vendredi 15 janvier 2016

Un ministre à la boutonnière

N'étant pas compétent pour parler de Pierre Boulez, sauf pour quelques conduites d’orchestres symphoniques (grand rêve de Léo, qui s’y mit en fin de carrière) dans des œuvres magistrales de Debussy, Mahler, Stravinski…, pour lesquelles je n’aurais d’ailleurs pas plus à dire, si ce n’est que j’ai pris un grand pied à leur écoute (mais vu mon amateurisme, j'aurais certainement pris le même pied si ç'avait été Léo à la baguette...) ; vu, donc, mon incompétence boulezienne, je vous passe du Ferré, en live et en studio (je suis toujours un peu stressé et dérangé dans mon confort d’écoute quand Ferré ne sait plus son texte et laisse passer trois ou quatre mesures, bouche bée ou en doublant certains vers, avant de le retrouver, se rattrapant à ce moment là en accélérant son débit à la va comme je te mitraille). 

Avec image animée du récitant et de ses trous de mémoire

Sans image animée de l'artiste scandant, mais sans trous de mémoire

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !*

La Musique... La Musique...
Où elle était la Musique ?

Dans les salons lustrés aux lustres vénérés ?
Dans les concerts secrets aux secrets crinolines ?
Dans les temps reculés aux reculs empaffés ?
Dans les palais conquis aux conquêtes câlines ?

C'est là qu'elle se pâme c'est là qu'elle se terre la Musique...
Nous c'est dans la rue qu'on la veut la Musique !
Et elle y viendra !
Et nous l'aurons la Musique !

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Depuis voilà bientôt trente ans
Depuis voilà bientôt dix jours
Depuis voilà bientôt ta gorge
Depuis voilà bientôt ta source
Depuis que je traîne ma course
Au creux des nuits comme un forçat
A patibuler mon écorce

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Je suis un arbre non daté
Depuis que je bois à ma porte
Et que de l'enfer tu m'apportes
De quoi trancher sur l'avenir
Depuis que rien ne se dévore
A part les ombres sur le mur
Depuis que tu me sers encore
La défaite sur canapé

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Une araignée m'a dit " bonsoir "
Elle se traînait au crépuscule
Depuis que mon âme bascule
Vers des pays plus mécaniques
Depuis que gavé de musique
Je vais porter ma gueule ailleurs
Une araignée m'a dit, d'ailleurs
"Le tout Léo, c'est d'avoir la pratique !"

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Ludwig ! Ludwig ! T'es sourdingue ?
Ludwig la Joie Ludwig la Paix
Ludwig ! L'orthographe c'est con !
Et puis c'est d'un très haut panache
Et ton vin rouge a fait des taches
Sur ta portée des contrebasses
Ludwig ! Réponds ! T'es sourdingue ma parole !

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !
Cela doit-il être ? Cela est !

La Musique... La Musique...
Où est-elle aujourd'hui ?
La Musique se meurt Madame !
Penses-tu ! La Musique ?

Tu la trouves à Polytechnique
Entre deux équations, ma chère !
Avec Boulez dans sa boutique
Un ministre, ou deux, à la boutonnière

Dans la rue la Musique !
Music ? in the street !
La Musica ? nelle strade !
Beethoven strasse !

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !
Cela doit-il être ? Cela est !


*Le dernier mouvement du quatuor à cordes no 16 en fa majeur, op. 135, de Ludwig van Beethoven porte une inscription de la main du compositeur : « Muß es sein? Es muß sein! » (« Le faut-il ? Il le faut ! »). Il s'agit probablement d'une référence à une conversation entre deux amis surpris par le musicien, qui s'est amusé de l'opposition et qui en fait une traduction musicale, même si on peut y voir des connotations métaphysiques, puisque le verbe « müssen » porte la notion de nécessité inévitable et peut donc facilement amener la notion de destin (littéralement : « Cela doit-il être ? Cela doit être ! »).
Wikipédia. 

Müssen (v.) : devoir. Ex. : Wir müssen widersetzen = Nous devons résister.

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