- Le Héros sacrilège de Kenji Mizoguchi (新・平家物語, Shin heike monogatari), 1955.
Les films de Mizoguchi sont frustrants pour nous autres abreuvés de longs métrages et séries américains ultra-violents, ou ça défouraille à tout va, ou ça cogne à mort. Quand un personnage est très antipathique, le méchant, salaud et tête à claque, le moment ou le gentil très fort va l'éclater, l'atomiser, le pulvériser avec arme à feu ou aux poings provoque en nous un mini orgasme intérieur, une décharge d'endorphine venant titiller à souhait la zone du plaisir de notre cerveau. Nous sommes vraiment des dégénérés par le spectacle de la domination en général et de la domination du Capital en particulier. Chez Mizo, pas de brutalité à l'écran, en revanche, même quand le sujet comporte des moments historiques très violents. Ici, c'est la fin de l'ère Heian, et les prémices de l'ère de Kamakura, de la fin donc du pouvoir des empereurs et des régents, et du début du règne sans partage des shogun, les dictateurs militaires, qui imposèrent leur tong de fer pendant quasiment sept siècle sur le Japon. On constate donc l'évolution psychologique du jeune samouraï du clan Taïra, humilié par les courtisans et ministres, provoqué par les moines (qui possédaient de véritables armées à l'époque), et on comprend qu'il va se mettre en colère et qu'il va balayer tout ce joli monde en beauté et imposer son despotisme personnel. On attend donc ces belles scènes d'action qui tardent tant à venir, et qui vont provoquer chez nous ces décharges émotionnelles jouissives. Et puis ploc ! Le film se termine. Le petit Taïra se contente donc de grincer des dents en contemplant un courtisan se la couler douce avec sa mère dans une fête hédonique du gratin, et de prédire qu'ils allaient voir ce qu'ils allaient voir, tous ces parasites. Et puis fini.
L'avant-dernier film de Mizoguchi, très beau malgré tout, idéal pour travailler sur sa frustration.
Taïra Kiyomori s'apprêtant à tirer une flèche sur un palanquin sacré, à la grande horreur des moines tyranniques et de leurs sicaires fanatisés.
Quand je me suis fait ma cure de Kurosawa, j'ai découvert, progressivement touché par des impressions de déjà vu lors du visionnage, puis avec certitude et amusement, que j'avais déjà vu Chien enragé. Il fut une époque où une ville peu éloignée de mon domicile avait encore un ciné-club dans son cinoche. C'est bien fini. Il faut dire que nous n'étions à chaque séance qu'une poignée, parfois trois (ne me suis-je pas retrouvé seul lors d'une projection ?...). Eh bien cela vient de me faire exactement la même chose avec les Contes de la lune vague après la pluie, je l'ai déjà vu et l'avait complètement oublié, malgré le titre célébrissime. Cela fait un drôle d'effet, comme de revoir une vieille connaissance perdue de vue depuis lurette et qu'on ne reconnaît pas de suite.
Ugetsu (Fantasy in D), du pianiste Cedar Walton.- Art Blakey's Jazz Messengers at Birdland, 1963.
Ma dernière actu ciné.
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