Il n'y a absolument aucun chinois adepte de kung-fu dans le roman de Chandler.
- Raymond Chandler.- Fais pas ta rosière !
Je poursuis ma série des Marlowe, et celui-ci est de la bombe ! La Dame du lac m’avait un peu déçu, les histoires de sosies, où de gens grimés qui se font passer pour d'autres, ça me paraît trop simple, téléphoné et tiré par les cheveux. Quand on a vu Vertigo, difficile d'être satisfait quand le procédé est plus convenu et grossier. Ca m’a fait le même coup avec une autre "Dame", celle en noir, et son parfum, ça m’a gâché un peu le plaisir, (attention si vous n'avez pas lu le roman de Gaston Leroux, ne finissez pas cette phrase, elle est divulgâcheuse) Larsan se faisant passer pour le jeune marié dans l'intimité du couple, c’est pas crédible. Quoique, le coup du sosie dans Monsieur Ripley d’Highsmith est très bien amené, et plausible.
Mais de toute façon, ce que je préfère dans Marlowe, ce sont ses réparties, leur inventivité, leur humour, leur art de chambrer gentiment mais sûrement. Et puis ses métaphores, toujours inattendues, originales, drôles ou poétiques. L’incontournable scène glauque-onirique sous stupéfiant ou après choc d'objet contondant aussi. Enfin ses coups de théatre en rafale en toute fin de roman, même si on a du mal à suivre. J’aime vraiment bien Chandler.
Mais de toute façon, ce que je préfère dans Marlowe, ce sont ses réparties, leur inventivité, leur humour, leur art de chambrer gentiment mais sûrement. Et puis ses métaphores, toujours inattendues, originales, drôles ou poétiques. L’incontournable scène glauque-onirique sous stupéfiant ou après choc d'objet contondant aussi. Enfin ses coups de théatre en rafale en toute fin de roman, même si on a du mal à suivre. J’aime vraiment bien Chandler.
Cette scène n'est pas dans le livre non plus. Plutôt qu'un Marlowe, ce film semble un nanar low.
- Liza Cody.- Sans la tête.
- Celui-ci non plus, je ne sais pas ce qu’il faisait dans ma bibli (voir ma dose de vendémiaire). Inconnue au bataillon, la Cody. Du diable si je me souviens qui me l’a offert, ou bien si je l’ai trouvé quelque part. En tout cas c’est bof ! bof ! Ca se veut truculent, haut en couleur, grossier, avec une héroïne caricaturale catcheuse vindicative. Dommage, pour une fois que c’est une femme qui mène la danse, mais dans le genre enflure, j’en viens à regretter le Béru de mon enfance, au moins avec lui j'étais assailli de hoquets convulsifs d'hilarité à ne plus pouvoir en reprendre mon souffle. Ici, je m’ennuie. Quant à l’intrigue, elle est aussi étique que la catcheuse est corpulente.
- André Lorulot.- Méditations et souvenirs d'un prisonnier, 1921.
Une curiosité de 1922 (livre d'époque), faisant une fois de plus le réquisitoire de cet instrument de torture et de dressage qu'est la prison. On y retrouve la trace de grands anciens. Mais dans l'ensemble cela m'a paru un peu fourre tout, inabouti, et un peu gentillet, avec tout le respect que je dois à un compagnon ayant payé de sa personne dans les geôles, ce qui n'est pas mon cas hormis quelques GAV et cellule de dégrisement négligeables.
Une curiosité de 1922 (livre d'époque), faisant une fois de plus le réquisitoire de cet instrument de torture et de dressage qu'est la prison. On y retrouve la trace de grands anciens. Mais dans l'ensemble cela m'a paru un peu fourre tout, inabouti, et un peu gentillet, avec tout le respect que je dois à un compagnon ayant payé de sa personne dans les geôles, ce qui n'est pas mon cas hormis quelques GAV et cellule de dégrisement négligeables.
- Choderlos de Laclos.- Les Liaisons dangereuses.
Un classique de chez classique, et qui sent le fagot, comme on les aime. Première lecture, mais on n’ignorait pas l’essentiel de l’intrigue. On a vu un film, celui de Frears. Pas le Valmont de Forman. On a envie.
Un classique de chez classique, et qui sent le fagot, comme on les aime. Première lecture, mais on n’ignorait pas l’essentiel de l’intrigue. On a vu un film, celui de Frears. Pas le Valmont de Forman. On a envie.
- Max Aub.- Campo Francés (Le Labyrinthe magique tome IV).
Comme je vous l'avais déjà raconté quelque part, après avoir lu les trois pavés fort intéressants, tragiques mais parfois cocasses par les retournements facétieux des destins, même si les conséquences en sont terribles, foisonnants, bouillonnants, un vrai labyrinthe, avec parfois ses longueurs (de longs dialogues idéologiques, par exemple, me paraissant oiseux dans leur désuétude, mais les sociétés des débats, que les polémistes se tirent sur la nouille sur papier, plateau de talk show, réseau social ou en café du commerce m'ont toujours vite lassé) ; après avoir lu les trois pavés des trois premiers tomes, donc, je me suis fait piquer à la portière le tome IV, beaucoup plus svelte que les autres, écrit en dialogues comme un scénar' de ciné, à ma portière, après bris de glace, à un feu rouge à Garges, ou Sarcelles, à la frontière... Enfin, le jeune entrepreneur en voulait à mon sac, il ignorait qu'il venait d'emporter une telle pépite à l'intérieur. Le sujet ? Actuel : la crise des réfugiés, que le pays des droits de l'homme a toujours su régler avec la plus grande hospitalité et fraternité : tout le monde en camp de concentration, allez hop là, et que ça saute, circulez, y a rien à voir ! Sauf que là, les réfugiés étaient espagnols, anarchistes ou républicains, mais aussi, juifs d'Europe centrale et d'ailleurs, communistes, aristocrates, intellectuels... Vous me direz, les espagnols, ils étaient en camp au chaud dans le sud, c'est mieux qu'à Calais. Détrompez-vous, une dame de la bibliothèque à qui je m'étais adressé pour lui annoncer le vol du livre, d'origine espagnole, m'a raconté à cette occasion que son père, n'avait jamais autant souffert que dans son exil en France, notamment du froid, et que la boue et le sang de l'autre côté des Pyrénées c'était de la gnognotte à côté. Bref, après l'avoir commandé à la bibli, j'ai enfin pu lire la fin. En attendant que le tome V soit équipé...
La Plèbe écoute tout le temps :
"MESSAGE AUX AUDITEURS… MESSAGE AUX AUDITEURS…
2016 année de merde, suite…
L'équipe de jazzlib' et radio libertaire tient à s'excuser pour les problèmes techniques irréversibles d'hier soir qui nous ont obligé à annuler l'émission in situ. Nous avons en effet, constaté qu'un appareil nécessaire à la bonne marche de notre émission, était hors service définitivement. Compte-tenu de nos moyens, il était trop tard pour trouver une solution rapide ne pénalisant pas la diffusion.
L'équipe de jazzlib' et radio libertaire tient à s'excuser pour les problèmes techniques irréversibles d'hier soir qui nous ont obligé à annuler l'émission in situ. Nous avons en effet, constaté qu'un appareil nécessaire à la bonne marche de notre émission, était hors service définitivement. Compte-tenu de nos moyens, il était trop tard pour trouver une solution rapide ne pénalisant pas la diffusion.
Il se trouve que je travaille majoritairement avec ma propre discothèque, qui est très fournie, mais dont certains vinyles ne se retrouvent pas en réédition CD. C'était le cas hier soir pour la partie Jimmy Blanton/Duke Ellington, dont une édition italienne introuvable ou quasi.
Nous vous renouvelons nos excuses les plus aplaties, 1mm d'épaisseur au moins, et vous promettons de la reprogrammer le plus rapidement possible dès que nous aurons l'assurance de la remise en état dudit matériel.
J'en profite pour vous dire qu'il existe une souscription de soutien à notre radio disponible sur le site ou à retirer à la librairie Publico rue Amelot dans le 11e. Cette souscription nous sert justement à pourvoir maintenir le minimum nécessaire au rachat ou à la réparation de matériel déficient.
Je vous tiens informé dès que j'ai des nouvelles.
Fraterniswing."
Yves JazzLib, le 18/11/2016.
Jeudi 17 novembre :
Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : nous continuerons à explorer l'œuvre gigantesque du Duke. Nous nous intéresserons à la très courte période pendant laquelle le Duke va embaucher un extraordinaire contrebassiste, sans-doute celui qui va sortir la contrebasse de son rôle d'arrière plan. En effet Jimmy Blanton a fait passer l'instrument définitivement vers la modernité. Pour cette émission, le contrebassiste Jacques Vidal a de nouveau eu la gentillesse d'accepter l'invitation afin de nous éclairer de sa connaissance de l'instrument et de l'histoire du jazz.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date
(Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous
êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les
semaines disponibles.
J'adore Chandler! La Dame du Lac a été traduit par Boris Vian si je me souviens bien. Marlowe a inspiré les détectives des polars de Vian/Sullivan...
RépondreSupprimerC'est pas que je suis obsédé par le grand Boris, mais il apparaît aussi dans les Liaisons Dangereuses, version Roger Vadim 1959. Tentative louable, bien qu'un peu ratée, de transposer l'intrigue au XXème siècle.
RépondreSupprimerLe Milos Forman est, à mon avis, beaucoup moins bon que le Stephen Frears...
https://www.youtube.com/watch?v=Jydn56Cr9tw
RépondreSupprimerMerci ElO ! J'aime bien Vian, notamment certaines de ses chansons (avec un petit faible pour celles mises en musique par Henri Salvador), et sa personne, un type bien, hyper-actif, une étoile filante comme j'évoquais ces créateurs partis trop vites dans mon post précédent. Mais je n'ai encore rien lui de lui, honte sur moi ! Il me reste donc à découvrir, si Dieu (ou la loi de l'univers) me prête vie, tous ses bouquins, notamment ses polars. Je n'ai pas vu le Vadim non plus, il va me falloir du temps pour ça aussi ! A bientôt !
RépondreSupprimerBien d'accord avec EIO en ce qui concerne le Forman nettement inférieur au Frears.
RépondreSupprimerUne chaude recommandation pour amateur de Chandler : sa merveille absolue "The long good-bye" mais gaffe à lire la traduction d'Henri Robillot et de Janine Hérisson publiée en 1992 et surtout pas la version tronquée publiée auparavant sous le titre "Sur un air de navaja".
Au passage, mon adaptation cinématographique préférée de ce roman est "Le privé" d'Altman sorti en 1973 avec un Eliott Gould magnifique en Marlowe.
Schüss !
Merci pour ces bons tuyaux Jules ! The long good-bye est précisément le prochain sur ma liste, car je les fais dans l'ordre. Je viens de me le procurer d'occas' chez un célèbre grand (malheureusement, mais on a beau boycotter Amazon et la FNAC, aujourd'hui, pas évident de trouver un libraire équitable) libraire de la rive gauche (Paris, Seine). Le titre est original, donc ça doit être la bonne traduction. Mais je vérifierai les traductrice(eur).
RépondreSupprimerMarrant qu'Altman ait fait une adaptation, je viens de lire l'article de l'Encyclopediae Universalis sur ce réalisateur (faut bien s'occuper) que je connaissais mal. J'avais juste vu dans un obscur ciné-club, Trois femmes, glauque à souhait ! Il faut que je voie Le Privé.
Tschaü !
Oui, génial Le Privé d'Altman avec Eliott Gould et une scène d'ouverture d'anthologie, comme souvent chez Altman!
RépondreSupprimerPour Vian, outre les polars, il faut quand même lire les classiques: L'Ecume des Jours, L'Automne à Pékin, L'Arrache Coeur. Pour les polars, si J'irai cracher sur vos tombes est sérieux, les suivant sont de plus en plus délirant dans le genre pastiches de Marlowe, le dernier, Elles se rendent pas compte, étant mon préféré
Ok Dror ! C'est noté ! On va écumer les bouquinistes. Merci à toi ! Au fait, tu connaissais Eva Cassidy, dont je parle dans un post précédent ? Moi pas du tout, avant de la découvrir dans une émission de radio, alors qu'elle a eu un gros succès outre Manche et Atlantique.
RépondreSupprimerJe crois que c'est dans Elles se rendent pas compte qu'au beau milieu du bouquin le chien se met subitement à donner son avis…
RépondreSupprimerMais une petite rectification à propos des "polars" : il y en a deux sérieux (J'irai cracher… et Les morts ont tous la même peau, sur le même thème antiraciste) et deux complètement loufoques.
Concernant les autres, je te conseille de commencer par L'arrache-cœurs (ou, pourquoi pas, le recueil Les fourmis, qui donne un bon aperçu de la variété des genres qu'a abordés Vian).
Tous ceux avec le Major sont sacrément délirants.
Thanks George ! Y a-t-il une édition des oeuvres complètes ? Sinon j'ai lu Les Fourmis, mais avec sa manie des pseudonymes je n'avais pas capté que c'était de lui. Remarque Bernard Werber c'est pas trop mal trouvé, ça sonne bien (arf ! arf !). J'exagère, je mélange un peu le bon grain et l'OGM.
RépondreSupprimerDesole, je ne suis pas tombe amoureux d'Eva Cassidy. Son histoire est touchante, et c'est vrai qu'elle a bon gout, mais je ne trouve pas que ses interpretations sortent du lot (et pourtant je ne deteste pas Time After Time!).
RépondreSupprimerPire, si je n'ai pas de probleme avec les vieilles chansons (par exemple de Juliette Greco ou de Jacques Brel), je ne suis pas un grand fan de Barbara ou meme (sacrilege) de George Brassens (puisque La Femme d'Hector, au depart, c'est de lui!). J'adore leurs textes, mais leur musique est tellement indigente que (comme pour Leonard Cohen, encore un sacrilege!), je m'ennuie tres vite...
Non, non, pas de sacrilège, j'admets évidemment tout à fait qu'on puisse ne pas apprécier tel ou tel artiste. Ainsi moi, certaines chansons de Boris Vian (!!!), mais j'adore encore une fois celles mises en musique par Salvador. Et Cassidy, je ne la trouve pas géniale, mais honnête, sympa à écouter. En revanche, pas un sacrilège mais une incompréhension abyssale : la musique de Brassens indigente. Rares (voir inexistants) sont les chanteurs m'ayant, dans un style qui n'a certes pas varié de toute sa vie, procuré un tel plaisir musical, unique pour chacune de ses chansons, tant du point de vue mélodique que rythmique, peut-être même harmonique mais je ne m'avancerais pas jusqu'à là, je ne suis pas musicien. Si on me demandait ce que je préfère des paroles ou de la musique de Brassens, je crois que j'hésiterais indéfiniment. Cohen je connaissais peu.
RépondreSupprimerAmitiés mélomanes !
En y repensant en mangeant mes lentilles au riz (je suis seul ce soir) j'ai craint de m'être mal exprimé ci-dessus (vous connaissez mon naturel anxieux) : c'est évidemment moi, et nul autre, ou alors ils ne se sont pas manifestés, qui suis dans une "incompréhension abyssale", tout à fait naïve et déconcertée, qu'on puisse trouver la musique de Brassens indigente. Mais vous m'aurez compris, vous me connaissez un peu.
RépondreSupprimerBonne soirée à tous !
Je ne veux pas m'acharner contre ce pauvre George dont j'adore les textes (et même la voix), mais dont la musique fait que je ne l'écoute jamais... Je trouve son style de guitare minimaliste, rythmiquement ultra-répétitif, sans aucun groove, et qui finit très vite par m'ennuyer. Comme le dit Tevanian à propos de Leonard Cohen, j'aurais adoré qu'un arrangeur entoure les textes de Brassens d'une musique digne de son génie... Cette espèce de "pom po pom po pom po pom..." à la guitare me fait penser à une musique de film animalier pour enfants! Est-ce que je suis le seul à trouver ça? Ta réaction le prouve: tout ça est très personnel et tant mieux si ça te touche, toi et des millions d'autres auditeurs!
RépondreSupprimerCe que tu dis de Brassens me fait penser à ce qu'à dit un critique (je ne sais plus lequel) de la musique d'Eric Satie, musicien que j'aime énormément également : du dodo l'enfant do (il l'opposait à Debussy, dont les recherches musicales étaient beaucoup plus sophistiquées). Tu as peut-être raison (et lui aussi) la musique de Brassens est peut-être très convenue, carrée, minimaliste (ce dernier attribut n'étant pour moi pas un défaut), manquant de swing, de "note bleue", de dissonances, d'orchestration (mais là aussi, toutes les reprises de Brassens avec plus qu'une guitare et une contrebasse dénaturent complètement l'oeuvre, je trouve). Mais je trouve que cette simplicité, il la sublime, et a réalisé un chef d'oeuvre inoubliable avec deux bouts de ficelles.
RépondreSupprimerJe pense aussi qu'il y a une question d'écoute intra-utérine. Mes parents écoutaient déjà Brassens quand j'étais en gestation. Pour moi, Brassens, c'est comme une goulée d'air, ça va de soi, c'est mon atomosphère.
Amitiés.
W. (J.)
qu'a dit un critique
RépondreSupprimerMes excuse pour me glisser dans votre aimable polémique mais qu'on aime ou pas Brassens, après tout je m'en fous.
RépondreSupprimerPar contre, son apparent "pom po pom po pom..." est souvent bien plus complexe qu'il n'y paraît. Des générations de guitaristes s'y sont cassés les dents et le talent est, à mon sens, d'avoir fait passer pour simples, voire simplets, des suites d'accords souvent sophistiquées.
Après tout, le Georges a débuté dans le swing et confessait une admiration sans borne pour Django.
Por algo sera...
Entièrement d'accord, Jules, à propos de cette "simplicité" qui n'est qu'apparente !
RépondreSupprimerTon "après tout je m'en fous" me rappelle une autre chanson, au sujet de laquelle vous aviez voici quelque temps consacré un instructif développement…
Brassens, c'est dur à chanter : voir et essayer de chanter à voix haute "La ronde des jurons", par exemple.
RépondreSupprimerMais Brassens était homophobe...
Et puis, "Mourir pour des idées", je n'aime pas du tout cette chanson !
Ah ! Je me disais bien que ce sujet n'avait pas déclenché les violentes polémiques qu'il mérite. Merci pour votre participation, mais j'espère que nous resterons tous amis malgré ces clivages inconciliables.
RépondreSupprimerMourir pour des idées, c'est vrai qu'elle est ambigüe, ça dépend comment on la prend. Si ça veut dire qu'il faut accepter de vivre comme des esclaves et de ramper toute sa (sur)vie pour ne pas mettre cette dernière en danger, c'est vrai que je n'y adhère pas. Après, c'est le degré de souffrance qui va nous faire, ou pas, préférer la prison, la torture et la mort à notre plateau télé. En revanche, si les idées sont : aller tuer du boche, ou du musulman pour la grandeur de la France et de son industrie d'armement, ou bien quand les morts sont vraiment sacrificielles et inutiles (les grévistes de la faim de l'IRA par exemple, même si ma sympathie va évidemment vers ces martyrs), je la trouve plutôt bien venue.
Sinon, je suis bien sûr d'accord avec Jules, cette "simplicité" de Brassens est loin d'être un simplisme, c'est juste que plutôt qu'être dans l'esbrouffe, dans l'épate, il est dans la profondeur.
Amitiés à tous, que vous soyez brassenssistes ou anti-brassenssistes.
Mourir pour des idées n'a rien d'ambigu à mon sens, Wrob : c'est tout simplement un refus radical de toutes les idéologies et de tous les fanatismes, qui insiste bien sur le fait que ceux qui envoient les martyrs au casse-pipe (voire aux attentats-suicides, même si ce n'était guère la mode à l'époque) se la coulent douce dans leurs pénates.
RépondreSupprimerAu rebours d'une apologie de la lâcheté, c'est un hymne à la vie, contre tous les tenants de"Viva la muerte !"
Oui, c'est bien comme ça que je la comprends aussi. Et puis de toute façon, une chanson n'est pas un traité philosophique, même si quelques idées venant étayer une métaphysique, une éthique, peuvent y être formulées, comme me disait mon père quand j'étais petit et que j'analysais, je décortiquais, je jouais du concept à propos de la chanson d'Henri Salvador Le travail c'est la santé. Une chanson est soit de l'émotion, soi de la déconnade, rarement un pensum, sauf la pure chanson de propagande genre Le Triomphe de l'Anarchie, qui peut avoir son charme. A ce compte là je pourrais dire aussi que si je reste à moins de quatre, qui c'est qui me fabriquera ma guitare, mes partoches, et qui nettoiera les salles de concert (sans compter le service à la cantine, et la blanchisserie de mes caleçons). Et certaines foules peuvent être généreuses, voyez les têtes de manif de ce printemps. On est bien d'accord.
RépondreSupprimerL'affiche rouge ? C'était une idéologie, un fanatisme ?!
RépondreSupprimerJe rêve !
Ils se la coulaient douce ?!
Ce n'était pas un hymne à le vie ?!
J'ai toujours un certain malaise face à ce genre d'échange.
RépondreSupprimerQui peut se permettre et au nom de quoi décerner des certificats de martyrs (rien que ce mot !) "utiles" ou "inutiles".
Par exemple, en quoi peut-on affirmer, comme tu le fais Wrob, que les grévistes du Bloc H en Irlande, qui je précise, n'étaient pas tous de l'IRA, ont fait un geste inefficace ? Ou alors en quoi l'était-il plus que le sacrifice des autres Irlandais de Pâques 1916 qui se sont battus à 50 contre 1 dans l'indifférence générale ?
Le problème est ailleurs et il est à la fois subjectif (que voulez-vous il est des morts qui nous émeuvent plus que d'autres et on a toujours nos "préférés*") et objectif : au nom de quoi se bat-on.
Peut-être un critère serait-il dans la différence entre l'amour de la vie, auquel cas on peut y compter non l'ensemble des gars de l'Affiche Rouge** (désolé, j'étais pas dans leurs têtes) mais à coup sûr Missak Manouchian, si j'en juge par ses derniers écrits, et cette admiration de la mort, de la brutalité qui a toujours fait les meilleures troupes de choc.
Et encore, je ne suis pas certain de ce que j'avance.
Et d'ailleurs, combien de morts, combien de déchiquetés ont-ils eu seulement droit à un semblant de libre-arbitre dans l'affaire ?
Même si je suis plutôt en accord avec l'interprétation de Georgie, la position de Brassens est elle aussi idéologique, dans sa ligne puriste anarchiste et elle évite de poser la question : s'il n'existe pas de guerres propres, existe-t-il des guerres nécessaires ?
Et j'ai bien connu certaines personnes invoquer Brassens pour justifier de leur bassesse ou de leur lâcheté. Mais ils ont effectivement confondus chanteur et philosophe.
Bon, ceci doit être confus mais je veux bien en débattre ultérieurement.
Bien à vous.
* À propos de préférés, je ne vois pas en quoi on ne pourrait être aussi ému par les mots du général Augusto Sandino " Un homme qui ne réclame que l'espace de la terre où on va l'enterrer mérite d'être entendu." (je cite approximativement de mémoire) ni en quoi on ne pourrait être quelque peu dégoûté par la transformation de Durruti en saint et martyr par la CNT APRÉS sa mort.
** Et puisqu'on gratouille sur l'Affiche Rouge, il est dans le texte d'Aragon un aveu terrible : " Onze ans déjà, que cela passe vite onze ans". Tu l'as dit mon con, onze ans que vous, du PC vous niez le rôle des combattants étrangers et que vous attribuez tranquillement leurs actions à des gars qui avaient des noms qui fleuraient plus la Bretagne ou l'Auvergne. Onze ans de silence total sur les FTP MOI de Paris, Toulouse, Lyon ou ailleurs avant une timide quoique lyrique réhabilitation alors que tous les survivants rentrés à l'Est ont été écrabouillés par les purges staliniennes. Encore bravo au parti et à ses poètes organiques !
Ok, j'arrête là, je sens que je m'énerve.
Je suis bien d'accord avec vous tous, et c'est bien ce que je voulais dire dans mon premier message à ce sujet. Certes, il y a les "fleurs au fusil" de 14 et les kamikases djihadistes d'un côté. Spartacus, Giordano Bruno, Babeuf, Varlin, Ascaso, les FTP MOI, Rémi Fraisse, de l'autre. Ce que je disais aussi, parfois la souffrance de l'oppression est trop forte, on a besoin de se battre au risque de sa vie. Parfois on n'envisage pas qu'on se fera assassiner en luttant pour des idées généreuses.
RépondreSupprimerPar contre tous ceux qui disent : "Allez-y les petits gars, allez vous faire tuer, résistez et faites-moi un rapport !", les Tigres ou les planqués à Londres, ces grands hommes, ceux-là et ceux qui leur obéissent, sont ceux que visaient Brassens, je crois.
Mais on est bien loin de la "petite" musique de ce dernier.
Que la paix soit avec vous mes frères !
Je suis désolé mais il suffit d'écouter attentivement le texte de la chanson pour éclaircir la chose : Brassens ne parle nullement de ceux qui combattent par choix personnel une situation qui leur est intolérable mais de ceux qui sont prêts à se sacrifier pour une idéologie dont ils sont endoctrinés.
RépondreSupprimerAlors oui, la chanson pointe par exemple les "fleurs au fusil" et les kamikazes et tous ceux qui veulent imposer par la force à autrui leur propre vision du monde, mais certainement pas les FTP-MOI ni toutes celles et ceux qui luttent pour leur liberté et contre la servitude (et la liste est longue, évidemment !)
D'accodac !
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