherché dans un sens.

Dans l'autre.

Ah ! ça se précise !

Salut les copains ! J'ai rencontré un collègue, discuté un peu le bout de gras. Des têtes connues qu'on croise dans les mouvements. Même Sylvie Tissot, que je connaissais de nom mais pas de vue. On a applaudi Nicolas Jounin qui rentrait se faire juger. On a attendu. J'ai commencé à avoir mal aux pieds. A crever de chaud sous ma triple couche, vu que le soleil avait un peu réchauffé l'atmosphère. Et puis je ne sais pas pourquoi, dès que je vois un drapeau syndical, je commence à m'ennuyer, c'est physique. Ceci dit sans aucun mépris, ce sont eux qui se bougent, dans le cadre du monde du travail en tout cas, mais c'est comme ça, une fragilité, une bizarrerie. J'ai cherché dans mes boîtes, par ci par là, l'autonomie ouvrière, mais je ne l'ai pas trouvée.

Après 45 mn de rassemblement, je rebrousse chemin, il n'y a pas grève aujourd'hui, je suis sensé être à mon poste, malgré les tolérances relatives de la fête au village, laissant les militants les plus patients et/ou engagés dans cette action, sous l'oeil bienveillant des bleus, même s'ils sont moins nombreux qu'en manif.

Direction la gare routière.

Prendre mon petit tram'. De retour au bureau des jeunes collègues apolitiques m'ont permis de griller la queue pour la barbe à papa.

Résultat partiel de la lutte (inspiré du compte rendu d'une militante SUD) :

     Il y avait sûrement près de 200 personnes en tout au rassemblement d'horizon très divers. La salle était pleine avec une bonne vingtaine de personnes debout. Les deux affaires ont malheureusement été séparées par la justice.

     Le procès de Nico de SUD Rail a été reporté au 5 janvier, mais son contrôle judiciaire est levé et il a de nouveau le droit de porter un opinel. Nouveau rassemblement à prévoir donc.

     Le procès de Nicolas Jounin a bien eu lieu durant près d'une heure. La procureure a requis huit mois avec sursis. Le délibéré aura lieu le 3 novembre.

     Nous vous laissons aller sur de vrais sites ou des blogs moins amateurs que celui-ci pour obtenir des infos plus qualitatives, qui vous permettront d'apprendre qu'un opinel est une arme, que le sérum physiologique est une potion magique vous permettant de vaincre les gaz lacrymogènes ou que la présence d'un tract de defcol dans votre sac indique votre volonté d'agresser des forces de l'ordre.





Verdict rajouté le 8 novembre : 6 mois avec sursis pour Nicolas. Une fois de plus un véritable déni de justice, une provocation en même temps qu'une tentative d'intimidation de toute révolte contre la violence croissante des dominants. Et toujours plus d'impunité et de pouvoir pour leurs exécuteurs de basses oeuvres de la police. Tout est faux dans ce procès.

2 commentaires:

  1. Et oui, l'opinel est une arme par destination ; voir le documentaire Délits-Flagrants de Raymond Depardon !
    Chevènement, entartré, a tenté de faire qu'une tarte à la crème soit une arme par destination, mais il n'a pas été suivi par la justice.
    Un opinel, quand on se fait arrêter par les keufs, selon le contexte, est presque tjrs considéré comme une arme par destination. Vaut mieux éviter d'en détenir un, car on choppe souvent une peine avec sursis. Et en cas de récidive, ce qui arrive fréquemment aux militants syndicaux ou politique, le sursis, ça tombe !

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  2. Oui, d'ailleurs au fil des manifs ce printemps je laissais une arme à la maison : d'abord casque à vélo, puis masque de ski, puis petite bouteille de jus de citron jaune, trop voyant... A la prochaine, je laisse mon écharpe, j'espère ne pas attraper froid...

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