Difficile de commenter après la baffe que j'ai prise en voyant ce film. On avait déjà évoqué la guerre féroce de Thatcher et son monde contre le prolétariat anglais. Ici, ce sont les résistants indigènes républicains anti-colonialistes (assez intransigeants aussi, c'est le moins qu'on puisse dire), qui vont payer le tribut impitoyable du vaincu.
Pour eux, la résistance, dont l'objet était l'obtention du statut de prisonnier politique, passe par le refus de la tenue de prisonnier, donc par la nudité, et la grève de l'hygiène : les corps ne seront pas lavés ; toutes les excrétions seront utilisées pour tapisser les murs des cellules, parfois en surprenantes oeuvres d'art ; les restes alimentaires seront stockés jusqu'à putréfaction ; l'urine réservée dans les pots, afin d'être déversée en commun au même moment dans les couloirs, transformant ceux-ci en marécages de pisse. Les nombreux stratagèmes par lesquels les détenus parviennent à communiquer entre eux et avec l'extérieur réussissent à nous faire sourire, un peu jaune quand même. Les cassages de gueules par les matons, eux, sont en revanche franchement pénibles, mais certainement moins pour nous que pour eux.
Le comédien jouant Bobby Sands a, pour le film et sous contrôle médical maigri jusqu'à l'apparence squelettique d'un non alimenté de 60 jours, une performance glaçante. Car après la grève de l'hygiène et suite au mépris de Thatcher, les prisonniers entament une grève de la faim illimitée, et meurent : neuf y sont restés.
On est sur les nerfs d'un bout à l'autre, c'est dire si on ne s'ennuie pas une seconde. Le seul moment de détente est celui où le surveillant de prison va voir sa maman à la maison de retraite.
C'est limite pervers de qualifier l'épisode de la maison de retraite de "moment de détente". Mais n'en disons pas plus.
RépondreSupprimerExcellente scène d'un dialogue qui fait plus de 18 minutes entre le prêtre venu convaincre Bobby Sands de ne pas reprendre la grève de la faim.
Et puis le nombre de surveillants butés par l'IRA en représailles pendant la durée de la grève de la faim passe en fin de film. Et on se dit que comme d'hab', l'État n'a rien à foutre de ses sbires, eux aussi peuvent toujours crever.
Lorsque j'ai vu ce film au cinoche, j'avais comme un grand besoin de tendresse à la sortie.
Slainte !
Oui, n'en disons pas plus, ne soyons pas divulgâcheurs, comme disent si bien les québecois.
SupprimerOui, le dialogue avec le prêtre est un moment d'anthologie.
18, je crois, est le nombre des matons tombés pendant la grève de l'hygiène.
Content de pouvoir partager avec des personnes ayant vu les films improbables que je suis amené à voir moi même par hasard (enfin, je choisis quand même un petit peu, soyons honnêtes).
A lire à ce sujet deux très bon bouquins récemment parus de Sorj Chalandon : "Mon Traitre" et "Retour à Killybegs". Ils sont en poche je crois.
RépondreSupprimerJ'aime bien Chalandon. Je n'ai lu aucun des ses livres, mais j'apprécie ses articles du Canard, et j'avais offert le prix qu'il a eu des lycéens, j'ai oublié le titre, à ma nièce. Si c'est un ex-col Mao, il n'est, quant à lui, pas passé au Rotary, ce qui est méritoire.
SupprimerÀ mon sens "Mon traître" est un grand roman dans lequel Chalandon transpose en partie sa propre expérience et une manipulation des services secrets britanniques.
RépondreSupprimerJe n'ai jamais pigé pourquoi il a sorti "Retour à Killybegs", plus tard, après avoir annoncé qu'il n'écrirait plus jamais sur ce sujet auquel il a été si intimement mêlé..
Ce bouquin m'a un peu déçu car il n'apporte pas grand chose au sujet et est plutôt une sorte de catalogue des faits du conflit sur trente années en Ulster.
Le prix Goncourt des lycéens, c'était pour "Le quatrième mur".
Ah oui, merci. Bon, encore des lectures en perspectives !
Supprimer