lundi 28 novembre 2016

Über cool !

La vie d'un entrepreneur est plus dure que celle d'un salarié.
Emmanuel Macron.

Travis Kalanick. Chargez votre imprimante de papier toilette blanc, lancez l'impression et obtenez un ineffable torche-cul, bien plus post-moderne que Modes et travaux.

      A la porte du camp de la Crude était affichée une offre d’emploi :
      « On embauche excellents chauffeurs de camion. Travail dangereux. Haut salaires. S’adresser au bureau. »
      Le matin, il y avait eu une conférence, dans le bungalow du boss, entre lui, le spécialiste envoyé par Dallas (Texas) – qui venait d’arriver dans un avion de la compagnie – le chef des transports et celui du matériel.
      – […] pour la question du personnel, débrouillez-vous, je m’en fous. […] Il est absurde de faire venir des States une équipe de chauffeurs spécialistes. […] S’ils refusent, […] si nous renvoyons alors les garçons pour en venir à ma solution de main-d’œuvre locale, vous entendrez gueuler le Syndicat. 


      Entendre gueuler le Syndicat a toujours été le permanent cauchemar de tous les dirigeants d’exploitation yankees.
      – Voyons, essayez de comprendre. Qui va se présenter à l’embauche ? Une foule de ces enfants de putain de Noirs, d’abord. Ceux-là, il ne nous en faut pas.
      – Pourquoi ? Demanda naïvement le chef du matériel qui, jusque-là, s’était curé les dents en silence. Pourquoi ? Il me semble…
      – Il vous semble qu’ils ne nous ont pas chauffé suffisamment les oreilles avec les quatorze morts d’avant-hier ? Et quand deux ou trois citoyens guatémaltèques auront avalé leur bulletin de naissance sous nos auspices, vous pensez que nous n’aurons aucun ennui supplémentaire avec leur gouvernement de nègres, leur presse de singes et leur clique d’hommes des bois ? Allons !
[…]
      - Je n’y avais pas pensé. 


      - A part les indigènes, qui est-ce qui va se présenter à l’embauche ? enchaîna le boss. Mais les tramps¹, naturellement. Dans cette ville de mort où seuls nous retiennent notre travail et les indemnités de zone, il y a des hommes qui feraient n’importe quoi pour en sortir. C’est ceux-là qu’il nous faut. Eux accepteront de conduire vos espèces de camions […]. Ma parole, pour toucher le paquet, ils feraient le parcours à cloche-pied avec la charge sur le dos. Et ceux qui sauteront laisseront-ils des ayants droit ? Et quel syndicat viendra nous chercher des poux dans la tête en leur nom ?
      – Et on ne serait pas obligé de les payer tellement cher […].

1 Tramps : vagabonds.


Allez, un aller-retour Villiers-le-Bel (95) - Saint-Denis (93) offert à celle(lui) qui trouve l'auteur et le titre de l'ouvrage dont est tiré ce texte. Pour participer, allez sur l'appli #jouonsunpeuavec.



Ils ont décroché le job. Bravo à Jules et à CHROUM-B. ! C'est marrant, dans mon souvenir c'était Ventura à la place de Montand... Peut-être un rejet de notre stalino-libéral national, que j'apprécie pourtant tant en tant qu'acteur que de chanteur...

7 commentaires:

  1. Ouais, bravo les gars, z'êtes trop forts !

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  2. Y'a un wagon restau dans le Villiers-le-Bel / St Denis, j'espère.

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  3. Mais comment donc, vous désirez le menu je présume. Le voici donc : "Bouteille de chicha de maïs avec accompagnement d'épis de maïs grillés, de pain de maïs compact et brûlé, de bouillie de maïs et d'un fond d'assiette de carne guisada desséchée, un vrai festin".

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  4. Le 9-3, c'est un peu la Patagonie, quoi.

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  5. La seule chose de vraie dans ma galéjade du menu, c'est l'épi de maïs grillé, spécialité du parvis de la gare de St-Denis, la fameuse place du 17/10/61. Ca nous réchauffera. Quand tu veux donc !

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