- Gustave Flaubert.- Un coeur simple.
J'espère que je ne ferai de peine à personne, mais décidément, je n'aime pas Flaubert. Pourtant j'essaye, celui-là je l'avais déjà lu. D'un chiant ! Pourtant il est pas long. Et puis les atermoiements et larmoiements de l'auteur dans ses lettres au sujet de cette nouvelle, comme quoi il est malheureux de vieillir célibataire alors qu'il avait tant de tendresse à donner ne manquent jamais de faire réapparaître à ma mémoire les charniers de communards, et le manque de tendresse certain de l'auteur pour les insurgés suppliciés de 71. Bon, pour être honnête, j'avais mieux aimé, je dois même avouer que j'avais été ému à la lecture de Saint Julien l'Hospitalier et d'Hérodias. Peut-être y vis-je des figures d'éveil à la conscience, d'émancipation des conditionnements de caste, de transformation des pulsions de domination et de la domination des pulsions en désir de fraternité universelle, d'éternelle rébellion face au despotisme que Flaubert n'avait pas voulues. Mais peut-être aussi que le vieillissant écrivain avait, qui sait, regretté son parti pris craintif pour les fusilleurs, et peut-être que saint Julien embrassant le lépreux / prolétariat révolutionnaire, et saint Jean-Baptiste / Eugène Varlin supplicié par un Hérode / parti de l'ordre avide de continuer à jouir de la Salomé / société bourgeoise, c'était lui, aussi.
Il y en a que je n'ai pas lu du normand, certes. Ainsi celui qui lui valut procès en 57 juste avant Baudelaire. Mais j'ai lu l'Educ. sent. qui me laissa froid. Et Salambô adapté par Druillet, qui m'a fatigué, même si j'ai à cette époque appelé ma chatte Salambô, la pauvre chérie que j'ai laissée mourir, seul que j'étais, sans copine, et ayant besoin de me soigner donc toujours hors de chez moi, radin qui plus est vu les années d'argent dans la bouteille et les conneries addictives en général, ne la nourrissant que de croquette des chez Leader Price, et ne réagissant que bien trop tard à sa souffrance, son refus de s'alimenter et sa station permanente sous le lit. Je me revois encore chez le véto avec des hoquets de sanglots refoulés quand il l'a endormie. Et rentrant chez moi en larmes, avec ma petite boîte à chat vide au bout du bras (avais-je l'air d'un con, ma mère ?), réintégrant mon appartement vide, lui aussi. Enfin, vide, non, il restait heureusement Amilcar, l'arsouille à la tignasse grise et folle, mort plus tard dans mes bras, en 2015, à une période de ma vie où j'étais moins seul, mais rassurez-vous, je n'ai appelé le roastbeef de la photo ni Bouvard, ni Pécuchet, ma copine elle a pas voulu. Bref, tout ça pour dire que Flaubert, j'en ai soupé.
Loulou l'Américain finira par se confondre avec le Saint-Esprit.
- Marcel Aymé.- Le Confort intellectuel.
[...] Faut-il croire que les juges qui condamnèrent Les Fleurs du Mal et Madame Bovary s'employaient pour le confort intellectuel de leurs contemporains ?
- Certainement. [...] Pour la bourgeoisie d'il y a cent ans [ la scène se passe en 1945 - note du blogueur ], le péril social résidait moins dans les appétits du prolétariat que dans les tentations généreuses qui auraient pu la solliciter elle-même. [...] Ce qui était menaçant, ce n'était pas Marx, mais Baudelaire, Delacroix et leurs émules.
A lui seul, en supposant même qu'il eût été lu et compris, Marx n'aurait jamais réussi à persuader la classe bourgeoise de se suicider, sans compter qu'à des raisons, il est toujours possible d'opposer des raisons, voir des bonnes. Mais un poème obscur, une image violente, un beau vers plein d'ombre et de vague, une harmonie trouble, une sonorité rare, le mystère d'un mot somptueux et insignifiant, agissent à la façon d'un alcool et introduisent dans l'organisme même des habitudes de sentir et de penser qui n'auraient pas trouvé d'accès par les voies de la raison. Accueillir une révolution dans l'art poétique et en goûter la nouveauté, c'est se familiariser avec l'idée de révolution tout court et, bien souvent, avec les rudiments de son vocabulaire. [...] Ah ! Monsieur, on ne se méfiera jamais assez de la poésie. Je parle de la vraie, celle qui consiste à dire des choses fausses ou à ne rien dire. Elle prépare immanquablement le règne de la confusion, de l'anarchie, et de toutes les déviations sentimentales.
Bref, comme vous le voyez, pas lu grand choses ce mois-ci, deux livres épais comme des sandwiches SNCF. Ça craint. Ma copine dit que je fais trop de mots croisés... Pourtant je ne fais que trois grilles par semaine, celle du Canard, une d'Alain Bonhomme, plan transmis par George, merci George, et une de 1923 dans un recueil que maman m'a offerte... Quant à mes grands talents de verbicruciste que vous connaissez bien pour avoir jouer ici même avec moi à plusieurs reprise, je les ai actuellement complètement mis au rencard faute de temps, alors... Je ne sais pas... On verra le mois prochain...
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