Bidonville, Drancy, 11 décembre 2019, retour de la manifestation du 93 contre la réforme des retraites.
Il avait toujours été surpris par cette patience de ceux que, dans les "bonnes familles", on appelle charitablement les inférieurs. Il se demandait toujours comment il se faisait que - humbles en Europe, indigènes aux colonies - ils ne haïssent pas davantage. Car, de toute évidence, il y en avait qui ne haïssaient pas ; et il en était touché, sans comprendre. Il se disait que, si agréables qu'elles soient pour certains, les périodes de paix sociale ne sont pas chose naturelle ni logique, et que c'est le jour des révoltes que la vie rentre dans l'ordre. Quels que puissent être ses excès et ses injustices de détail (lamentables, certes), c'est malgré tout le jour des révoltes que la situation redevient normale, et satisfaisante pour l'esprit. On sort enfin du miracle.
Henry de Montherlant.- Les Jeunes filles.
Hôpital Avicenne, Bobigny, idem.
Putain il existe toujours ce bidonville. Soit c'en est un autre, soit c'est un endroit qui a au moins dix ans d'âge ?!
RépondreSupprimerJe me souviens y avoir photographié des femmes qui nouaient des bouquets de jonquilles ... pour les revendre à la sauvette dans les rues de Paris !
Les dites jonquilles provenaient des parterres municipaux de Drancy que les hommes rapportaient par brassées !
Je me souviens aussi que des jeunes, à la gare, caillassaient pour rigoler les voyageurs qui attendaient le train !
RépondreSupprimerJe ne sais pas si ce sont les mêmes personnes, mais celles-là nous regardaient passer un peu plus loin avec un large sourire, les jeunes femmes aux longues robes et foulards multicolores frappant dans leurs mains au dessus de leur tête en ondulant, les hommes un peu intrigués mais prenant les tracts, rigolant (pourtant un tract de LO, y a pas trop de quoi se bidonner...). Ça faisait du bien, un air de Bohême dans le monôme syndical. Misère noire et joie de vivre. Tout le contraire du ressentiment de certains travaillant malgré tout rongeant leur frein et macérant leur haine à l'encontre des grévistes.
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