Wroblewski va mieux, il a moins lu en frimaire. Peut-être que finalement un jour il parviendra à lire normalement, avec modération.
- Joël de Rosnay.- Je cherche à comprendre.
Bon, ça c'est un livre qu'on m'a prêté. Un pote de la bourgeoisie libérale de droite, mais sympa, pas agressif, pas prosélyte, plutôt ouvert. Et puis, comme malgré ses 61 ans et sa corpulence je n'hésite pas à l'envoyer s'écraser aux quatre coins du tatami et qu'il revient toujours m'attaquer avec de bonnes dispositions et le sourire, à ma sympathie à son égard se mêle une certaine admiration.
L'auteur du bouquin (de Rosnay), est un technophile ravi de la tablette, limite VRP de la colonisation totale de nos vies par le numérique, en plus des ses propres bouquins, même s'il s'oppose vaillamment aux abus des méchants transhumanistes qui sont un peu excessifs, ah ! et aussi aux GAFA et aux NATU, qui font rien qu'à tout monopoliser. Cela dit, c'est un scientifique et certains passages de son livre sont intéressants, qu'il décrive "l'unité de la nature" (même s'il en profite après pour naturaliser l'épatante interconnexion technologique généralisée), ou qu'il nous parle d'une certaine spiritualité athée, en citant des philosophes ou des forts en maths qui peuvent nous être sympathiques. Extrait :
"Voici l'histoire d'une extraordinaire amibe sociale dont le nom est un poème à lui seul : Dictyostelium discoideum. Cette amibe vit dans les forêts, sur des tapis de feuilles mortes, et se nourrit de bactéries ou de levures. C'est un être vivant unicellulaire microscopique très particulier étudié dans de nombreux laboratoires à travers le monde en raison de sa faculté à passer du stade individuel à un stade social, et ce de manière réversible. En d'autres termes, il peut se transformer en élément constitutif d'un organisme vivant composé de plusieurs dizaines de milliers d'autres amibes sans perdre sa capacité à revenir à son état individuel.
Si l'amibe est placée dans un milieu carencé en eau et en bactéries, elle émet un code de détresse sous la forme d'une molécule bien connue des biologistes, l'AMP cyclique. Attirées par cette molécule (car disposant de récepteurs capable de lire et de décoder ce code chimique), les autres amibes forment une sorte de procession, se dirigeant vers un point central qui grossit progressivement en se transformant en un organisme sociétal. A l’œil nu, une sorte de petite limace longue d'un à deux millimètres est visible. Le plus étonnant dans ce phénomène de morphogenèse est que les processions d'amibes forment des cercles ou des spirales ressemblant aux bras des galaxies de l'univers. [...]
La vie de Dictyostelium discoideum ne s'arrête pas là. On voit pousser à la surface de cette petite limace une tige formant une boule au sommet et contenant des spores capables de survivre pendant des mois dans les conditions extrêmes qui ont conduit les amibes à se rassembler. Dès que les conditions redeviennent normales, la boule s'ouvre, libérant les spores, qui redeviennent des amibes individuelles et indépendantes."
- Marcel Aymé.- Le Chemin des écoliers.
Je poursuis mon intégrale Marcel Aymé. Comme vous avez pu le constater si vous suivez, j'en suis à sa période d'après seconde guerre mondiale, plus amère que les précédentes. Après 36 et le Front populaire, nous voici sous l'Occupation. On y retrouve le farcesque personnage fasciste de Malinier, déjà croisé dans Travelingue, et qui poursuit sa croisade anti-juifs, communistes, francs-maçons, poètes et peintres cubistes. On sent venir la Traversée de Paris, et on a tellement un bon souvenir du film d'Autant-Lara, qu'on a hâte. Je crois que c'est le recueil de nouvelles qui arrive, Le Vin de Paris. Ensuite, il y aura Uranus, etc.
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